"Les français sont des veaux".

Le militaire et homme politique français Charles de Gaulle, lors de sa conférence de presse du 24 mai 1968 (© Paul Harle / Ina / Ina via AFP)

J'aime beaucoup cette locution verbale péjorative, en forme d'idiotisme animalier, qui nous vient du général Charles de Gaulle.

Son fils, l'amiral Philippe de Gaulle, en témoigne dans "De Gaulle, mon père, Entretiens avec Michel Tauriac", paru en 2003 :

"Il l'a souvent employée quand il les voyait ne pas réagir ou se considérer comme battus avant même d'avoir engagé le fer. Au début de juin 1940, par exemple, à Londres, à l'hôtel Connaught, à voix basse pour ne pas être entendu des convives qui dînent à la table voisine. Il vient de stigmatiser l'armistice au micro de la BBC. Je le vois alors serrer son couteau nerveusement avant de le reposer avec délicatesse. Puis il me souffle : Ce sont des veaux. Ils sont bons pour le massacre. Ils n'ont que ce qu'ils méritent".

Quand j'apprenais l'histoire de France au collège Stanislas et que je m'étonnais de telle ou telle défaite militaire que nous avions essuyée, il me disait : "Les Français sont comme ça depuis les Gaulois. Hannibal, qui recrutait des légions pour battre Rome, écrivait à son frère Hasdrubal, qui levait des mercenaires en Espagne et dans les pays voisins : Ne prends pas trop de Gaulois. Ce sont des ivrognes. Ils sont courageux dans l'action, téméraires au combat, mais vite découragés et jamais contents.

Il ajoutait : Ils sont palabreurs et n'arrivent à s'unir que face au danger. Tu vois, concluait-il, deux cents ans avant Jésus-Christ, on définissait assez bien les Français d'aujourd'hui".

Sources : www.dicocitations.com et www.lorientlejour.com

"Des pudeurs de gazelle".

C'est à l'homme politique français Jean-Luc Mélenchon que nous devons cette superbe locution verbale en forme d'idiotisme animal, appartenant depuis 2017 au jargon journalistique ainsi qu'au jargon politique.

Et qui désigne : une gêne, un embarras à dire certaines choses, subtilement évoquées de la manière la plus naturelle qu'il soit, afin d'affecter l'innocence.

L'homme politique français Jean-Luc Mélenchon

Il l'a d'abord employé sur son blogue jeanlucmelenchon.fr, lors de la campagne pour les élections régionales de 2010 : "Je n'ai pas non plus de pudeur de gazelle".

Une gazelle de Thomson
Une gazelle de Thompson

Mais surtout, le 21 mars 2017, lors du premier débat télévisé de l'élection présidentielle, opposant les 5 principaux candidats (François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et lui-même) sur la chaîne de télévision française TF1, au cours duquel il avait lancé à la journaliste française Anne-Claire Coudray :

"J'ai admiré vos pudeurs de gazelle quand vous dîtes que la campagne a été polluée par les affaires de certains d'entre vous. Pardon, pas moi. Je tiens à le préciser. Ici, il n'y a que deux personnes qui sont concernées : monsieur Fillon et madame Le Pen. Les trois autres, nous n'avons rien à voir avec tout ça. Alors s'il vous plaît, ne me mettez pas dans le même sac".

Source : www.leparisien.fr

 

Source :

"C'est Mozart qu'on assassine" ou "C'est Mozart que l'on assassine".

J'aime beaucoup cette formule, devenue proverbiale, qui s'utilise pour dire qu'on ne laisse pas à une personne la chance d’atteindre son plein potentiel.

Cette formule nous vient du titre du roman français éponyme, écrit en 1966 par l'écrivain français Gilbert Cesbron.

Vendu à plus d'un million d'exemplaires, ce livre évoque un enfant de sept ans, bouleversé par le divorce de ses parents.

