Ce substantif masculin invariable du langage familier en forme de gémination désigne, de façon péjorative : une personne servile, toujours disposée et empressée à approuver les actes, demandes, initiatives ou propositions de ses supérieurs, du pouvoir en place ou d'une autorité établie.
On dit par exemple : "Dans l'entreprise où travaille ma femme les chefs de service ne sont que des béni-oui-oui".
Ou : "Le président dispose d'une assemblée de béni-oui-oui, prompte à approuver la moindre de ses décisions".
Il ne s'agit pas du tout d'un idiotisme religieux, puisque le mot "Béni" utilisé ici nous vient du mot arabe "Beni" signifiant "enfants, descendants" et constituant le pluriel de "ibn" ou "ben" ("le fils de"), servant à nommer des personnes ou des tribus.
Ce terme de "Béni-oui-oui" est en effet un mot algérien créé, dès le XIXe siècle, durant la période coloniale, et associant le mot arabe de "Beni" à l'adverbe français "Oui", utilisé par certains indigènes répondant systématiquement "Oui, oui" lorsque l'administration coloniale leur posait une question, quelle qu'elle soit.
"Béni-oui-oui" était déjà utilisé en France métropolitaine en 1888-1889 (pour désigner certains membres de l'assemblée nationale) et en 1919 au Maroc.
"Il désignait alors "Les hommes qui disent oui", c'est à dire les collaborateurs indigènes donnant systématiquement leur approbation unanime et s'empressant d'approuver toutes les demandes ou propositions des institutions du colonialisme français.
L'administration française utilisait en effet des musulmans comme intermédiaires de sa politique indigène, notamment comme élus dans les assemblées locales, cadis (juges locaux de droit musulman), receveurs d'impôts ou chefs tribaux.
Soumis au colonisateur auxquels ils se soumettaient servilement, ils étaient naturellement considérés par les nationalistes comme incapables d'initier la moindre initiative d'indépendance.
Sources : Le Robert, wiktionary.org, wikipedia.org et www.larousse.fr