"Par le fait", "Par le fait que" et "Par le fait même".

Ces trois locutions adverbiales signifient respectivement :

  • "Par le fait" : en réalité, en fait, de fait, effectivement ou véritablement.

Cette formule insiste sur le caractère réel d'une chose ou d'une situation.

On dit par exemple : "La pandémie est toujours là, par le fait".

Ou : "Je vais mieux, par le fait".

"Par le fait" devient parfois, pour certaines personnes - comme l'auteure de mes jours, qui en truffe ses conversations - un tic de langage.

  • "Par le fait que" : du fait que.

On dit par exemple : "Cela se traduit par le fait que notre niveau de langue ne cesse de se détériorer".

  • et "Par le fait même" : de ce fait, par conséquence ou par voie de conséquence.

On dit par exemple : "Ma chérie, après quinze ans de mariage, j'ai pu constater depuis deux ans que tu m'avais trouvé un remplaçant durant mes voyages d'affaires. Par le fait même, je me vois contraint de te signaler que je compte divorcer afin d'épouser ma jeune assistante, avec laquelle nous attendons des jumeaux pour la fin de l'année".

Sources : www.linternaute.fr, www.larousse.fr et www.cnrtl.fr

Pourquoi dire : "Grave !" ?

Comme les jeunes français ont commencé à le faire, à partir des années 2000, pour dire :

  • d'abord : "beaucoup", "sérieusement",

En disant par exemple : "Il me saoule grave" ou "Elle l'aime grave".

  • puis : "tout à fait" ou "absolument"...

En disant par exemple : "Elle est grave bien cette chanson" ou "Il est grave nul ce film".

Dérivée à l'origine de l'adjectif anglais "grave" ("sérieux", "sérieusement"), cette utilisation parfaitement impropre de l'adjectif français "grave" constitue un épouvantable anglicisme.

Mais elle est également devenue, depuis les années 2010, un véritable tic de langage ; de nombreux jeunes - mais souvent aussi des trentenaires, désormais - l'utilisant à présent de manière elliptique, sous forme d'interjection !

En vous répondant par exemple : "Grave !" à des questions aussi diverses que :

  • "Tu as aimé le gigot de tante Suzanne ?",
  • "Tu es fatigué ?",
  • "Tu l'aimes, ce Kevin ?",
  • ou "Tu n'as pas trouvé ennuyant le récit de papy Marcel ?".

Source : www.lefigaro.fr

"En fait".

Cette locution adverbiale signifie : réellement, vraiment ; contrairement aux apparences.

On dit ainsi :

  • "Il est en fait très costaud",
  • "C'est une ville en fait assez pauvre",
  • ou : "Ils sont en fait peu favorables au changement";

Mais il devient souvent un véritable tic de langage, servant essentiellement à ponctuer  des propos d'une assez grande indigence.

Source : www.lefigaro.fr

Pourquoi dire : "Être en mode vacances" ou "Passer en mode sieste" ?

Et pas, tout simplement : "Être en vacances" !

Une jeune femme en tenue estivale, sur des rochers, en bord de mer, "en mode vacances"

Et "ALLER FAIRE LA sieste" !

Un homme faisant la sieste sur une chaise longue dans son jardin

Cette formule, aussi "à la mode" soit-elle - puisque tout le monde est en effet désormais "en mode quelque chose" à longueur de temps ! - n'en est pas moins, à mon sens, parfaitement exaspérante et ridicule.

Excepté dans le domaine musical, où l'on peut en effet "Être en mode majeur" ou "Être en mode mineur", l'expression "Être en mode… " ou "Passer en mode…" n'a en effet jamais existé dans notre langue.

Et n'est bien sûr - comme souvent - qu'un stupide calque de l'anglais "To be in… mode" ou "To get into… mode".

"T'sais", "Tu sais" ou "Tu vois".

Ces différents tics de langage du registre familier ponctuent parfois de manière absolument insupportable les conversations de certaines personnes.

On peut par exemple entendre :

- "T'sais, hier soir j'ai r'gardé la série de TF1 sur les camionneurs américains, t'sais".

- Et ç'était bien ?

- Oh oui ! T'sais ; y a toujours de super camtars qui blindent à toute berzingue, t'sais. Avec des chromes partout, t'sais !".

L'humoriste français Nordine Ganso, dans sa saynète "Dépucelé à 24 ans", enregistrée lors du Montreux Comedy Festival 2021, prononce ainsi cinq fois la locution interjective "T'sais" en seulement quelques secondes !

"J'ai raison ou pas ?", "D'accord ou pas ?" ou "Vrai ou pas ?".

Je ne supporte plus ces formules horripilantes relevant du registre familier et signifiant "N'est-il pas vrai ?".

Confinant aux tics de langage, ces tournures exécrables sont malheureusement de plus en plus souvent utilisées, à l'envi, par certains humoristes.

  • Ainsi de l'humoriste français Patrick Bosso avec la formule "J'ai raison ou pas ?"...

