"En butte (à quelque chose)" ou "Être en butte (à quelque chose)".

Cette locution nominale du langage courant semble remonter aux alentours du XVIe siècle.

Et elle signifie, au sens figuré : exposé (à quelque chose) ou être exposé (à quelque chose).

On dit par exemple : "En butte à de violentes attaques, il devait  réagir rapidement".

Ou : "Être en but à une forte discrimination".

Il s'agit étonnamment d'une expression d'origine militaire.

  • "Une butte" est en effet une légère élévation de terrain, naturelle ou artificielle colline ou tertre.

Un butte, légère élévation de terrain, naturelle ou artificielle

Et comme l'on y plaçait autrefois les cibles lors des exercices de tir à l'arquebuse, s'y trouver revenait donc à s'exposer au danger.Un arquebusier en position de tir

  • Aujourd'hui encore, les militaires parlent de "Butte de tir" pour désigner la petite élévation de terre ou de maçonnerie à laquelle est fixée ou adossée la cible destinée aux exercices de tir.

Une butte de tirUne butte de tir

Sur un sujet contigu, je me permets de vous recommander la lecture de mon article consacré à l'expression - elle aussi d'origine militaire - "De but en blanc".

Sources : wiktionary.org et www.larousse.fr

"Un coup de torchon", "Donner un coup de torchon", "Mettre un coup de torchon" ou "Faire le ménage".

Cette locution nominale et ces trois locutions verbales signifient, au sens figuré et dans le langage familier : épurer de manière radicale.

On dit par exemple : "Le groupe a décidé de faire le ménage parmi ses différents revendeurs européens et d'en réduire nettement le nombre".

Ou : "La direction va faire le ménage dans les différents services et la logistique est directement menacée".

"Un coup de torchon" est le titre de l'un de mes films français préférés, réalisé en 1981 par Bertrand Tavernier, à partir d'une adaptation du roman états-unien "1 275 âmes" de Jim Thompson.

Avec Philippe Noiret, Stéphane Audran, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Marielle, Guy Marchand, Gérard Hernandez et Eddy Mitchell.

Affiche du film français "Coup de torchon" de Bertrand Tavernier (1981)

"Faire la sourde oreille".

Cette expression du registre familier en forme d'idiotisme corporel signifie, au sens figuré : ne pas tenir compte d’une demande ou d'une remarque, feindre de l'ignorer, refuser de l'entendre ; faire semblant de ne pas entendre ce que l'on vous dit, afin de ne pas être obligé de répondre à une question.

L'expression "Ne rien vouloir entendre" a presque exactement la même signification.

Et sur un sujet contigu, je vous recommande la lecture de mon article consacré aux expressions "Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre" et "Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir".

Sources : www.linternaute.fr, wiktionary.org et www.expressions-francaises.fr

"De but en blanc".

Cette expression du langage courant en forme d'idiotisme chromatique et d'idiotisme militaire signifie :

  • au sens figuré : directement, brusquement, sans préambule ni précautions.

On dit par exemple : "Mon professeur m'a demandé de but en blanc si j'accepterais d'aller dîner avec lui !".

  • et au sens propre : en ligne droite, pour qualifier une façon de tirer au canon à portée moyenne.

Un canon de campagne

Le mot "but" (ou "butte") désignait en effet le monticule sur lequel on plaçait le canon pour tirer.

Tandis que le mot "blanc" désignait la cible, une autre butte.

Tirer "de but en blanc" correspondait donc :

    • à l'origine : à un tir en ligne droite, le plus direct possible ; avec la "trajectoire" la plus "tendue" possible,
    • puis, par extension : directement, c’est-à-dire rapidement, sans sommation ou hésitation.

Sur un sujet contigu, je me permets de vous recommander la lecture de mon article consacré à l'expression - elle aussi d'origine militaire - "En but (à quelque chose)" ou "Être en butte (à quelque chose)".

Source : wiktionary.org

"Il n'est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre", "Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre", "Il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir" ou "Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir".

J'aime beaucoup ces différentes expressions proverbiales synonymes du langage courant qui signifient, au sens figuré : il est impossible de faire entendre raison à quelqu'un qui s'y oppose.

