"En quinconce".

Cette locution adverbiale nous vient du latin "quincunx" ("par cinq").

Et se dit :

  • d'objets disposés par groupes de cinq, dont quatre aux quatre angles d'un carré (ou d'un rectangle), et le cinquième au centre, comme on le voit sur un dé à jouer :

Un quinconce

  • ou d'un ensemble d'éléments alternant sur deux rangs.

Une disposition "en quinconce" est une disposition répétitive d'éléments, ligne à ligne, où chaque ligne est décalée de la moitié d'un élément par rapport à la ligne qui la précède et à celle qui la suit.

Le motif simple du quinconce est ainsi répété sur l'ensemble des éléments disposés.

Semis "en quinconce"

Les fruits ronds sont généralement disposés ainsi dans les cageots.

Ainsi :

  • un quinconce (substantif masculin) est une plantation d'arbres disposés en quinconce ou, par extension : une plantation d'arbres sur plusieurs rangs réguliers,

La plantation "en quinconce"Des arbres plantés "en quinconce"

 

 

  • la formation "en quinconce" était une des tactiques de la légion romaine, évoquée en 1967, par les géniaux Albert Uderzo et René Goscinny dans leur album "Astérix légionnaire,

La formation en quinconce de la légion romaineManoeuvres des légions romaines, dans "Astérix légionnaire" (1967), d'Albert Uderzo et René Goscinny

  • la disposition "en quinconce" est très utilisée en orfèvrerie,
Une boîte de la fin du XVIIIe siècle
Musée du Louvre, 1780
  • elle l'est aussi en héraldique pour représenter des meubles "semés" (sans nombre précis) ; comme par exemple pour un semé de fleurs de lys,
    Un semé de fleurs de lys en quinconce
  • un calcul "en quinconce" est parfois effectué en infographie pour un anticrénelage stochastique,
  • et un serrage "en quinconce", est un serrage appliqué aux roues de voitures fixées par au moins cinq écrous. On serre d'abord un écrou sur deux, afin d'obtenir une mise en place équilibrée de la roue.

Un serrage de roue "en quinconce"

  • La place des Quinconces à Bordeaux : place principale (une des plus grandes d'Europe), donnant sur la Garonne ;

Sources : wikipedia.org et Le Robert

"Une guimbarde".

Ce substantif féminin polysémique désigne :

  • dans le langage courant :
    • un instrument de musique utilisant une lamelle actionnée par le doigt comme élément vibrant et la bouche du musicien comme cavité de résonance.

Il s'agit d'un instrument répandu chez les peuples nomades d'Eurasie, de la Finlande au Nord du Japon, en Asie et en Mélanésie.

Et dont on a trouvé des traces au IIIe siècle av. J.-C. au Nord-Ouest de la Chine. Et au moins depuis l'époque gallo-romaine en Europe.

    • une danse traditionnelle du Limousin,

Localisation du Limousin

    • ou : une sorte de petit rabot de menuisier ou d'ébéniste, également appelé "Guimbarde à fond", servant à aplanir le fond des creux dans les moulures,
  • et dans le registre familier : une vieille automobile bien fatiguée, telle que par exemple la célèbre Fiat 509 de Gaston Lagaffe, fabriquée par le constructeur turinois entre 1925 et 1929.

Une guimbarde : la Fiat 509 de Gaston LagaffeUne guimbarde : la Fiat 509 de Gaston Lagaffe

 

 

À ce sujet je me permets de vous recommander la lecture de mon article consacré à toutes les façons de dire en français "Une vieille automobile" ou "Une automobile en très mauvais état".

Source : wikipedia.org

"Gil Delamare".

Le cascadeur français Gil Delamare

Il s'agit du nom d'artiste du cascadeur et acteur français Gilbert-Yves de la Mare de la Villenaise de Chenevarin, né le 14 octobre 1924  et mort au cours d'une cascade le 31 mai 1966, à 41 ans, entre La Courneuve et Le Bourget (93).

Un pionnier des effets spéciaux

Étudiant en droit, il décide, à 20 ans, d'abandonner ses études pour entrer comme trapéziste dans un cirque.

Pratiquant le parachutisme, il est codétenteur du record du monde de chute libre (9 509 mètres) et a été, en 1963, la vedette du film "L'Homme-oiseau", de Louis Dalmas, chutant et dérivant avec des ailes en toile.

Le cascadeur français Gil Delamare

Cascadeur hors pair renouvelant le genre, Gil Delamare a également fait carrière :

  • comme acteur, dans une quarantaine de films, parmi lesquels " Fanfan la Tulipe" (1952) où il a pour partenaire Gérard Philipe, ou "Belles de nuit" (1952), dans lequel il joue aux côtés de Gina Lollobrigida,
  • et comme spécialiste des effets spéciaux, dans une quinzaine d'autres.

Gil Delamare a réglé des séquences cinématographiques devenues mémorables :

  • la course-poursuite avec les citrouilles et les Allemands dans "La grande vadrouille" (1966),
  • la 2CV de Bourvil qui se casse en morceaux dans "Le Corniaud" (1964),
  • la bonne soeur folle du volant dans "Le Gendarme de Saint-Tropez" (1964),
  • le parachutiste américain accroché à un toit de Sainte-Mère-Église dans "Le Jour le plus long" (1962),
  • ou encore la poursuite finale de "Fantômas" (1964).

En 1956, il a une liaison avec la célèbre mannequin-parachutiste française Colette Duval, détentrice de nombreux records. Et la vie du couple est l'objet de reportages et d'entretiens dans les organes d'information de l'époque.

En 1964, sur le tournage de "Fantômas", c'est lui qui engage Rémy Julienne, alors champion de France de moto-cross, pour réaliser des acrobaties à moto.

Et, la même année, il est l'un des protagonistes de "Les casse-cou", 7e album de la série de bande dessinée française Michel Vaillant, créée en 1957 par Jean Graton.

Couverture du 7e album de la série de bande dessinée française "Michel Vaillant", de Jean Graton (1964)

Décès lors d'une cascade

Lors du tournage du film "Le Saint prend l'affût" (1966) de Christian-Jaque, qui se déroule sur une portion de l'Autoroute du Nord en construction, l'une des scènes dans laquelle il double l'acteur Jean Marais comporte un tête-à-queue.

