Cette réplique culte est entrée dans le langage courant.
Au point que l'on a presque fini par oublier que l'on doit normalement dire : "Si j'AVAIS su, jE NE SERAIS pas vEnu" !
Elle nous vient de "La guerre des boutons", le film réalisé en 1962 par Yves Robert d'après le roman homonyme de Louis Pergaud, paru en 1912 et dont il constituait alors la seconde adaptation.
Cette excellente comédie enfantine nous narre les combats d'écoliers que se livrent les bandes d'enfants de deux villages rivaux, Longeverne et Velrans, l'auteur s'étant inspiré de la vie dans le village de Landresse (25), où il a enseigné deux ans.
L'étrange formule "Guerre des boutons" vient de la guerre sans merci que se livrent les gamins, à coups de bâtons, de cailloux et surtout de coups de pieds et de poings, les vainqueurs dépouillant les vaincus de tous leurs boutons de vêtements, agrafes, lacets, etc., afin de les obliger à rentrer dépenaillés chez eux. Ce qui va les amener à s'affronter nus comme des vers !
La réplique "Si j'aurais su, j'aurais pas v'nu" est prononcée par l'inoubliable Petit Gibus, interprété par Martin Lartigue, 9 ans au moment du tournage, petit-fils du photographe Jacques-Henri Lartigue, auteur notamment de la photo officielle du président Valéry Giscard d'Estaing.
Une réplique culte propre au film d'Yves Robert... mais pas si originale que cela !
Cette réplique mémorable n'appartient aucunement au roman de Louis Pergaud.
Il s'agit en effet d'une reprise de la phrase "Si j’aurais su, j’aurais pas venu", figurant dans la rubrique "Une heure dix avec..." du n° 61, du vendredi 7 juillet 1939, de "L'Os à moelle", le célèbre magazine satirique créé le 13 mai 1938 par l'humoriste Pierre Dac.
Qui reprenait alors une phrase inventée des décennies plus tôt par le sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux.
Et cette même phrase était prononcée depuis 1953 par "Philibert", personnage de cancre inventé par l'humoriste Jacques Bodoin !
De ce fait, cette réplique ne figure pas dans les trois adaptations suivantes du livre de Pergaud :
- "La guerre des boutons ça recommence", film britannique de John Roberts, sorti en 1994.
- "La Guerre des boutons", film français de Yann Samuell, sorti en 2011,
- et "La Nouvelle Guerre des boutons", film français de Christophe Barratier, sorti en 2011.
L'actrice et productrice Danièle Delorme, veuve d'Yves Robert était en effet farouchement hostile à l'idée d'une nouvelle version de son film et avait interdit aux auteurs du double projet de réutiliser la phrase mythique.
Un succès planétaire pour le film de 1962.
Le film entame sa carrière dans seulement 4 salles parisiennes. Mais Yves Robert se démène pour rester en deuxième semaine et le film décolle enfin. Les Français tombent sous le charme du "Petit Gibus" joué par Martin Lartigue et de nombreuses salles de cinéma projettent enfin le film à travers toute le pays, puis à l'étranger. Le film se révèle un grand succès auprès du public, avec 9,93 millions d'entrées, se classant en seconde place, cette année-là, après "Le Jour le plus long". Et toujours classé 27e de nos jours, juste devant "Le docteur Jivago".
Il ne fait pas de carrière aux États-Unis d'Amérique à cause des scènes de nus qui choquent le puritanisme des ligues de vertu, mais il reste deux ans à l'affiche d'un grand cinéma de Tokyo (Japon).
Et Petit Gibus devient si célèbre au Japon qu'il a sa marque de chocolat et de sous-vêtements !
Sources : www.telestar.fr et wikipedia.org