"Va, je ne te hais point !".

J'aime beaucoup cette très célèbre réplique, extraite de l'acte III scène 4 de la pièce de théâtre française "Le Cid", écrite en 1637 par Pierre Corneille.

Il s'agit d'une déclaration que fait Chimène à Don Rodrigue, afin de lui signifier qu'elle l'aime encore, envers et contre tout.

Pourtant, Don Rodrigue, le fiancé de Chimène vient de tuer Don Gomès, le père de celle-ci, dans un duel. La jeune fille devrait donc haïr Don Rodrigue. Mais elle sait qu'il s'est battu pour venger l'honneur de sa famille (son père à lui ayant reçu un soufflet de son père à elle), ce qu'elle apprécie. Et surtout... elle l'aime ! Confrontée à la difficulté de dire "Je t'aime" à l'assassin de son père, Chimène lui lance donc : "Va, je ne te hais point".

Cette façon d'atténuer des propos ("Je ne te hais pas") pour leur donner plus de force (dire "Je t'aime") est souvent présenté comme une litote.

Pourtant, si le "Je t'aime" est en effet sous-entendu, il ne s'agit nullement - me semble-t-il - du principal message contenu dans cette déclaration.

Et le sens de la phrase n'est pas vraiment "Mon Rodrigue, je suis folle amoureuse de toi, tu as drôlement bien fait de tuer papa, allons faire des cochonneries dans mon lit à baldaquin" !

Mais plutôt, je crois : "Je devrais te hair et vouloir ta tête, mais ce n'est pas le cas, je suis une vilaine fille"...

Enfin, disons, de façon plus respectable, pardonnez-moi : "Je ne te poursuis pas par haine, mais par devoir ; par obligation morale plus que sentimentale".

Texte intégral de l'acte III, scène 4 :

Don Rodrigue

Eh bien ! sans vous donner la peine de poursuivre,
Assurez-vous l’honneur de m’empêcher de vivre.

Chimène

Elvire, où sommes-nous, et qu’est-ce que je vois ?
Rodrigue en ma maison ! Rodrigue devant moi !

Don Rodrigue

N’épargnez point mon sang : goûtez sans résistance

La douceur de ma perte et de votre vengeance.

Chimène

Hélas !

Don Rodrigue

Écoute-moi.

Chimène

Je me meurs.

Don Rodrigue

Un moment.

Chimène

Va, laisse-moi mourir.

Don Rodrigue

Quatre mots seulement :

Après, ne me réponds qu’avecque cette épée.

Chimène

Quoi ! du sang de mon père encor toute trempée !

Don Rodrigue

Ma Chimène…

Chimène

Ôte-moi cet objet odieux,

Qui reproche ton crime et ta vie à mes yeux.

Don Rodrigue

Regarde-le plutôt pour exciter ta haine,
Pour croître ta colère, et pour hâter ma peine.

Chimène

Il est teint de mon sang.

Don Rodrigue

Plonge-le dans le mien,
Et fais-lui perdre ainsi la teinture du tien.

Chimène

Ah ! quelle cruauté, qui tout en un jour tue
Le père par le fer, la fille par la vue !
Ôte-moi cet objet, je ne puis le souffrir :
Tu veux que je t’écoute, et tu me fais mourir !

Don Rodrigue

Je fais ce que tu veux, mais sans quitter l’envie

De finir par tes mains ma déplorable vie ;
Car enfin n’attends pas de mon affection
Un lâche repentir d’une bonne action.
L’irréparable effet d’une chaleur trop prompte
Déshonorait mon père, et me couvrait de honte.
Tu sais comme un soufflet touche un homme de cœur ;
J’avais part à l’affront, j’en ai cherché l’auteur :
Je l’ai vu, j’ai vengé mon honneur et mon père ;
Je le ferais encor, si j’avais à le faire.
Ce n’est pas qu’en effet contre mon père et moi
Ma flamme assez longtemps n’ait combattu pour toi ;
Juge de son pouvoir : dans une telle offense
J’ai pu délibérer si j’en prendrais vengeance.
Réduit à te déplaire, ou souffrir un affront,
J’ai pensé qu’à son tour mon bras était trop prompt ;
Je me suis accusé de trop de violence ;
Et ta beauté sans doute emportait la balance,
À moins que d’opposer à tes plus forts appas
Qu’un homme sans honneur ne te méritait pas ;
Que malgré cette part que j’avais en ton âme,
Qui m’aima généreux me haïrait infâme ;

