"Se payer de mots".

Cette locution verbale relève du langage courant.

Et elle signifie : se contenter de mots creux, de vaines paroles qui n'engagent à rien ; manipuler des termes et des concepts que l’on ne comprend pas ; se bercer d’illusions avec des discours vides ; se contenter de promesses, de paroles vagues, sans aborder le vrai problème.

On dit par exemple : "Le gouvernement se paye de mots".

Sources : wiktionary.org, www.languefrancaise.net, www.larousse.fr www.laculturegenerale.com

"De fortune".

Cette charmante locution adjectivale signifie :

  • improvisé, généralement suite à un imprévu, un désagrément et provisoire, fait à la va-vite afin de parer au plus pressé.

On parle par exemple d'une "Installation de fortune" ou d'une "Réparation de fortune".

  • bricolé avec le peu de moyens à disposition.

Il s'agit d'une formule couramment employée dans le domaine maritime, en cas de tempête, d'accident ou de danger.

On parle ainsi de "Fanal de fortune", "Gouvernail de fortune", ""Gréement de fortune", "Mât de fortune" ou "Voile de fortune".

Une voile de fortune (bricolée)

 

Mais on parle également de :

  • "Fortune" ou "Voile de fortune" pour désigner : une voile carrée qui se grée sur la vergue de misaine des goélettes ou sur la grand-vergue des cotres ou autres bâtiments à voiles auriques (carrées),

Une voile de fortune (carrée) (© Larousse)

  • de "Gentilhomme de fortune", à propos d'un membre de la noblesse devenu aventurier, pirate,
Corto Maltese, le célèbre gentihomme de fortune créé en 1968 par le génial Hugo Pratt
Corto Maltese, le célèbre gentihomme de fortune créé en 1968 par le génial Hugo Pratt
  • et de "Soldat de fortune" pour qualifier :
    • autrefois : un officier qui vendait ses services (registre désuet) .
    • ou de nos jours : un homme de guerre qui, par sa valeur, s’est élevé des derniers rangs aux plus hauts grades.

Sources : www.linternaute.fr, www.larousse.fr et wiktionary.org

"Être un grippe-sou" ou "Être près de ses sous".

Ces deux locutions verbales relèvent du registre familier et du registre désuet.

Et elles signifient : être avare.

On dit par exemple : "Mon grand-oncle était un grippe-sou, qui usait ses vêtements jusqu'à la corde avant de daigner en racheter de nouveaux".

Ou : "Mon frère est près de ses sous et rechigne à acheter quelque chose en dehors des soldes ou des promotions".

Pour ceux que cela intéresse, je me permets de vous recommander la lecture de l'article que j'ai consacré à toutes les façons de dire "être avare" en français.

"Rendre la monnaie de sa pièce" à quelqu'un.

Rendre la monnaie de sa pièce

Cette locution verbale relève du registre familier.

Et elle signifie, au sens figuré : faire subir à quelqu’un la même chose qu’il nous a fait subir ; régler ses comptes, se venger, user de représailles.

On dit par exemple : "Je vais lui rendre la monnaie de sa pièce à cet escroc : je dirais à tout le monde qu'il revend des produits volés".

On dit également : "Rendre la pareille".

Sources : www.expressio.fr et wiktionary.org

"Prendre pour argent comptant".

Cette locution verbale relève du langage courant.

Et elle signifie, au sens figuré : croire naïvement ce qui est dit sans se poser de questions ; accepter, prendre pour acquis des dires ou des informations sans esprit critique ; croire sur parole, être crédule.

On dit par exemple : "Ma mère a pris pour argent comptant mon histoire de vol de vélo : elle m'a donné de quoi en acheter un autre".

Cette expression est une évolution d'une autre expression datant du XVIe siècle, qui était "Prendre pour argent conté" ; l'adjectif "conté" étant ici à prendre dans le sens de "compté".

L’argent "comptant" était ainsi l’argent versé et compté sur le champ, donc vérifié. Et donc, par métaphore : une chose pouvant être crue sur parole, sans se poser de questions.

Sources : www.linternaute.fr, wiktionary.org, www.expressions-francaises.fr et www.expressio.fr

"Ne pas valoir un kopeck", "Ça ne vaut pas un kopeck", "N'avoir pas un kopeck" ou "Ne pas obtenir un kopeck".

"Revers" (côté "pile") d'une pièce russe de un kopeck, de 2005

Le substantif masculin "Kopeck" est un mot russe correspondant à la plus petite unité monétaire russe en circulation qui est le centième de rouble, une monnaie d'argent créée en Russie au XVe siècle et progressivement dévaluée, frappée en cuivre après 1704, et en acier recouvert de cupronickel de nos jours.