Ou de chercher à convaincre celui qui s'y refuse. Et l'on perd donc son temps à vouloir convaincre une personne qui refuse de comprendre et reste sur ses positions.

Sur un sujet contigu, je vous recommande la lecture de mes articles consacrés aux expressions presque synonymes "Faire la sourde oreille" et "Ne rien vouloir entendre".

Sources : wiktionary.org, www.linternaute.fr et www.expressions-francaises.fr

"Sur-le-champ".

Cette locution adverbiale en forme d'idiotisme militaire relève du langage courant.

Elle daterait du XVe siècle et elle  signifiait à l'origine : ici même, à l'endroit où l'on se trouve, en référence au "champ de bataille".

De nos jours, elle signifie, au sens figuré :

On dit par exemple : "Il a été arrêté sur-le-champ".

Ou : "Nous avons pris des mesures sur-le-champ".

  • mais également : sans préparation.

On dit par exemple : "Il a harangué la foule sur-le-champ".

Ou : "Le ministre a répondu sur-le-champ à ces attaques".

Source : wiktionary.org

 

"Jeter le manche après la cognée" et "Il ne faut pas jeter le manche après la cognée" ou "Il ne faut jamais jeter le manche avant la cognée".

Il ne faut pas jeter le manche après la cognée

J'aime beaucoup cette expression proverbiale française du registre désuet, qui remonte au XVIIe siècle et signifie :

  • "Jeter le manche après la cognée" : abandonner ou renoncer par découragement parce que l’on a rencontré un obstacle ou des difficultés.
  • et "Il ne faut pas jeter le manche après la cognée" ou "Il ne faut jamais jeter le manche avant la cognée" : il est plus sage de conserver son sang-froid et son courage face aux problèmes, en poursuivant avec persévérance la tâche entreprise ou le but fixé.

La "Cognée" est en effet un substantif féminin désignant une variété de haches, ou simplement la pièce métallique coupante de l’extrémité d’une hache, comme dans ce proverbe.

Et ce proverbe fait référence à une fable de Jean de La Fontaine, "Le Bûcheron et Mercure", première fable du livre V du premier recueil de ses célèbres Fables, édité en 1668.

La cognée d'un bûcheron en train d'abattre un arbre, était tombé dans une eau profonde après s'être malencontreusement détaché du manche. Dépité et jugeant qu'il ne pourrait récupérer son fer, le bûcheron, au lieu d'essayer de le retrouver, jeta aussi le manche, considéré comme devenu inutile, et renonça à son travail.

"Un Bûcheron perdit son gagne-pain,
C'est sa cognée ; et la cherchant en vain,
Ce fut pitié là-dessus de l'entendre.
Il n'avait pas des outils à revendre.
Sur celui-ci roulait tout son avoir.
Ne sachant donc où mettre son espoir,
Sa face était de pleurs toute baignée.
O ma cognée ! ô ma pauvre cognée !
S'écriait-il, Jupiter, rends-la-moi ;
Je tiendrai l'être encore un coup de toi".

Sources : l-express.ca et wikipedia.org

"Se mettre la rate au court-bouillon".

Se mettre la rate au court-bouillon

Cette expression du langage familier en forme d'idiotisme alimentaire et d'idiotisme corporel signifie, au sens figuré : être contrarié, s'inquiéter, se faire du souci inutilement, sans raison.

Elle est assez proche des idiotismes corporels "Se biler", "Se faire de la bile", "Se faire du mauvais sang" et "Se faire un sang d'encre".

Il existe en effet de nombreuses autres façons de dire "S'inquiéter" en français.

Cette expression fait référence au court-bouillon, qui est un liquide de cuisson.

Et bien que remontant sans doute à l'Antiquité, elle semble ne dater, sous cette forme, que du XXe siècle.

Sources : wiktionary.org, www.linternaute.fr et www.cnews.fr

"Droit dans ses bottes", "Être droit dans ses bottes", "Rester droit dans ses bottes" ou "Se tenir droit dans ses bottes".

