Pourquoi dire : "On est en capacité de le faire" ?

La femme politique française, Les Républicains, Valérie Debord

Comme l'a déclaré, le 18 janvier 2021, la femme politique française, LR (Les Républicains), Valérie Debord, dans l'émission "Le grand soir", sur la chaîne de télévision française d'information en continu LCI.

Et pas : "NOUS SOMMES CAPABLES DE le faire" voire - encore plus simplement - "NOUS POUVONS le faire" !

Je ne supporte plus cette formule désormais systématiquement utilisé par notre personnel politique adepte de la novlangue

On ne dit pas : "Possiblement" pour "Peut-être" ou "Vraisemblablement" !

Je n'en peux plus d'entendre à longueur de journée, dans la bouche de nos dirigeants politiques et économiques comme dans celle des communiquants et autres journalistes, l'adverbe "Possiblement" ainsi utilisé en lieu et place des traditionnels adverbes "Peut-être" et "Vraisemblablement" :

  • Emmanuel Macron "possiblement" contaminé lors d’un sommet européen,
  • de nouveaux variants du virus "possiblement" bien plus contagieux,
  • mais une solution "possiblement" en vue grâce aux vaccins.

Ce mot à la mode n'est certes pas un anglicisme, car il est bien français. Et cela depuis si longtemps, d'ailleurs, que l’Académie française le jugeait déjà "vieux" en… 1762.

Mais il ne signifie jamais que : de façon possible.

Et avant cette mode récente, naturellement apparue sous l'influence omniprésente de l'anglais, son emploi était très peu courant. À peine disait-on parfois, par exemple : "Ce film médiocre peine à nous faire esquisser le moindre sourire, en l'absence de toute situation ou du moindre dialogue possiblement drôle".

Massivement apparu dans les organes d'information au cours de l'année 2020, il constitue, à mon sens, un anglicisme détestable, en étant un calque de l'anglais "Possibly" signifiant "Peut-être".

Et relève de la novlangue, sa sonorité technocratique masquant l’incertitude qu’il exprime.

Les dirigeants politiques, comme les dirigeants économiques, pourraient bien évidemment dire "Peut-être" ou "Vraisemblablement" et s’exprimer au conditionnel.

Ils pourraient même, parfois, dire qu’il y a des choses qu’ils ignorent. Mais ne pas tout savoir leur semble être une faute impardonnable, à laquelle ils ne parviennent manifestement pas à se résigner.

Seul l'usage du terme "Possiblement" permet donc ce tour de force : reconnaître sa totale ignorance en feignant d'être totalement sûr de soi !

Source : timetosignoff.fr

"Le sérail"

Ce substantif masculin désigne :

  • autrefois, dans l'ancien Empire ottoman : le palais du sultan et quelques hauts dignitaires.
  • et par extension, de nos jours : un milieu restreint ou l'entourage immédiat d'une personne haut placée.

Appartenir au sérail d'un dirigeant, c'est faire partie de son cercle rapproché, de ses intimes.

On dit par exemple : "C'est ce qui se murmure actuellement dans le sérail d'Emmanuel Macron".

On ne dit pas : "Une task force" !

Mais, selon le contexte :

  • dans le domaine militaire : un corps expéditionnaire,
  • et dans le domaine de la gestion ainsi que dans le domaine politique : une force opérationnelle, un groupe de travail ou une commission.

Source www.académie-française.fr

Pourquoi dire : "Un swing state" ?

Carte des États-Unis d'Amérique

Et pas : "Un État-charnière" ou "Un État-pivot" !

Cette appellation désigne en effet - dans le contexte de l'élection présidentielle aux États-Unis d'Amérique, un État au vote indécis, où aucun des deux grands partis politiques dominants, le Parti démocrate et le Parti républicain, ne domine le vote populaire.

Et qui peut donc changer de camp, d'un scrutin à l'autre, et faire basculer le résultat du vote final.

Les campagnes électorales ont donc tendance à se concentrer sur ces quelques États, qui sont souvent la clé de la victoire à l'élection présidentielle.

