"La colocation" et "La collocation".

Une fois encore, l'orthographe a ici toute son importance et, comme vous allez pouvoir le constater, la présence d'un seul ou de deux "l" change radicalement le sens de ce mot :

La colocation, dans le feuilleton états-unien "Friends", diffusé du 22 septembre 1994 au 6 mai 2004 sur NBC et créée par Marta Kauffman et David Crane
La colocation, popularisée par le feuilleton états-unien "Friends", diffusé du 22 septembre 1994 au 6 mai 2004 sur la chaîne NBC et créée par Marta Kauffman et David Crane
  • "La colocation" - avec un seul "l" -, désigne en effet la location d'un même logement par plusieurs locataires, constituant leur résidence principale et formalisée par la conclusion d'un contrat unique ou de plusieurs contrats entre les locataires et le bailleur,
La colocation dans le film français "L'auberge espagnole", réalisé en 2002 par Cédric Klapisch
La colocation popularisée par le film français "L'auberge espagnole", réalisé en 2002 par Cédric Klapisch
  • tandis que "La collocation" - avec deux "l" - désigne :
    • en droit : le classement judiciaire des créanciers dans l'ordre de leur paiement,
    • en linguistique : l'association attendue d'un mot à un autre au sein d'un texte,
    • en calcul numérique : une méthode de calcul (dont je ne saurais vous expliquer quoi que ce soit !),
    • et, en Belgique, enfin, autrefois tout du moins, : l'hospitalisation sans consentement, désormais appelée "mise sous protection".

Source : wiktionary.org

"Avoir les mains libres" et "Avoir les mains liées".

Ces deux locutions verbales en forme d'idiotismes corporels relèvent du langage courant.

Et elles signifient respectivement :

  •  au sens propre :
    • "Avoir les mains libres" : ne rien avoir dans les mains.

On dit par exemple : "Si tu as les mains libres, tu peux me passer un deuxième torchon s'il te plaît".

    • et "Avoir les mains liées" : avoir les mains entravées, attachées.

On dit par exemple : "Impossible de me gratter : j'avais les mains liées".

  • et au sens figuré :
    • "Avoir les mains libres" : être libre d’agir dans une affaire sans être lié par aucune obligation ; avoir une totale liberté d'action, n’avoir rien dans les mains

On dit par exemple : "J'ai les mains libres désormais : je peux agir comme il me plaît".

    • et "Avoir les mains liées" : être empêché dans ses actions, entravé par des obligations antérieures, de quelque nature qu’elles soient ; ne pas être libre d'agir à sa guise ; ne plus être libre moralement, être engagé ailleurs (par une promesse, un écrit antérieur).

On dit par exemple : "Emmanuel Macron a les mains liées désormais : ni la NUPES, ni Les Républicains ne lui pardonneront la façon dont il les a traité. En refusant de faire appeler à voter pour la NUPES lorsque ses candidats étaient opposés à des candidats du rassemblement National. Et en refusant de ne pas présenter de candidats Renaissance (ex-LREM) face aux candidats Les Républicains qui le lui demandaient, en échange d'une certaine bienveillance extérieure."

Sources : wiktionary.org, www.expressio.fr et www.languefrancaise.net

"Aller à la soupe", "Cracher dans la soupe" et "Servir la soupe".

Ces trois locutions verbales en forme d'idiotisme alimentaire relèvent du registre familier.

Présentant toutes trois un caractère péjoratif, elles signifient respectivement, au sens figuré :

  • "Aller à la soupe" : renoncer à ses principes et délaisser ses convictions par intérêt personnel, pour se placer auprès de personnes influentes et profiter d'avantages matériels ou de faveurs.

Cette expression est principalement utilisée dans le milieu de la politique.

On dit par exemple : "Jean-François Copé va à la soupe et propose, dès le soir du second tour des législatives 2022 un pacte de gouvernement entre Les Républicains et Renaissance (ex LREM)".

