"Le crabe", "Une longue maladie" ou "Une longue et cruelle maladie".

Ces trois appellations désignent le cancer.

  • "Le crabe" relève du registre familier.
  • Les formules "Une longue maladie" et "Une longue et cruelle maladie" appartiennent au langage courant et sont très régulièrement utilisées par les proches de personnes décédées.

Je suis toujours stupéfait de voir perdurer cette pratique depuis plus d'un demi-siècle que je l'entends ou la lis. Pourquoi diable n'ose-t-on donc toujours pas mentionner simplement le nom de cette terrible maladie ?

  • Le mercredi 11 mars 2020, j'ai ainsi encore pu entendre et lire le communiqué transmis à l'AFP par son attachée de presse indiquant :

"Didier Bezace est mort à son domicile parisien, ce mercredi 11 mars 2020, à l'âge de 74 ans, des suites d'une longue maladie qu'il a combattue avec vigueur et courage" !

L'acteur, metteur en scène et directeur de théâtre français Didier Bezace

J'adorais ce très grand monsieur du théâtre français, acteur, metteur en scène et directeur de théâtre, né le 10 février 1946 à Paris et mort le 11 mars 2020 rongé par un putain de cancer !

  • Et rebelote le 12 mars 2020, où son agent a transmis à l'AFP le communiqué suivant : La réalisatrice française "Tonie Marshall est décédée à l'âge de 68 ans, le matin du 12 mars, des suites d'une longue maladie".

3 réflexions au sujet de “"Le crabe", "Une longue maladie" ou "Une longue et cruelle maladie".”

  1. Je me souviens de la mort de Didier Bezace, décédé le jour de ma première séance de chimiothérapie, le 11 mars 2020. C'est vrai qu'on a sans doute du mal à dire les mots simplement, à parler de ses faiblesses de manière générale et beaucoup aussi ont du mal à entendre ces mots. J'ai vu des regards pleins de peur et de gêne chez mes interlocuteurs quand j'ai voulu leur parler très librement de mon cancer du sein contre lequel je me bats depuis que j'ai appris que j'en étais atteinte, en février 2020. Pour être une personne malade digne d'admiration, il faudrait donc rester discrète.
    A l'inverse, il existe aussi paradoxalement une certaine injonction à se montrer et à se revendiquer comme étant en lutte contre le cancer. En ce moment, c'est "octobre rose": on se doit donc d'être une belle combattante, de garder la tête haute, voire même de courir pour montrer qu'on lutte contre le cancer avec courage et panache. Désolée, mais moi , j'ai juste envie de rester sereine et d'être acceptée comme je suis, avec mes douleurs articulaires dues à l’hormonothérapie qui m'ont fait prendre dix ans en un an et ma volonté quand même de rêver encore un peu. Je ne lutte pas avec courage et encore moins avec panache contre mon cancer. Je cherche juste à sauver ma peau en appréciant plus que jamais les rires des enfants, la folle beauté d'un concerto de Mozart et les couleurs chatoyantes des érables en bas de chez moi. Et puis, j'ai rien contre les crabes: j'adore les animaux, notamment les animaux marins.

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    • Je vous comprends tout à fait Lucie. Merci beaucoup pour ce joli message, que je partage tout à fait. Je crois en effet pouvoir assez bien imaginer les réactions de vos interlocuteurs, au vu de la gêne occasionnée par la simple réponse "non, pas trop", au "ça va ?" ou au "comment vas-tu/comment-allez-vous" ?" de pure forme que l'on vous adresse systématiquement... Car il ne s'agit pratiquement jamais d'une véritable question mais - dans l'immense majorité des cas - d'un simple propos de convenance, n'appelant surtout pas une réponse de votre part. Fi donc du courage et du panache, contentez-vous, ainsi que vous le dites bien, d'endurer votre hormonothérapie, comme vous avez dû endurer votre chimiothérapie, et - surtout- de profiter de la vie et de l'apprécier.

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  2. Là, je suis d'accord avec toi. Comme tu le sais, j'ai survécu à 3 cancers. Mais parfois j'avais l'impression que les gens n’appréciait pas ma franchise. Qu'il ne fallait pas le dire. Comme si c'était une maladie honteuse ou transmissible. Que je risquais de les contaminer. Il me semble que la situation évolue et que le commun des mortels accepte mieux d'en parler. Il faut dire que l'oncologie évolue à grand pas. 60 % de guérison (je connais ta rigueur intellectuelle, tu vérifieras les chiffres, qui m'ont été dit de vive voix par mon oncologue de Paoli-Calmettes, dans la conversation), et l'on s'achemine vers des interventions moins handicapantes le plus possible. Donc plus acceptable pour l'entourage.

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