"Débecter", "Débecqueter" ou "Débéqueter".

J'aime bien ce verbe du registre argotique pouvant s'écrire de trois façons différentes.

Construit à partir du verbe du même registre "Becter", "Bécqueter" ou "Béqueter" signifiant notamment "Manger", il signifie lui-même :

Un homme, vomissant dans une cuvette de toilettes

 

  • au sens propre : vomir.

On dit par exemple : "Quelle odeur atroce : c'est à débecter (dé-bek-té)".

Ou : "J'ai débecqueté (dé-bek-té) tout ce que j'avais bouffé".

Et : "Riton nous a fait la cuisine mais on a failli tout débéqueter (dé-bek-té)".

Pour les personnes que cela intéresse, je me permets de vous recommander la lecture de mon article consacré à toutes les façons de dire "Vomir" en français.

  • et au sens figuré : dégoûter, répugner.

On dit par exemple : "Ce type me débecte : il pue la transpiration dès dix heures du mat (dé-bek-te)".

Ou : "Cet acteur joue toujours des rôles de types malsains ou de salauds qui me débecquettent (dé-bek-te)".

Et : "Ça me débequette (dé-bek-te) de ramasser ce truc avec les mains".

Sources : www.larousse.fr, www.cnrtl.fr, Le Robert et wiktionary.org

"Faire son beurre".

Faire son beurre

Cette locution verbale en forme d'idiotisme alimentaire appartient au registre argotique.

Et elle signifie, au sens figuré : s'enrichir ; faire des bénéfices ; prospérer ; gagner de l'argent ; profiter de quelque chose ; faire son profit de quelque chose, y trouver un intérêt.

On dit par exemple : "Il ne gagne pas d'argent avec ses chambres : c'est avec le restaurant de l'hôtel qu'il fait son beurre".

Ou : "Avec la pandémie de maladie à coronavirus 2019, le commerce en ligne fait son beurre".

Sources : www.languefrancaise.net, www.expressio.fr

"Être né avec une cuillère en argent dans la bouche".

Cuillère de bébé en argent massif "Charlie bear" de chez Christofle

Cette expression du langage courant signifie, au sens figuré : être sinon rentier, du moins un privilégié, issu d’une famille très aisée et ayant la chance de n'avoir eu aucune préoccupation financière depuis sa naissance.

Elle comporte en général une connotation négative et est essentiellement utilisée afin de discréditer une personne.

Il s'agit d'une expression qui nous vient d'Angleterre, où elle serait apparue pour la première fois en 1712. Et l'on sait qu'elle est employée aux États-Unis d'Amérique depuis au moins 1780 ("Born with a silver spoon in his mouth" c'est à dire "Né avec une cuillère en argent dans la bouche").

Elle n'a cependant dû s'imposer chez nous que dans la seconde partie du XIXe siècle.

"Être né avec une cuillère en argent dans la bouche" est - comme souvent - une expression directement liée à la religion chrétienne.

Même si elle semble s'être relativement perdu, la tradition voulait en effet que, lorsqu’un bébé venait au monde, son parrain lui offrait une cuillère le jour de son baptême. Une cuillère en argent soulignait la richesse de la famille, puisque dans les milieux moins aisés, on utilisait des cuillères en bois, qui furent par la suite principalement fabriquées en étain. Le mot anglais "Spoon" ("Cuillère") constitue d’ailleurs une déformation du mot "Spon", qui désignait un copeau de bois, la cuillère étant taillée dans un gros éclat de bois.

Offrir une cuillère en argent à son filleul était donc un signe visible de son aisance et de la bonne éducation qu’il recevrait, à l’abri de tout embarras financier.

Source : www.lefigaro.fr, "Les 1001 expressions préférées des Français" (Georges Planelles, 2011)

"Faire passer la pilule", "Avaler la pilule" et "La pilule est dure à avaler".

