On ne dit pas : "Possiblement" pour "Peut-être" ou "Vraisemblablement" !

Je n'en peux plus d'entendre à longueur de journée, dans la bouche de nos dirigeants politiques et économiques comme dans celle des communiquants et autres journalistes, l'adverbe "Possiblement" ainsi utilisé en lieu et place des traditionnels adverbes "Peut-être" et "Vraisemblablement" :

  • Emmanuel Macron "possiblement" contaminé lors d’un sommet européen,
  • de nouveaux variants du virus "possiblement" bien plus contagieux,
  • mais une solution "possiblement" en vue grâce aux vaccins.

Ce mot à la mode n'est certes pas un anglicisme, car il est bien français. Et cela depuis si longtemps, d'ailleurs, que l’Académie française le jugeait déjà "vieux" en… 1762.

Mais il ne signifie jamais que : de façon possible.

Et avant cette mode récente, naturellement apparue sous l'influence omniprésente de l'anglais, son emploi était très peu courant. À peine disait-on parfois, par exemple : "Ce film médiocre peine à nous faire esquisser le moindre sourire, en l'absence de toute situation ou du moindre dialogue possiblement drôle".

Massivement apparu dans les organes d'information au cours de l'année 2020, il constitue, à mon sens, un anglicisme détestable, en étant un calque de l'anglais "Possibly" signifiant "Peut-être".

Et relève de la novlangue, sa sonorité technocratique masquant l’incertitude qu’il exprime.

Les dirigeants politiques, comme les dirigeants économiques, pourraient bien évidemment dire "Peut-être" ou "Vraisemblablement" et s’exprimer au conditionnel.

Ils pourraient même, parfois, dire qu’il y a des choses qu’ils ignorent. Mais ne pas tout savoir leur semble être une faute impardonnable, à laquelle ils ne parviennent manifestement pas à se résigner.

Seul l'usage du terme "Possiblement" permet donc ce tour de force : reconnaître sa totale ignorance en feignant d'être totalement sûr de soi !

Source : timetosignoff.fr

"Un vin de France" et "Un vin de table de la Communauté Européenne" ou "Un mélange de vins de différents pays de la Communauté Européenne".

Un vin de table de la Communauté Européenne

Ces trois vocables administratifs qui fleurent bon la novlangue désignent des vins européens sans indication géographique.

  • "Vin de France" est la mention portée par les vins sans indication géographique produits en France sous le contrôle de FranceAgriMer. Leur nombre peut varier d'année en d'année en fonction des agréments accordés par FranceAgriMer aux opérateurs et des choix de ces derniers.

On parle de "Vin sans indication géographique" en dépit de la mention "France" comme pays de production, par opposition aux vins sous AOC et aux vins sous IGP.

  • et "Vin de table de la Communauté Européenne" ou "Mélange de vins de différents pays de la Communauté Européenne" sont les mentions portées par les vins provenant de divers pays de la la Communauté européenne.

Dans tous les cas, il s'agit clairement de produits premiers prix de piètre qualité, que l'on aurait autrefois simplement qualifié de "Bibine", "Picrate" ou "Vinasse" dans le registre argotique.

On ne dit pas : "I' doit être dans la capacité de" !

L'ancien athlète français devenu consultant sportif Bouabdellah Tahri dit Bob Tahri

Comme l'a déclaré, le 18 septembre 2020, l'ancien athlète et consultant sportif français Bob Tahri, dans l'émission vespérale d'Olivier Ménard "L'Équipe du soir", sur la chaîne de télévision française L'Équipe.

Mais : "IL doit être CAPABLE de" !

Et même, simplement : "IL doit POUVOIR" !

Parce qu'il accumule dans cette émission les fautes de grammaire, les anglicismes et ce genre de phrases insupportables, je lui décerne mon label de médiocrité "Fâchés avec le français".

On ne dit pas : "On a battu une équipe qui était en capacité à" !

L'entraîneur de football français Rudi Garcia

Comme l'a déclaré, le 17 août 2020, l'entraîneur de football français Rudi Garcia, à propos de la victoire 3 buts à 1 de son équipe, l'Olympique Lyonnais, en quart de finale de la Ligue des champions, face à l'équipe anglais de Manchester City.

Mais : "On a battu une équipe CAPABLE DE" !

Pour cette phrase lamentable qui combine novlangue et faute de grammaire élémentaire, je lui décerne mon label de médiocrité "Fâchés avec le français".

On ne dit pas : "Les lavallois se mettent en risque de 135 euros" !

Florian Bercault, maire DVG (DiVers Gauche) de Laval (53)

Comme l'a déclaré le maire DVG de Laval (53), Florian Bercault, le 20 juillet 2020, sur la chaîne de télévision française d'information en continu CNews.

Mais : "Les lavalois ENCOURENT UNE AMENDE de 135 euros" !

Comment un diplômé de l'IEP Paris ("Sciences Po") et HEC Paris peut-il s'exprimer aussi pitoyablement, sinon parce qu'il a été biberonné à la novlangue et que ce jeune élu "des territoires", récemment "arrivé en responsabilité" n'est plus "en capacité" de dire les choses telles qu'elles sont et de parler clairement, normalement.