Étaient ainsi considérés comme des États-pivots, lors de l'élection présidentielle du 3 novembre 2020 :

  • 2 États remportés par le Parti républicain lors de trois des quatre dernières élections de 2004, 2008, 2012 et 2016 (Caroline du Nord et Indiana),
  • 3 États où chacun des deux partis a remporté deux fois la victoire (Floride, Iowa et Ohio),
  • et 6 États remportés par le Parti démocrate lors de trois des quatre dernières élections (Colorado, Michigan, Nevada, Nouveau-Mexique, Pennsylvanie et Virginie).

Par opposition aux 23 États "rouges", qui votent régulièrement pour le Parti républicain, remportés par celui-ci lors des quatre dernières élections (Alabama, Alaska, Arizona, Arkansas, Caroline du Sud, Dakota du Nord, Dakota du Sud, Géorgie, Idaho, Kansas, Kentucky, Louisiane, Mississippi, Missouri, Montana, Nebraska, Oklahoma, Tennessee, Texas, Virginie Occidentale, Wyoming, Utah).

Ou aux 16 États "bleus", qui votent régulièrement pour le Parti démocrate, remportés par celui-ci lors des quatre dernières élections (Californie, Connecticut, Delaware, Hawaï, Indiana, Maine, Maryland, Massachussetts, Minnesota, New Hampshire, New Jersey, New York, Oregon, Rhode Island, Vermont, Washington).

Source : wikipedia.org

"La participation électorale" ne se calcule pas toujours de la même façon.

La participation électorale est le nombre d'électeurs ayant choisi de voter plutôt que de s'abstenir.

Et elle exprimée au moyen du pourcentage de votants par rapport aux personnes susceptibles de le faire.

  • Mais quelles sont donc ces personnes susceptibles de voter ?
    • Pour les États-Unis d'Amérique, il s'agit des personnes :
      • disposant de la nationalité états-unienne,
      • en âge de voter (donc âgées de plus de 18 ans depuis le 5 juillet 1971),
      • et en capacité de voter (donc non déchues du droit de vote).
  • Tandis qu'en France, il s'agit, pour les élections présidentielles, des personnes :
      • disposant de la nationalité française,
      • en âge de voter (donc âgées de plus de 18 ans depuis le 5 juillet 1974),
      • et en capacité de voter (donc non déchues du droit de vote).

Mais également, et c'est là une nuance très importante : inscrites sur les listes électorales !

Or, selon plusieurs études de l'Insee effectuées au cours des dernières années, de 10 à 13,3 % des français en âge et en capacité de voter ne sont pas inscrits sur ces listes électorales.

Autrement dit : le taux de participation du second tour de l'élection présidentielle du 7 mai 2017, qui a été officiellement de 74,56 % des inscrits, ne correspondait donc qu'à environ 66% (entre 64,64 et 67,10 %) des personnes susceptibles d'avoir voté au sens états-unien du terme.

Un chiffre par conséquent absolument comparable à celui des élections présidentielles états-uniennes du 3 novembre 2020, pour lesquelles le taux de participation est estimé à 66,9 % au 10 novembre, les chiffres définitifs n’étant pas encore arrêtés.

Avec cette nuance d’importance que la participation française n’aurait vraisemblablement pas atteint ce niveau si nous avions dû faire des heures et des heures de queue pour pouvoir voter !

Souvenir personnel :

Je me dois de le reconnaître, mes amis étudiants et moi donnions fréquemment dans l'anti-américanisme primaire, à la fin des années 1970. Et nous nous gaussions régulièrement des taux de participation états-uniens aux élections présidentielles,  jugés ridiculement bas : 53,5 % en 1976 et 52,6 % en 1980 aux États-Unis d’Amérique. Contre 87,33 % en 1974 et 85,85 % en 1981, pour la France (mais avec des modes de calcul différents).

Les choses ont cependant bien changé depuis lors, puisque le taux de participation états-unien a progressé d'environ 15 points (de 52,6 à 66,9% environ) et que le taux français a diminué de 11 points (de 85,5 à 74,56% environ) !

Certes le "Election Day" états-unien n'est pas parfaitement comparable aux élections présidentielles françaises.

  • D'abord parce que nous votons ce jour là uniquement pour choisir notre président alors que les états-uniens votent eux pour tout ou presque, puisqu'ils élisent ce jour là - en plus de leur président (par le biais d'un complexe système de grands électeurs) - leurs shériffs, représentants d'assemblées locales, conseillers municipaux, maires, une partie de leurs sénateurs et gouverneurs, leurs représentants (équivalents de nos députés), etc. Et doivent au surplus se prononcer sur des référendums locaux pouvant éventuellement avoir un impact très important sur leur vie de tous les jours.