Il s'agit d'une monnaie de très faible valeur, correspondant à 0,00011 d'Euros au cours du 26 juin 2021. Inutile par conséquent de vous réjouir si, d'aventure, vous en trouvez même un plein sac, car il vous en faudra pas moins de 8 624 pour obtenir un seul Euro !

Des dizaines de pièces de russes de un kopeck

Cette monnaie est si dérisoire que même les pauvres ménagères russes ne se baissaient pas pour les ramasser durant les périodes de crises. Et la Banque centrale russe envisage d'ailleurs depuis 2010 de le supprimer, car il coûte pas moins de 47 kopecks à produire !

"Avers" (côté "face") d'une pièce russe de un kopeck, de 2005
"Avers" (côté "face") d'une pièce russe de un kopeck, de 2005, dont le "revers" (côté "pile") figure plus haut

Ce mot est utilisé en français, au singulier, dans le registre populaire et dans le registre désuet, depuis les années 1820, comme synonyme du mot "Sou" et signifie donc : une somme minime, voire nulle.

Ainsi, les expressions suivantes signifient respectivement, dans le registre populaire et au sens figuré :

  • "Ne pas valoir un kopeck" : ne pas valoir un sou (registre familier), ne pas valoir un clou (registre familier), ne rien valoir du tout ou n'avoir qu'une valeur dérisoire, ne presque rien valoir.

On dit par exemple : "Tu es certain qu'il faut jeter tous ces vieux meubles ?" "Oui, ça ne vaut pas un kopeck".

  • "N'avoir pas un kopeck" : être financièrement démuni, complètement désargenté, très pauvre.

On dit par exemple : "Je ne risque pas de pouvoir m'acheter une voiture, partir en vacances ou même me soigner les dents : je n'ai pas un kopeck".

  • et "Ne pas obtenir un kopeck" : ne pas obtenir un sou, ne pas obtenir un cent ; ne pas parvenir à toucher le moindre argent.

On dit par exemple : "Si tu veux mon avis, tu peux toujours porter plainte, je pense que tu n'obtiendras pas un kopeck de leur part".

Sources : wiktionary.org, blog.delcampe.net, www.out-the-box.fr et www.larousse.fr

"Des mille et des cents".

Cette locution adverbiale en forme d'idiotisme numérique appartient au registre familier.

Et elle signifie, selon le contexte, au sens figuré :

  • beaucoup d'argent.

On dit par exemple : "Certains vieux disques peuvent valoir des mille et des cents".

  • ou : un grand nombre, une grande quantité.

On dit par exemple : "Des DVD j'en possède des mille et des cents : 40 mètres de rayonnage !".

Sources : wiktionary.org et dictionnaire.reverso.net

 

 

 

 

Source : wiktionary.org

"Trois francs six sous" ou "Trois fois rien".

J'aaile beaucoup ces deux expressions du registre familier et du registre désuet signifiant : une somme dérisoire, très peu d'argent, presque rien.

On dit par exemple : "J'adore cette friperie : j'y trouve souvent de chouettes fringues pour trois francs six sous".

Ou : "Ne t'inquiète pas pour ce vase brisé : il valait trois francs six sous".

Et : "J'ai eu ce blouson pour trois fois rien".

"Impayable" ou "Être impayable".

Cet adjectif signifie :

  • au sens propre : qui ne peut se payer,

On dit par exemple : "Mon frère a pris un appartement immense avec un loyer impayable".

  • et au sens figuré, dans le registre familier : qui étonne par son côté extraordinaire ou très comique, ridicule.

On dit par exemple : "J'adore cet humoriste : il est impayable".

Ou : "Tu aurais vu comment était habillé le nouveau : sa tenue était impayable".

Sources : wiktionary.org et www.larousse.fr

"Ne pas avoir pour deux sous de jugeote";

J'aime beaucoup cette expression du registre familier qui signifie : manquer sérieusement de bon sens, de discernement.

Voire ne pas être très intelligent.

On dit par exemple : "Je ne risque pas de prêter de l'argent à mon cousin pour son projet : il n'a pas pour deux sous de jugeote".

Source : www.expressio.fr

"Être monnaie courante" et "Ne pas être monnaie courante".

La "Monnaie courante" est une locution nominale du langage courant datant du XIIIe siècle.

Et qui désigne, au sens propre : la monnaie fiduciaire en cours, c'est à dire les pièces (et plus tard les billets de banque) que l'on utilise au quotidien dans un pays ou un territoire.