Malheureusement, le revêtement neuf est trop adhérent. Il aurait été possible de recouvrir la chaussée de gravillons pour faciliter le dérapage de la Renault Floride S décapotable que Gil doit conduire, mais ceux-ci sont trop clairs et se seraient vus. Le temps pressant, Gil Delamare décide néanmoins de poursuivre, avec les cascadeurs Gaston Woignez et Odile Astier. Aux alentours de 17 h 40, la Renault, mise en dérapage, ripe au lieu de glisser. Sous la force exercée sur les pneus par l'adhérence du revêtement, un bras de l'essieu arrière se brise, faisant pivoter la voiture sur elle-même avant de partir en tonneaux, éjectant les passagers mais coinçant Gil Delamare sous elle, le tuant net.

Source : wikipedia.org

"Un coq hardi".

Tout jeune enfant je m'étais interrogé sur la signification de cette locution nominale masculine, qui me semblait omniprésente.

En effet :

  • un restaurant portait ce nom, à Payrac (46) le petit village du Lot dans lequel je passais la plupart de mes vacances, de 1965 à 1974,
Affiche du film franco-germano-italien "Merveilleuse Angélique", de Bernard Borderie (1965)
Affiche du film franco-germano-italien "Merveilleuse Angélique", de Bernard Borderie (1965)
  • ainsi que dans le film franco-germano-italien de Bernard Borderie "Merveilleuse Angélique", sorti en 1965 et tiré du roman français d'Anne et Serge Golon, "Le chemin de Versailles", sorti en 1957.
Angélique (Michelle Mercier), dans le film "Merveilleuse Angélique" (1965), devant l'enseigne du "Coq hardi", qu'elle reprend et rebaptise "Le Masque rouge", faisant prospérer cette modeste auberge parisienne, qui devient vite un endroit chic et réputé.
Angélique (Michelle Mercier), dans le film "Merveilleuse Angélique" (1965), devant l'enseigne du "Coq hardi", qu'elle reprend et rebaptise "Le Masque rouge", faisant prospérer cette modeste auberge parisienne, qui devient vite un endroit chic et réputé.
  • il s'agissait par ailleurs du titre d'un excellent journal de bande dessinée français, créé le 20 novembre 1944 à Clermont-Ferrand (69) par le dessinateur français Marijac, et publié jusqu'au 5 février 1963.

Couverture du n°35 de la 3e année de la nouvelle série du journal de bande dessinée français "Coq hardi", sorti le 21 novembre 1946

  • ainsi que du nom d'une bière blonde française, produite par la Brasserie du Coq Hardi, située à Marcq-en-Baroeul (59) et acquise, en 1972, par la brasserie belge Haacht, située à Boortmeerbeek et fondée, en 1898, sous le nom de Brasserie et Laiterie de Haecht !

Plaque émaillée publicitaire pour les bières belges "Coq Hardi"Plaque émaillée publicitaire pour la bière belge du "Coq Hardi"

Quelques années plus tard, j'ai pu découvrir que ce terme de "Coq hardi" désignait tout simplement, en héraldique : un coq avec la patte droite levée.

Un motif qui figure sur de très nombreux blasons :

Le blason de la ville de Romagne-sous-les-Côtes (55), avec un "Coq hardi"
Le blason de la ville de Romagne-sous-les-Côtes (55), avec un "Coq hardi"
Le blason de la ville de La-Neuville-en-Hez (60), avec un "Coq hardi"
Le blason de la ville de La-Neuville-en-Hez (60), avec un "Coq hardi"
Le blason de la ville de Baudignécourt (55), avec un "Coq hardi"
Le blason de la ville de Baudignécourt (55), avec un "Coq hardi"

Source : wikipedia.org

 

"Flagada", "Être tout flagada", "Se sentir tout flagada" ou "Raplapla", "Être raplapla".

Un papa et son bébé "raplaplas" ou "flagadas"

J'aime beaucoup ces deux amusants adjectifs que sont "Flagada" et "Raplapla".

Appartenant au registre familier, tous deux signifient : sans force, sans vigueur, sans énergie ; fatigué, mou, à plat, très faible ; pas en forme, pas très bien ; avachi, flappi.

On dit par exemple : "Je me sens tout flagada, après cette longue marche".

Ou : "Je n'ai presque rien fait ce dimanche, mais je suis raplapla".

Sur un sujet contigu, je me permets de vous recommander la lecture de mon article consacré à toutes les façons de dire "Être très fatigué".

Enfin, l'ancien collectionneur et amateur de bandes dessinées que je suis ne pouvait pas conclure ce petit article sans évoquer "Le flagada", cet étonnant oiseau imaginaire de couleur jaune vivant exclusivement sur de petits îlots paradisiaques du Pacifique Sud. Dépourvu d’ailes, il se déplace à la façon des hélicoptères par la rotation de deux plumes-hélice. Ses principales activités consistent à manger des pignoufs, dormir et trouver de nouvelles idées pour embêter son compagnon humain Alcide Citrix.

Cette série de bande dessinée belge, créée par Charles Degotte le 16 mars 1961, été publiée dans le journal Spirou à partir du n° 1196 (mini-récit "Prenez garde au Flagada !"). En 1989, le scénariste Bom a aide le créateur pour quelques histoires. Et en 2008, le scénariste Zidrou et le dessinateur Philippe Bercovici on repris la série pour les éditions Glénat.

Au total, une douzaine d'albums, souvent à très faible tirage, sont parus, entre 1981 et 2009, aux éditions Pepperland, M.C Productions, Dargaud, Taupinambour, Le coffre à BD et Glénat.

