La polysémie est la caractéristique d’un mot ou d’une locution ayant plusieurs sens ou significations différentes.
Elle est souvent à l’origine de confusions ou d’erreurs, surtout lorsque l’on ne maîtrise par parfaitement toutes les subtilités de notre langue.
La vocation de cette collection, qui réunit l’ensemble de mes articles consacrés à ce sujet, est donc de faire éventuellement découvrir à mes lecteurs les différents sens d’un mot ou d’une locution.
Par exemple : « Une grue » désigne à la fois un animal et un engin de chantier. Mais encore une prostituée, dans le registre argotique ! Ce qui explique l’existence, par ailleurs, de ma collection « Attention au niveau de langage« .
Nombre total d’articles prévus dans cette collection : 897
Ce substantif masculin peut avoir plusieurs significations différentes lorsqu'il est au pluriel :
"Un gage" - et au pluriel "Des gages" - est en effet un terme polysémique désignant :
dans le domaine juridique :
un contrat par lequel le débiteur ou un tiers se dessaisit au profit du créancier d'un bien meuble afin de garantir le paiement de la dette,
le droit du créancier sur ce bien meuble,
ou le bien meuble lui-même affecté à cette garantie.
On parle ainsi de "Prêteur sur gages".
dans un jeu : une pénitence que le joueur perdant doit exécuter,
tout ce qui représente une garantie, une caution.
On dit par exemple : "Sa bonne foi est le gage de son honnêteté".
et enfin : une preuve, un témoignage de la réalité d'un sentiment, d'une qualité (un "gage d'amitié" ou un "gage d'affection").
tandis que "Des gages" est un terme du registre désuet, que l'on utilise exclusivement au pluriel et qui désignait autrefois : la rémunération des employés de maison ou des ouvriers agricoles pour une période déterminée.
On dit par exemple : "Je vais donner ses gages à ma servante et la congédier".
"Au pair" est une locution adverbiale signifiant, selon le contexte :
ausens propre: à parité, à égalité, en parlant de la valeur nominale d'une action et son cours actuel.
On dit par exemple : "Au pair, mes actions ne valent plus que la moitié de ce qu'elles m'ont coûté il y a douze ans !".
au sens figuré :
sans arriéré.
On dit par exemple "Se mettre au pair" pour "Rattraper un retard de travail".
rémunéré uniquement en nature (logement et nourriture), pour un emploi.
On dit par exemple "Prendre quelqu’un au pair".
et par extension : avec une petite rémunération en argent en plus du logement et de la nourriture, pour un emploi effectué en contrepartie d'une activité ou d’un service donné.
"Une fille au pair" ou "Une jeune fille au pair" sont donc des locutions nominales féminines désignant des personnes étrangères, logées et nourries en contrepartie d'une activité ou d’un service donné, consistant le plus souvent à garder de jeunes enfants en leur apprenant sa langue natale. Et en améliorant sa maîtrise de la langue du pays d’accueil (avec des cours obligatoires la plupart du temps).
La notion de travail au pair existe au moins depuis le XIXe siècle.
Et "Au pair" est une expression utilisée- une fois n'est pas coutume, en français - dans le monde entier !
Dans le langage courant, le terme "Bénévole" pour une personne "Au pair" est souvent utilisée à tort.
Ce substantif masculin polysémique du langage courant désigne tout à la fois :
autrefois :
un gardien ou un concierge (registre désuet),
avant 1965 et le concile de Vatican II, dans l'église catholique : un clerc ayant reçu le premier des ordres mineurs.
Un portier dhôtel
de nos jours :
un préposé, chargé de surveiller l'entrée principale d'un édificeet d'en ouvrir et refermer les portes.
On en trouve principalement devant les hôtels ou résidences de luxe.
un religieux (le "frère portier") ayant la charge d'ouvrir et de fermer la porte d'un couvent.
Son équivalent féminin est la "soeur portière".
dans l'argot de l'école Polytechnique : le premier élève du Klub ou 50e en partant de la fin, du classement de sortie.
et par extension :
dans le registre familier : une personne manquant de distinction, bavarde et souvent médisante,
un appareil électrique ou électronique, également appelé "Interphone" ou "Visiophone", permettant d'entendre ou d'entendre et de voir les visiteurs se présentant à l'entrée d'une maison ou d'un immeuble.
Et de commander automatiquement, à distance, l'ouverture et la fermeture de la porte.
dans le jargon informatique : un logiciel, généralement associé à une ou plusieurs passerelles, assurant notamment la conversion des adresses et vérifiant les autorisations d'accès à un réseau.
Un portier ou PLV (Publicité sur le Lieu de Vente) de restaurant
dans le domaine de la communication : une PLV (Publicité sur le Lieu de Vente) représentant un personnage en bois décoré, souvent grandeur nature, personnalisé à la marque ou à l'enseigne de l'établissement, et disposé devant la porte d'un point de vente.