  • La locution verbale du langage courant "Être monnaie courante" signifie pour sa part, au sens figuré : être une chose habituelle, commune, qui se fait régulièrement ; une pratique courante.

On dit par exemple : "Avant 2017 et l'interdiction du cumul d'un mandat de parlementaire et d'un mandat exécutif local pour les députés et les sénateurs, être député ou sénateur et maire était monnaie courante".

  • Et sa forme négative "Ne pas être monnaie courante" : être une chose inhabituelle, peu commune, qui se fait pas ordinairement ; une pratique peu courante.

On dit par exemple : "Jusqu'en 2017, les femmes n'étaient pas monnaie courante au sein des conseils d'administration des grandes sociétés françaises.

Sources : www.expressio.fr, www.linternaute.fr

"Des espèces sonnantes et trébuchantes".

  • Cette jolie expression du registre désuet a d'abord désigné :
    • au sens propre : de l'argent sous forme de pièces de monnaie authentiques (et non de pièces contrefaites, de fausse monnaie),
    • puis, au sens figuré, et par extension, de façon plaisante : de la monnaie fiduciaire ou "argent liquide" (pièces de monnaie ou billets de banque), par opposition à la monnaie scripturale (chèques, cartes bancaires, virements).
  • L'adjectif "sonnantes" fait référence au son clair que les pièces d'or et d'argent font quand elles s'entrechoquent et "sonnent" juste.

Pensez à Don Salluste (Guy de Funès) et à son valet Blaze (Yves Montand) dans "La folie des grandeurs", le film franco-hispano-italo-allemand réalisé en 1971 par Gérard Oury, adapté de la pièce de Victor Hugo "Ruy Blas" (1838).

Affiche du film français "La folie des grandeurs" de Gérard Oury (1971)

Et à la célébrissime scène où Don Salluste détecte à l'oreille, qu'il manque une pièce parmi les centaines que fait "sonner" son valet Blaze, au matin, afin de le réveiller : "C'est l'or, il est l'or, l'or de se réveiller, monseignor, il est huit or !".

  • Et l'adjectif "trébuchantes" fait référence à l'une des acceptions du mot "trébuchet", désignant une petite balance à plateaux permettant autrefois de peser les pièces avec précision, afin de s'assurer qu'elles pesaient bien le poids de métal précieux prévu.

Une pièce "trébuchante" avait passé l'épreuve du trébuchet, qu'elle avait emporté par sa pesanteur et correctement fait pencher.

J'ai cependant toujours été étonné pour ma part par cette expression, dans la mesure où le véritable nom de ce type de trébuchet utilisé en numismatique est le "Biquet" !

Souvenir personnel

Assez curieusement, cette expression est en partie à l'origine de ce blogue J'aime les mots !

Elle m'avait en effet énormément intrigué étant enfant, à l'été 1967... Alors que je faisais des courses avec mon grand-père, à Payrac (46), l'épicière avait réclamé devant nous, à un client agriculteur, des "espèces sonnantes et trébuchantes", ce qui m'avait laissé pantois. Évidemment, j'avais alors pensé au premier sens du verbe "trébucher" signifiant tomber... et ne connaissais même pas cette acception du mot "espèces" signifiant "monnaie fiduciaire" ou "argent liquide" !

Et comme ce monsieur élevait toutes sortes d'animaux domestiques, j'avais été interloqué par cette étrange formule d'"ESPÈCES... SONNANTES et TRÉBUCHANTES" ; m'interrogeant sur les "espèces" ANIMALES susceptibles à la fois de TOMBER (j'excluais les oiseaux de la basse-cour et ses pigeons, mais pensais à ses vaches et cochons...)... et de SONNER !

Je songeais bien au "coucou" des pendules, mais je n'imaginais guère l'oiseau "coucou"... "trébucher" !

Bref : un incroyable mystère, dont j'ai naturellement demandé l'explication à mon grand-père dès la sortie du magasin, ce qui l'avait bien fait rire. Celui-ci m'avait alors expliqué le sens moderne de cette superbe expression. Et, parce qu'il ne connaissait pas lui-même la signification exacte de l'adjectif "trébuchantes", il m'avait montré, sitôt rentré à la maison, comment on pouvait la chercher - et surtout la trouver ! - dans cet incroyable livre qu'était LE DICTIONNAIRE ; faisant ainsi mon bonheur et initiant ma passion pour cet ouvrage, qui m'ouvrait la porte sur le monde merveilleux et sans fin des mots !

Inutile de vous préciser que celle-ci ne m'a plus jamais quitté depuis plus lors !

Sources : www.linternaute.fr et www.expressio.fr