On désigne ordinairement sous ce nom "Le Dictionnaire de la langue française", un dictionnaire écrit par Émile Littré et publié entre 1863 et 1872 pour sa première édition.
Émile Littré est un médecin français, lexicographe, philosophe et homme politique (il fut notamment député et sénateur sous la IIIe République), né le 1er février 1801 et mort le 2 juin 1881.
Son "Dictionnaire de la langue française" est d'abord conçu en 1841 comme un dictionnaire étymologique qui serait publié chez Hachette.
Le projet se transforme en 1846 en un dictionnaire étymologique, historique et grammatical, pour finalement adopter son modèle définitif. Pour cette réalisation, Littré fait appel à des collaborateurs bénévoles, ainsi qu'à une équipe de lecteurs, qui inscrivent, sur de petits papiers portant en tête le mot et l'exemple, les phrases relevées.
Littré présente ainsi son dictionnaire dans la préface : "Je n'ai prétendu à rien de moindre qu'à donner une monographie de chaque mot, c'est-à-dire un article où tout ce qu'on sait sur chaque mot quant à son origine, à sa forme, à sa signification et à son emploi, fût présenté au lecteur. Cela n'avait pas encore été fait".
En ce qui concerne le choix des mots à inclure, Littré ne se contente pas de reprendre les mots figurant dans le Dictionnaire de l'Académie, dont l'édition la plus récente datait de 1835, mais intègre les mots trouvés dans la littérature des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi que des termes techniques, des néologismes et des mots de la langue parlée.
Ainsi le dictionnaire intègre dans sa version la plus complète près de 80 000 entrées, ce qui en fait le dictionnaire le plus complet de son époque. Il innove aussi en organisant les articles selon un ordre à la fois logique et historique. Les articles présentent une étymologie de chaque mot (telle qu'elle était connue ou supposée par Littré, qui n'avait pas de formation philologique), les différences sémantiques entre plusieurs synonymes, des remarques grammaticales sur le bon usage, et de nombreuses citations littéraires. Celles-ci sont la principale raison de la réputation de l'ouvrage et ont contribué à en faire un des monuments les plus remarquables élevés en l'honneur d'une langue vivante.
On a en revanche critiqué le côté puriste de l'ouvrage, qui recommande parfois des prononciations tombées en désuétude et se montre peu accueillant vis-à-vis des termes techniques. Comme le remarquait déjà son contemporain Pierre Larousse : "Souvent entre deux mots qui se suivent, chez M. Littré, pourraient s'en glisser une vingtaine d'autres qui, sans être usuels, devraient occuper une place dans un dictionnaire aussi volumineux.
Outre ces lacunes de la nomenclature et les insuffisances du savoir étymologique, les spécialistes déplorent "le désordre du classement et l'absence de référence aux grands écrivains du XIXe siècle". Dépassé sur le plan lexicologique, ce dictionnaire survit cependant à titre de monument élevé à la "religion de la langue" et continue à procurer à ceux qui le consultent "un plaisir intense, subtil (et) indispensable" selon le lexicographe Alain Rey.
"Le Dictionnaire de la langue française" est publié par Hachette entre 1863 et 1872 pour la première édition ; et entre 1873 et 1877 pour la seconde édition. Il compte quatre volumes, auxquels s'est ajouté un Supplément, comprenant des néologismes et des ajouts, suivi d'un dictionnaire étymologique des mots d'origine orientale (arabe, hébreu, persan, turc, malais), par Marcel Devic.
Une version abrégée, connue en France sous le nom de "Petit Littré", et au Canada sous celui de "Littré-Beaujean", a été publiée en 1874 par le principal collaborateur de Littré, Amédée Beaujean.
Au XXe siècle, "le Littré" a connu de nombreuses éditions, notamment aux Éditions Jean-Jacques Pauvert (1956), au
Club français du livre (1956-1958), aux Éditions du Cap (1969) ainsi qu'aux Éditions Encyclopaedia Britannica (1974 et 1997).
Une version mise à jour et augmentée de la version abrégée de 1874 est publiée à partir de 2004 sous le nom de "Le Nouveau Littré" et "Le Nouveau Petit Littré".
Cependant, les versions contemporaines du Littré, en particulier les collections en plusieurs volumes (datant des années 1960 et au-delà), sont tout à fait différentes de l'édition originale, en se démarquant sur les points suivants : simplification sémantique de beaucoup d'articles, ce qui se traduit par la disparition de remarques grammaticales, des différences entre les divers synonymes, et surtout suppression pure et simple de l'étymologie des mots.
D'autre part, la disposition typographique et l'organisation des articles dont le principal souci était la clarté des divers sens d'un mot (marquée par des paragraphes bien séparés dans l'édition originale) n'est plus reproduite dans le Nouveau Littré.
Enfin, à partir de son édition 2006, le Nouveau Littré a intégré toutes les rectifications orthographiques de 1990.
Source : wikipedia.org