Mais le Flagada serait aujourd'hui totalement méconnu du grand public si le génial André Franquin, qui adorait ce personnage, ne l'avait souvent dessiné dans sa célèbre série "Gaston Lagaffe" :

  • sur différents posters des bureaux de la rédaction du journal Spirou,
Le Flagada, sur un poster des bureaux de la rédaction du journal Spirou, dans un gag de Gaston Lagaffe, par André Franquin (gag 654, paru dans le n° 1713 du journal, Spirou, du 11 février 1971)
Le Flagada, sur un poster des bureaux de la rédaction du journal Spirou, dans un gag de Gaston Lagaffe, par André Franquin (gag 498, paru dans le n° 1557 du journal, Spirou, du 15 février 1968)
Le Flagada, sur un poster des bureaux de la rédaction du journal Spirou, dans un gag de Gaston Lagaffe, par André Franquin (gag 625, paru dans le n° 1684 du journal, Spirou, du 23 juillet 1970))
Le Flagada, sur un poster des bureaux de la rédaction du journal Spirou, dans un gag de Gaston Lagaffe, par André Franquin (gag 625, paru dans le n° 1684 du journal, Spirou, du 23 juillet 1970)
  • en couverture d'un numéro du journal Spirou, affiché sur un kiosque (gag 654, paru dans le n°1713 du journal Spirou, du 11 février 1971),
  • sous forme d'un mini-ventilateur volant, inventé par Gaston, dont les pales déchiquèteront naturellement les pages du contrat de M. de Mesmaeker ! (gag 718, paru dans le n°1780 du journal Spirou, du 25 mai 1972), et que l'on retrouvera, le temps d'une apparition (gag 782, paru dans le n° 1854 du journal Spirou, du 25 octobre 1973),

Le ventilateur-Flagada, une des innombrables inventions de Gaston Lagaffe

  • et comme déguisement de bal costumé, inventé par Gaston, dans la fameuse série "Mais si on danse ?" (gag 671, publié dans le n° 1730 du journal Spirou, du 10 juin 1971),

Gaston Lagaffe déguisé en Flagada par André Franquin : gag n°671 publié dans le n° 1730 du journal Spirou, du 10 juin 1971

Sources : Le Robert, www.larousse.fr, wiktionary.org, wikipedia.org, www.linternaute.fr, www.cnrtl.fr, lebrun.pagesperso-orange.fr et www.bdoubliees.com

"La mise en couleur directe".

"Hermann", la monographie de Thierry Groensteen, parue en 1982 aux éditions Alain Littaye

Cette locution nominale féminine désigne, dans le domaine de la bande dessinée : la prédominance de la couleur sur le trait, ou l'absence de trait, d'encrage de contours.

Et cela, quelque soit la technique.

En France, après le pionnier Calvo dès les années 1940 ("La Bête est morte !" et "Rosalie"), le premier album réalisé en couleur directe fut "Arzach" de Moebius, en 1976, ce dernier étant rapidement suivi par Nicollet, Jeronaton, Bilal, Hermann, Loustal, etc.

Édition originale de l'album "Arzach" publié en 1976 par Moebius (Jean Giraud)
Édition originale de l'album "Arzach", publié en 1976 par Moebius (Jean Giraud)
Édition originale de l'album "Le diable" publié en 1978 par Jean-Michel Nicollet
Édition originale de l'album "Le diable", publié en 1978 par Jean-Michel Nicollet
Première édition de l'album "Champakou" publié en 1979 par Jeronaton (Alain Torton)
Première édition de l'album "Champakou", publié en 1979 par Jeronaton (Alain Torton)
Édition originale de l'album "Partie de chasse" publié en 1983 par Enki Bilal
Édition originale de l'album "Partie de chasse", publié en 1983 par Enki Bilal

Après des décennies de règne des coloristes sur "bleu", les couleurs se retrouvaient soudain entre les mains des dessinateurs eux-mêmes, intervenant dans le dessin, et non plus après.

Et c'étaient quantité de techniques et de matières qui pouvaient enfin s’exprimer : aquarelle, acrylique, pastel, encres, crayons de couleur, peinture à l’huile, aérographe, feutres, etc.

Source : neuviemeart.citebd.org

"Le neuvième art" ou "Le 9e art".

Quelques albums de bande dessinée jeunesse franco-belge

Cette locution nominale du langage courant désigne : la bande dessinée.

Et cela, même si la première mention connue de cette formule "Neuvième art", en 1928, sous la plume de l'écrivain et journaliste français Austin de Croze, dans son opuscule "La psychologie de la table", désignait... la gastronomie !

Son utilisation dans l'acception "Bande dessinée" date de 1964.

En mars de cette année là, en effet, le critique et historien de cinéma Claude Beylie utilise l’expression "Neuvième art" dans un article publié dans "Lettres et Médecins". Ce papier faisait partie d'une série de cinq articles parus dans la revue entre janvier et septembre 1964, sous le titre de "La Bande dessinée est-elle un art ?".

Et c'est le 17 décembre 1964, que Maurice de Bévère alias Morris, le créateur de Lucky Luke, et Pierre Vankeer, alors directeur des chemins de fer belges et collectionneur de bandes dessinées, publient, au sein du numéro 1392 du Journal de Spirou, le premier article de leur rubrique hebdomadaire intitulée "8e Art" et sous-titrée "Musée de la bande dessinée", qui parut jusqu'au numéro 1523 du 22 juin 1967.

La première page de la première rubrique "9e art. Musée de la bande dessinée", créée, le 17 décembre 1964, dans le numéro 1392 du Journal de Spirou", par les belges Morris et Pierre Vankeer
La première page de la première rubrique "9e art. Musée de la bande dessinée", créée, le 17 décembre 1964, dans le numéro 1392 du Journal de Spirou", par les belges Morris et Pierre Vankeer

Ils envisagent dans un premier temps de titrer cette rubrique "8e Art", mais on leur signale qu’il existe déjà un 8e art : la télévision, alors en plein développement.

Selon certaines sources, ce serait des techniciens du journal Spirou qui les auraient ainsi mis en garde. Tandis qu'il s'agirait, pour d'autres, du journaliste, éditeur, écrivain, scénariste et essayiste français Francis Lacassin, fondateur en 1962 du CBD (Club de la Bande Dessinée) et qui écrira, en décembre 1971, le livre "Pour un neuvième art, la bande dessinée".

"Pour un neuvième art la bande dessinée", l'essai publié en 1971 par le journaliste, éditeur, écrivain, scénariste et essayiste français Francis Lacassin
"Pour un neuvième art la bande dessinée", l'essai publié en décembre 1971 par le journaliste, éditeur, écrivain, scénariste et essayiste français Francis Lacassin. Et réédité ici chez Slatkine, en 1982

Morris n'a cependant jamais considéré la bande dessinée comme étant un art (majeur ou mineur). Et c'est en apprenant que le cinéma était devenu le "7e art" qu'il aurait déclaré, mi-moqueur, mi-agacé, mais avec l'esprit caustique et sarcastique qui le caractérisait : "Si le cinéma est le 7e art, alors la bande dessinée est le 8e" ! (devenu "9e", une fois informé que cette appellation avait déjà été attribuée à la télévision).

