Sans que nous en soyons réellement conscient la plupart du temps, nombre de nos mots, locutions ou expressions découlent directement de la Bible, des mythologies grecque et romaine, de la littérature, du cinéma, de la chanson ou de la publicité.
J’ai donc réuni dans ce sous-chapitre l’ensemble des collections d’articles consacrées à ce sujet.
Nombre total d’articles prévus dans ce sous-chapitre : 1 627
J'ai toujours beaucoup aimé cette curieuse et drolatiquelocution verbale.
Relevant du registre populaire et aujourd'hui, hélas, du registre désuet, elle signifie, dans le langage courant : je ne t'ai rien demandé ! ; mêle-toi de tes affaires !
Et, dans le registre argotique : occupe-toi de tes fesses !
Elle est apparue au cours des années 1930, dans la foulée de la chanson populaire éponyme "Est-ce que je te demande si ta grand-mère fait du vélo", interprétée par Dranem en 1925 et aujourd'hui totalement oubliée.
Mais entrée dans la mémoire collective à travers cette expression.
Paroles d'Yves Mirande et Albert Willemetz
"Il est des personnes
Qui vous questionnent,
Vous empoisonnent,
En vous disant : Où donc vous ai-je vu ?
Au lieu d'être discrètes,
Elles vous embêtent
Par leur enquête
Jusqu'à ce que vous ayez répondu
Pour les satisfaire,
Pour les faire taire,
Y a rien à faire
Ces gens-là sont plus collants que la glu
Je crois que pour éviter
Leur excès d’curiosité
L’ meilleur expédient,
C'est de leur dire en souriant :
Est-ce que je te demande Si ta grand-mère fait du vélo Si ta p’tite sœur est grande Si ton p’tit frère a un stylo Si ta cousine Fernande, Pour coudre des anneaux aux rideaux Bien qu'on le lui défende, Prend les aiguilles du phono ? Est-ce que je te demande Si, lorsque t'achètes des pruneaux T'exiges de la marchande Qu'elle te retire les noyaux Si ton boucher joue du banjo Si ton parrain aime les poireaux ? Est-ce que je te demande Si ta grand-mère fait du vélo ?
La semaine dernière,
L’allure altière, la mine fière
Le percepteur m'a dit, d'un ton bourru : Vos boutons de manchette, Vot’ casse-noisettes, vos cigarettes La façon dont vous êtes chaussé, vêtu Votre paire de bretelles, Votre eau de vaisselle, tout me révèle Qu' vous avez plus D'cent mille francs de revenus
Au lieu d’ paraître embêté
D’être suspecté, inquiété
Très timidement,
Je répondis en rougissant :
Est-ce que je te demande Si ta grand-mère fait du vélo Si ta p’tite sœur est grande Si ton p’tit frère a un stylo Si ta cousine Fernande, Pour coudre aux rideaux les anneaux Bien qu'on le lui défende, Prend les aiguilles du phono ? Est-ce que je te demande Si, lorsque t'achètes des pruneaux T'exiges de la marchande Qu'elle te retire les noyaux Si ton pipelet joue du pipeau Si ton fruitier joue du flutiau ? Est-ce que je te demande Si ta grand-mère fait du vélo ?"
Sources : www.expressio.fr et dictionnaire.notretemps.com
Cette géniale formule est extraite du célèbre film états-unien "Le Parrain", réalisé en 1972 par le grand Francis Ford Coppola.
Et elle est incontestablement l'une des plus fameuses de toute l'histoire du cinéma mondial.
Située au début du film, cette réplique est prononcée par Don Corleone (Marlon Brando), le Parrain.
Johnny Fontane (Al Martino) lui confie ses angoisses : sa carrière de chanteur est sur le déclin. Et pour la relancer, il lui faut un rôle dans le film de guerre produit par Jack Woltz (John Marley).
Ce qui donne l'échange suivant en version française :
Don Corleone : "Dans moins d'un mois, ce producteur d'Hollywood te prendra pour le rôle".
Johnny Fontane : "Non, c'est trop tard, ils vont tourner dans une semaine !".
Don Corleone : "Je vais lui faire une offre qu'il ne pourra refuser".
Et en version originale, en anglais des États-Unis d'Amérique :
Don Corleone : "This Hollywood big shot's gonna give you what you want,"
Johnny Fontane : "Too late. They start shooting in a week".
