"Flash Talk" sur LCP Assemblée Nationale : l'émission qui fait honte au service public audiovisuel.

Les présentateurs et le logo de l'émission "Flash talk"

En ce 15 avril 2018, c'est la seconde fois que j'ai la malchance d'atterrir sur l'émission télévisée dominicale "Flash Talk", diffusée - honte à elle -, à 13 heures, par la chaîne LCP Assemblée Nationale. Et, comme la première fois, je n'ai tenu que... deux minutes avant de devoir changer de canal, mortifié que j'étais par la médiocrité et la teneur du vocabulaire et du niveau de langage employés.

D'abord, naturellement, pourquoi ce titre anglais absurde et inadmissible sur une chaîne parlementaire française. Ses concepteurs pensent-ils sincèrement que leurs jeunes hypothétiques téléspectateurs en saisissent la signification ?

J'incline à penser pour ma part que "Conversation impromptue" ou "Conversation improvisée" serait nettement plus clair et surtout justifié, dans un pays francophone et sur une chaîne publique émanant de la chambre haute de la représentation nationale.

Ensuite, et surtout, cette émission, qui semble avoir pour vocation de donner la parole aux jeunes, concourt surtout, à mon sens, à les conforter dans leur médiocrité langagière.

De fait, pas plus Raphaël Yem que Sonia Chironi, ses deux animateurs, ne semblent en effet capable de prononcer ou de construire correctement une phrase dans un français un tant soit peu correct.

Jugez-en plutôt : "I' sont là ! I' vont avoir la parole !", débute la jeune femme. Avant que son comparse n'enchaîne, s'adressant à un premier interlocuteur : "C'est quoi ton prénom ?", "S'appelle comment ton collège ?" ! Puis, de jargonner le "djeun's", à coups de "Arrête de mythoner" et autres formules, toutes plus familières ou argotiques les unes que les autres.

Ce n'est pas, à mon sens, faire preuve de respect à l'égard de la jeunesse que de s'adresser ainsi à elle en la tutoyant gros comme le bras et en adoptant son sociolecte, ses mots, ses expressions, son jargon et ses tics de langage. Je pense, a contrario, que l'on doit vouvoyer un jeune interlocuteur ; lui parler un langage compréhensible mais suffisamment soutenu pour lui témoigner du respect qu'on lui porte. Et, idéalement, lui donner envie d'essayer d'améliorer son niveau de langue.

Il est évidemment tout à fait néfaste pour le maintien et l'amélioration de la pratique de notre jolie langue, de chercher ainsi à se mettre au niveau de langue de ses interlocuteurs en pratiquant le nivellement par le bas.

C'est au contraire en s'efforçant d'avoir une prononciation correcte et d'utiliser des mots et des locutions pertinents d'un registre de langue courant ou d'un registre de langue soutenu, qu'il sera je pense - et j'espère - possible d'y parvenir.

On ne dit pas : "C'est une des raisons pourquoi il y a eu du déchet technique" !

L'entraîneur de football français Régis Brouard

Comme l'a déclaré, le 1er juin 2019, l'entraîneur de football français Régis Brouard, dans l'émission vespérale "L'Équipe du Soir", sur la chaîne de télévision française L'Équipe.

Mais : "C'est une des raisons POUR LAQUELLE il y a eu du déchet technique" !

Parce qu'il accumule malheureusement les phrases de ce type dans cette émission que je suis régulièrement, je lui décerne mon label de médiocrité "Fâchés avec le français".

On ne dit pas : "Les vacances m'ont fait énormément du bien" !

Comme l'a fait le joueur international de football français Benjamin Pavard, le 8 septembre 2019, dans l'émission télévisée française "Téléfoot" sur la chaîne télévisée française TF1.

Mais : "Les vacances m'ont fait DU bien" ou "Les vacances m'ont fait énormément DE bien" !