Il se mettait d'ailleurs - parait-il - très en colère lorsque les journalistes utilisaient cette nomination, qu'il trouvait personnellement parfaitement ridicule, et ce bien qu'il en soit en partie l'auteur.

Précisons pour finir que Pierre Vankeer et lui avaient précisé, dès leur introduction, pourquoi la bande dessinée, bien que née "avant le cinématographe de MM. Lumière", surnommé "7e art", et la télévision, surnommée "8e art", n'était que le 9e art : parce qu'on ne l'a guère prise au sérieux pendant les premières décennies de son existence !

Sur un sujet contigu, je me permet de vous recommander la lecture de mon article consacré à toutes les façons de dire "Des bandes dessinées".

Sources : wikipedia.org et www.audodo.fr

"Un homard rouge".

Cette locution nominale en forme d'idiotisme animalier et d'idiotisme chromatique désignait au XVIIe siècle, en Amérique du Nord, dans le registre familier et de façon péjorative : un soldat britannique.

Et cela, bien sûr, par analogie avec le grand crustacé marin décapode, aux pattes antérieures armées de grosses pinces,

Un homard

Ce sont les révolutionnaires américains qui qualifiaient ainsi les soldats de la Couronne britannique durant la guerre d'indépendance américaine.

Les jeunes garçons nés comme moi dans les années 1950-1970 (je suis de 1961) connaissent bien cette formule pour l'avoir lue et relue dans les aventures de Yann Duroc, un athlétique trappeur américain d'origine bretonne dit "Blek" ou "Blek le Roc", un personnage de bande dessinée créé en 1954, par le studio EsseGesse composé de Pietro Sartoris, Dario Guzzon et Giovanni Sinchetto, pour l'éditeur italien Dardo sous le nom de "Il grande Blek". La série fut publiée 14 années durant, jusqu'en 1967, lorsqu'un litige opposa les auteurs à l'éditeur, les amenant à abandonner le personnage pour en créer un autre similaire chez un concurrent : "Capt'ain Swing" ("Comandante Mark" en Italie).

Le héros de bande dessinée "Blek le Roc"

En France, ces aventures ont été publiées simultanément dans deux revues petit format noir et blanc des éditions LUG (pour "Lugdunum", le nom romain de la ville de Lyon (69) où elles avaient leur siège) :

  • "Kiwi" : 582 numéros de septembre 1955 à décembre 2003,
Le trappeur Blek le roc agressant un "homard rouge" en couverture du n° 329 de septembre 1982 de la revue petit format "Kiwi"
Le trappeur Blek le roc agressant un "homard rouge" en couverture du n° 329 de septembre 1982 de la revue petit format "Kiwi"
  • et "Blek" ("Les albums du grand Blek") : 519 numéros de juillet 1963 à mars 1994.
Le jeune trappeur Roddy et Blek le Roc se débarrassant de deux "homards rouges", en couverture du n°1 de la revue petit format (Les albums du grand)"Blek", en juillet 1963
Le jeune trappeur Roddy et Blek le Roc se débarrassant de deux "homards rouges", en couverture du n°1 de la revue petit format (Les albums du grand)"Blek", en juillet 1963
Blek le Roc se débarrassant d'un "homard rouge", en couverture du n°9 de la revue petit format (Les albums du grand)"Blek", en novemnre 1963
Blek le Roc se débarrassant d'un "homard rouge", en couverture du n°9 de la revue petit format (Les albums du grand)"Blek", en novemnre 1963

N'est-ce pas les gars que vous vous souvenez de Blek et de sa fameuse exclamation "Mille putois !".

Ou de ses fidèles compagnons, le jeune trappeur Roddy ainsi que le professeur Occultis ?

Blek le Roc, Roddy et le professeur Occultis
Blek le Roc, Roddy et le professeur Occultis

Ce site incroyable vous en propose toutes les couvertures : https://www.bdovore.com/serie-bd-12313-les-albums-du-grand-blek-petit-format

Source : wikipedia.org

"Farpaitement !" et "Noyeux Joël !"

Une jeune fortement alcoolisée

On entend ou lit parfois cet adverbe et cette locution nominale en forme d'interjections dans certains films ou bandes dessinées.

Ce qui ne doit naturellement pas manquer de surprendre nos amis étrangers !

Il s'agit tout simplement de la façon erronée de prononcer "Parfaitement !" et "Joyeux Noël !" :

  • de façon parfaitement involontaire, lorsque l'on a bu trop d'alcool et que l'on n'est plus capable de s'exprimer correctement,
  • ou - ironiquement - de façon volontaire, afin de signifier que l'on est encore maître de ses propos, mais que cela pourrait ne pas durer !

On a notamment rencontré la forme "Farpaitement" dans la bouche du livreur de menhir gaulois Obélix, saoul comme un cochon, dans  "Les lauriers de César", le 18e album de la série de bande dessinée française "Astérix", publié en 1972 par Albert Uderzo et René Goscinny :

Obélix, le livreur de menhir gaulois, saoul comme un cochon, dans "Les lauriers de César", le 18e album de la série de bande dessinée française "Astérix", publié en 1972 par Albert Uderzo et René GoscinnyObélix, le livreur de menhir gaulois, saoul comme un cochon, dans  "Les lauriers de César", le 18e album de la série de bande dessinée française "Astérix", publié en 1972 par Albert Uderzo et René Goscinny

Couverture de "Les lauriers de César", 18e album de la série de bande dessinée française "Astérix", publié en 1972 par Albert Uderzo et René Goscinny

"Raoul Cauvin, l'homme aux cent mille gags".

Le scénariste belge Raoul Cauvin

Il s'agit du surnom du scénariste de bande dessinée belge Raoul Cauvin, né le 26 septembre 1938 et mort d'un cancer le 19 août 2021.