Couverture du roman "C'est Mozart qu'on assassine", de Gilbert Cesbron (1966)

Et son titre fait référence à une expression tirée du recueil d'essais autobiographiques "Terre des hommes", publié en 1939 par Antoine de Saint-Exupéry : "Ce qui me tourmente, ce ne sont ni ces creux, ni ces bosses, ni cette laideur. C'est un peu, dans chacun de ces hommes, Mozart assassiné".

Couverture du recueil d'essais autobiographiques "Terre des hommes", d'Antoine de Saint-Exupéry (1939)

Source : wikipedia.org

 

Source : wikipedia.org

"Lui, c'est lui et moi, c'est moi".

L'homme politique français, Premier ministre, en septembre 1984

Les plus jeunes l'ignorent souvent, cette phrase, entrée dans le langage courant est à l'origine une réplique de l'homme politique français Laurent Fabius, datant du 5 septembre 1984.

Ce jour là, en effet, dans l'émission "L'heure de vérité", diffusée en direct sur la chaîne de télévision publique française Antenne 2, le journaliste français Alain Duhamel demande à Laurent Fabius, devenu 50 jours plus tôt, le 17 juillet 1984, le second Premier ministre du président François Mitterrand, s'il peut être un chef de gouvernement autonome alors qu'il devient le premier collaborateur de celui dont pour lequel il a toujours travaillé.

Laurent Fabius lui rétorque alors : "Je vais vous faire une révélation : lui c'est lui et moi c'est moi".

Pour voir la vidéo sur le site de L'INA : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i12048499/laurent-fabius-lui-c-est-lui-et-moi-c-est-moi

Source : www.ina.fr

"C'est Mozart assassiné".

J'aime beaucoup cette locution nominale, qui fait référence au musicien Wolfgang Amadeus Mozart, un des plus grands génies de la musique.

Elle désigne : une personne qui n’a pas eu la chance d’atteindre son plein potentiel.

On dit par exemple : "Quel dommage d'avoir coupé les crédits de recherche de ce jeune physicien plein d'avenir : c'est Mozart assassiné".

C'est Antoine de Saint-Exupéry, qui la formule le premier, dès 1939, dans son livre "Terre des hommes" : "Ce qui me tourmente, ce ne sont ni ces creux, ni ces bosses, ni cette laideur. C'est un peu, dans chacun de ces hommes, Mozart assassiné".

Couverture du recueil d'essais autobiographiques "Terre des hommes", d'Antoine de Saint-Exupéry (1939)

Et c'est l'écrivain français René Fallet, qui la reprend en 1963, avec son roman "Mozart assassiné".

Couverture du roman "Mozart assassiné", de René Fallet (1963)

Puis l'écrivain français Gilbert Cesbron, en 1966, sous la forme "C'est Mozart qu'on assassine".

Couverture du roman "C'est Mozart qu'on assassine", de Gilbert Cesbron (1966)

Sources : wiktionary.org

"Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge."

On ne connait pas avec certitude l'auteur de cette superbe formule.

Bien que souvent attribuée au génial Voltaire, elle serait en réalité beaucoup plus ancienne.

Dans son "Encyclopédie des citations" de 1959, le linguiste français Paul Dupré la fait en effet remonter à l'Anthologie Palatine, un recueil de poèmes allant de la période classique à la période byzantine de la littérature grecque, paru au XIIe siècle.

Et le doxographe et compilateur grec de l'Antiquité tardive (Ve ou VIe siècle) Jean Stobée (en latin Ioannes Stobaeus), dans son Anthologie, à Antigone II, un roi de Macédoine ayant vécu vers 225 av. J.-C.

Elle fait référence au fait que c'est souvent de son propre camp que viennent les critiques les plus acerbes et les coups les plus rudes. Et qu'il est généralement plus facile de parer les attaques de ses véritables ennemis, clairement identifiés, que les traîtrises et autres coups bas venus de son propre entourage.

Sources : www.lepoint.fr, www.babelio.com et wikipedia.org

"Il ne savait pas que c'était impossible, alors il l'a fait" ou "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait".

J'aime beaucoup cette célèbre formule, attribuée de façon apocryphe, selon les sources, à l'écrivain états-unien Mark Twain, au Premier ministre britannique Winston Churchill, voire au président états-unien John Fitzgerald Kennedy.

