J'adore cette réplique - certes fort grossière et malheureusement introuvable sur la toile en extrait vidéo - adressée par l'ouvrier sableur François (Jean Gabin) au dresseur de chiens Valentin (Jules Berry), dans le film français réalisé en 1939 par Marcel Carné, "Le jour se lève".
Résumé
Je vous rappelle ou dévoile la trame du film : une dispute se fait entendre dans une maison ouvrière de banlieue. Coup de feu, porte qui claque. Un homme, Valentin, roule sur les marches, mort. L'assassin, François (Jean Gabin), se barricade dans sa chambre. La police arrive et assiège la maison. Pendant la nuit, François revoit les étapes du drame, son amour pour Françoise (Jacqueline Laurent), la jeune fleuriste, sortie tout comme lui de l'Assistance publique, sa rencontre avec Valentin (Jules Berry), le cynique montreur de chiens, prêt à tout pour assouvir sa passion des jeunes filles en fleur, et ses relations équivoques avec Clara (Arletty), la compagne de Valentin.
Un chef d'oeuvre du réalisme poétique
Ce film dramatique extrêmement novateur au charme fou est un chef d'oeuvre du réalisme poétique :
- sa distribution prestigieuse réunit trois géants du cinéma français, qui comptent parmi mes acteurs préférés : Arletty, Jean Gabin et Jules Berry.
Jules Berry y est excellent, plus cynique et détestable que jamais.
Arletty est superbe et, comme toujours, formidable de naturel.
Et Gabin, magistral, écorché vif, humain et touchant à souhait,
- les dialogues de Jacques Prévert sont exceptionnels ("Vous avouerez qu'il faut avoir de l'eau dans le gaz et des papillons dans le compteur pour être resté trois ans avec un type pareil !"),
- la structure narrative du film est vraiment en avance sur son temps, puisque le film comporte un long retour en arrière ("flash-back"), procédé alors peu utilisé (nous sommes deux ans avant l'extraordinaire "Citizen Kane" d'Orson Welles),
- le décor de la chambre, construit par le grand Alexandre Trauner, comporte les quatre côtés de la chambre de François (Jean Gabin) (et non trois comme il était de coutume) dans laquelle se situe l'essentiel du film, afin de permettre des plans circulaires et de souligner l'enfermement du héros,
- et le film comporte une scène étonnante pour l'époque, supprimée par la censure de Vichy, où l'on découvre Clara (Arletty) nue à la fin de sa douche. Le montage originel n'a pas été rétabli après-guerre, et il a fallu attendre 2014 pour la découvrir, sur un DVD présentant une version remasterisée et rétablissant le montage d'origine.
"Le jour se lève à fait l'objet d'une nouvelle version, sous le titre "The long night", sortie en 1947 et réalisée par Anatole Litvak.
Avec Henry Fonda reprenant le rôle de Jean Gabin, Vincent Price celui de Jules Berry, Ann Dvorak celui d'Arletty et la jeune Barbara Bel Geddes (la mère de Bobby et J. R. Ewing, dans "Dallas") celui de Jacqueline Laurent (Françoise, la fleuriste) pour son premier rôle à l'écran.
Sources : wikipedia.org et www.vodkaster.com