Ces trois expressions du registre familier signifient respectivement, au sens figuré :

  • "Faire passer la pilule": faire accepter de manière plus ou moins forcée un changement ou quelque chose de particulièrement désagréable.

On dit par exemple : "Le gouvernement va avoir du mal à faire passer la pillule".

  • "Avaler la pilule": accepter quelque chose avec difficulté, supporter quelque chose de déplaisant.

On dit par exemple : "J'ai eu du mal à avaler la pilule car mon licenciement était parfaitement injustifié".

  • et "La pilule est dure à avaler" : il est difficile de s'accommoder d'un changement ou d'une chose qui nous touche personnellement.

On dit par exemple : "La pilule est dure à avaler pour les 300 personnes licenciées car le site sur lequel elles travaillaient était bénéficiaire".

Sources : www.linternaute.fr, dictionnaire.reverso.net, wiktionary.org et www.larousse.fr

"Pas folle la guêpe !".

Publicité presse de 1953 pour le savon Lux : "Pas folle la guêpe j'ai choisi Lux" vous dit Arletty

Cette exclamation en forme d'idiotisme animalier est une locution interjective du registre familier.

Elle est utilisée pour souligner :

  • qu'une personne est finaude, astucieuse, maligne.

"Pas folle la guêpe !" signifie alors : pas bête ; c'est malin ; c'est astucieux ; c'est habile ; c'est intelligent.

  • ou qu'on l'est soi-même.

On dit par exemple : "Pas folle la guêpe : j'ai emmené avec moi de quoi nous éclairer !".

On disait au XIXe siècle "Pas bête la guêpe", avant que l'expression ne se transforme, au XXe siècle, en "Pas folle la guêpe !".

Cette forme a été largement popularisée par la géniale Arletty, dans le film de Jean Boyer "Circonstances atténuantes" (1939).

Au point qu'en 1953, encore, le savon Lux utilisait cette exclamation pour ses publicités dans la presse française !

On l'a aujourd'hui souvent oublié, mais le même film a également contribué à populariser l'expression "Comme de bien entendu".

Affiche du film français "Circonstances atténuantes" de Jean Boyer (1939)Affiche du film français "Circonstances atténuantes" de Jean Boyer (1939)

 

Sources : Le robert, wiktionary.org

"Un voeu".

On l'a souvent oublié, mais ce substantif masculin du langage courant possède à l'origine une signification religieuse.

"Un voeu" désigne en effet :

  • au sens premier : une promesse faite à Dieu ; un engagement religieux.

On parle ainsi des trois voeux (pauvreté, chasteté et obéissance) prononcés en entrant dans la religion catholique.

  • et par extension : un engagement pris envers soi-même.

On dit par exemple : "J'ai formé le voeu de ne plus avoir à porter un masque au-delà de 2021".

Source : wiktionary.org

"Se tartiner quelque chose" ou "Se tartiner quelqu'un".

Cette locution verbale du registre familier signifie :

  • "Se tartiner quelque chose" : faire ou supporter quelque chose de déplaisant ou d'ennuyant.

On dit par exemple : "Hier soir je me suis tartiné un de ces navets !".

  • "Se tartiner quelqu'un" : supporter quelqu'un de déplaisant ou d'ennuyant.

On dit par exemple : "Je me suis tartiné les grands-parents de ma copine pour le déjeuner".

"Câlice !", "Calice" !", "Câlisse !", "Calisse !", "Colice !" ou "Colisse !".

Cette interjection du registre vulgaire constitue un juron québécois, utilisé pour exprimer une émotion forte, par exemple l'étonnement ou la colère.

Il s'agit d'une déformation du mot "Calice", désignant, dans la religion chrétienne, la coupe recevant le vin bénit représentant le sang du Christ.

Source : www.je-parle-quebecois.com

"À damner un saint", "À damner tous les saints", "À damner tous les saints du Paradis", "À faire damner un saint", "À faire damner tous les saints" ou "À faire damner tous les saints du Paradis".