Don Corleone : "I'm gonna make him an offer he can't refuse".
Ces trois locutions nominales masculines relèvent du langage courant.
Et elles désignent toutes trois un monumental escalier situé dans la ville ukrainienne d'Odessa.
Descriptif
Considéré comme l'entrée officielle de la ville pour celui venant de la mer, il représente son symbole le plus connu.
Traversant le jardin Lunniy, cet escalier composé de 192 marches et de neuf paliers intermédiaires, mesure 12,5 mètres de large à son extrémité supérieure et 21,7 mètres à son pied, pour une longueur de 142 mètres mais qui semble néanmoins plus long en raison d'une illusion d'optique.
Il est conçu de telle sorte qu'un observateur placé en haut des marches ne voie que les paliers, les marches étant invisibles.
Tandis qu'un observateur placé en bas ne voit que les marches.
Histoire
Odessa étant située sur un plateau surplombant la côte, le port situé en contrebas n'était accessible au début du XIXe siècle que par des chemins tortueux ou des escaliers rudimentaires en bois.
L'escalier est conçu en 1825 par les architectes Francesco Boffo et Avraam Melnikov. Il est construit entre 1837 et 1841 par l'ingénieur anglais John Upton, utilisant du grès vert provenant de la ville italienne de Trieste (alors partie de l'Empire austro-hongrois).
Et nommé "Escalier Primorski" (un terme russe signifiant "vers la mer"), de 1841 à 1955 et depuis 1992.
Un funiculaire est construit en 1906 sur le côté gauche de l'escalier.
Et l'escalier est restauré en 1933, le grès étant remplacé par du granit rose et les paliers couverts d'asphalte.
L'escalier est renommé "Escalier Potemkine" en 1955 à l'occasion du 30e anniversaire du film de propagande soviétique "Le cuirassé Potemkine", réalisé en 1925 par Sergueï Eisenstein.
Mais après l'indépendance de l'Ukraine en 1992, le nom original fut repris, comme pour un grand nombre de noms de rues d'Odessa.
Chef d'oeuvre du film de propagande traite de la mutinerie du cuirassé Potemkine dans le port d’Odessa en 1905, ainsi que de l’insurrection et de la répression qui s’ensuivirent dans la ville.
Le film fut très longtemps interdit dans de nombreux pays occidentaux pour cause de "propagande bolchevique" et "incitation à la violence de classe".
Mais il a été choisi, en 1958, comme le meilleur film de tous les temps par 117 critiques internationaux lors de l’Exposition universelle de Bruxelles (Belgique).
Près d'un siècle après son tournage, en 1925, cette célèbrissime scènede landau dévalant les marches, à travers une folle fusillade, demeure inoubliable.
Quant au surnom "L'escalier Richelieu", il fait référence à une statue de bronze située en haut des marches, oeuvre du sculpteur russe Ivan Martos (1754-1835) et du fondeur Vladimir Yefimov.
Inaugurée en 1826, elle constitue le premier monument érigé dans la ville. Et elle représente, vêtu d'une toge romaine, Armand-Emmanuel-Sophie-Septimanie de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu.
Arrière petit-neveu du célèbre cardinal de Richelieu, ce général de corps d'armée de l'impératrice Catherine II, avait en effet été nommé en 1803, premier gouverneur de la ville d'Odessa par le tsar Alexandre Ier, et cela jusqu'en 1814.
Cette locution nominale féminine relève du langage courant.
Et elle désigne :
au sens propre : une pâtisserie garnie de crème fouettée ou de crème pâtissière servant éventuellement à entarter de grands noms médiatiques avides de notoriété.
et au sens figuré :
un cliché, une idée reçue, une réponse toute faite, une banalité, un poncif, une platitude,
On dit par exemple : "J'en ai assez de cette tarte à la crème des américains qui ne seraient que de grands enfants illettrés".
ou : un thème rebattu, un sujet ramené sur le tapis de façon fatigante ; un marronnier, un thème martelé par les médias, inlassablement répété par les journalistes et leurs invités, sans jamais rien apporter de nouveau.
On dit par exemple : "Je ne comprends pas l'intérêt de cette émission : ce n'est qu'un ramassis de tartes à la crème".