Cela aurait été la même chose avec "Beaucoup" : la présence d'un adverbe transforme la préposition "Du" en "De".

On ne dit pas : "C'est la meuf à mon daron" ou "C'est la bagnole à ma reum" !

Mais : "C'est la femme DE mon père" ou "C'est la voiture DE ma mère" ! (langage courant)

Et mieux encore : "Il s'agit de l'épouse de l'auteur de mes jours" ou "Il s'agit de l'automobile de celle qui m'a donné le jour" (registre soutenu).

Le mot "meuf" relève du verlan et du registre argotique.

 

On ne dit pas : "La situation s'est empiré" !

Comme je l'entends malheureusement de plus en plus souvent. Ou le lit (mais oui !) dans les sous-titrages français de films étrangers en DVD.

Mais : "La situation EMPIRE" !

"Empirer" est en effet un verbe intransitif, qui signifie :

  • aggraver, rendre pire.

On dit ainsi : "Par son intransigeance, le gouvernement empire la crise sociale actuelle".

  • ou devenir pire, s'aggraver.

On dit ainsi : "À cause de l'intransigeance du gouvernement, la crise sociale actuelle empire".

 

On n'écrit pas : "Les itinérairE et horRaires de vos lignes changeS" !

Comme a osé l'écrire le groupe Keolis, à compter du 26 août 2019, sur l'ensemble des écrans des véhicules du réseau d'autobus d'Aix-en-Provence (13) "Aix en Bus" !

Mais : "Les ITINÉRAIRES et HORAIRES de vos lignes CHANGENT" !

Non contente d'avoir pourri la vie des aixois pendant des mois par son incompétence et son inefficacité, lors de l'attribution de sa première DSP (Délégation de Service Public) en 2012, puis, plus de deux années durant, de 2017 à 2019, avec les travaux d'aménagement du BHNS, mis en service ce 2 septembre 2019, Keolis nous démontre une fois de plus l'étendue de ses compétences, quelques semaines à peine après s'être vu réattribuer pour huit ans sa DSP (Délégation de Service Public).

Les subtilités des arcanes de la procédure d'attribution des marchés publics dans cette ville continuent décidément de m'échapper !

C'est en tous cas sans hésiter que je décerne à Keolis mon label de médiocrité "Fâchés avec le français" pour sa cacographie d'anthologie !

Pour être complet et pour l'anecdote, le "Krypton" dont il est question sur le panneau ("Destination P+R Krypton") est le nom d'un Parc Relais situé au Sud d'Aix-en-Provence (13), à proximité des ruines du "Krypton", l'ancienne boîte de nuit à la mode du début des années 1980.

Le P+R Parc Relais Krypton à Aix-en-Provence (13)

Plus grande boîte de nuit de la région marseillaise et aixoise, Le Krypton avait été créé en 1980 par le parrain marseillais Tany Zampa, avant de fermer ses portes dès 1984.

Affiche boîte de nuit aixoise "Le Krypton"

L'ancienne boîte de nuit aixoise "Le Krypton".  L'enseigne de la boîte de nuit aixoise "le Krypton"

On ne dit pas : "Pendant toute l'entracte" !

Comme l'a déclaré la nommée Pauline, dans l'émission télévisée française "C'est mon choix", présentée par Évelyne Thomas et consacrée au thème "Devinez ce que j'ai fait de plus fou par amour", rediffusée en août 2019, sur la chaîne Chérie 21.

Mais : "Pendant TOUT l'entracte" !

Entracte est un mot masculin.

On ne dit pas : "Quel métier faisez-vous" ?

Comme l'a déclaré la présentatrice française Évelyne Thomas, dans l'émission télévisée "C'est mon choix" consacrée au thème "Devinez ce que j'ai fait de plus fou par amour", rediffusée en août 2019, sur la chaîne Chérie 21.

Mais, à tout le moins, : "Quel métier faites-vous ?" et, idéalement, "Quel métier exercez-vous ?" !