"Raoul Cauvin, l'homme aux cent mille gags".

Il s'agit du surnom du scénariste de bande dessinée belge Raoul Cauvin, né le 26 septembre 1938 et mort d'un cancer le 19 août 2021.

Cet auteur des éditions Dupuis, pilier du journal "Spirou", est l'un des scénaristes les plus prolifiques de l'histoire de la bande dessinée franco-belge.

Le sergent Chesterfield et le caporal Blutch, les célèbres "Tuniques bleues" créées en 1968 par Raoul Cauvin et Louis Salvérius, remplacé à sa mort, en 1972, par Willy Lambil

À la fin des années 1960, il crée deux séries d'aventures à succès, "Les Tuniques bleues" et "Sammy" ("Les gorilles"). La première, dessinée par Willy Lambil depuis 1972, compte 64 albums à ce jour et est toujours l'une des meilleures ventes de la bande dessinée franco-belge.

Durant les décennies suivantes, il lance plusieurs séries humoristiques aux Éditions Dupuis :

  • "L’Agent 212" (1975) avec Daniel Kox,

  • "Cédric" (1986) avec Laudec,

  • "Les Femmes en blanc" (1986) avec Philippe Bercovici,

  • "Pierre Tombal" (1986) avec Marc Hardy,

  • "Cupidon" (1990) avec Malik,

"Cupidon", créé en 1989 par Malik et raoul Cauvin dans le journal de "Spirou"

 

  • "Les Psy" (1992), avec Béd,

  • et "Les paparazzi "(1996) avec Luc Mazel.

"Les paparazzi", la bande dessinée créée en 1996 par Luc Mazel et Rraoul Cauvin, dans le journal "Spirou"

Des débuts discrets chez Dupuis (années 1960)

Raoul Cauvin suit d'abord des études de lithographie publicitaire à l'Institut Saint-Luc à Tournai, pour découvrir en entrant dans la vie active que cette formation n'a plus aucune utilité depuis la fin des années 1930. Suivent toute une série de petits métiers et notamment un emploi dans une usine de boules de billard.

Il entre aux éditions Dupuis en 1960 comme dessinateur de grilles de mots croisés et lettreur, puis devient caméraman au département dessins animés (TVA : TéléVision Animation, fondé en 1959 par Charles dupuis) où il reste sept ans. Il s'essaye dès cette époque au dessin, mais sans succès.

Désireux d'écrire des scénarios, il en présente dès son arrivée à Yvan Delporte, le rédacteur en chef de "Spirou", mais il se voit refuser tous ses projets de série jusqu'en 1967. Il arrive néanmoins à placer une première histoire pour un mini-récit dessinée par Charles Degotte en 1964. Suivent quelques autres mini-récits et histoires courtes dessinées par Degotte, Eddy Ryssack, Serge Gennaux, etc. Charles Dupuis, qui apprécie énormément les croquis humoristiques que Cauvin fait de la vie de la rédaction, lui présente Claire Bretécher en 1967 et lui promet une place régulière dans "Spirou".

En 1968, Cauvin lance quatre séries. Les aventures des puces "Arthur et Léopold", avec Carlos Roque, et "Loryfiand et Chifmol", avec Gennaux, ne rencontrent aucun succès particulier et cessent dès 1969 pour la première, et 1973 pour la seconde. "Les Naufragés", avec la débutante Claire Bretécher, rencontre un petit succès d'estime grâce à son humour décalé mais s'arrête également assez vite.

"Les naufragés", créés en 1968 par Claire Bretécher et Raoul Cauvin

Profitant du vide laissé par le départ chez "Pilote" de la série "Lucky Luke" de Morris, Cauvin lance un western parodique avec Louis Salvérius, un jeune auteur qui avait déjà publié quelques planches et mini-récits sur ce thème dans "Spirou" : "Les Tuniques bleues", sa quatrième création de l'année, dans une veine purement humoristique (gags en une demi-planche ou quelques pages au maximum), qui emporte graduellement l'adhésion des lecteurs.