C'est en réalité à l'écrivain français Marcel Pagnol, que nous la devons, puisqu'on la retrouve à la page 145 du troisième tome de ses Oeuvres complètes (Cinématurgie de Paris - César - Merlusse), paru en 1967.

Elle affirme en effet qu'il ne faut pas se laisser impressionner par nos peurs mais agir, puisque tout est possible tant que l’on ne sait pas que c’est impossible.

Même de continuer à courir dans le vide au-delà du bord d'une falaise,emporté par son élan, en suspens dans le vide, tant que l'on n'a pas pris conscience de l'absence de sol sous nos pieds !

Bip Bip et Vil Coyote, créés en 1949 par Chuck Jones pour la série de dessins animés "Looney Tunes" du studio états-unien Warner Bros
Bip Bip et Vil Coyote, créés en 1949 par Chuck Jones pour la série de dessins animés "Looney Tunes" du studio états-unien Warner Bros

www.dicocitations.com

"Qui m'aime me suive !".

Le roi Philippe VI de Valois

On ignore souvent - me semble-t-il - l'origine de cette jolie expression.

Il s'agit d'une citation du roi de France Philippe VI de Valois, datant du 23 août 1328.

Roi de France de 1328 à 1350 sous le nom de Philippe VI, Philippe de Valois est né en 1293 et mort le 22 août 1350. Il était issu de la branche cadette de la maison capétienne, dite "maison de Valois", car fondée par son père Charles de Valois, frère cadet de Philippe IV le Bel.

Philippe VI a restauré l'autorité royale en Flandre en y écrasant la rébellion lors de la bataille de Cassel (59), le 23 août 1328, au cours de laquelle furent tués et massacrés 16 000 artisans et paysans révoltés contre le comte de Flandre.

Localisation de la ville de Cassel (59)

Et c'est à ses troupes hésitantes qu'il menait au combat qu'il lança cette formule devenue célèbre : "Qui m'aime me suive !"

Sources : www.lefigaro.fr et wikipedia.org

"Dieu a fait des hommes grands et d'autres petits, je les ai rendus égaux".

L'inventeur et industriel états-unien Samuel Colt

J'adore cette célèbre devise, passée à la postérité, du légendaire inventeur et diffuseur états-unien du revolver Samuel Colt, né le 19 juillet 1814 et mort le 10 janvier 1862.

Revolver Colt 1860 Army
Revolver Colt 1860 Army

Source : wikipedia.org

"Parce que c'était lui, parce que c'était moi".

J'aime beaucoup cette jolie formule de Michel de Montaigne, célébrant dans ses célèbres Essais, l'amitié fulgurante et passionnelle, promise à une longue postérité, qui l'unit à Étienne de la Boétie.

L'écrivain français Michel de Montaigne
L'écrivain français Michel de Montaigne

"Si on me presse de dire pour quoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu’en répondant : parce que c’était lui, parce que c’était moi".

Ces deux écrivains français ne se sont connus et fréquentés que durant les quatre dernières années de la vie de La Boétie, de 1558 à 1563, mais leur amitié passe pour l'une des plus solides et des plus profondes qui soient.

Et, quatre siècles et demi plus tard, on a toujours coutume de se référer à eux lorsqu’on veut définir le modèle des amitiés véritables.

Emporté prématurément par la maladie à l'âge de 33 ans, Étienne de La Boétie avait eu une vision prémonitoire de ce succès posthume, puisqu'il avait écrit à Montaigne, dans un long poème en latin : "Si le destin le veut, la postérité, sois-en sûr, portera nos deux noms sur la liste des amis célèbres".

L'écrivain français Étienne de la Boétie
L'écrivain français Étienne de la Boétie

"Parce que c'était lui ; parce que c'était moi" ... Peut-on mieux affirmer que par cette phrase l'indicible du choix d'objet amical ? Revendiquer plus clairement l'absolue singularité que Montaigne prêtait à cette relation, n'ayant besoin que d'elle-même et ne renvoyant qu'à elle-même ? Relation dont on ne peut exclure la dimension homosexuelle, et dont l'intensité fut à maints égards exceptionnelle.