Un portier ou gardien de but de football
ou, au football ou au handball : le gardien de but ou - par ellipse lexicale - le gardien.
Sources : Le Robert, www.larousse.fr, wiktionary.org et www.cnrtl.fr
Ce substantif masculin polysémique du langage courant peut désigner, selon le contexte, de nombreuses choses :
l'action de retirer d'un organisme, d'une institution ce qui y a été engagé ou gagé ; l'action de le dégager (Le "dégagement d'une pendule du mont-de-piété"),
l'action de déblayer un lieu, d'en enlever ce qui l'encombre, l'embarrasse (le "dégagement d'une voie"),
le fait de libérer quelqu'un ou quelque chose qui est couvert, bloqué, écrasé par quelque chose ; l'action de l'enlever du lieu où il se trouve (le "dégagement de vestiges préhistoriques par des archéologues" ou le "dégagement d'une victime d'avalanche par les secouristes"),
Le dégagement d'un squelette par un archéologue.Une équipe de secouristes effectuant un dégagement de victime d'avalanche, en montagne
le fait de se dégager, en parlant d'un gaz, d'une odeur, etc. (un "dégagement de vapeur" ou un "dégagement de fumée"),
l'action de se dégager de quelque chose, d'une promesse, d'un engagement militaire (une politique du "dégagement en Afrique et en Europe"),
dans une habitation : une communication, un passage établi d'une pièce à une autre ou entre l'intérieur et l'extérieur ; un espace libre permettant d'aller et venir librement.
On dit par exemple : "Il va falloir prévoir d'importants dégagements dans cet appartement, car ma fille est en fauteuil roulant".
Un appartement pour personnes handicapées physiques disposant d'importants dégagements
en sport, notamment au football ou au rugby : l'action d'envoyer le ballon loin de son but ou de sa ligne de but,
Un gardien de but de football effectuant un dégagementUn joueur de rugby effectuant un dégagement
en aéronautique : la séparation d'un avion du groupe avec lequel il volait en formation,
et en médecine : le temps terminal de l'accouchement, au cours duquel le foetus franchit le détroit inférieur du bassin et l'orifice vulvaire.
un mammifère marin de grande taille classé dans l'ordre des Cétacés.
Ce terme générique s'applique aux espèces appartenant au sous-ordre des "Mysticètes" ou cétacés à fanons (comme par exemple la baleine bleue ou rorqual bleu) ainsi que - improprement - à certaines espèces appartenant aux "Odontocètes" ou cétacés à dents (comme par exemple le cachalot).
Le petit de la baleine s'appelle le "Baleineau".
Une baleine et son baleineau
la formation cornée des gencives supérieures des baleines, plus communément appelée "La barbe" ou "Le fanon",
Les fanons d'une baleine peuvent dépasser les deux mètres de longDes fanons de baleine, échoués sur des rochers
et par extension :
la lamelle cornée flexible provenant des fanons de la baleine et employée autrefoispour rigidifier certains vêtements et, plus tard, les corsets.
Un corset en coton avec une structure en fanons de baleine
Ou pour constituer l'armature des parapluies.
ou, de nos jours :
la lamelle souple glissée dans les gaines, les soutiens-gorge et les cols de chemise, afin d'en assurer la rigidité.
la tige de métal flexible constituant l'armature des parapluies ou parasols.
Une baleine de parapluie
ou la tige de métal flexible constituant l'armature des parapluies ou parasols.
le bâton dont se servait autrefois le bedeau à l'église pour faciliter le passage des officiants,
dans le domaine de la maçonnerie : une scie à pierre tendre, très étroite, souple et flexible, permettant de suivre aisément un tracé courbe donné par un panneau ou de passer aisément entre deux tracés,
et enfin, dans le registre familier :
dans le jargon maritime : une grosse lame (vague) qui embarque (passe et se répand par dessus bord),
dans le jargon des casinos : un joueur extrêmement riche, capable de parier plus de 100 000 dollars par coup et de perdre un million de dollars ou davantage sans sourciller ; sa fortune l'obligeant à miser très gros pour réaliser un gain proportionnel à l'argent qu'il possède déjà.
De nos jours, il s'agit essentiellement de milliardaires asiatiques, proche-orientaux ou russes.
Les casinos adorent les baleines : parce qu'elles attirent la foule et que l'on peut communiquer et développer sa notoriété sur l'énormité des sommes jouées et perdues ou sur les gains fantastiques parfois réalisés. Lesquels amènent évidemment les mêmes casinos à redouter et détester les baleines !
ou, de façon péjorative et injurieuse : une personne extrêmement grosse, atteinte d'obésité morbide.
Le mexicain Juan Pedro Franco, un temps l'homme le plus gros du monde (595 kilos en 2017)
Ce substantif masculin du registre familier en forme d'idiotisme corporel, possède deux graphies différentes.
