"La prédiction est un art difficile surtout lorsqu'elle concerne l'avenir".

J'adore ce proverbe que l'on entend ou lit relativement souvent et que certaines personnes présentent parfois comme une citation de Mark Twain, Groucho Marx ou Winston Churchill, quand ce n'est pas Pierre Dac, lors même que l'on ne sait absolument pas de façon certaine à qui l'attribuer.

Il est bien sûr délibérément teinté d'absurdité, puisque prédire c'est annoncer ce qui ne s'est pas encore produit, et c'est bien là tout ce qui fait son charme.

Souvenir personnel

À la rentrée universitaire 1980, un ami de la faculté de droit de Paris X - Nanterre m'avait emmené chez Emmaüs Bougival, au Port-Marly (78), où nous avions découvert un exemplaire du n°1012 de Paris Match daté du 28 septembre 1968, qui titrait "L'université de 1980 est née".

Étonnamment, trois mois à peine après les fameux événements de mai 1968, le célèbre magazine consacrait un long article décrivant par le menu l'université... de 1980, c'est à dire celle que nous étions justement en train de découvrir, mon ami Marc et moi...

Et le moins que l'on que l'on puisse dire c'est que sa lecture nous avait bien bien rire, tant les prédictions s'avéraient alors ridiculement erronées ; et cela en dépit du faible laps de temps d'à peine 12 années qui s'était alors écoulé...

Jugez-en plutôt avec ces quelques morceaux choisis de ce qu'écrivait alors le journaliste Marc Heimer :

  • "Ceux qui en 1980 étudieront dans les universités nouvelles viennent de s'asseoir sur les bancs d'écoles communales pratiquement inchangés (...) ont 6 ans (j'en avais en effet 7 et mon ami 5).
  • Le scandale français qui fait qu'un fils d'ouvrier agricole a actuellement 50 fois moins de chance d'accéder aux facultés qu'un fils de médecin par exemple se sera estompé dans l'oubli (en 1980).
  • o% de manoeuvres dans un quart de siècle (en 1993).
  • Actuellement si 60% des emplois n'exigent pas de formation professionnelle particulière, ce pourcentage tombera à moins de 20% en 1980 et à 0% d'ici à 1990.
  • (En 1980) chaque étudiant - on estimera normal alors que des études supérieures banales se poursuivent jusqu'à 35 ans - possèdera un magnétophone miniaturisé et ce dernier lui sera devenu aussi familier que le stylo et le carnet de notes le sont aujourd'hui (en 1968).
  • Par ailleurs les étudiants seront aussi à l'aise face aux ordinateurs qu'ils le sont aujourd'hui devant un téléphone (dois-je vous rappeler que la micro-informatique grand public était encore parfaitement inexistante en 1980...)".

Mais c'est surtout la fin de l'article qui nous avaient alors fait mourir de rire :

  • "(En 1980) la qualité des professeurs aura dû s'accroître en conformité avec la réévaluation formidable de leur rang dans la société.
  • Il ne s'agira plus pour le professeur de lire à haute voix un texte rabâché et poussiéreux."

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