Une amitié exceptionnelle

  • Par ses débuts d'abord, qui prennent littéralement l'allure d'un coup de foudre : "à notre première rencontre, qui fut par hasard en une grande fête et compagnie de ville, nous nous trouvâmes si pris, si connus, si obligés entre nous, que rien dès lors ne nous fut si proche que l'un à l'autre", écrit Montaigne.
  • Par sa totale exclusivité ensuite : "les amitiés communes, on les peut départir, on peut aimer en celui-ci la beauté, en cet autre la facilité de ses moeurs (...) ; mais cette amitié qui possède l'âme et la régente en toute souveraineté, il est impossible qu'elle soit double".
  • Par ses conséquences, enfin, puisque les Essais, dont l'entreprise comblait tant bien que mal l'absence de l'ami, n'auraient peut-être pas été si La Boétie n'avait brutalement disparu.

"Loin que l'amitié de La Boétie ait été un accident de sa vie, il faudrait dire que Montaigne et l'auteur des Essais sont nés de cette amitié et qu'en somme, pour lui, exister, c'est exister sous le regard de son ami", souligneait Maurice Merleau-Ponty, en 1960 ("Signes").

Si idyllique fût-elle, cette relation dans laquelle les âmes "ne retrouvent plus la couture qui les a jointes" ne se déroula pas, cependant, sans révéler quelques fils de discorde.

Une amitié idéalisée

D'après les érudits de Montaigne, il semble que celui-ci refusa à La Boétie, qui en fut très affecté, de publier son Discours de la servitude volontaire, oeuvre de jeunesse qui circulait alors sous le manteau. Le livre ne sortit qu'en 1574, à l'instigation de partisans calvinistes, dans une édition pirate et anonyme, avant d'être republié en 1576 avec le nom de l'auteur et sous son titre d'origine.

Comme quoi la plus forte amitié, hors la lumière zénithale de l'idéalisation, comporte elle aussi ses zones d'ombre.

Sources : www.franceculture.fr et www/lemonde.fr Catherine Vincent

"De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace !".

On connaît souvent cette phrase, sans savoir, le plus souvent, me semble-t-il, qu'il s'agit d'une citation de l'homme politique français Georges Jacques Danton, l'une des figures majeures de la Révolution française, né le 26 octobre 1759 et mort guillotiné le 5 avril 1794.

Incarnant la "Patrie en danger" dans les heures tragiques de l’invasion d’août 1792 par les troupes autrichiennes, il s'efforce de fédérer contre l'ennemi toutes les énergies de la nation et d'user de tous les expédients, n'hésitant pas, par pragmatisme, à entamer des négociations secrètes avec les monarques coalisés pour obtenir une paix rapide.

C'est ainsi qu'il déclare, le 2 septembre 1792, à l'Assemblée : "Le tocsin qu'on va sonner n'est point un signal d'alarme, c'est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace, et la France sera sauvée !"/

Sources : wikipedia.org et www2.assemblee-nationale.fr

"Le client est roi", "Le client a toujours raison" ou "Le client n'a jamais tort".

Ces différentes locutions verbales en forme de devises et de slogans sont utilisées dans le domaine commercial pour signifier que la satifaction du consommateur doit être l'une des premières priorités.

  • "Le client a toujours raison" semble nous venir de l'anglais "The customer is always right".

Elle a en effet été popularisée dans le commerce de détail, à la fin du XIXe siècle, par des personnalités telles que Harry Gordon Selfridge, John Wanamaker et Marshall Field. Ces pionniers du commerce de détail priorisaient notamment la satisfaction du consommateur en traitant avec le plus grand sérieux les doléances de leurs clients qui ne devaient en aucun cas se sentir floués.

  • et "Le client n'a jamais tort" est une variante de cette maxime attribuée à l'hôtelier César Ritz.

Sources : fr.quora.com et wikipedia.org