"Avoir vocation à" ou "Ne pas avoir vocation à".

Ces locutions verbales signifient respectivement : être - ou ne pas être - qualifié, indiqué pour.

Et non : ne pas pouvoir ; ne pas devoir ; ne pas avoir le droit ; ne pas être destiné à ; ne pas disposer des qualités pour.

Ainsi que vous allez cependant pouvoir le constater ci-après, c'est pourtant bien dans ces différents sens que nos dirigeants en usent et abusent aujourd'hui :

  • du ministre français Emmanuel Vals, le 24 septembre 2013, que "Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie",

Le Premier ministre français Manuel Valls

  • du maire de Lyon (69) Gérard Collomb, le 14 octobre 2013 : "Ces populations n'ont pas vocation à s'intégrer",
Le ministre français Gérard Collomb (© ludovic MARIN / AFP)
© Ludovic Marin / AFP
  • ainsi, du président de la République française François Hollande, le 16 décembre 2013 : Les forces françaises n'ont "pas vocation à rester durablement en Centrafrique",

Le président de la République française François Hollande

  • l'ancien Premier ministre français Laurent Fabius, le 18 février 2014 : "Nous n'avons pas vocation à rester en permanence en Centrafrique",

Le Premier ministre français Laurent Fabius

  • le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault, le 25 février 2014 : "la France n'a pas vocation à se substituer aux forces internationales" en Centrafrique,

Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault

  • de l'ancienne ministre française Cécile Duflot, le 4 avril 2014 : "Les écologistes ont vocation à exercer le pouvoir",

La femme politique française Cécile Duflot

  • l'ancien ministre français François Bayrou, le 4 mai 2014 : "Le centre n'a pas vocation à être une roue de secours, ni une force d'appoint ni à être accessoire. Il a vocation à être un moteur, une volonté",

L'homme politique français François Bayrou

  • le général de division français Marc Foucaud, le 13 mai 2014 : "Nous n'avons pas vocation à rester vingt ans au Mali",

Le général français Marc Foucaud

Cet usage abusif relevant de la novlangue et du jargon politique semble remonter notamment aux années 2006-2007.

Le professeur de linguistique, Jean Véronis, co-auteur de l'ouvrage "Les Mots de Nicolas Sarkozy" (Seuil, 2008), a en effet réalisé un remarquable travail de statistique lexicale, duquel il ressort que, pendant la campagne de 2007, l'homme politique français Nicolas Sarkozy a utilisé l'expression, environ dix fois plus que les autres candidats : "Tous les pays n'ont pas vocation à intégrer l'Union", "L'Etat n'a pas vocation à se mêler de tout", "L'Europe a vocation à protéger", "L'OTAN n'a pas vocation à se substituer à l'ONU", etc.

Le président de la République française Nicolas Sarkozy (© AFP)
(© AFP)

Source : Le Robert et Le magazine du Monde, Didier Pourquery, 4 juillet 2014

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