  • "Cracher dans la soupe" : afficher du mépris pour ce dont on tire avantage, critiquer ce dont on profite, ce qui permet d'exister, d'assurer sa subsistance.

On dit par exemple : "Il ne faut pas avoir honte pour cracher ainsi dans la soupe, après avoir profité des années durant d'un système".

  • et "Servir la soupe" : se montrer complaisant, aimable ; flatter ; donner à l'autre ce qu’il attend, ne surtout pas l'embarrasser.

On dit par exemple : "Cet entretien avec le président n'avait aucun intérêt : le journaliste ne lui posé aucune question embarrassante, il lui a servi la soupe".

"Servir la soupe" au sens propre

Sources : www.linternaute.fr, wiktionary.org et lescoursjulien.com

"Attention les yeux !".

J'aime bien cette locution interjective en forme d'idiotisme corporel, qui relève du registre populaire.

Elle s'utilise, au sens figurépour avertir, de manière humoritique, que l'on s'apprête à parler de quelque chose d'important, d'impressionnant, qui mérite l'attention.

Elle est à rapprocher de la formule "En mettre plein la vue".

On dit par exemple : "Et maintenant, attention les yeux : voici ma collection de 3 500 disques numériques polyvalents !".

Un film français de Gérard Pirès, sorti en 1976 portait ce titre. On pouvait y remarquer, dans de tout petits rôles les acteurs débutants Anémone, Daniel Auteuil, Michel Blanc, Christian Clavier et Thierry Lhermitte.

Affiche du film français "Attention les yeux", de Gérard Pirès (1976

Sources : wiktionary.org et wikipedia.org

"Ne pas se cacher derrière son petit doigt".

Cette locution verbale en forme d'idiotisme corporel relève du registre familier.

Et elle signifie, au sens figuré : rester sérieux, cohérent, réaliste, ne pas dire ou faire n'importe quoi.

On dit par exemple : "On ne va pas se cacher derrière son petit doigt : la déroute de ce soir est historique".

"Fumer le calumet de la paix" avec quelqu'un.

Un chef amérindien fumant le calumet de la paix

Cette locution verbale relève du langage courant.

Et elle signifie, au sens figuré : faire la paix, se réconcilier avec cette personne, renoncer aux querelles, rétablir la paix avec elle ; renouer des relations cordiales après une période conflicteuse.

Elle fait référence à une vieille pratique amérindienne consistant à fumer le calumet de la paix, une longue pipe, fumée lors de délibérations, en fin de guerre ou pour souhaiter la bienvenue.

Trois amérindiens fumant le calumet de la paix

Le terme "calumet" et son synonyme "pétunoir" apparaissent dès 1612, dans l'Histoire de la Nouvelle-France de Marc Lescarbot.

Sources : www.larousse.fr et www.linternaute.fr

"Ne pas arriver à la cheville".

J'aime beaucoup cette locution verbale en forme d'idiotisme corporel.

Datant du XVIIIe siècle, elle relève du registre familier.

Et elle signifie, de façon péjorative : être très inférieur à ; ne pas être au niveau de.

On dit par exemple : "Le personnel politique actuel est d'une médiocrité sans nom : il n'arrive pas à la cheville de ses prédécesseurs".

Les liliputiens vidant les poches de Gulliver ne lui arrivent pas à la cheville, au sens propre, dans "Les Voyages de Gulliver" ou "Les Voyages extraordinaires de Gulliver", un roman satirique anglais écrit par Jonathan Swift, en 1721
Les liliputiens vidant les poches de Gulliver ne lui arrivent pas à la cheville, au sens propre, dans "Les Voyages de Gulliver" ou "Les Voyages extraordinaires de Gulliver", un roman satirique anglais écrit par Jonathan Swift, en 1721

Sources : wiktionary.org, www.linternaute.fr et www.expressio.fr

"Un torchon".

Ce substantif masculin désigne :

  • au sens propre, dans le langage courant :
    • un carré de toile servant à essuyer la vaisselle, que nos voisins belges appellent d'ailleurs "essuie de vaisselle".