J'aime bien cette expression du registre familier en forme d'idiotisme vestimentaire qui signifie, selon le contexte :

  • garder une attitude ferme, résolue et très déterminée, être inébranlable face aux difficultés,
  • ou : n'avoir rien à se reprocher, se sentir la conscience tranquille, être fidèle à ses principes.

L'origine de cette expression n'est pas certaine. Mais elle pourrait venir du milieu militaire où les cavaliers devaient se tenir bien droit sur leur selle et dans leurs bottes.

Garde à cheval (Horse-guard) britannique à Londres (Angleterre) (Grande-Bretagne), droit dans ses bottes
Garde à cheval (Horse-guard) britannique à Londres (Angleterre) (Grande-Bretagne), droit dans ses bottes

Elle a été remise au goût du jour parle premier ministre français Alain Juppé, le 6 juillet 1995, alors qu'il est interrogé sur TF1 à propos de son appartement parisien au loyer défiant toute concurrence et de la baisse de loyer qu'il avait demandée pour l'appartement de son fils, il déclare : "Je reste droit dans mes bottes et je ferai mon travail" .

Sources : www.expressio.fr, www.lesoir.be, www.larousse.fr et www.expressions-francaises.fr

"Un terrain miné", "Être en terrain miné" ou "Avancer en terrain miné".

La locution nominale masculine "Un terrain miné" appartient au langage courant désigne :

  • au sens propre : un terrain ou une zone garni de mines, d'explosifs,
  • par extension : un lieu ou une zone dangereuse,
  • et au sens figuré : un sujet délicat.

On dit par exemple : "Avec l'adoption pour les couples homosexuels, le gouvernement avance en terrain miné".

Ou : "Fais attention avec ce sujet : tu es en terrain miné".

Et l'on peut également utiliser - dans le même registre de langue - l'expression "Terrain glissant"Source : www.larousse.fr

"Mettre les pieds dans le plat".

Cette locution verbale du registre familier qui doit interloquer nos amis étrangers signifie, au sens figuré : commettre une bévue grossière, une gaffe, une bourde, un grave impair, créant ainsi une situation embarrassante.

Par exemple :

  • en abordant une question délicate avec une franchise brutale,
  • en abordant un sujet délicat sans détour,
  • en commettant une indiscrétion impardonnable,
  • en évoquant gauchement un sujet épineux,
  • en parlant sans ménagement,
  • en disant une chose brutalement, par mégarde et manque de tact.

Sources : lemondedufrancais.com, www.linternaute.fr, www.expressio.fr

"Dans les coulisses", "Dans la coulisse" ou "Se tenir dans la coulisse".

"Une coulisse" est un substantif féminin polysémique du langage courant désignant de nombreux objets ou pièces techniques sur lesquels je ne m'étendrai pas ici aujourd'hui.

L'un d'entre eux est un châssis de toile mobiles portant les décors d'un théâtre, situé sur les côtés de la scène.

Les coulisses d'un théâtre
Les coulisses d'un théâtre

"Dans les coulisses" et "Dans la coulisse" sont par conséquent des locutions adverbiales et "Se tenir dans la coulisse" une locution verbale du langage courant évoquant, par métonymie :

  • au sens propre :
    • la partie d'un théâtre, sur les côtés et à l'arrière d'une scène, cachée au public par les décors.

On dit par exemple : "Certains acteurs - même parmi les plus grands - ont tellement le trac, qu'ils sont pris de nausée sitôt qu'ils mettent les pieds dans les coulisses d'un théâtre".

Les coulisses de l'opéra Garnier
Les coulisses de l'opéra Garnier
    • ou : le monde du théâtre.

On dit par exemple : "Cet enfant de la balle a été élevé dans les coulisses de la Comédie française.

  • et au sens figuré : la partie d’un système invisible de l’extérieur, l'aspect dissimulé ou marginal d'une entité ou d'une organisation.

On dit par exemple : "Nous allons vous faire pénétrer dans la coulisse de l'équipe de France de football".

Ou : "Les coulisses du palais Bourbon et du palais du Luxembourg - qui abritent respectivement l'Assemblée nationale et le Sénat de la République française - recèlent bien des surprises".

Source : www.cnrtl.fr