Cet auteur des éditions Dupuis, pilier du journal "Spirou", est l'un des scénaristes les plus prolifiques de l'histoire de la bande dessinée franco-belge.

Le sergent Chesterfield et le caporal Blutch, les célèbres "Tuniques bleues" créées en 1968 par Raoul Cauvin et Louis Salvérius, remplacé à sa mort, en 1972, par Willy Lambil

À la fin des années 1960, il crée deux séries d'aventures à succès, "Les Tuniques bleues" et "Sammy" ("Les gorilles"). La première, dessinée par Willy Lambil depuis 1972, compte 64 albums à ce jour et est toujours l'une des meilleures ventes de la bande dessinée franco-belge.

Durant les décennies suivantes, il lance plusieurs séries humoristiques aux Éditions Dupuis :

  • "L’Agent 212" (1975) avec Daniel Kox,

  • "Cédric" (1986) avec Laudec,

  • "Les Femmes en blanc" (1986) avec Philippe Bercovici,

  • "Pierre Tombal" (1986) avec Marc Hardy,

  • "Cupidon" (1990) avec Malik,

"Cupidon", créé en 1989 par Malik et raoul Cauvin dans le journal de "Spirou"

 

  • "Les Psy" (1992), avec Béd,

  • et "Les paparazzi "(1996) avec Luc Mazel.

"Les paparazzi", la bande dessinée créée en 1996 par Luc Mazel et Rraoul Cauvin, dans le journal "Spirou"

Des débuts discrets chez Dupuis (années 1960)

Raoul Cauvin suit d'abord des études de lithographie publicitaire à l'Institut Saint-Luc à Tournai, pour découvrir en entrant dans la vie active que cette formation n'a plus aucune utilité depuis la fin des années 1930. Suivent toute une série de petits métiers et notamment un emploi dans une usine de boules de billard.

Il entre aux éditions Dupuis en 1960 comme dessinateur de grilles de mots croisés et lettreur, puis devient caméraman au département dessins animés (TVA : TéléVision Animation, fondé en 1959 par Charles dupuis) où il reste sept ans. Il s'essaye dès cette époque au dessin, mais sans succès.

Désireux d'écrire des scénarios, il en présente dès son arrivée à Yvan Delporte, le rédacteur en chef de "Spirou", mais il se voit refuser tous ses projets de série jusqu'en 1967. Il arrive néanmoins à placer une première histoire pour un mini-récit dessinée par Charles Degotte en 1964. Suivent quelques autres mini-récits et histoires courtes dessinées par Degotte, Eddy Ryssack, Serge Gennaux, etc. Charles Dupuis, qui apprécie énormément les croquis humoristiques que Cauvin fait de la vie de la rédaction, lui présente Claire Bretécher en 1967 et lui promet une place régulière dans "Spirou".

En 1968, Cauvin lance quatre séries. Les aventures des puces "Arthur et Léopold", avec Carlos Roque, et "Loryfiand et Chifmol", avec Gennaux, ne rencontrent aucun succès particulier et cessent dès 1969 pour la première, et 1973 pour la seconde. "Les Naufragés", avec la débutante Claire Bretécher, rencontre un petit succès d'estime grâce à son humour décalé mais s'arrête également assez vite.

"Les naufragés", créés en 1968 par Claire Bretécher et Raoul Cauvin

Profitant du vide laissé par le départ chez "Pilote" de la série "Lucky Luke" de Morris, Cauvin lance un western parodique avec Louis Salvérius, un jeune auteur qui avait déjà publié quelques planches et mini-récits sur ce thème dans "Spirou" : "Les Tuniques bleues", sa quatrième création de l'année, dans une veine purement humoristique (gags en une demi-planche ou quelques pages au maximum), qui emporte graduellement l'adhésion des lecteurs.

Poster des "Tuniques bleues" dessiné en 1970 par Louis Salvérius et Michel Matagne

En 1969, il crée avec Luc Mazel "Câline et Calebasse" (qui devient en 1974 "Les Mousquetaires"), sa première série d'histoires à suivre, mettant en scène un mousquetaire et son cheval dans une Renaissance humoristique.

"Caline et Calebasse" ou "Les Mousquetaires", créés en 1969 par Mazel et Raoul Cauvin dans le journal de "Spirou"

Une place grandissante dans Spirou (années 1970)

Le succès grandissant des "Tuniques bleues" permet à Cauvin de collaborer à partir de 1970 avec Raymond Macherot sur "Mirliton" avant de lancer la même année sa seconde série à suivre : "Sammy", avec Berck, qui raconte les aventures humoristiques des "gorilles" Sammy Day et Jack Attaway à Chicago (Illinois) à l'époque de la prohibition et d'Al Capone.

Fort de cette expérience, il se met à réaliser quelques histoires plus longues des "Tuniques bleues", toujours dans une veine très humoristique. Mais en 1972, Louis Salvérius meurt brutalement durant la réalisation de la quatrième histoire longue, "Outlaw".

Cauvin propose alors à Willy Lambil, dessinateur depuis 1959 de la série réaliste "Sandy et Hoppy", mais également de la série humoristique "Hobby et Koala" depuis 1968, de reprendre la série. Fort de son expérience, celui-ci en tire le dessin vers un semi-réalisme, mieux adapté à des scénarios tendant à perdre leur veine purement comique. Il fait de la série un des piliers des éditions Dupuis, qui en publient à la fin de l'année 1972 le premier volume en album.

Entre 1973 et 1975, Cauvin lance sept nouvelles séries pour l'hebdomadaire. Trois sont assez discrètes : "Les Naufragés de l'espace" (avec Guy Counhaye, 1973-1978) et "Christobald" (avec Antoinette Collin, 1975-1978) ne convainquent pas, tandis que "Le Vieux Bleu", avec François Walthéry, le très apprécié dessinateur de "Natacha", obtient un réel succès d'estime mais ne fait l'objet que d'une quarantaine de planches.

Jules et son pigeon, "Le vieux bleu", créés en 1974 par François Walthéry et Raoul Cauvin dans le journal "Spirou"

Avec "Pauvre Lampil", initiée en 1973 avec Lambil, Cauvin lance une géniale série humoristique semi-autobiographique sur les relations entre Lampil, dessinateur de "Panty et son Kangourou" (Lambil étant l'auteur, de 1959 à 1974, de "Sandy et Hoppy"), et son scénariste Cauvin. Plus adulte que la majorité des séries présentes dans l'hebdomadaire, "Pauvre Lampil" y est parcimonieusement publiée jusqu'en 1994, avant d'être reprise au milieu des années 2000.