Poster des "Tuniques bleues" dessiné en 1970 par Louis Salvérius et Michel Matagne

En 1969, il crée avec Luc Mazel "Câline et Calebasse" (qui devient en 1974 "Les Mousquetaires"), sa première série d'histoires à suivre, mettant en scène un mousquetaire et son cheval dans une Renaissance humoristique.

"Caline et Calebasse" ou "Les Mousquetaires", créés en 1969 par Mazel et Raoul Cauvin dans le journal de "Spirou"

Une place grandissante dans Spirou (années 1970)

Le succès grandissant des "Tuniques bleues" permet à Cauvin de collaborer à partir de 1970 avec Raymond Macherot sur "Mirliton" avant de lancer la même année sa seconde série à suivre : "Sammy", avec Berck, qui raconte les aventures humoristiques des "gorilles" Sammy Day et Jack Attaway à Chicago (Illinois) à l'époque de la prohibition et d'Al Capone.

Fort de cette expérience, il se met à réaliser quelques histoires plus longues des "Tuniques bleues", toujours dans une veine très humoristique. Mais en 1972, Louis Salvérius meurt brutalement durant la réalisation de la quatrième histoire longue, "Outlaw".

Cauvin propose alors à Willy Lambil, dessinateur depuis 1959 de la série réaliste "Sandy et Hoppy", mais également de la série humoristique "Hobby et Koala" depuis 1968, de reprendre la série. Fort de son expérience, celui-ci en tire le dessin vers un semi-réalisme, mieux adapté à des scénarios tendant à perdre leur veine purement comique. Il fait de la série un des piliers des éditions Dupuis, qui en publient à la fin de l'année 1972 le premier volume en album.

Entre 1973 et 1975, Cauvin lance sept nouvelles séries pour l'hebdomadaire. Trois sont assez discrètes : "Les Naufragés de l'espace" (avec Guy Counhaye, 1973-1978) et "Christobald" (avec Antoinette Collin, 1975-1978) ne convainquent pas, tandis que "Le Vieux Bleu", avec François Walthéry, le très apprécié dessinateur de "Natacha", obtient un réel succès d'estime mais ne fait l'objet que d'une quarantaine de planches.

Jules et son pigeon, "Le vieux bleu", créés en 1974 par François Walthéry et Raoul Cauvin dans le journal "Spirou"

Avec "Pauvre Lampil", initiée en 1973 avec Lambil, Cauvin lance une géniale série humoristique semi-autobiographique sur les relations entre Lampil, dessinateur de "Panty et son Kangourou" (Lambil étant l'auteur, de 1959 à 1974, de "Sandy et Hoppy"), et son scénariste Cauvin. Plus adulte que la majorité des séries présentes dans l'hebdomadaire, "Pauvre Lampil" y est parcimonieusement publiée jusqu'en 1994, avant d'être reprise au milieu des années 2000.

Le 2e album de la série "pauvre Lampil", créé en 1974 par Willy Lambil et Raoul Cauvin

"L'Agent 212", créée en 1975 avec Daniel Kox, devient sa première série de gags réellement populaire. Narrant les aventures d'un agent de police assez pataud, elle s'impose durablement dans l'hebdomadaire, étant encore publiée en 2011.

L'intégrale de la série "Godaille et Godasse", créée en 1975 par Jacques Sandron et Raoul Cauvin dans le journal "Spirou" (2012)
L'intégrale de la série "Godaille et Godasse", créée en 1975 par Jacques Sandron et Raoul Cauvin dans le journal "Spirou" (2012)

Les gags de la série napoléonienne"Godaille et Godasse" (avec Jacques Sandron) et de "Boulouloum et Guiliguili" (devenue en 1983 "Les Jungles perdues", avec Luc Mazel), une série mettant en scène un enfant sauvage et son gorille en Afrique, se transforment en 1978 en histoires à suivre. Bien qu'elles durent jusqu'à la fin des années 1980, ces séries sont loin de rencontrer le succès de "Sammy" et encore moins celui des "Tuniques bleues".

