"Le corned-beef".

Ce substantif masculin anglais désigne une préparation culinaire de viande de boeuf ayant joué un rôle important dans l'alimentation des soldats, des prisonniers et des civils, et se présentant sous deux formes :

  • soit en une pièce de viande (généralement la poitrine), dite "demi-sel", ayant été préparée dans une saumure,
  • soit en menus morceaux agglomérés de boeuf maigre, additionnés d'un mélange salant, moulés en forme de pain et mis en conserve, se consommant tel quel, en tranches ne se déchiquetant pas .

Dans les pays anglophones, "Corned beef" est le terme utilisé pour les deux formes.

Utilisation du mot dans les pays francophones

Tandis que dans les pays francophones, depuis la Seconde Guerre mondiale, "Corned-beef " ne s'applique qu'à la deuxième forme, commercialisée en boîte de conserve métallique.

Et on l'appelle souvent "Singe", une appellation née au XIXe siècle, lorsque les soldats français en poste en Côte d'Ivoire auraient été réduits à manger de la viande de singe.

On dit par exemple : "On a mangé du singe pendant des mois".

Étymologie et orthographe

Le mot "Corned-beef" vient de l’anglais "beef" ("viande de boeuf) et "corned" ("assaisonné de grains (corn) de sel", pour la conservation).

Cette appellation est apparue en anglais au milieu du XVIe siècle.

Et la forme "Corn'd-beef" est attestée dans les textes français, dès 1716,.

Historique

En 1881, sort le "Compressed cooked corned beef" en boîte de conserve, premier du genre, distribué par la société Liebig.

Le corned-beef s'est exporté rapidement dans le monde entier.

Dès la fin du XIXe siècle, il est consommé dans l'armée et la marine de toutes les grandes nations de l'époque, même s'il est peu apprécié des soldats. Ces viandes gélatineuses, cuites dans leur jus, ne sauraient en effet être comparées à la viande fraiche bouillie, et encore moins à la viande rôtie.

Mais le corned-beef constitue une alternative efficace au bétail sur pied. Difficile à nourrir en déplacement, celui-ci supporte en effet difficilement les longs transports, perd poids et qualité, et arrive parfois malade.

Seconde Guerre mondiale

Le corned-beef a joué un rôle non négligeable dans la Seconde Guerre mondiale.

Il appartenait à la ration K (ration de nourriture individuelle de combat des soldats états-uniens, qui le surnommaient souvent "Corned-Willy").

Et malgré les problèmes nutritionnels qu'il a posé à ceux qui la consommaient trop longtemps, il a largement contribué à résoudre le problème du ravitaillement en campagne.

Il a fait partie de l'aide économique fournie par les Anglo-Saxons à l'URSS dès 1941.

Et par sa distribution aux populations, là ou les soldats états-uniens arrivaient, il a promu une image positive des États-Unis d'Amérique et de leur mode de vie, et a modifié celui de nombreuses populations.

Et cela, que ce soit dans des parties du monde indirectement touchées par le conflit né en Europe, ou en Europe, lors de la libération de populations qui avaient souffert de la faim.

Une ration de corned-beef ouverte
Une ration de corned-beef ouverte

Connotation négative

L'usage répétitif du corned-beef par les soldats en campagne a cependant créé une lassitude décrite notamment par Hugh C. Hulse, militaire en 1918-1919, expliquant que le partage d'un seul navet pour deux personnes a pu être préféré à la ration de viande en boite et de pain du déjeuner.

La texture fait parfois comparer cette viande à une sorte de pâté pour chats.

L'odeur en est jugée rance, et le corned-beef devient peu à peu le symbole négatif d'une nation dominante - les États-Unis d'Amérique - que ce soit par rapport à l'Europe ou par rapport à l'Afrique.

Il constitue le plus souvent une nourriture pour les gens peu fortunés. Et on le retrouvait encore, dans les années 1990, dans les cantines françaises pour SDF (Sans Domicile Fixe), comme dans les prisons.

Source : wikipedia.org

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