Savez-vous ce qu'est "Un barcelonnette" ou "Une barcelonnette" ?

  • Ce substantif constitue tout d'abord le gentilé de la ville de "Barcelonnette", une commune française, sous-préfecture du département des Alpes-de-Haute-Provence (04), dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Carte de situation de la ville de Barcelonnette (04)

Cette commune de montagne, entièrement située à plus de 1 100 mètres d'altitude, dans la vallée de l'Ubaye comptait 2 939 habitants en 2012.

  • Mais "un Barcelonnette" représente bien davantage qu'un simple habitant de Barcelonnette !

Car celle-ci, en effet - de même que la ville de Jausiers, distante de seulement 9 km - a joué un rôle clé dans l'histoire de l'immigration française au Mexique.

Le phénomène migratoire liant la vallée de l'Ubaye et ce pays du Sud de l'Amérique du Nord remonte principalement au XIXe siècle, faisant suite à l'indépendance mexicaine intervenue en 1821. En effet, la présence espagnole empêchait auparavant que d’autres communautés européennes et étrangères ne viennent s’installer, si ce n'est quelques groupes à caractère religieux.

Appartenant à la famille des Laugier-Arnaud, une grande famille de négociants et banquiers de l'Ubaye, au XVIIIe siècle, les trois frères Arnaud (Jacques, Marc-Antoine et Dominique), originaires de Jausiers (04), sont, dès 1818, à l'origine du mouvement d'émigration des Ubayens au Mexique et en Louisiane (États-Unis d'Amérique) au XIXe et début du XXe siècle.

Né à Jausiers (04) le 21 septembre 1781, Jacques Arnaud, faute de rencontrer le succès en France, décide de tenter sa chance en Amérique. Il émigre en Louisiane en 1805, où il intègre la communauté acadienne. Le 16 janvier 1810, il se marie avec Marie Lalonde, avec laquelle il aura une grande descendance jusqu'à aujourd'hui.

Il est bientôt rejoint par ses frères, Marc-Antoine et Dominique, ainsi que par trois de ses anciens employés tisserands.

Avec eux il fonde la ville d'Arnaudville, en Louisiane.

Plaque commémorative des Frères Arnaud à Barcelonnette (04)En 1821, lorsque le Mexique devient indépendant, les trois frères Arnaud décident d'aller essayer de transposer leur savoir-faire à Mexico-City (Mexique), où ils implantent un magasin de tissus et de nouveautés dénommé "El cajon de ropa de las siete puertas" ("Le morceau d'étoffe des 7 portes", couramment appelé "Les 7 portes").

Le magasin "Les 7 portes" est le "port d'attache" de toutes les liaisons commerciales entre Mexico-City et les autres villes. Une fois la liaison commerciale rentable, un magasin est construit comme dans les villes de Puebla, Guadalajara, San Carlos, morelia, Orizaba, etc.

L'architecture de certains magasins s'inspire directement de celle des grands magasins parisiens tels que le "Bon marché" ou "La Samaritaine".

Les frères Arnaud et leurs compagnons deviennent riches grâce à leur aventure américaine. En 1845, les trois employés ubayens des Arnaud reviennent dans leur pays natal, riche (plus de 250 000 franc-or, soit une véritable fortune).

Jacques, Marc-Antoine et Dominique Arnaud sont ainsi les initiateurs de ce courant migratoire des Ubayens, appelés "Barcelonnettes" dans leur ensemble, par analogie avec le chef-lieu de la vallée de l'Ubaye.

Leur succès incite naturellement les jeunes de la vallée de l'Ubaye à suivre leur exemple et donne le signal du départ du mouvement d'émigration. Des centaines de Barcelonnettes émigrent ainsi au Mexique afin d'y faire fortune, entre 1845 et les années 1920. Au total, on estimera que jusqu'à 6 000 à 7 000 habitants ont émigré au Mexique en un siècle.

Certains firent fortune, d'autres non. Ils formèrent quoi qu'il en soit une puissante communauté ubayenne au Mexique, qui compte aujourd'hui plus de 50 000 à 60 000 personnes d'origine ubayenne, dispersées sur tout le territoire mexicain, et souvent parfaitement fondues dans la population locale ; ce chiffre étant à rapporter aux - seulement - 7 700 habitants que compte la vallée en 2006.

Villas "mexicaines" de la vallée de l'Ubaye

Les fameuses villas mexicaines de la vallée de l'Ubaye (04) furent construites par des émigrés de Jausiers et Barcelonnette (04), qui, une fois fortune faite, revinrent dans leur vallée. Mais seules 400 à 500 familles sont ainsi retournées au pays.

Villa mexicaine de la vallée de l'Ubaye

  • Enfin, mais le mot est très peu employé, "Une barcelonnette" ou "Une bercelonnette", peut désigner un petit berceau-balancelle, suspendu sur deux pieds en forme de croissants.

Une barcelonnette ou bercelonnetteSources : wikipedia.org et www.cnrtl

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.