Le 2e album de la série "pauvre Lampil", créé en 1974 par Willy Lambil et Raoul Cauvin

"L'Agent 212", créée en 1975 avec Daniel Kox, devient sa première série de gags réellement populaire. Narrant les aventures d'un agent de police assez pataud, elle s'impose durablement dans l'hebdomadaire, étant encore publiée en 2011.

L'intégrale de la série "Godaille et Godasse", créée en 1975 par Jacques Sandron et Raoul Cauvin dans le journal "Spirou" (2012)
L'intégrale de la série "Godaille et Godasse", créée en 1975 par Jacques Sandron et Raoul Cauvin dans le journal "Spirou" (2012)

Les gags de la série napoléonienne"Godaille et Godasse" (avec Jacques Sandron) et de "Boulouloum et Guiliguili" (devenue en 1983 "Les Jungles perdues", avec Luc Mazel), une série mettant en scène un enfant sauvage et son gorille en Afrique, se transforment en 1978 en histoires à suivre. Bien qu'elles durent jusqu'à la fin des années 1980, ces séries sont loin de rencontrer le succès de "Sammy" et encore moins celui des "Tuniques bleues".

"Boulouloum et Guiliguili", créés en 1975 par Mazel et Raoul Cauvin dans le journal de "Spirou"

Diversification et succès (années 1980)

Après la mort accidentelle de Maurice Tillieux en 1978, Dupuis perd son scénariste le plus prolifique ; Cauvin, qui était déjà très présent, va le devenir de plus en plus et se révéler rapidement incontournable. Après avoir travaillé entre 1979 et 1981 avec le très jeune (16 ans !) Philippe Bercovici sur "Les Grandes amours contrariées", Cauvin lui crée en 1981 "Les Femmes en blanc", récits humoristiques en milieux hospitalier, qui est un nouveau succès, tout en introduisant un humour grinçant inhabituel dans "Spirou".

Sa reprise en 1981 de "Spirou et Fantasio" avec Nic, dessinateur issu de l'animation, laisse une impression plus mitigée ; bridé par ses éditeurs, Cauvin ne parvient pas à donner de la force aux trois histoires qu'il écrit et sa collaboration à la série cesse en 1983, lui laissant un très mauvais souvenir.

"La ceinture du grand froid", de Nic et Raoul Cauvin, sorti en 1983, le 30e album de Spirou et Fantasio
"La ceinture du grand froid", de Nic et Raoul Cauvin, sorti en 1983, le 30e album de Spirou et Fantasio
"La boîte noire", de Nic et Raoul Cauvin, sorti en 1983, le 31e album de Spirou et Fantasio
"La boîte noire", de Nic et Raoul Cauvin, sorti en 1983, le 31e album de Spirou et Fantasio
"Les faiseurs de silence", de Nic et Raoul Cauvin, sorti en 1984, le 32e album de Spirou et Fantasio
"Les faiseurs de silence", de Nic et Raoul Cauvin, sorti en 1984, le 32e album de Spirou et Fantasio

Ne se laissant pas abattre, Cauvin lance cette même année 1983 les aventures du croque-mort "Pierre Tombal", avec Marc Hardy, première série publiée dans "Spirou" à se confronter aussi directement avec la mort.

Il enchaîne alors les séries humoristiques en une page ou quelques-unes : "Les voraces", avec Glem, en 1985, qui réussit peu en album mais est publiée jusqu'en 1995 dans l'hebdomadaire ; "Cédric", avec Laudec, en 1986 qui fait des débuts discrets avant de devenir dans les années 2000 l'une des meilleures ventes de Dupuis, à la suite d'une adaptation en dessin animé ; "Cupidon", avec Malik, auteur à Spirou depuis 1971 auparavant connu pour ses bandes dessinées réalistes ("Archie Cash", "Blue Bird", "chiwana", "Johnny Paraguay"), en 1988. Dans ces années, il crée également pour "Robbedoes", la version flamande de "Spirou", une petite série semi-autobiographique et humoristique qu'il dessine lui-même, "Zotico".

"Louise" (1997), le premier album dessiné par Raoul Cauvin
"Zotico" (1997), le premier album dessiné par Raoul Cauvin
"Louise" (2016), dessiné par Raoul Cauvin, reprend, avec des gags supplémentaires, l'album "Zotico", sorti en 1997
"Louise" (2016), dessiné par Raoul Cauvin, reprend, avec des gags supplémentaires, l'album "Zotico", sorti en 1997

Hors de Spirou, Cauvin adapte pour Dupuis avec Nic "Les Snorky", dessin animé populaire du début de la décennie. Ayant rompu son contrat d'exclusivité avec Dupuis en 1979, Cauvin crée pour Casterman, en 1980, "Les Toyottes", avec Louis-Michel Carpentier.

En 1986, il se lance avec l'auteur dans une série d'un tout autre genre, "L'Année de la bière", gags tournant autour d'un bistrot belge, reprise ensuite chez Dupuis sous le nom "Du côté de chez Poje". Il scénarise également "Raphaël et les timbrés" pour Jacques Sandron dans "Je bouquine", à partir de 1984.

"J'ai déjà donné", premier album de la série "Raphaël et les timbrés", créée en 1984 par Jacques Sandron et Raoul Cauvin dans le magazine "Je bouquine" (1989)
"J'ai déjà donné", premier album de la série "Raphaël et les timbrés", créée en 1984 par Jacques Sandron et Raoul Cauvin dans le magazine "Je bouquine" (1989)

Depuis 1975 et "L'agent 212", Cauvin a ainsi lancé une multitude de séries sur des univers professionnels, inaugurant ce qui allait devenir un courant de fond dans la bande dessinée à partir de la fin des années 1990. Il ne faisait pas de ces milieux un simple décor mais il s'en servait pour traiter des thèmes alors peu présents dans la bande dessinée pour enfants : la mort, la maladie, le voyeurisme, etc.