Celle avec un trait d'union ("Un tape-cul") est de nos jours considérée comme désuète ou vieillie. Mais elle a naturellement - comme toujours - ma préférence.
"Un tape-cul" est un mot polysémique pouvant désigner :
différents véhicules ou objets :
un petit tilbury à deux places,
une voiture mal suspendue où l'on est durement secoué.
Ces deux expressions en forme d'idiotismes corporels signifient au sens figuré : afficher une ambition démesurée ; être prêt à tout pour parvenir à ses fins.
"Avoir les dents longues" appartient au langage courant.
Et peut également signifier :
être affamé après avoir été longtemps sans manger.
On dit par exemple : "Les naufragés recueillis hier avaient les dents longues, mais on peut les comprendre !".
Et on utilise également, dans le même sens, la locution verbale en forme d'idiotisme animalier "Avoir les crocs", qui appartient au registre argotique.
ou : avoir un grand appétit d’argent et d’honneurs.
On dit par exemple : "Ce jeune député a les dents longues : il se voit déjà ministre paraît-il".
et "Avoir les dents qui rayent le parquet" est un idiotisme architectural relevant du registre familier.
On dit par exemple : "Le nouveau directeur de cabinet du président a du mal à cacher ses ambitions : il a les dents qui rayent le parquet !".
Ce verbe, qui peut s'écrire de trois façons différentes est construit à partir du substantif masculin "Bec".
Et il signifie :
au sens propre, dans le langage courant, pour un oiseau :
Un cormoran bectant un cygne blanc sur le lac d'un parc londonien, c'est à dire : le frappant à coups de becDes perroquets qui se bectent, c'est à dire : se frappent du bec et même se mordent
frapper, piquer plus ou moins fortement à coups de bec,
saisir de la nourriture ; prendre par becquées.
Des perruchent qui se bectent, c'est à dire : se caressent à coups de becDes pigeons qui se bectent, c'est à dire : se caressent à coups de bec
ou : caresser à coups de bec.
et au sens figuré, dans le registre argotique, pour un être humain :
embrasser.
On dit par exemple : "Regarde-les ces deux-là : toujours en train de se béqueter".
ou : manger.
On dit par exemple : "Le temps que j'aille aux toilettes, ce goinfre m'a becté mon dessert !".
Cette locution verbale du registre familier signifie, selon le contexte :
dans le domaine militaire : faire résonner une batterie de tambour ou une sonnerie de clairon, de trompette, qui sont, pour les soldats, le signal de rompre les rangs, la permission de partir en débandade.
On dit par exemple : "Les soldats se sont dispersés car on avait battu la breloque".
par extension, pour un objet, un appareil ou une machine : se caractériser par un mouvement désordonné, fonctionner mal.
On dit par exemple : "Elle bat la breloque ta pendule".
pour une personne : ne pas savoir où l'on en est ni ce que l'on fait ; divaguer, être mentalement dérangé, un peu fou.
On dit par exemple : "Il bat la breloque ton grand-père".
un appareil permettant à un handicapé ou à un traumatisé des membres inférieurs de se déplacer sans prendre appui sur ceux-ci.
Sorte de canne munie à sa partie supérieure d'une traverse et à sa partie médiane d'une poignée, la béquille était constituée à l'origine d'un bâton surmonté d'une traverse sur laquelle on appuyait l'aisselle ou la main pour s'aider à marcher, la béquille est désormais métallique.
un instrument ou dispositif de soutien, de support. un pied amovible ou escamotable permettant de maintenir un ensemble dans une position stable (, excavatrice ou drague en position de travail, fusil-mitrailleur, etc.)
Utilisé par exemple pour :
les véhicules à deux roues à l'arrêt (motocyclettes ou bicyclettes) :
béquille latérale, constituée d’une simple patte métallique repliable vers l’arrière, permettant de maintenir droit un deux-roues à l’arrêt.
Béquille latérale de motocyclette
ou béquille centrale :
Béquille centrale de motocycletteBéquille centrale de bicyclette
les bateaux.
La béquille est une pièce - également appelée "Cale" ou "Étai" - servant à maintenir debout un navire de petit tonnage reposant sur sa quille.
Béquille pour bateau
les excavatrices ou dragues en position de travail, les fusils-mitrailleurs, etc.
dans les sports de combat : est le nom d'une attaque consistant à donner un coup de genou dans la cuisse,
Une "béquille", durant une rencontre de football
dans les sports d'équipe, et notamment en football : un coup porté à la cuissedéclenchant une douleur vive,porté à un muscle en contraction.
Généralement sans gravité, cette lésion musculaire sans rupture fibreuse est appelée "écrasement musculaire".
Et elle n’empêche normalement pas de poursuivre la rencontre.
Sources : www.larousse.fr, drsport.fr et www.sport-protech.com