D'où des bulletins de vote comportant plusieurs pages et des centaines de cases à cocher, ce qui prend un temps considérable, aussi bien lors du vote que lors du dépouillement.

  • Ensuite parce que les états-uniens possèdent un système de vote par procuration et de vote par correspondance leur facilitant la tâche, dont les français ne disposent pas.
  • Et enfin, parce qu'ils n'ont donc à voter qu'une fois tous les 4 ans là où les français doivent voter plusieurs fois sur cette même période (municipales, régionales, législatives, présidentielles, européennes, référendums éventuels), ce qui peut parfois provoquer une certaine lassitude.

Mais il n'empêche : chapeau bas aux États-Unis d’Amérique pour cette petite leçon de civisme !

On ne dit pas : "Prendre une loi" ou "Publier une loi" !"Promulguer une loi".

Mais : "PROMULGUER une loi" !

Pourquoi dire : "Un putsch" ?

Et pas : "Un COUP D'ÉTAT militaire" !

"Un putsch" est en effet un substantif masculin allemand auquel il n'est - pour moi - nullement nécessaire de recourir.

On ne dit pas : "Un dispositif antiputsch très robuste" !

Le président de la République française Emmanuel Macron

Comme l'a déclaré, le 02 octobre 2020, le président de la République française Emmanuel Macron.

Mais : "Un dispositif antiputsch très SOLIDE" ou "Un dispositif antiputsch très EFFICACE" !

Voire : "Un dispositif très SOLIDE CONTRE LES PUTSCHS" ou "Un dispositif antiputsch très EFFICACE CONTRE LES PUTSCHS" !

Et idéalement, pour moi : "Un dispositif très EFFICACE CONTRE LES COUPS D'ÉTATS MILITAIRES" !

  • D'une part en effet, il me semble que l'adjectif polysémique "robuste" est ici parfaitement inadapté, et relève, comme souvent chez monsieur Macron... du pur anglicisme.

Son ministre de la santé, Olivier Véran, avait d'ailleurs déclaré la veille, 1er octobre 2020, de façon tout aussi impropre, selon moi : "Ces nouvelles règles, si elles nous semblent suffisamment robustes, protectrices, contrôlables" !

  • et d'autre part, parce que - même s'il est utilisé en français - il n'en demeure pas moins que le substantif masculin "putsch" est un mot allemand, que l'on peut aisément remplacer dans notre langue par la locution nominale masculine "coup d'État militaire !

Source : www.larousse.fr

"Une combinazione" ou "Des combinazione".

La traduction littérale de ce substantif féminin italien est, selon le contexte : "Combinaison" ou "Hasard, coïncidence, le plus souvent favorable".

Mais il est parfois utilisé en français, dans le domaine du journalisme politique notamment, pour désigner de manière péjorative : une forme d'arrangement particulier, alternatif, hors norme.

On dit par exemple : "Ce choix relève davantage de la combinazione que d'un processus réellement démocratique".

Ou : "On espère ne pas assister à un retour des combinazione".

Source : wiktionary.org

CEVIPOF

Cet acronyme désigne le Centre de recherches politiques de Sciences Po, fondé en 1960 sous le nom de "CEntre d'Etudes de la VIe POlitique Française".

Sa dénomination a changé en 2003, mais - comme souvent en pareil cas - l'acronyme a perduré.

Label "En 2020, le CEVIPOF fête ses 60 ans"

Associé au CNRS depuis 1968, le CEVIPOF est une unité mixte de recherche sous la tutelle de l'IEP de Paris (Sciences Po) et du CNRS.

Il analyse les grands courants et idées politiques qui façonnent les forces et les institutions politiques, ainsi que les facteurs qui contribuent à orienter les comportements et les attitudes politiques de nos concitoyens.

Dirigé depuis 2014 par Martial Foucault, le CEVIPOF réunit plus de 80 chercheurs, enseignants-chercheurs, chercheurs associés et doctorants..

Sources : www.sciencespo.fr et wikipedia.org