"Boulouloum et Guiliguili", créés en 1975 par Mazel et Raoul Cauvin dans le journal de "Spirou"

Diversification et succès (années 1980)

Après la mort accidentelle de Maurice Tillieux en 1978, Dupuis perd son scénariste le plus prolifique ; Cauvin, qui était déjà très présent, va le devenir de plus en plus et se révéler rapidement incontournable. Après avoir travaillé entre 1979 et 1981 avec le très jeune (16 ans !) Philippe Bercovici sur "Les Grandes amours contrariées", Cauvin lui crée en 1981 "Les Femmes en blanc", récits humoristiques en milieux hospitalier, qui est un nouveau succès, tout en introduisant un humour grinçant inhabituel dans "Spirou".

Sa reprise en 1981 de "Spirou et Fantasio" avec Nic, dessinateur issu de l'animation, laisse une impression plus mitigée ; bridé par ses éditeurs, Cauvin ne parvient pas à donner de la force aux trois histoires qu'il écrit et sa collaboration à la série cesse en 1983, lui laissant un très mauvais souvenir.

"La ceinture du grand froid", de Nic et Raoul Cauvin, sorti en 1983, le 30e album de Spirou et Fantasio
"La ceinture du grand froid", de Nic et Raoul Cauvin, sorti en 1983, le 30e album de Spirou et Fantasio
"La boîte noire", de Nic et Raoul Cauvin, sorti en 1983, le 31e album de Spirou et Fantasio
"La boîte noire", de Nic et Raoul Cauvin, sorti en 1983, le 31e album de Spirou et Fantasio
"Les faiseurs de silence", de Nic et Raoul Cauvin, sorti en 1984, le 32e album de Spirou et Fantasio
"Les faiseurs de silence", de Nic et Raoul Cauvin, sorti en 1984, le 32e album de Spirou et Fantasio

Ne se laissant pas abattre, Cauvin lance cette même année 1983 les aventures du croque-mort "Pierre Tombal", avec Marc Hardy, première série publiée dans "Spirou" à se confronter aussi directement avec la mort.

Il enchaîne alors les séries humoristiques en une page ou quelques-unes : "Les voraces", avec Glem, en 1985, qui réussit peu en album mais est publiée jusqu'en 1995 dans l'hebdomadaire ; "Cédric", avec Laudec, en 1986 qui fait des débuts discrets avant de devenir dans les années 2000 l'une des meilleures ventes de Dupuis, à la suite d'une adaptation en dessin animé ; "Cupidon", avec Malik, auteur à Spirou depuis 1971 auparavant connu pour ses bandes dessinées réalistes ("Archie Cash", "Blue Bird", "chiwana", "Johnny Paraguay"), en 1988. Dans ces années, il crée également pour "Robbedoes", la version flamande de "Spirou", une petite série semi-autobiographique et humoristique qu'il dessine lui-même, "Zotico".

"Louise" (1997), le premier album dessiné par Raoul Cauvin
"Zotico" (1997), le premier album dessiné par Raoul Cauvin
"Louise" (2016), dessiné par Raoul Cauvin, reprend, avec des gags supplémentaires, l'album "Zotico", sorti en 1997
"Louise" (2016), dessiné par Raoul Cauvin, reprend, avec des gags supplémentaires, l'album "Zotico", sorti en 1997

Hors de Spirou, Cauvin adapte pour Dupuis avec Nic "Les Snorky", dessin animé populaire du début de la décennie. Ayant rompu son contrat d'exclusivité avec Dupuis en 1979, Cauvin crée pour Casterman, en 1980, "Les Toyottes", avec Louis-Michel Carpentier.

En 1986, il se lance avec l'auteur dans une série d'un tout autre genre, "L'Année de la bière", gags tournant autour d'un bistrot belge, reprise ensuite chez Dupuis sous le nom "Du côté de chez Poje". Il scénarise également "Raphaël et les timbrés" pour Jacques Sandron dans "Je bouquine", à partir de 1984.

