"Être fier comme un pou", "Être vexé comme un pou" et "Être laid comme un pou"..

  • "Être fier comme un pou" c'est tout simplement "être très fier",
  • et "Être vexé comme un pou" signifie "être très vexé",
  • et "Être laid comme un pou" signifie "être très laid".

De fait, le moins que l'on puisse dire est que le pou n'est pas vraiment un premier prix de beauté.

Mais nombreux sont sans doute ceux parmi vous, amis lecteurs, qui - comme moi, tout petit - se sont interrogés sur ces deux premières expressions en forme d'idiotisme animalier... : en quoi un pou serait-il susceptible d'être fier ou apte à se vexer ?

La réponse est ma foi fort simple : le "pou" en question ici n'est pas en effet le parasite aptère auquel vous pensez, mais le mâle de la "poule", autrement dit le "coq", autrefois appelé "poul" !

Pourquoi dit-on : "Tirer la chasse" voire "Tirer la chaîne" ?

Réplique de toilettes anciennes avec chasse d'eau suspendue, chaîne et tirette, permettant de "Tirer la chaîne" ou "Tirer la chasse".

On dit en effet couramment "Tirer la chasse" - voire "Tirer la chaîne" - lorsque l'on a fini d'utiliser des toilettes, alors même qu'il s'agit le plus souvent d'appuyer sur un bouton (dans les toilettes publiques, notamment) ou de le "soulever", bien plus que de le "tirer".

Pictogramme montrant un individu en train de "tirer la chasse"

L'explication est toute simple : c'est parce que le réservoir d'eau des toilettes se trouvaient originellement en hauteur (pour de simples raisons techniques de gravité, j'imagine) et que l'on en libérait le jet nettoyant (la "chasse d'eau") en tirant sur une "poignée" ou "tirette" pendant au bout d'une petite chaîne.

Ancienne tirette de chasse d'eau suspendue et sa chaîne, du temps où l'on "tirait la chaîne"
Ancienne tirette de chasse d'eau suspendue et sa chaîne, du temps où l'on "tirait la chaîne"

C'était en particulier le cas dans la plupart des toilettes des vieux cafés-restaurants jusqu'à il y a encore quelques dizaines d'années à peine.

Comme me l'a judicieusement précisé un aimable lecteur, les installations étant fréquemment vétustes et mal entretenues, il y avait souvent des "accidents de chasse" !

Une lectrice m'a ainsi rapporté se souvenir d'avoir une fois reçu sur elle l'intégralité du contenu de la cuve ; ce qui avait naturellement eu pour conséquence de l'asperger de la tête aux pieds !

Le procédé technique ayant fort heureusement évolué, on a commencé par ne plus dire "Tirer la chaîne", mais encore souvent "Tirer la chasse".

"Une corne à chaussures".

Corne à chaussures ou chausse-pied en corne

"Une corne à chaussures" est une locution du langage courant constituant un parfait exemple de survivance lexicale.

On désignait en effet ainsi, il y a encore quelques dizaines d'années, cet objet du quotidien que nous appelons désormais plus couramment "Un chausse-pied".

S'il s'agit aujourd'hui, le plus souvent, d'une lame métallique incurvée, employée pour faciliter l'entrée du pied dans la chaussure, ou d'un objet en plastique en reprenant la forme, le même ustensile était autrefois réalisé... en corne.

Pourquoi dit-on : "Un passage clouté" pour désigner "Un passage piéton" ?

Passage clouté

Tout simplement parce que ce type de passage protégé, aujourd'hui symbolisé par des marques blanches rectangulaires parallèles à l'axe de la chaussée, était originellement signalé par deux rangées de très gros clous bombés d’environ 10 cm de diamètre, dont la tige était calée entre les pavés, ou enfoncés dans le revêtement de la chaussée.

Introduits en Suisse en 1932, ils ont ensuite été progressivement remplacés, à partir des années 1960, par des bandes jaunes ou blanches peintes sur le sol, avant de prendre leur forme actuelle.

Je trouve personnellement très étonnant que la locution "Passage clouté" perdure de nos jours, un demi-siècle après la disparition de ce type de passage protégé du paysage urbain.

Et ce alors même qu'ils n'ont - après tout - pas existé plus de quelques dizaines d'années, au grand maximum.

Plus surprenant encore, me semble-t-il, la fréquence avec laquelle une grande partie de la population continue d'utiliser ces locutions verbales du registre familier que sont "Être dans les clous" ou "Rester dans les clous" et "Être hors des clous" ou "Sortir des clous" !

"Ès".

Ce tout petit mot qui signifie "En matière de" interloque souvent les jeunes ou les étrangers.

On l'utilise en effet dans le domaine de l'éducation, où l'on parle de "Docteur ès sciences" ou de "Docteur ès lettres".

Il s'agit d'une survivance du Moyen Âge, puisqu'il est construit à partir de la contraction - courante à l'époque, des mots "En" et "les".

Que signifie : "Être dans les clous", "Marcher dans les clous" ou "Rester dans les clous" et "Être hors des clous" ou "Sortir des clous".

Ces cinq locutions verbales du registre familier signifient, au sens figuré, :

  • "Être dans les clous", "Marcher dans les clous" ou "Rester dans les clous" : respecter ce qui est attendu, demandé, édicté, imposé.

Faire ce qu'il faut, obéir, agir conformément aux règles.

  • "Être hors des clous" ou "Sortir des clous" : désobéir, ne pas respecter les règles ou les limites.

Dans tous les cas, l'origine de ces différentes expressions remonte à la deuxième moitié du 20e siècle, période durant laquelle ont été utilisés les "Passages cloutés".

Passage clouté