"Trier les patates" ou "Quand un jeune énarque vient aider bénévolement un agriculteur"...

L'histoire se déroule au début des années 1980, mais elle me semble relativement intemporelle.

L'ENA (Ecole Nationale d'Administration) constate que ses étudiants sont décidément bien trop éloignés de la réalité rurale et décide donc de leur imposer un "stage paysan" à l'image du "stage ouvrier", déjà imposé par le passé.

Et c'est ainsi qu'arrive un beau matin dans une grosse ferme de Picardie un jeune énarque plein de bonne volonté.

Surpris de cette aide bénévole inattendue, l'exploitant agricole - dubitatif et un brin provocateur - lui propose d'étaler le gigantesque tas de fumier, présent dans la cour de sa ferme.

  • "C'est pas compliqué : tu prends la brouette et la fourche, là, et tu m'épands du fumier partout sur le sol, dans tout le potager, comme cela".

Une agricultrice en train d'épandre du fumier

Il revient le soir, ne pensant vraiment pas retrouver le jeune homme encore à la tâche, vraisemblablement rebuté par une tâche aussi énorme qu'ingrate.

À sa grande surprise, cependant, il constate en arrivant que celui-ci a travaillé comme une brute et que l'énorme monticule de fumier a presque entièrement disparu, le jeune énarque continuant de s'activer avec une incroyable énergie !

Il le félicite donc chaleureusement et se promet de lui proposer le lendemain une mission moins désagréable et plus reposante.

Le lendemain matin, l'agriculteur l'emmène donc dans une grange où est entreposé un monceau de pommes de terre.

  • "Alors voila : il faudrait me trier toutes ces patates ! C'est pas compliqué ; tu mets les petites dans les sacs marqués "P", les moyennes dans les sacs marqués "M" et les grosses dans les sacs marqués "G".

Comme la veille, le fermier s'en va alors travailler toute la journée, en se disant qu'il a décidément bien de la chance d'avoir ainsi hérité une main d'oeuvre aussi efficace que peu coûteuse !

Revenant le soir après avoir vaqué à ses occupations, notre exploitant agricole découvre alors avec stupéfaction que, cette fois, absolument rien n'a été fait : le monticule de pommes de terre est toujours là et le jeune énarque, toujours assis à la même place, perplexe, avec deux patates dans les mains...

  • "Mais que s'est-il passé mon gars ? Je ne comprends pas : hier tu m'as étalé mon énorme tas de fumier en un temps record et aujourd'hui tu n'as pas été foutu de me trier la moindre patate !".
  • "C'est très simple" confesse alors l'étudiant : "Nous autres, énarques, nous sommes champions tant qu'il s'agit de foutre la merde autour de nous, mais pour ce qui est de prendre une décision...".

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