La "Monnaie courante" est une locution nominale du langage courant datant du XIIIe siècle et désignant, au sens propre : la monnaie fiduciaire en cours, c'est à dire les pièces (et plus tard les billets de banque) que l'on utilise au quotidien dans un pays ou un territoire.
La locution verbale du langage courant "Être monnaie courante" signifie pour sa part, au sens figuré : être une chose habituelle, commune, qui se fait régulièrement ; une pratique courante.
On dit par exemple : "Avant 2017 et l'interdiction du cumul d'un mandat de parlementaire et d'un mandat exécutif local pour les députés et les sénateurs, être député ou sénateur et maire était monnaie courante".
Et sa forme négative "Ne pas être monnaie courante" : être une chose inhabituelle, peu commune, qui se fait régulièrement ; une pratique peu courante.
On dit par exemple : "Jusqu'en 2017, les femmes n'étaient pas monnaie courante au sein des conseils d'administration des grandes sociétés françaises.
Cette jolie expression du registre désuet a d'abord désigné :
au sens propre : de l'argent sous forme de pièces de monnaie authentiques (et non de pièces contrefaites, de fausse monnaie),
puis, au sens figuré, et par extension, de façon plaisante : de la monnaie fiduciaire ou "argent liquide" (pièces de monnaie ou billets de banque), par opposition à la monnaie scripturale (chèques, cartes bancaires, virements).
L'adjectif "sonnantes" fait référence au son clair que les pièces d'or et d'argent font quand elles s'entrechoquent et "sonnent" juste.
Pensez à Don Salluste (Guy de Funès) et à son valet Blaze (Yves Montand) dans "La folie des grandeurs", le film franco-hispano-italo-allemand réalisé en 1971 par Gérard Oury, adapté de la pièce de Victor Hugo "Ruy Blas" (1838).
Et à la célébrissime scène où Don Salluste détecte à l'oreille, qu'il manque une pièce parmi les centaines que fait "sonner" son valet Blaze, au matin, afin de le réveiller : "C'est l'or, il est l'or, l'or de se réveiller, monseignor, il est huit or !".
Et l'adjectif "trébuchantes" fait référence à l'une des acceptions du mot "trébuchet", désignant une petite balance à plateaux permettant autrefois de peser les pièces avec précision, afin de s'assurer qu'elles pesaient bien le poids de métal précieux prévu.
Une pièce "trébuchante" avait passé l'épreuve du trébuchet, qu'elle avait emporté par sa pesanteur et correctement fait pencher.
J'ai cependant toujours été étonné pour ma part par cette expression, dans la mesure où le véritable nom de ce type de trébuchet utilisé en numismatique est le "Biquet" !
Souvenir personnel
Assez curieusement, cette expression est en partie à l'origine de ce blogue J'aime les mots !
Elle m'avait en effet énormément intrigué étant enfant, à l'été 1968... Alors que je faisais des courses avec mon grand-père, à Payrac (46), l'épicière avait réclamé devant nous, à un client agriculteur, des "espèces sonnantes et trébuchantes", ce qui m'avait laissé pantois. Évidemment, j'avais alors pensé au premier sens du verbe "trébucher" signifiant tomber... et ne connaissais même pas cette acception du mot "espèces" signifiant "monnaie fiduciaire" ou "argent liquide" !
Et comme ce monsieur élevait toutes sortes d'animaux domestiques, j'avais été interloqué par cette étrange formule d'"ESPÈCES... SONNANTES et TRÉBUCHANTES" ; m'interrogeant sur les "espèces" ANIMALES susceptibles à la fois de TOMBER (j'excluais les oiseaux de la basse-cour et ses pigeons, mais pensais à ses vaches et cochons...)... et de SONNER !
Je songeais bien au "coucou" des pendules, mais je n'imaginais guère l'oiseau "coucou"... "trébucher" !
Bref : un incroyable mystère, dont j'ai naturellement demandé l'explication à mon grand-père dès la sortie du magasin, ce qui l'avait bien fait rire. Celui-ci m'avait alors expliqué le sens moderne de cette superbe expression. Et, parce qu'il ne connaissait pas lui-même la signification exacte de l'adjectif "trébuchantes", il m'avait montré, sitôt rentré à la maison, comment on pouvait la chercher ET SURTOUT LA TROUVER dans cet incroyable livre qu'était LE DICTIONNAIRE ; faisant ainsi mon bonheur et initiant ma passion pour cet ouvrage, qui ouvrait la porte sur le monde merveilleux et sans fin des mots !