L'humoriste français Patrick Bosso

  • ou de l'humoriste française Inès Reg, qui ne peut s'empêcher de réutiliser les formules "D'accord ou pas ?" ou "Vrai ou pas ?" toutes les dix phrases...

L'humoriste française Inès Reg

 

 

"Un tic de langage".

Un tic de langage, c'est une habitude de langage machinale ou inconsciente, parfois voulue et plus ou moins ridicule, que l’on a généralement contracté sans s’en apercevoir.

Beaucoup de gens usent et abusent ainsi de certains mots, locutions ou tournures - du type "En fait", "Génial !", "Grave !", "Par le fait", "Trop bien !", T'sais", "Tu vois", "Voilà", etc.

Ce phénomène est d'autant plus exaspérant qu'il s'accompagne parfois d'un phénomène de mode, comme pour "À la base" et "Pour le coup" ces derniers temps. Et qu'il peut alors devenir très contagieux, au point que l'on se surprenne à utiliser soi-même ces tics qui nous horripilent !

Souvenir personnel

D'autres fois, au contraire, l'usage excessif de certains de ces tics du langage peut finir par s'avérer amusant voire comique.

Je me souviens ainsi, près d'un demi-siècle plus tard, d'une incroyable soirée de rires complices passée avec mon père et mon grand-père, dans notre maison du Lot (46), au tout début des années 1970, à nous esclaffer de rire comme des collégiens à chaque intervention de l'un des participants d'un "Dossier de l'écran" consacré à l'Égypte ancienne et illustrée par le film de 1954 de Michael Curtiz "L'égyptien" avec la sublime Gene Tierney ! Le malheureux ponctuait en effet chacune de ses phrases d'au moins deux ou trois "N'est-ce pas", provoquant à chaque fois, à mesure que la soirée s'avançait, nos rires de plus en plus bruyants ; au point d'avoir fait revenir de leurs chambres ma mère et ma grand-mère !

Affiche du film "L'égyptien""

Vous trouverez dans jaimelesmots.com une collection d'articles consacrée aux tics de langage dont je vous recommmande naturellement la lecture.

Source : wiktionary.org

Ne dites pas : "C'est amusant", "C'est drôle", "C'est marrant" voire "C'est rigolo"... si cela ne l'est pas vraiment !

Mais plutôt : "C'est BIZARRE", "C'est CURIEUX" ou "C'est ÉTRANGE" !

Cela vous évitera de devoir vous excuser après avoir dit ce qui ressemble parfois à une grosse bêtise... pour rester poli.

Comme moi en effet, vous avez sans doute déjà entendu - voire prononcé vous-même - des phrases aussi saugrenues que :

  • "C'est amusant que tu me parles de cancer parce que je viens de lire un article à ce sujet",
  • "C'est drôle que tu souffres autant",
  • "C'est marrant que ton grand-père soit mort parce que justement je venais de penser à lui.",
  • voire "C'est rigolo qu'il y ait autant de morts dans un si petit pays." !!!

On ne dit pas "Avec plaisir" et encore moins "C'est mon plaisir" en réponse à un remerciement !

Mais : "De rien" (registre familier), "Il n’y a pas de quoi" ou "Cela m’a fait plaisir" (langage courant), voire - idéalement - "Je vous en prie" ou "Ce fut un plaisir" (registre soutenu).

  • "Avec plaisir" ne peut se dire - par ellipse - qu'après une proposition à laquelle on agrée, que l'on accueille de manière favorable.

Par exemple : "Veux-tu aller au cinéma" ? "Avec plaisir" (par ellipse de "Oui, j'irai avec plaisir")

Ou : "Vous pouvez venir également". "Avec plaisir" (par ellipse de "Oui, je viendrai avec plaisir")

Mais, tous tous les cas, la formule "Bien volontiers" - fonctionnant également par ellipse est bien davantage préférable !

  • Et "C'est mon plaisir" ne se dit jamais en français.

On dit seulement "J'ai plaisir à (X)" ou même "J'ai grand plaisir à (X)".

Je n'en peux vraiment plus d'entendre désormais ce "Avec plaisir" à longueur de journée.

J'ai par exemple récemment remercié une personne pour le travail bénévole qu'elle avait effectué au sein d'une association. Et ladite personne m'a répondu "Avec plaisir" !

"Carrément !".

"Carrément" est un adverbe du langage courant signifiant, selon le contexte, :

  • D'aplomb, solidement, hardiment ("Se poser carrément sur ses jambes"),
  • Avec aplomb, franchise ; catégoriquement ("Nier carrément"),
  • Complètement (registre familier) ("Il est carrément stupide ce mec !").

Son utilisation comme synonyme familier de "Complètement" est aujourd'hui devenu un véritable tic de langage chez de nombreux djeun's, qui l'utilisent à longueur de journée.

Cela m'insupporte... carrément, car pas un jour ne passe désormais sans que je surprenne dans les transports en commun des échanges entre adolescents ou jeunes adultes du type :

- "Tu as vu le nouveau clip de Schmurtz ? Je le trouve trop beau !".

- "Carrément !".

Source : www.larousse.fr