Qu’écouter ton amour, obéir à sa voix,
C’était m’en rendre indigne et diffamer ton choix.
Je te le dis encore ; et quoique j’en soupire,
Jusqu’au dernier soupir je veux bien le redire :
Je t’ai fait une offense, et j’ai dû m’y porter
Pour effacer ma honte, et pour te mériter ;
Mais quitte envers l’honneur, et quitte envers mon père,
C’est maintenant à toi que je viens satisfaire :
C’est pour t’offrir mon sang qu’en ce lieu tu me vois.
J’ai fait ce que j’ai dû, je fais ce que je dois.
Je sais qu’un père mort t’arme contre mon crime ;
Je ne t’ai pas voulu dérober ta victime :
Immole avec courage au sang qu’il a perdu
Celui qui met sa gloire à l’avoir répandu.

Chimène

Ah ! Rodrigue, il est vrai, quoique ton ennemie,
Je ne te puis blâmer d’avoir fui l’infamie ;
Et de quelque façon qu’éclatent mes douleurs,
Je ne t’accuse point, je pleure mes malheurs.
Je sais ce que l’honneur, après un tel outrage,
Demandait à l’ardeur d’un généreux courage :
Tu n’as fait le devoir que d’un homme de bien ;
Mais aussi, le faisant, tu m’as appris le mien.
Ta funeste valeur m’instruit par ta victoire ;
Elle a vengé ton père et soutenu ta gloire :
Même soin me regarde, et j’ai, pour m’affliger,
Ma gloire à soutenir, et mon père à venger.
Hélas ! ton intérêt ici me désespère :
Si quelque autre malheur m’avait ravi mon père,
Mon âme aurait trouvé dans le bien de te voir
L’unique allégement qu’elle eût pu recevoir ;
Et contre ma douleur j’aurais senti des charmes,

Quand une main si chère eût essuyé mes larmes.
Mais il me faut te perdre après l’avoir perdu ;
Cet effort sur ma flamme à mon honneur est dû ;
Et cet affreux devoir, dont l’ordre m’assassine,
Me force à travailler moi-même à ta ruine.
Car enfin n’attends pas de mon affection
De lâches sentiments pour ta punition.
De quoi qu’en ta faveur notre amour m’entretienne,
Ma générosité doit répondre à la tienne :
Tu t’es, en m’offensant, montré digne de moi ;
Je me dois, par ta mort, montrer digne de toi.

Don Rodrigue

Ne diffère donc plus ce que l’honneur t’ordonne :

Il demande ma tête, et je te l’abandonne ;
Fais-en un sacrifice à ce noble intérêt :
Le coup m’en sera doux, aussi bien que l’arrêt.
Attendre après mon crime une lente justice,
C’est reculer ta gloire autant que mon supplice.
Je mourrai trop heureux, mourant d’un coup si beau.

Chimène

Va, je suis ta partie, et non pas ton bourreau.

Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre ?
Je la dois attaquer, mais tu dois la défendre ;
C’est d’un autre que toi qu’il me faut l’obtenir,
Et je dois te poursuivre, et non pas te punir.

Don Rodrigue

De quoi qu’en ma faveur notre amour t’entretienne,

Ta générosité doit répondre à la mienne ;
Et pour venger un père emprunter d’autres bras,
Ma Chimène, crois-moi, c’est n’y répondre pas :

Ma main seule du mien a su venger l’offense,
Ta main seule du tien doit prendre la vengeance.

Chimène

Cruel ! à quel propos sur ce point t’obstiner ?
Tu t’es vengé sans aide, et tu m’en veux donner !
Je suivrai ton exemple, et j’ai trop de courage
Pour souffrir qu’avec toi ma gloire se partage.
Mon père et mon honneur ne veulent rien devoir
Aux traits de ton amour ni de ton désespoir.