On l'ignore souvent, mais cette utilisation nous vient tout droit du grand Molière.
En 1662, effet, Molière, dans L'École des femmes (acte I, vers 97), fait dire à Arnolphe qui se méfie des "tours rusés et les subtiles trames / Dont pour nous en planter savent user les femmes" : "j’aimerais mieux une laide bien sotte / Qu’une femme fort belle avec beaucoup d’esprit". Si "avec elle on joue au corbillon / Et qu’on vienne à lui dire à son tour : Qu’y met-on? / Je veux qu’elle réponde: Une tarte à la crème".
Le corbillon est un jeu de société consistant à inventer des rimes faciles. À la phrase "Je vous passe mon corbillon", suivie de la question "Qu'y met-on ?", les joueurs doivent répondre par des mots terminés en "on". Il convient donc de dire "Une tarte au citron" et non "Une tarte à la crême".
L'usage de l'expression triviale "tarte à la crème", provoque de violentes critiques, reprochant à Molière le prosaïsme de sa comédie. Comment" soutenir une pièce où l'on a mis tarte à la crème ? disait-on alors, en ville comme à la Cour.
Molière, très affecté, répond alors, dans La Critique de l'École des femmes, en 1663, par une avalanche de "tarte à la crème", qui met les rieurs de son côté et ridiculise ses critiques :
- Le marquis : Ah, ma foi, oui, tarte à la crème! Voilà ce que j'avois remarqué tantôt; tarte à la crème. Que je vous suis obligé, Madame, de m'avoir fait souvenir de tarte à la crème!
- Dorante : Hé bien, que veux tu dire? Tarte à la crème!
- Le marquis : Parbleu, tarte à la crème, Chevalier.
- Dorante : Mais encore?
- Le marquis : Tarte à la crème.
- Dorante : Dis-nous un peu tes raisons.
- Le marquis : Tarte à la crème.
Le duc de La Feuillade, visé, agresse physiquement à Molière ("tarte à la crème Molière, tarte à la crème" disait-il en lui écrasant le visage) dont le roi Louis XIV prend la défense.
Depuis, une tarte à la crème est devenue un cliché, une réponse toute faite : "comme les marquis de La Critique de l'École des femmes : tarte à la crème est leur réponse à tout".
Cette locution verbale et cette phrase proverbiale en forme d'idiotismes militaires s'utilisent, au sens figuré, afin dequalifier une action, souvent une confrontation, qui cesse du fait de la disparition de l'ensemble des personnes ou entités de l'un au moins des deux camps en présence.
On dit par exemple : "La guerre qui faisait rage entre les petits commerçants de centre-ville et les grandes surfaces a pratiquement cessé faute de combattants".
Ou, ironiquement : "La soirée s'est terminée vers 5 heures : tout le monde était complètement saoul ou endormi. Et le combat a donc cessé, faute de combattants".
Mais on ignore souvent, je crois, que "Et le combat cessa, faute de combattants" est unpropos tenu par Rodrigue, dans la scène 3 de l'acte IV de la pièce de Pierre Corneille "Le Cid", publiée en 1636 :
"Ils demandent le chef ; je me nomme, ils se rendent.
Je vous les envoyai tous deux en même temps. Et le combat cessa faute de combattants".
L'acteur français Gérard Philipe, dans le rôle de Rodrigue
Ce substantif féminin qui relève du registre familier signifie : ma bien-aimée, ma douce.
Et il est souvent utilisé, par plaisanterie, afin de désigner : une femme inspirant une passion vive et romanesque.
Il s'agit d'un mot qui nous vient directement de la littérature, puisque "Dulcinée" ("Dulcinea" en espagnol) est un personnage fictif du célèbre roman de Miguel de Cervantes, "Don Quichotte", publié en 1605 et 1615.
Dulcinée est une personne complètement fictive, régulièrement mentionnée mais n'apparaissant jamais, pour l'honneur de laquelle Don Quichotte se bat.
Obsédé par la tradition des romans de chevalerie, Don Quichotte, cherchant une femme à qui il pourra dédier ses exploits futurs, jette son dévolu sur Aldonza Lorenzo, une simple et vigoureuse paysanne habitant le village du Toboso, dont il avait été amoureux dans sa jeunesse sans avoir jamais osé avouer sa flamme. Elle devient dans son imagination la plus belle des femmes, dont il se plaît parfois à décrire soigneusement les qualités.