"J'ai déjà donné", premier album de la série "Raphaël et les timbrés", créée en 1984 par Jacques Sandron et Raoul Cauvin dans le magazine "Je bouquine" (1989)
"J'ai déjà donné", premier album de la série "Raphaël et les timbrés", créée en 1984 par Jacques Sandron et Raoul Cauvin dans le magazine "Je bouquine" (1989)

Depuis 1975 et "L'agent 212", Cauvin a ainsi lancé une multitude de séries sur des univers professionnels, inaugurant ce qui allait devenir un courant de fond dans la bande dessinée à partir de la fin des années 1990. Il ne faisait pas de ces milieux un simple décor mais il s'en servait pour traiter des thèmes alors peu présents dans la bande dessinée pour enfants : la mort, la maladie, le voyeurisme, etc.

Scénariste attitré de Spirou (années 1990)

Scénariste de cinq séries de gags à succès, souvent présents dans l'hebdomadaire, ainsi que de deux séries à suivre phare du journal ("Les Tuniques bleues" et "Sammy", ses autres séries à suivre ayant été arrêtées), Cauvin est à la fin des années 1980 le principal pourvoyeur de séries du magazine, qu'il continue à alimenter avec "Les Psy", avec Bédu (commencée en 1992), "Taxi Girl", série plus réaliste réalisée avec Laudec (de 1992 à 1998, le succès grandissant de "Cédric" ainsi qu'un manque d'intérêt de la part des lecteurs causant son interruption), "Les Paparazzi", avec Luc Mazel (de 1993 à 2004) (à la suite également d'un manque de succès). Son omniprésence dans la deuxième moitié des années 1990 (9 séries de récits courts) permet à la rédaction, dans l'une de ses animations de type comique de répétitition, de faire croire qu'il a pris le pouvoir sur l'hebdomadaire. C'est également à cette époque que lui sont consacrées deux monographies, assez hagiographiques.

"Le livre d'or de Raoul Cauvin", une monographie écrite en 1995 par Kris de Saeger
"Le livre d'or de Raoul Cauvin", une monographie écrite en 1995 par Kris de Saeger
"Raoul Cauvin. Monsieur Scénario", une monographie parue en 1998
"Raoul Cauvin. Monsieur Scénario", une monographie parue en 1998

En 1993, il participe anonymement à la création de la série "C.R.S = Détresse", de Achdé, chez Dargaud, avant d'en devenir le scénariste officiel en 2000, à la suite du départ d’Erroc.

Le numéro 3026 de "Spirou" du 10 avril 1996 est presque entièrement réalisé par Cauvin et Zidrou. Il est écrit "CAUVIN" à la place du titre du journal et un concours propose de gagner en premier prix un poil de la moustache de Raoul Cauvin.

Le numéro 3026 du journal "Spirou" en date du 10 avril 1996
Le numéro 3026 du journal "Spirou" en date du 10 avril 1996

Vétéran de la bande dessinée franco-belge (années 2000-2020)

Graduellement moins présent à partir du milieu des années 2000, à la suite de l'émergence de nouveaux scénaristes (comme Zidrou ou Jean-Louis Janssens), à l'arrêt de séries alors qu'il n'en crée pas de nouvelles, Cauvin reste cependant l'un des principaux scénaristes de Spirou, animant la plupart des séries datant de plus de quinze ans.

Alors qu'il n'avait plus créé de nouveauté depuis 1993, et que ses histoires tendaient à passer de plus en plus inaperçues, Cauvin écrit en 2000 "Vétos sans frontières" pour Daniel Desorgher, qui restera inédit jusqu'à sa parution en album, en juin 2020, aux éditions du Tiroir.

Et, en 2008, "Coup de foudre" pour David De Thuin, une histoire improbable entre une vache amoureuse et un taureau transsexuel, prélude à une nouvelle série. Cette histoire, au ton très différent de ses gags hebdomadaires humoristiques ou des "Tuniques bleues", est remarquée par la critique, mais seuls deux albums sortiront.