Don Rodrigue

Rigoureux point d’honneur ! hélas ! quoi que je fasse,

Ne pourrai-je à la fin obtenir cette grâce ?
Au nom d’un père mort, ou de notre amitié,
Punis-moi par vengeance, ou du moins par pitié.
Ton malheureux amant aura bien moins de peine
À mourir par ta main qu’à vivre avec ta haine.

Chimène

Va, je ne te hais point.

Don Rodrigue

Tu le dois.

Chimène

Je ne puis.

Don Rodrigue

Crains-tu si peu le blâme, et si peu les faux bruits ?

Quand on saura mon crime, et que ta flamme dure,
Que ne publieront point l’envie et l’imposture !
Force-les au silence, et, sans plus discourir,
Sauve ta renommée en me faisant mourir.

Chimène

Elle éclate bien mieux en te laissant la vie ;
Et je veux que la voix de la plus noire envie
Élève au ciel ma gloire et plaigne mes ennuis,
Sachant que je t’adore et que je te poursuis.
Va-t’en, ne montre plus à ma douleur extrême
Ce qu’il faut que je perde, encore que je l’aime.
Dans l’ombre de la nuit cache bien ton départ :
Si l’on te voit sortir, mon honneur court hasard.
La seule occasion qu’aura la médisance,
C’est de savoir qu’ici j’ai souffert ta présence :
Ne lui donne point lieu d’attaquer ma vertu.

Don Rodrigue

Que je meure !

Chimène

Va-t’en.

Don Rodrigue

À quoi te résous-tu ?

Chimène

Malgré des feux si beaux, qui troublent ma colère,
Je ferai mon possible à bien venger mon père ;
Mais malgré la rigueur d’un si cruel devoir,
Mon unique souhait est de ne rien pouvoir.

Don Rodrigue

Ô miracle d’amour !

Chimène

Ô comble de misères !

Don Rodrigue

Que de maux et de pleurs nous coûteront nos pères !

Chimène

Rodrigue, qui l’eût cru ?

Don Rodrigue

Chimène, qui l’eût dit ?

Chimène

Que notre heur fût si proche et sitôt se perdît ?

Don Rodrigue

Et que si près du port, contre toute apparence,

Un orage si prompt brisât notre espérance ?

Chimène

Ah ! mortelles douleurs !

Don Rodrigue

Ah ! regrets superflus !

Chimène

Va-t’en, encore un coup, je ne t’écoute plus.

Don Rodrigue

Adieu : je vais traîner une mourante vie,
Tant que par ta poursuite elle me soit ravie.

Chimène

Si j’en obtiens l’effet, je t’engage ma foi

De ne respirer pas un moment après toi.
Adieu : sors, et surtout garde bien qu’on te voie.

Elvire

Madame, quelques maux que le ciel nous envoie…

Chimène

Ne m’importune plus, laisse-moi soupirer,
Je cherche le silence et la nuit pour pleurer.

Sources : www.copiedouble.com, www.etudes-litteraires.com, mamiehiou.over-blog.com et wikipedia.org

"Une respectueuse".

Ce substantif féminin peu usité peut avoir différentes significations :

  • il s'agit tout d'abord, dans le registre désuet, d'une sorte de dentelle,
  • mais également, par extension, toujours dans le même registre :
    • d'une sorte de mouchoir fait de cette dentelle,
    • ou d'une sorte de coiffure féminine, élaborée à l'aide de cette dentelle.
  • enfin, et surtout, serais-je tenté de dire, dans le registre soutenu : d'une prostituée !

Cette acception est en effet dérivée - par ellipse - du titre de la pièce de théâtre "La putain respectueuse", écrite par Jean-Paul Sartre en 1947.

Une "respectueuse", c'est à dire : une prostituée

Source : wiktionary.org

"Un pont trop loin", "Être un pont trop loin", "S'avérer être un pont trop loin" ou "Se révéler être un pont trop loin".

Héritage langagier du cinéma et de la littérature, cette formule en forme d'idiotisme architectural, que l'on entend parfois, fait référence à un film et à un roman relatant un épisode de la Seconde Guerre mondiale situé aux Pays-Bas, en septembre 1944.

