Le nom de ce géant belge de la bande dessinée, maître de la "ligne claire", qui créa la légendaire série "Blake et Mortimer", en 1947, ne se prononce évidemment pas "Edgar "Pi" Jacobs", "à l'anglaise", comme l'a lamentablement fait le journaliste français Laurent Goumarre dans son émission radiophonique "Le nouveau rendez-vous", sur France Inter, le 6 juin 2019. Et ce, après l'avoir appelé "Edgar "Pi" James", qui plus est !
Mais tout simplement : "Edgar "Pé" Jacobs" !
Il s'agit en effet du nom de plume d'Edgard (avec un "d") Félix Pierre Jacobs, né le 30 mars 1904 et mort le 20 février 1987, un très grand monsieur, dont j'ai eu l'immense honneur d'éditer, sous forme de cartes postales, dans la première partie des années 1980, les couvertures des premiers albums de "Blake et Mortimer", ainsi que de nombreux dessins ou cases parmi les plus célèbres.
Le grand public l'ignore souvent mais c'est à lui que nous devons, en grande partie, la refonte et la mise en couleurs de plusieurs des premiers albums de "Tintin", de 1943 à 1947 ("Tintin au Congo", "Tintin en Amérique", "Le Lotus bleu" et surtout "Le Sceptre d’Ottokar").
Ainsi qu'une très active participation au "Trésor de Rackham le Rouge" et au somptueux diptyque "Les sept boules de cristal"-"Le temple du soleil", en 1947-1948.
Hergé lui a d"ailleurs plusieurs fois rendu hommage en le faisant apparaître à au moins 5 reprises, sous forme de caméo dans les aventures de "Tintin". Et son nom figure même - sous la forme "E.P. Jacobini" - :
- sur la couverture de l'édition couleur de "Les cigares du pharaon", en 1955, où il est l'un des égyptologues momifiés,
- ainsi que sur une affiche de l'opéra de Szohôd, dans "L'affaire Tournesol", en 1956.
Jacobs avait en effet été artiste lyrique jusqu'en 1940, avant de devenir dessinateur.
Baryton au Théâtre royal de la Monnaie puis au théâtre de l’Alhambra, à Bruxelles (Belgique) et à l'opéra de Lille (59), il a même participé à la revue du Casino de Paris aux côtés de la célèbre Mistinguett.