Le scénariste belge Raoul Cauvin, photographié façon "Citizen Kane", sur plusieurs dizaines de ses albums
Le scénariste belge Raoul Cauvin, , photographié façon "Citizen Kane", sur plusieurs dizaines de ses albums

Très discret dans les médias, sa présence dans le catalogue Dupuis depuis 1972 lui permet, en 2002, d'atteindre les quarante millions d'albums vendus (ce qui fait titrer au Journal du dimanche "L'inconnu aux 40 millions d'albums"), puis en 2006 les quarante-cinq millions, et environ 50 millions à ce jour, avec deux séries parmi les 20 premières ventes en bande dessinée : "Cédric" et "Les Tuniques bleues" (20 millions d'albums pour cette seule série).

L'année 2016 est marquée par la sortie du dernier album de "Pierre Tombal", après trente ans d'existence et autant d'albums.

Pour ses 70 ans, Cauvin se voit honoré par un numéro spécial de "Spirou", le 3676 du 24 septembre 2008.

Le n°3676 du journal "Spirou" du 24 septembre 2008 consacré au scénariste belge Raoul Cauvin
Le n°3676 du journal "Spirou" du 24 septembre 2008 consacré à Raoul Cauvin

Pour les 75 ans de Cauvin en septembre 2013, les médias annoncent son départ à la retraite, mais le rythme de parution de ses séries phares reste inchangé. En mars 2016 sort même une nouvelle série intitulée "Le bâtard des étoiles", dessinée par Curd Ridel.

Les 80 ans de Cauvin sont fêtés dans le numéro 4198 de "Spirou" du 26 septembre 2018.

Début 2019, il est annoncé que la série "Les Psy" se conclut sur le tome 22, intitulé "Vive la retraite !". Le scénariste se concentrera désormais sur "Les Tuniques bleues" et "Cédric", son classique "Les Femmes en blanc" étant arrêté par l'éditeur, en raison d'une érosion des ventes.

En septembre 2019, Raoul Cauvin abandonne également sa série "Les Tuniques bleues", estimant en avoir fait le tour. Raoul Cauvin a revendu ses droits d'auteur sur la série aux éditions Dupuis, de même que les filles de Louis Salvérius, son premier dessinateur, de 1968 à 1972. Un 65e album des "Tuniques Bleues" a ainsi pu sortir en octobre 2020, dessiné par Jose Luis Munuera et scénarisé par le couple "Béka" (BErtrand escaich et cAroline roque), la parution du 64e album, le dernier scénarisé par Cauvin, ayant été reculée au 1er octobre 2021, Willy Lambil ayant très mal vécu cette revente des droits.

Celui-ci sera cependant, hélas, publié à titre posthume, Raoul Cauvin ayant annoncé, le 9 mai 2021, être atteint d'un cancer incurable, ne lui laissant que quelques mois à vivre... et ayant été vaincu par la maladie le 20 août 2021.

Méthode de travail

Pensant qu'il est plus facile de tirer son inspiration du quotidien, Cauvin se tient assez éloigné du milieu de la bande dessinée : lecteur régulier de la presse, il a conservé jusqu'aux années 1980 un travail salarié de responsable du laboratoire photo de Dupuis.

D'ailleurs vous l'avez vu dans les aventures de Gaston Lagaffe, où André Franquin le faisait apparaître sous les traits de "Raoul de la photocopie" :

"Raoul de la photocopieuse" (Raoul Cauvin) dessiné par André Franquin dans différents gags de Gaston Lagaffe
Raoul Cauvin, alias "Raoul de la photocopie", dessiné par André Franquin dans différents gags de Gaston Lagaffe

De même, afin de ne pas être trop influencé par les travaux d'autres scénaristes, il lit peu de bandes dessinées, ou alors elles n'ont rien à voir avec ce qu'il fait : ainsi, il déclare en 1984 que ses auteurs préférés sont Reiser, Hugo Pratt, Tito et Jan Bucquoy.

Lorsqu'il s'agit de créer une série, il est le plus souvent contacté par des dessinateurs (Mazel pour "Câline et Calebasse", Salvérius pour "Les Tuniques bleues", Kox pour "L’Agent 212").