Et elle signifie concrètement, au sens figuré : trop ambitieux, trop dangereux, trop risqué, au-delà de ce qu'il est raisonnablement possible de faire ou de réussir.

C'est le réalisateur britannique Richard Attenborough, qui a réalisé, en 1977, le film "Un pont trop loin", d'après le roman éponyme de Cornelius Ryan, écrit en 1974.

Affiche du film américano-britannique "Un pont trop loin" de richard Attenborough (1977)

Les deux évoquent par le menu l'opération Market Garden, la plus grande offensive aéroportée de l'histoire, au cours de laquelle furent engagés 34 000 parachutistes.

Cette opération militaire alliée de la Seconde Guerre mondiale se déroula du 17 au 25 septembre 1944.

Principalement menée par les armées britanniques, il s'agissait d'une tentative de prendre des PONTS franchissant les principaux fleuves des Pays-Bas occupés par les Allemands.

Market Garden devait notamment permettre d'atteindre la ville d'Arnhem, située sur la rive du Rhin, derrière le troisième PONT à prendre.

Le succès aurait permis aux Alliés de contourner la ligne Siegfried afin d'accéder à l'un des principaux centres industriels du IIIe Reich, la Ruhr, et donc de terminer plus rapidement la guerre, peut-être avant Noël 1944.

Proposée par le maréchal britannique Montgomery, cette opération risquée avait rencontré l'opposition des généraux américains Patton et Bradley, qui voulaient continuer leur offensive au Sud, car ils avaient encore en mémoire les paroles du vainqueur d'El-Alamein qui se faisait fort de s'emparer de Caen (14) dès le soir du 6 juin 1944, alors que la ville n'était tombée que le 21 juillet...

L'opération Market Garden a finalement échoué. Ses objectifs finaux ne furent pas atteints malgré la libération d'une partie du territoire néerlandais. Et les Alliés ont perdu environ 16 000 hommes, contre 8 000 pour les Allemands.

Sans doute Montgomery avait-il visé "UN PONT TROP LOIN" ?

Source : wikipedia.org

36 façons de dire : "Réfléchir".

Une tête d'homme qui réfléchit, avec des rouages en marche (en dessin)

Nous avons dans le registre familier : "Faire marcher sa petite tête", "Faire travailler sa petite tête", "Faire travailler le ciboulot", "Faire travailler son ciboulot", "Se creuser le ciboulot", "Se triturer la cervelle", "Se triturer les méninges" et "Se triturer les neurones".

"Activer ses cellules grises", "Activer ses neurones", "Faire fonctionner sa cervelle", "Faire fonctionner sa tête", "Faire fonctionner ses neurones", "Faire fonctionner son cerveau", "Faire travailler sa cervelle", "Faire travailler sa tête", "Faire travailler son cerveau", "Se creuser la cervelle", "Se creuser la tête", "Se servir de sa cervelle", "Se servir de sa tête", "Se servir de son cerveau", "Se torturer les méninges", "Se torturer les neurones", relèvent du langage courant.

Ainsi que "Faire fonctionner ses cellules grises", "Faire fonctionner ses petites cellules grises", "Faire travailler ses cellules grises" ou "Faire travailler ses petites cellules grises", comme le célèbre détective privé belge de fiction Hercule Poirot, créé en 1920 par la romancière anglaise Agatha Christie.

Enfin le registre soutenu nous propose "Faire travailler ses méninges", "Faire travailler ses neurones", "Faire fonctionner ses méninges", "Faire fonctionner ses neurones", "Se servir de ses méninges" et "Se servir de ses neurones".

Ou encore, comme l'a écrit le génial Rabelais, "Se matagraboliser le cerveau", qui est évidemment - mes lecteurs habituels ne seront pas surpris  - ma formule préférée !

Et enfin, pour finir, "Cogiter", mais, cette fois, plutôt sur le ton de la plaisanterie.

"Qui se sent morveux, qu'il se mouche" ou "Qui se sent morveux, se mouche".

On l'oublie souvent, mais c'est au génial Molière que nous devons cette extraordinaire formule devenue proverbiale, que j'utilise personnellement très régulièrement.