Scénariste attitré de Spirou (années 1990)

Scénariste de cinq séries de gags à succès, souvent présents dans l'hebdomadaire, ainsi que de deux séries à suivre phare du journal ("Les Tuniques bleues" et "Sammy", ses autres séries à suivre ayant été arrêtées), Cauvin est à la fin des années 1980 le principal pourvoyeur de séries du magazine, qu'il continue à alimenter avec "Les Psy", avec Bédu (commencée en 1992), "Taxi Girl", série plus réaliste réalisée avec Laudec (de 1992 à 1998, le succès grandissant de "Cédric" ainsi qu'un manque d'intérêt de la part des lecteurs causant son interruption), "Les Paparazzi", avec Luc Mazel (de 1993 à 2004) (à la suite également d'un manque de succès). Son omniprésence dans la deuxième moitié des années 1990 (9 séries de récits courts) permet à la rédaction, dans l'une de ses animations de type comique de répétitition, de faire croire qu'il a pris le pouvoir sur l'hebdomadaire. C'est également à cette époque que lui sont consacrées deux monographies, assez hagiographiques.

"Le livre d'or de Raoul Cauvin", une monographie écrite en 1995 par Kris de Saeger
"Le livre d'or de Raoul Cauvin", une monographie écrite en 1995 par Kris de Saeger
"Raoul Cauvin. Monsieur Scénario", une monographie parue en 1998
"Raoul Cauvin. Monsieur Scénario", une monographie parue en 1998

En 1993, il participe anonymement à la création de la série "C.R.S = Détresse", de Achdé, chez Dargaud, avant d'en devenir le scénariste officiel en 2000, à la suite du départ d’Erroc.

Le numéro 3026 de "Spirou" du 10 avril 1996 est presque entièrement réalisé par Cauvin et Zidrou. Il est écrit "CAUVIN" à la place du titre du journal et un concours propose de gagner en premier prix un poil de la moustache de Raoul Cauvin.

Le numéro 3026 du journal "Spirou" en date du 10 avril 1996
Le numéro 3026 du journal "Spirou" en date du 10 avril 1996

Vétéran de la bande dessinée franco-belge (années 2000-2020)

Graduellement moins présent à partir du milieu des années 2000, à la suite de l'émergence de nouveaux scénaristes (comme Zidrou ou Jean-Louis Janssens), à l'arrêt de séries alors qu'il n'en crée pas de nouvelles, Cauvin reste cependant l'un des principaux scénaristes de Spirou, animant la plupart des séries datant de plus de quinze ans.

Alors qu'il n'avait plus créé de nouveauté depuis 1993, et que ses histoires tendaient à passer de plus en plus inaperçues, Cauvin écrit en 2000 "Vétos sans frontières" pour Daniel Desorgher, qui restera inédit jusqu'à sa parution en album, en juin 2020, aux éditions du Tiroir.

Et, en 2008, "Coup de foudre" pour David De Thuin, une histoire improbable entre une vache amoureuse et un taureau transsexuel, prélude à une nouvelle série. Cette histoire, au ton très différent de ses gags hebdomadaires humoristiques ou des "Tuniques bleues", est remarquée par la critique, mais seuls deux albums sortiront.

Le scénariste belge Raoul Cauvin, photographié façon "Citizen Kane", sur plusieurs dizaines de ses albums
Le scénariste belge Raoul Cauvin, , photographié façon "Citizen Kane", sur plusieurs dizaines de ses albums

Très discret dans les médias, sa présence dans le catalogue Dupuis depuis 1972 lui permet, en 2002, d'atteindre les quarante millions d'albums vendus (ce qui fait titrer au Journal du dimanche "L'inconnu aux 40 millions d'albums"), puis en 2006 les quarante-cinq millions, et environ 50 millions à ce jour, avec deux séries parmi les 20 premières ventes en bande dessinée : "Cédric" et "Les Tuniques bleues" (20 millions d'albums pour cette seule série).

L'année 2016 est marquée par la sortie du dernier album de "Pierre Tombal", après trente ans d'existence et autant d'albums.

Pour ses 70 ans, Cauvin se voit honoré par un numéro spécial de "Spirou", le 3676 du 24 septembre 2008.

Le n°3676 du journal "Spirou" du 24 septembre 2008 consacré au scénariste belge Raoul Cauvin
Le n°3676 du journal "Spirou" du 24 septembre 2008 consacré à Raoul Cauvin

Pour les 75 ans de Cauvin en septembre 2013, les médias annoncent son départ à la retraite, mais le rythme de parution de ses séries phares reste inchangé. En mars 2016 sort même une nouvelle série intitulée "Le bâtard des étoiles", dessinée par Curd Ridel.

Les 80 ans de Cauvin sont fêtés dans le numéro 4198 de "Spirou" du 26 septembre 2018.

Début 2019, il est annoncé que la série "Les Psy" se conclut sur le tome 22, intitulé "Vive la retraite !". Le scénariste se concentrera désormais sur "Les Tuniques bleues" et "Cédric", son classique "Les Femmes en blanc" étant arrêté par l'éditeur, en raison d'une érosion des ventes.

En septembre 2019, Raoul Cauvin abandonne également sa série "Les Tuniques bleues", estimant en avoir fait le tour. Raoul Cauvin a revendu ses droits d'auteur sur la série aux éditions Dupuis, de même que les filles de Louis Salvérius, son premier dessinateur, de 1968 à 1972. Un 65e album des "Tuniques Bleues" a ainsi pu sortir en octobre 2020, dessiné par Jose Luis Munuera et scénarisé par le couple "Béka" (BErtrand escaich et cAroline roque), la parution du 64e album, le dernier scénarisé par Cauvin, ayant été reculée au 1er octobre 2021, Willy Lambil ayant très mal vécu cette revente des droits.

Celui-ci sera cependant, hélas, publié à titre posthume, Raoul Cauvin ayant annoncé, le 9 mai 2021, être atteint d'un cancer incurable, ne lui laissant que quelques mois à vivre... et ayant été vaincu par la maladie le 20 août 2021.

Méthode de travail

Pensant qu'il est plus facile de tirer son inspiration du quotidien, Cauvin se tient assez éloigné du milieu de la bande dessinée : lecteur régulier de la presse, il a conservé jusqu'aux années 1980 un travail salarié de responsable du laboratoire photo de Dupuis.