Inutile de vous préciser que celle-ci ne m'a plus quitté depuis plus de cinquante ans !
Cette expression très ancienne qui fait directement référence à une citation attribuée à l'empereur romain Vespasien, signifie que :
l'argent reçu d'une activité, aussi peu noble soit elle, n'en est pas moins de l'argent ; que rien ne distingue de celui provenant d'activités parfaitement licites.
et que, par extension, pour une personne peu scrupuleuse, tout argent est bon à prendre, quelle que soit sa provenance ou les moyens employés pour l'obtenir.
On dit par exemple : "Qui se souvient que de riches hommes d'affaires comme Xavier Niel (le fondateur de Free) ou Claude Perdriel ont partiellement bâti leur fortune sur le Minitel rose ? L'argent n'a pas d'odeur".
J'aime beaucoup cette expression en forme d'idiotisme corporel qui caractérise les personnes soucieuses de conserver les programmes sociaux, tout en payant le moins d'impôts possible.
Se considérant ou se présentant comme altruistes, elles disent "avoir le coeur à gauche".
Mais ont considère qu'elles ont "le portefeuille à droite" car leur désir d'aider les plus défavorisés s'estompe sensiblementdès lors qu'il leur est demandé de contribuer financiairement à cette action, notamment en payant davantage d'impôt.
Cette expression très ancienne signifie : avoir un différend avec quelqu'un, avoir des difficultés avec quelque chose.
On dit par exemple : "Avoir maille à partir avec la police".
Il ne s'agit en aucune façon d'un idiotisme textile, car la "Maille", dont il est ici question, était au Moyen Âge une monnaie de bronze de faible valeur ; la plus petite du système divisionnaire de l’époque.
Quant au verbe "Partir", il signifiait alors "Partager".
"Avoir maille à partir" avec autrui, signifiait donc, originellement, éprouver des difficultés à partager quelque chose.
Ces deux expressions font référence à un jeu de hasard se jouant avec une pièce de monnaie, consistant à la lancer en l'air en pariant sur le côté qui demeurera visible après la chute.
Soit la pièce tombe au sol après avoir tournoyé en l'air et s'y stabilise, soit elle est rattrapée d'une main et posée à plat dans l'autre main.
"Face" désigne le côté de la pièce autrefois décoré du visage d'un souverain, et aujourd'hui d'un dessin quelconque (à droite sur la photo ci-dessous).
Et "Pile", le côté jadis illustré d'un "Pilum", ce lourd javelot utilisé par les légions romaines ! Et sur lequel figure de nos jours la valeur de la pièce (à gauche sur la photo ci-dessus).
Mais les numismates, pour leur part, ne parlent que d'"Avers" ("Face") et de "Revers" ("Pile").
Source : Almanach Hachette. Petite encyclopédie populaire. 1906
Comme souvent, de nombreuses possibilités, relevant des différents registre de langue, s'offrent à vous pour évoqué cette pénible situation.
Depuis "Être raide", "Ne pas avoir un flèche", "Ne pas avoir un radis", "Ne pas avoir un rond", "Être sans un rond" ou "Ne pas avoir une thune" (registre argotique), jusqu'à "Être raide comme un passe-lacet" (registre populaire).
Mais aussi "Être (complètement) fauché" ou "Être fauché comme les blés" (registre familier).
Ou "Être à court d'argent", "Être pauvre comme Job", Être sans le sou", "Être sans un sou", "N'avoir pas le sou" ou "N'avoir pas un sou" (langage courant).
Ainsi que "Être ruiné", si vous aviez la chance de vivre dans l'opulence.
Certes "N'avoir pas un sou vaillant" ou "N'avoir pas un sou percé" (du latin "Per se" : "Pour soi") ne s'utilisent plus guère.
Cette expression de la fin du XVIIIe siècle signifie que les difficultés matérielles ou financières ne sont pas les plus graves et qu'une perte matérielle est toujours réparable.