Elle est en effet extraite de l'acte 1, scène 3 de sa célèbre comédie en prose, écrite en 1668, "L'avare ou l'école du mensonge".

Et elle signifie en quelque sorte : "Si l'on se sent visé par quelque chose, c'est vraisemblablement parce que l'on est concerné".

Elle s'utilise - au sens figuré - pour commenter l'attitude d'une personne réagissant vivement à une critique, une réflexion, un reproche ne lui étant pas spécialement adressé, parce qu'elle se sent directement visée et la (ou le) prend pour elle-même parce qu'elle est concernée.

Et elle est assez proche de l'expression proverbiale "Si le chapeau te fait, mets-le".

Source : wiktionary.org

"Jeter le manche après la cognée" et "Il ne faut pas jeter le manche après la cognée" ou "Il ne faut jamais jeter le manche avant la cognée".

Il ne faut pas jeter le manche après la cognée

J'aime beaucoup cette expression proverbiale française du registre désuet, qui remonte au XVIIe siècle et signifie :

  • "Jeter le manche après la cognée" : abandonner ou renoncer par découragement parce que l’on a rencontré un obstacle ou des difficultés.
  • et "Il ne faut pas jeter le manche après la cognée" ou "Il ne faut jamais jeter le manche avant la cognée" : il est plus sage de conserver son sang-froid et son courage face aux problèmes, en poursuivant avec persévérance la tâche entreprise ou le but fixé.

La "Cognée" est en effet un substantif féminin désignant une variété de haches, ou simplement la pièce métallique coupante de l’extrémité d’une hache, comme dans ce proverbe.

Et ce proverbe fait référence à une fable de Jean de La Fontaine, "Le Bûcheron et Mercure", première fable du livre V du premier recueil de ses célèbres Fables, édité en 1668.

La cognée d'un bûcheron en train d'abattre un arbre, était tombé dans une eau profonde après s'être malencontreusement détaché du manche. Dépité et jugeant qu'il ne pourrait récupérer son fer, le bûcheron, au lieu d'essayer de le retrouver, jeta aussi le manche, considéré comme devenu inutile, et renonça à son travail.

"Un Bûcheron perdit son gagne-pain,
C'est sa cognée ; et la cherchant en vain,
Ce fut pitié là-dessus de l'entendre.
Il n'avait pas des outils à revendre.
Sur celui-ci roulait tout son avoir.
Ne sachant donc où mettre son espoir,
Sa face était de pleurs toute baignée.
O ma cognée ! ô ma pauvre cognée !
S'écriait-il, Jupiter, rends-la-moi ;
Je tiendrai l'être encore un coup de toi".

Sources : l-express.ca et wikipedia.org

"Tout est bien qui finit bien".

Cette expression bien connue impliquant que cela aurait pu mal se terminer conclut souvent une aventure pleine de péripéties.

Mais on ignore presque toujours, me semble-t-il, que cette formule nous vient directement de la littérature anglais et plus précisément de William Shakespeare.

Ce célèbre écrivain anglais est en effet l'auteur de "Tout est bien qui finit bien" ("All's Well That Ends Well" en anglais), une comédie écrite probablement entre 1601 et 1608.

Source : wikipedia.org et wiktionary.org.

"Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage".

"Le lion et le rat" de Jean de la Fontaine (Livre II, fable 11. 1668 )

J'adore cette admirable phrase du registre soutenu qui a si merveilleusement traversé les siècles.

Elle constitue en effet la morale concluant la fable de Jean de La Fontaine intitulée "Le lion et le rat" (Livre II, fable 11. 1668 ).

Et signifie qu'il est inutile de s'énerver lorsque l'on est confronté à une difficulté. Et qu'il faut au contraire faire preuve de patience et agir posément.

"Le lion et le rat"

"Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
De cette vérité deux fables feront foi,
Tant la chose en preuves abonde.

Entre les pattes d'un lion
Un rat sortit de terre assez à l'étourdie.
Le roi des animaux, en cette occasion,
Montra ce qu'il était et lui donna la vie .
Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu'un aurait-il jamais cru
Qu'un lion d'un rat eût affaire ?
Cependant il avint qu'au sortir des forêts
Ce lion fut pris dans des rets,
Dont ses rugissements ne le purent défaire.
Sire rat accourut, et fit tant par ses dents
Qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage.

Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage".

Sur un sujet contigu, je me permets de vous recommander la lecture de mon article consacré à un autre vers de cette fable : "On a souvent besoin d'un plus petit que soi".

Sources : www.linternaute.fr et www.lafontaine.net

"Une rodomontade".

J'aime beaucoup ce joli substantif féminin du registre soutenu qui désigne : une fanfaronnade, une attitude prétentieuse et ridicule, une vantardise pleine d'insolence ; une action, un propos, un comportement ou un propos de rodomont.

"Un rodomont" est un substantif masculin du registre soutenu qui désigne : un fanfaron de bravoure, un bravache, un fier-à-bras, un matamore.

Et "rodomont" est l'adjectif qualifiant ce type d'individu.

À l'instar de "sacripant", ces mots nous viennent directement de la littérature italienne, puisqu'il font référence à Rodomont, roi d’Alger courageux, fier et insolent, un personnage de Boïardo Matteo Maria, dans "Roland amoureux" (1483), un long poème inachevé, et de L’Arioste, dans "Roland furieux" (1516), sa suite.

Sources : www.larousse.fr et wikipedia.org

"Un paria".

Ce substantif masculin nous vient du portugais "Paria" et désigne :

  • au sens propre : une personne de la dernière caste, en Inde, également appelée "Intouchable" ou "Dalit" en sanskrit.

La caste des parias est réputée infâme par toutes les autres.

  • et par extension : un individu exclu d’un groupe social ou humain.

On dit par exemple : "Ne pas fumer ni boire d'alcool et détester le bruit, les cartes ainsi que les jeux vidéo a largement contribué à faire de moi un paria".

Un paria

Ce second sens de "personne exclue, bannie" s’est répandu, dans les milieux bourgeois, grâce au succès de la tragédie "Le Paria", de Casimir Delavigne (1821), où le mot n’apparaîssait pourtant qu'avec le sens de "individu hors caste".

Source : wikipedia.org

"Un Monsieur Jourdain" ou "Être le Monsieur Jourdain de quelque chose".

Cette formule du registre soutenu désigne une personne pratiquant une activité sans même avoir connaissance de son existence.

On dit par exemple : "À l'instar de Monsieur Jourdain, le très jeune collectionneur que j'étais classait déjà alphabétiquement conformément à la norme AFNOR !".

Elle fait référence au personnage du même nom, héros de la comédie-ballet de Molière "Le bourgeois gentilhomme", représentée pour la première fois le 14 octobre 1670, devant la cour de Louis XIV, au château de Chambord (41).

"Le bourgeois gentilhomme" Tableau du peintre anglais William Powell Frith (1850)
"Le bourgeois gentilhomme" Tableau du peintre anglais William Powell Frith (1850)

Dans l'acte II, scène IV, en effet, Monsieur Jourdain apprend, au cours d'un échange avec son maître de philosophie, qu'il dit de la prose depuis longtemps, sans le savoir :

- "Par ma foi ! il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela".

Source : wikipedia.org

"Une voix de stentor".

Cette locution nominale du registre soutenu désigne : une voix puissante, très forte, retentissante et parfaitement audible

On dit par exemple : "Dès son plus jeune âge, ma fille aînée se repérait de très loin à sa voix de stentor. Un jour, alors que j'appelais mon épouse depuis une fête foraine et que nous éprouvions des difficultés à nous entendre tellement il y avait de bruit, celle-ci est parvenu à identifier les hurlements de ma fille, depuis un manège situé à plusieurs dizaines de mètres de moi. Il faut dire qu'elle ne cessait de gagner ainsi des tours gratuits, en étant systélatiquement - et de loin, malgré son très jeune âge - celle qui hurlait le plus fort !".

L'expression semble ne dater que du XVIe siècle.

Mais elle fait référence à "Stentor", un personnage de "L'Iliade", l'épopée d'Homère, publiée au VIIIe siècle avant J.-C.

Celui-ci en effet avait "une voix de bronze, aussi forte que celle de cinquante hommes réunis".

Sources : www.expressio.fr et wiktionary.org