Ces différentes locution adverbiales en forme d'idiotisme religieux appartiennent au registre familier et signifient : qui procure un plaisir des sens incroyable, d’une intensité extrême.

On dit par exemple : "Cette fille avait une cambrure de reins à damner un saint".

Ou : "Cette tarte aux myrtilles était bonne à damner tous les saints".

Sources : wiktionary.org et www.languefrancaise.net

"Mettre à sa sauce (quelque chose)" ou "Mettre à toutes les sauces (quelque chose)".

Ces deux locutions verbales du registre familier en forme d'iditiotisme culinaire signifient respectivement :

  • "Mettre à sa sauce (quelque chose)" : arranger à sa façon.On dit par exemple : "Voilà ; tu sais tout. Tu n'as plus qu'à mettre cela à ta sauce pour présenter la chose à ton patron".

Ou : "Ne t'inquiète pas pour mes parents, j'ai mis cette histoire à ma sauce, afin qu'ils ne s'inquiètent pas".

  • et "Mettre à toutes les sauces (quelque chose)" : utiliser souvent et n'importe comment ; instrumentaliser à volonté quelque chose de toutes les façons, de toutes les manières, dans tous les registres, sous toutes les formes. Et ce, tout le temps et à tout propos.

On dit par exemple : "Ce conte a été mis à toutes les sauces".

Ou : "Mettre cette citation à toutes les sauces comme on l'a fait lui a fait perdre sa pertinence".

Sources : wiktionary.org et www.languefrancaise.net

"Être droit comme un i", "Être droit comme un cierge" ou "Être droit comme un piquet" et "Se tenir droit comme un i", "Se tenir droit comme un cierge" ou "Se tenir droit comme un piquet".

Ces différentes locutions adjectivales du registre familier font référence à la forme rectiligne des trois objets évoqués : la lettre "i", un cierge et un piquet :

Lettre "i" majuscule
Lettre "i" majuscule
Un cierge blanc
Un cierge blanc
Un piquet de châtaignier
Un piquet de châtaignier

Et l'ensemble de ces expressions signifient donc :

  • pour une personne : être ou se tenir très droit, avec raideur,

On dit par exemple : "Malgré ses 92 ans, le vieillard était toujours droit comme un i".

  • ou pour un arbre par exemple : être parfaitement droit, rectiligne.

On dit par exemple : "L'allée était constituée d'une rangée de pins droits comme des cierges".

"Être droit comme un cierge" et "Se tenir droit comme un cierge" sont des idiotismes religieux.

Sources : wiktionary.org

"Bon sang de bois !" ou "Bon sang de bonsoir !".

J'adore ces expressions du registre familier et du registre désuet en forme d'interjection, qui marquent l'étonnement ou l'indignation.

Et que j'utilise régulièrement dans J'aime les mots.

On dit par exemple : "Je ne supporte plus les anglicismes bon sang de bois !".

Ou : "Bon sang de bonsoir : je n'en peux d'entendre ces tics de langage, ces mots, locutions ou expressions à la mode et ces pléonasmes à longueur de journée !".

L'origine de ces deux formules est très ancienne. Elle trouve même son origine au Moyen Âge, lorsqu'il existait de nombreux jurons comportant le nom de Dieu. Ce qui était par exemple le cas de "Par le sang de Dieu", "Nom de Dieu" ou "Bon sang de Dieu".

La mention de Dieu étant considérée comme blasphématoire par le clergé devenu extrêmement puissant au XVe siècle, le nom de Dieu a disparu, cédant la place à des formules du type "Palsambleu", "Bon sang de bois" ou "Bon sang de bonsoir", qui évitaient d'avoir à le prononcer.

"Bon sang de bois !" est un idiotisme botanique et un idiotisme corporel.

Et "Bon sang de bonsoir !" est un idiotisme corporel.