Comme en aurait certainement été capable un jeune élu de province, récemment arrivé au pouvoir, il y a à peine 20 ans.

"L'odontologie", "La médecine bucco-dentaire", "La médecine dentaire", "La chirurgie dentaire", "L'art dentaire" et "La dentisterie".

Ces six dénominations synonymes (désolé, il n'y en a pas davantage !) désignent toutes la même chose :

  • une spécialité médico-chirurgicale,
  • exercée par des praticiens, nommés "odontologistes", "odontologues", "médecins bucco-dentaires", "chirurgiens-dentistes", "médecins-dentistes" ou - par ellipse - "dentistes",
  • couvrant l'étude de l'organe dentaire (émail, dentine, pulpe dentaire), des maxillaires (os maxillaire, os mandibulaire) et des tissus attenants,
  • ainsi que la prévention, le diagnostic et le traitement des pathologies de l'ensemble des structures anatomiques oro-faciales.

Novlangue oblige, "La médecine bucco-dentaire" - appellation la plus récente -  remplace officiellement, depuis le 15 décembre 2010, celle de "L'art dentaire".

Source : wikipedia.org

"Une personne d'origine subsaharienne".

Vous vous interrogez à propos de cette étrange locution nominale ?

Allons, allons, voyons !

Merveille de la novlangue, cette formule absconse, que je commence à entendre, désigne tout simplement... un habitant des régions situées au Sud du Sahara.

Autrement dit : celui que le vil raciste négrophobe que vous êtes peut-être se permet encore d'appeler... un africain de couleur noire ou - par ellipse péjorative - un noir !

Les dérives de la novlangue : mais que va-t-on donc pouvoir - ou devoir - dire la prochaine fois pour désigner les personnes de couleur noire et celles originaires d'Afrique du Nord ?

On a en effet successivement utilisé les termes ou formules suivants (*) :

Deux formules du langae courant, à mon sens purement factuelles et sans aucune connotation raciste ou négative. 

Puisque l'on disait de la même façon : "Les blancs" pour désigner il est vrai les personnes de couleur plutôt "crème" ou "rose"... et "les Sud-Américains" pour désigner les les personnes originaires d'Amérique du Sud.

  • On a ensuite parlé des "maghrébins",
  • puis des "personnes d'origine africaine".

Pourtant celle-ci peut parfois être des plus lointaines... : les ascendants de l'un de mes amis noir sont tout de même parisiens depuis... 1810 ! Soit un demi-siècle avant que les Niçois et les Savoyards ne soient rattachés à la France, le 24 mars 1860 ! Or je n'ai jamais entendu quiconque dire de ces derniers qu'ils sont d'origine italienne.

  • Dans les années 1980, on s'est mis à parler anglais et verlan et on a dit : "Les blacks" (registre familier), "Les keblas", "Les renois" (registre argotique) et "Les beurs" (registre familier).
  • Avec l'apparition de la novlangue et du politiquement correct - que j'abhorre et que je conchie - est d'abord apparue la formule "Personnes de couleur"...

Comme si le périgourdin ou le normand n'étaient pas "de couleur" mais transparents !

  • puis la locution nominale "minorités visibles"...

Que je trouve personnellement nettement plus discriminante que l'adjectif qualificatif "noir".

  • et aujourd'hui la formule "personnes issues de la diversité"...

Alors, à l'instar de mon maître, le vénéré Coluche, je me pose la question : "Mais dites-moi... jusqu'où s'arrêteront-ils ?".

Et surtout : que va-t-on donc pouvoir - ou devoir - dire la prochaine fois ?

(*) : J'ai sciemment exclu de ma liste l'ensemble des termes à connotation expressément raciste, auxquels je consacrerai ultérieurement un autre article.

 

"Les aînés" ou "Nos aînés".

Ainsi notre classe politique et nos journalistes désignent-ils dorénavant... "les personnes âgées" ou "les vieux", après les avoir longtemps appelé "les seniors" ou "le troisième âge" puis également - avec l'accroissement de l'espérance de vie - "le quatrième âge".

Encore un exemple consternant de cette stupide autant qu'hypocrite novlangue dont on nous rebat les oreilles à longeur de journée.

Pourquoi dire : "Se voir en présentiel" ou pire encore "Se voir en mode présentiel" ?

Et pas tout simplement : "Se RENCONTRER" !

J'aurai même eu tendance à dire, encore plus directement, "Se VOIR"... mais on pourrait me rétorquer que l'on peut de nos jours se voir par écrans interposés, alors même que la locution adverbiale "En présentiel" suppose de se rencontrer.

"En présentiel".

Cette locution adverbiale signifie "En personne, face à face, sur place", par opposition à "à distance".

Par opposition à la formation à distance ou en alternance, la formation "en présentiel" est fondée, dans sa totalité, sur la rencontre entre le formateur et celui à qui il apprend : formé, apprenant, élève, étudiant, stagiaire ou auditeur.