Nous sommes en juillet 2000. Ma fille aînée a 5 ans et nous passons des vacances à Saint-Martial-de-Nabirat (24), dans la maison de famille de mon père.
Lors de notre arrivée, les deux grosses bouteilles de gaz extérieures s'avérant vides, j'ai dû précipitamment aller en acheter une avant le dîner, au supermarché de la ville voisine.
Par ailleurs, ne parvenant pas à ouvrir l'eau, le papillon à faire pivoter se révélant totalement coincé, j'ai dû utiliser une clé à mollette et un marteau, que j'ai eu le malheur d'oublier de remettre en place dans l'atelier.
Arrivé à l'improviste, deux jours plus tard, mon père découvre ses outils au sous-sol, posés près du tuyau d'eau.
Furieux, il déboule dans le jardin, et m'apostrophe violemment, devant ma fille, alors en train de réaliser un grand dessin à son attention.
- "On n'a pas idée d'utiliser une pince et un marteau pour desserrer un papillon ! De toute façon t'as toujours eu de la merde dans les doigts !".
Choquée d'entendre son grand-père critiquer ainsi son "papa chéri d'amour", ma fille lui jette alors un regard noir et déchire aussitôt le dessin qu'elle lui destinait, avant de me regarder avec compassion.
Dans la soirée, mon père constate que la deuxième bouteille de gaz est vide et me demande si je suis allé en chercher une, car, dans son souvenir les deux étaient vides... Lui confirmant que c'était bien le cas, il m'invective à nouveau, me disant que si je n'étais pas aussi feignant, j'aurais changé les deux bouteilles et non une seule !
Habitué de longue date à ces sempiternelles réprimandes paternelles, je ne réplique même pas, tandis que mon père soulève la bouteille de gaz vide par la poignée et l'emmène vers sa voiture afin de la mettre dans le coffre.
C'est alors que ma fille, aux aguets, lui lance avec une rouerie confinant à la perfidie : "Et ben mon papa il a de la merde dans les doigts, mais, lui, il a porté l'autre bouteille avec un seul doigt !"...
L'avant-veille, en effet, pour répondre à sa question quant au poids de ce type d'objet, je lui avais montré que l'on pouvait éventuellement les soulever avec seulement un seul doigt si l'on était "fort comme son papa chéri d'amour" !
Même râté, je vous laisse imaginer combien j'ai apprécié le clin d'oeil complice de ma petite chérie.