D'ailleurs vous l'avez vu dans les aventures de Gaston Lagaffe, où André Franquin le faisait apparaître sous les traits de "Raoul de la photocopie" :

"Raoul de la photocopieuse" (Raoul Cauvin) dessiné par André Franquin dans différents gags de Gaston Lagaffe
Raoul Cauvin, alias "Raoul de la photocopie", dessiné par André Franquin dans différents gags de Gaston Lagaffe

De même, afin de ne pas être trop influencé par les travaux d'autres scénaristes, il lit peu de bandes dessinées, ou alors elles n'ont rien à voir avec ce qu'il fait : ainsi, il déclare en 1984 que ses auteurs préférés sont Reiser, Hugo Pratt, Tito et Jan Bucquoy.

Lorsqu'il s'agit de créer une série, il est le plus souvent contacté par des dessinateurs (Mazel pour "Câline et Calebasse", Salvérius pour "Les Tuniques bleues", Kox pour "L’Agent 212").

Mais il a pris l'initiative pour "Les Femmes en blanc" (Philippe Bercovici), Pierre Tombal (Marc Hardy) ou "Godaille et Godasse" (Pierre Sandron). Pour la rédaction même des scénarios, Cauvin a une méthode célèbre : il s'allonge sur un divan, et au bout de quelques heures pour un gag, quelques jours pour une histoire à suivre, il a son scénario tout prêt.

Raoul Cauvin sur son divan, en plein labeur, caricaturé par François Walthéry
Raoul Cauvin sur son divan, en plein labeur, caricaturé par François Walthéry

Il ne lui reste plus alors qu'à réaliser un découpage détaillé (où les positions des personnages sont croquées) et à l'envoyer au dessinateur.

Un exemple de scénario pour "Les Tuniques bleues", dessiné par Raoul Cauvin
Un exemple de scénario pour "Les Tuniques bleues", dessiné par Raoul Cauvin

Une nouvelle façon de concevoir la bande dessinée grand public

Raoul Cauvin est un scénariste franco-belge classique, mais son travail présente certaines caractéristiques qui peuvent permettre d'expliquer son succès.

S'il est vrai que ses histoires sont rarement originales dans leur déroulement, qu'il est limité par sa spécialisation dans la bande dessinée grand public (enfantine ou non), et que certains archétypes sont très souvent employés (tels que le tandem à la Laurel et Hardy), Cauvin se démarque de ses confrères par sa volonté de  transmettre et faire partager des idées et des craintes personnelles.

Il a ainsi été le premier à aborder dans la bande dessinée enfantine franco-belge l'antimilitarisme, la mort, la maladie ou la liberté individuelle de manière aussi audacieuse en même temps que juste.

Un auteur mal-aimé de la critique

Scénariste ultra-prolifique, spécialisé dans la bande dessinée de genre pour enfants, Raoul Cauvin a généralement été mal vu par la critique.

Ainsi, lorsqu'il s'est mis à signer au début des années 1980 les scénarios des albums de deux séries qu'il scénarisait jusque-là de façon anonyme ("Lou" de Berck et "Les Toyottes" de Louis-Michel Carpentier), des critiques ont immédiatement écrit que les deux séries avaient baissé en qualité...

Pour en savoir davantage sur raoul Cauvin

"L'homme aux 100 000 gags" : la monographie consacrée en 2008 à son scénariste "maison" Raoul Cauvin
"L'homme aux 100 000 gags" : la monographie consacrée, en 2008, par les éditions Dupuis à leur scénariste "maison" Raoul Cauvin
"Raoul Cauvin. La monographie", une monographie écrite en 2013 par Patrick Gaumer
"Raoul Cauvin. La monographie", une monographie écrite en 2013 par Patrick Gaumer

Souvenir personnel :

Je suis extrêmement fier d'avoir pu réaliser, en 1977, ce que je pense être le premier grand entretien de ce très grand monsieur de la bande dessinée franco-belge, qui avait également convié ses amis dessinateurs Willy Lambil ("Tuniques bleues") et Berck ("Sammy") à répondre à mes questions.

Alors âgé de seulement seize ans, je conserve un souvenir ému de ce moment et de l'extrême gentillesse de celui qui était déjà l'auteur de quatre de mes séries préférées : "Les Tuniques bleues" (1968), "Sammy" (1970), l'extraordinaire "Pauvre Lampil" (1974) et "Godasse et Godaille" (1975).

Cet entretien, ainsi qu'une bibliographie exhaustive (à cette date) avait fait l'objet d'un dossier spécial publié, en 1978, dans le n°16 de "Hop !", le fanzine édité depuis 1973, à Aurillac (15) par Louis Cance (dessinateur de "Pif" de 1967 à 1990).

Couverture du n° 16 de "Hop !", le fanzine édité à Aurillac (15) depuis 1973 par le dessinateur Louis Cance
Couverture du n° 16 de "Hop !", le fanzine édité à Aurillac (15) depuis 1973 par le dessinateur Louis Cance

Source : wikipedia.org

 

6 façons de dire "La bande dessinée" ou "Les bandes dessinées".

8 albums de bande dessinée jeunesse franco-belge
  •  Quant aux "Bandes dessinées", on parlait, depuis les années 1930 et jusque dans les années 1960 - avant l'apparition massive des albums - d'"Illustrés" (registre familier), par ellipse lexicale de "Journaux illustrés".
9 revues de bande dessinée petit format noir et blanc ou "Illustrés", par ellipse de "Journaux illustrés"
9 revues de bande dessinée petit format noir et blancou "Illustrés", par ellipse de "Journaux illustrés"

Et les personnes d'un certain âge utilisaient la formule "Des mickeys" voire "Des petits mickeys", en référence au personnage de Mickey, créé le 18 novembre 1928 par le dessinateur états-unien Walt Disney.

16 anciens albums souples de bande dessinée
9 anciens albums souples de bande dessinée

L'appellation "Publications destinées à la jeunesse" relève du jargon administratif et est apparue avec la loi no 49-956 du , visant à réguler la diffusion des livres et de la presse jeunesse.

Et le sigle "BD" pour "Bandes Dessinées" est, à mon sens, apparu  vers le milieu ou la fin des années 1960.