Mais il a pris l'initiative pour "Les Femmes en blanc" (Philippe Bercovici), Pierre Tombal (Marc Hardy) ou "Godaille et Godasse" (Pierre Sandron). Pour la rédaction même des scénarios, Cauvin a une méthode célèbre : il s'allonge sur un divan, et au bout de quelques heures pour un gag, quelques jours pour une histoire à suivre, il a son scénario tout prêt.

Raoul Cauvin sur son divan, en plein labeur, caricaturé par François Walthéry
Raoul Cauvin sur son divan, en plein labeur, caricaturé par François Walthéry

Il ne lui reste plus alors qu'à réaliser un découpage détaillé (où les positions des personnages sont croquées) et à l'envoyer au dessinateur.

Un exemple de scénario pour "Les Tuniques bleues", dessiné par Raoul Cauvin
Un exemple de scénario pour "Les Tuniques bleues", dessiné par Raoul Cauvin

Une nouvelle façon de concevoir la bande dessinée grand public

Raoul Cauvin est un scénariste franco-belge classique, mais son travail présente certaines caractéristiques qui peuvent permettre d'expliquer son succès.

S'il est vrai que ses histoires sont rarement originales dans leur déroulement, qu'il est limité par sa spécialisation dans la bande dessinée grand public (enfantine ou non), et que certains archétypes sont très souvent employés (tels que le tandem à la Laurel et Hardy), Cauvin se démarque de ses confrères par sa volonté de  transmettre et faire partager des idées et des craintes personnelles.

Il a ainsi été le premier à aborder dans la bande dessinée enfantine franco-belge l'antimilitarisme, la mort, la maladie ou la liberté individuelle de manière aussi audacieuse en même temps que juste.

Un auteur mal-aimé de la critique

Scénariste ultra-prolifique, spécialisé dans la bande dessinée de genre pour enfants, Raoul Cauvin a généralement été mal vu par la critique.

Ainsi, lorsqu'il s'est mis à signer au début des années 1980 les scénarios des albums de deux séries qu'il scénarisait jusque-là de façon anonyme ("Lou" de Berck et "Les Toyottes" de Louis-Michel Carpentier), des critiques ont immédiatement écrit que les deux séries avaient baissé en qualité...

Pour en savoir davantage sur raoul Cauvin

"L'homme aux 100 000 gags" : la monographie consacrée en 2008 à son scénariste "maison" Raoul Cauvin
"L'homme aux 100 000 gags" : la monographie consacrée, en 2008, par les éditions Dupuis à leur scénariste "maison" Raoul Cauvin
"Raoul Cauvin. La monographie", une monographie écrite en 2013 par Patrick Gaumer
"Raoul Cauvin. La monographie", une monographie écrite en 2013 par Patrick Gaumer

Souvenir personnel :

Je suis extrêmement fier d'avoir pu réaliser, en 1977, ce que je pense être le premier grand entretien de ce très grand monsieur de la bande dessinée franco-belge, qui avait également convié ses amis dessinateurs Willy Lambil ("Tuniques bleues") et Berck ("Sammy") à répondre à mes questions.

Alors âgé de seulement seize ans, je conserve un souvenir ému de ce moment et de l'extrême gentillesse de celui qui était déjà l'auteur de quatre de mes séries préférées : "Les Tuniques bleues" (1968), "Sammy" (1970), l'extraordinaire "Pauvre Lampil" (1974) et "Godasse et Godaille" (1975).

Cet entretien, ainsi qu'une bibliographie exhaustive (à cette date) avait fait l'objet d'un dossier spécial publié, en 1978, dans le n°16 de "Hop !", le fanzine édité depuis 1973, à Aurillac (15) par Louis Cance (dessinateur de "Pif" de 1967 à 1990).

Couverture du n° 16 de "Hop !", le fanzine édité à Aurillac (15) depuis 1973 par le dessinateur Louis Cance
Couverture du n° 16 de "Hop !", le fanzine édité à Aurillac (15) depuis 1973 par le dessinateur Louis Cance

Source : wikipedia.org

 

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