Un torchon

On dit par exemple : "Prends donc un torchon et essuie la vaisselle avant de retourner t'affaler dans ton fauteuil à ronfler devant ton match !".

    • et pour nos amis belges et canadiens : une serpillière.

Une serpillière

  • et au sens figuré, dans le registre familier :
    • un écrit, un texte, sans soin, sale, mal présenté ou sans valeur.

On dit par exemple, dans un monde idéal où les enseignants auraient toujours le droit de punir les élèves irrespectueux : "Comment osez-vous me rendre un tel torchon !".

Un torchon, c'est à dire une copie sale

    • un journal méprisable.

On dit par exemple : "Rassemblant des plumes souvent issues ou proches de l'Action française, l'hebdomadaire français Je suis partout, principal journal collaborationniste et antisémite français sous l'occupation allemande, devient, à partir de 1941, un torchon".

Page un du numéro spécial du 17 février 1939 du torchon antisémite "Je suis partout", un hebdomadaire français publié par Arthème Fayard, dont le premier numéro sort le 29 novembre 1930 et le dernier le 16 août 1944. Rassemblant des plumes souvent issues ou proches de l'Action française, il devient, à partir de 1941, le principal journal collaborationniste et antisémite français sous l'occupation allemande
Page un du numéro spécial du 17 février 1939 de "Je suis partout",  publié par Arthème Fayard, dont le premier numéro sort le 29 novembre 1930 et le dernier le 16 août 1944.

Sources : wikipedia.org et www.larousse.fr

Y avoir "Panique à bord".

Cette locution adverbiale relève du jargon maritime.

Et elle désigne, au sens figuré, dans le langage courant : une complète désorganisation, une situation on l'on ne contrôle plus rien.

On dit par exemple : "J'ai voulu essayer ce nouveau restaurant dimanche, mais je ne te le conseille pas. Ce n'était pas mauvais mais il y avait panique à bord et nous avons attendu nos plats près d'une heure".

Une scène du film étast-unien "Panique à bord", réalisé en 1960 par Andrew L. Stone
Une scène du film étast-unien "Panique à bord", réalisé en 1960 par Andrew L. Stone

"L'irénisme", "Irénique" et "Un iréniste".

Ces mots peu usités par le Français moyen relèvent du vocabulaire religieux.

Le terme "irénisme" est récent puisque n'est attesté qu'en 1962. Il nous vient du grec εἰρήνη (eirếnê), où il signifie "la paix". Et le mot est dérivé d'"irénique", emprunté au latin ecclésiastique moderne "irenicus", apparu en 1867.

Ils signifient en effet respectivement :

  • au sens propre :
    • "L'irénisme" : une attitude d'esprit condamnée par l'encyclique "Humani Generis", selon laquelle on tolère de façon tranquille des erreurs graves, inacceptables, par désir exagéré de paix et de conciliation,
    • "Irénique" : ce qui relève de l'irénisme,
    • et "Un iréniste" : une personne qui pratique l'irénisme,
  • et par analogie, dans le domaine politique :
    • "L'irénisme" : une attitude visant à la compréhension mutuelle en se focalisant sur ce qui unit ou rapproche et en minimisant ce qui éloigne ou amène au conflit ; la recherche de la paix et de la concorde.

On dit par exemple : "L'irénisme du président Macron mène notre pays à la catastrophe".

Sources : www.cnrtl.fr, wikipedia.org et wiktionary.org

"Hors de ma vue" ou "Hors de ma vue !".

Le point d'exclamation change tout !

  • La locution adjectivale "Hors de ma vue" signifie en effet : que je ne peux voir, parce que trop loin ou parce que dissimulé.

On dit ainsi : "Les voleurs sont sortis par une porte située hors de ma vue".

  • tandis que la locution interjective "Hors de ma vue !" avec un point d'exclamation constitue une interjection signifiant : "Déguerpissez !" (registre soutenu) ou "Fichez-moi le camp !" (registre familier).