"Une tarte à la crème".

Cette locution nominale féminine relève du langage courant.

Et elle désigne :

Une tarte à la crème

  • au sens propre : une pâtisserie garnie de crème fouettée ou de crème pâtissière servant éventuellement à entarter de grands noms médiatiques avides de notoriété.

Un entartage

  • et au sens figuré :
    • un cliché, une idée reçue, une réponse toute faite, une banalité, un poncif, une platitude,

On dit par exemple : "J'en ai assez de cette tarte à la crème des américains qui ne seraient que de grands enfants illettrés".

    • ou : un thème rebattu, un sujet ramené sur le tapis de façon fatigante ; un marronnier, un thème martelé par les médias, inlassablement répété par les journalistes et leurs invités, sans jamais rien apporter de nouveau.

On dit par exemple : "Je ne comprends pas l'intérêt de cette émission : ce n'est qu'un ramassis de tartes à la crème".

On l'ignore souvent, mais cette utilisation nous vient tout droit du grand Molière.

Le comédien et dramaturge français Jean-Baptiste Poquelin dit Molière

En 1662, effet, Molière, dans L'École des femmes (acte I, vers 97), fait dire à Arnolphe qui se méfie des "tours rusés et les subtiles trames / Dont pour nous en planter savent user les femmes" : "j’aimerais mieux une laide bien sotte / Qu’une femme fort belle avec beaucoup d’esprit". Si "avec elle on joue au corbillon / Et qu’on vienne à lui dire à son tour : Qu’y met-on? / Je veux qu’elle réponde: Une tarte à la crème".

Le corbillon est un jeu de société consistant à inventer des rimes faciles. À la phrase "Je vous passe mon corbillon", suivie de la question "Qu'y met-on ?", les joueurs doivent répondre par des mots terminés en "on". Il convient donc de dire "Une tarte au citron" et non "Une tarte à la crême".

L'usage de l'expression triviale "tarte à la crème", provoque de violentes critiques, reprochant à Molière le prosaïsme de sa comédie. Comment" soutenir une pièce où l'on a mis tarte à la crème ? disait-on alors, en ville comme à la Cour.

Molière, très affecté, répond alors, dans La Critique de l'École des femmes, en 1663, par une avalanche de "tarte à la crème", qui met les rieurs de son côté et ridiculise ses critiques  :

- Le marquis : Ah, ma foi, oui, tarte à la crème! Voilà ce que j'avois remarqué tantôt; tarte à la crème. Que je vous suis obligé, Madame, de m'avoir fait souvenir de tarte à la crème!

- Dorante : Hé bien, que veux tu dire? Tarte à la crème!

- Le marquis : Parbleu, tarte à la crème, Chevalier.

- Dorante : Mais encore?

- Le marquis : Tarte à la crème.

- Dorante : Dis-nous un peu tes raisons.

- Le marquis : Tarte à la crème.

Le duc de La Feuillade, visé, agresse physiquement à Molière ("tarte à la crème Molière, tarte à la crème" disait-il en lui écrasant le visage) dont le roi Louis XIV prend la défense.

Depuis, une tarte à la crème est devenue un cliché, une réponse toute faite : "comme les marquis de La Critique de l'École des femmes : tarte à la crème est leur réponse à tout".

Sources : wikipedia.org et wiktionary.org

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