Dans l'espagnol de l'époque, "Dulcinea" est un très élégant dérivé du mot "douceur" ; "dulce" voulant dire "doux" ou "sucré" selon le contexte.
Aujourd'hui, appeler une femme "mi Dulcinea" implique une dévotion et un amour sans fin pour elle.
Les plus âgés d'entre nous continuent parfois d'utiliser de façon ironique cette formule en forme d'interjection relevant du registre familier, lorsqu'il s'agit de signaler qu'une activité n'est plus aussi lucrative que par le passé.
On dit par exemple :
- "Ça rapporte beaucoup ?",
- "Ça eut payé !".
Comme pour beaucoup d'autres, c'est au génial - et bien injustement oublié - humoriste français Fernand Raynaud que nous devons cette formule, extraite de sa saynète "Le paysan".
Les plus âgés d'entre nous continuent parfois d'utiliser - de façon naturellement totalement ironique - cette formule en forme d'interjection.
Par exemple lorsqu'ils'agit de répondre à une question technique concernant une machine, un appareil ou une technologie dont on ignore tout ou presque du fonctionnement :
- "Mais comment ça fonctionne exactement cet appareil qui t'indique systématiquement l'itinéraire à suivre ?",
- "C'est étudié pour !".
Ou :
- "Je me demande bien comment ils font pour faire revenir leurs fusées et les réutiliser",
- "C'est étudié pour !"
Comme pour beaucoup d'autres, c'est au génial - et bien injustement oublié - humoriste français Fernand Raynaud que nous devons cette expression, puisqu'il s'agit, à l'origine, du titre de l'une de ses saynètes datant de 1955.
Cette locution adjectivale relève du langage courant.
Et elle signifie, au sens figuré : non sans effort, avec beaucoup d’efforts ; difficilement, durement ; en travaillant beaucoup.
On dit par exemple : "Gagner quelque chose à la sueur de son front".
Ou : "C'est à la sueur de mon front que j'ai pu acquérir ce petit hôtel, à l'âge de 55 ans".
De plus en plus souvent, de nos jours, semble-t-il, on ignore que cette expression nous vient directement de la Bible.
Après que l’homme et la femme ont mangé le fruit interdit, ils sont en effet expulsés du jardin d'Eden. Et le Seigneur indique à Adam les conditions de leur nouvelle situation (Genèse chapitre 3, verset 19) : "'C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière".
Sources : www.linternaute.fr, www.reforme.net et wiktionary.org
Cette phrase, entrée dans le langage courant il y a maintenant plus de 50 ans, s'utilise encore de nos jours, par dérision, lorsque l'on parle d'une machine totalement en ruine ou que l'on vient de casser.
Et elle fait référence à la petite 2 CV Citroën d'Antoine Maréchal (Bourvil) détruite par la grosse Rolls-Royce de Léopold Saroyan (Louis de Funès), dans le film comique franco-italo-espagnol "Le corniaud", réalisé en 1965 par Gérard Oury.
Le scénario du film s'inspire de l'un des épisodes du démantèlement de la "French Connection, l'affaire Jacques Angelvin. Ce présentateur de la télévision française avait été arrêté aux États-Unis en 1962 au volant d'une Buick Invicta provenant de France et dans laquelle plus de cinquante kilogrammes d'héroïne pure avaient été dissimulés. Et il avait clamé son innocence en prétendant avoir été dupé.
La réplique culte est dûe à Antoine Maréchal, le rôle-titre du film, interprété par Bourvil, alors à l'apogée de sa carrière.
L'autre protagoniste du film, Léopold Saroyan, le truand, est joué par Louis de Funès, qui connaît à cette époque une fulgurante ascension, notamment depuis les sorties des films "Le Gendarme de Saint-Tropez" et "Fantômas" en septembre et novembre 1964.
Tourné du 31 août au 7 décembre 1964, le film sort en France le 24 mars 1965 et rencontre dès sa sortie un énorme succès puisqu'il finit en tête des recettes de l'année 1965 avec 11 739 783 entrées. Plus d'un demi-siècle plus tard, sa popularité est telle que ce film culte du cinéma français est encore régulièrement diffusé à la télévision.