Pourquoi dire : "Un milk-bar" ?

Et pas : "Un bar à lait" !

Évidemment, comme me l'a fort justement fait remarquer un lecteur, du fait de son homophonie avec la locution "bar à laids", cette solution présente l'inconvénient de pouvoir se comprendre, à l'oral, comme un lieu de rencontre pour les moches...

Le mot milk-bar, très en vogue dans les années 1950-60, n'est plus utilisé de nos jours, car - fort heureusement : "Tout espoir n'est pas perdu : même les anglicismes peuvent passer de mode !".

Pourquoi dire : "Un magnet" ?

Et pas : "Un aimant publicitaire" !

J'en ai fabriqué quelques millions entre 1992 et 1994 et me suis toujours battu, à l'époque, déjà, pour n'utiliser que ce vocable. Ce que j'étais du reste - sans forfanterie aucune - relativement bien parvenu à obtenir de la part de mes fournisseurs, prestataires, prospects ou clients.

Pourquoi dire : "Made in France" ?

Et pas : "Fabriqué en France" !

Si c'est le prestige de notre pays que l'on veut vendre, autant le faire en français !

Pourquoi dire : "Le Little Russia de Paris" ?

Comme l'a fait l'actrice française Stéphanie Schwartzbrod, le 29 juillet 2019, dans l'émission radiophonique française de Daniel Fiévet "Le temps d'un bivouac", sur France Inter.

Et pas : "La petite Russie" !

Cet ensemble immobilier situé dans le 13e arrondissement de Paris (75) est également appelé "La cité Citroën", car il a été construit en 1912 pour le compte de la société des Taxis Citroën, afin d'y loger ses chauffeurs, essentiellement d'origine russe, issus de la vague d'immigration ayant suivi la révolution bolchévique de 1917.

Construits sur le toit-terrasse du garage pour les taxis, les pavillons se situent à une bonne quinzaine de mètres au-dessus du sol.

Pourquoi dire : "Un copycat" ?

Et pas : "Un imitateur" !

Cette appellation désigne en effet une personne imitant les faits et gestes d'un héros de fiction ou d'une personne - souvent un délinquant notoire - régulièrement décrite dans les organes d'information.

L'imitateur peut ainsi se suicider de la même manière qu'une personne réelle ou qu'un personnage fictif, voire tuer suivant le modus operandi d'un tueur en série tel que les organes d'information l'ont décrit.

Pourquoi dire : "Feel the boost" ?

Comme le fait la firme allemande Adidas sur ses affiches de juillet 2019 vantant sa nouvelle chaussure de "running", "Ultraboost 19".

Et pas : "Sentez l'amélioration" !

Non : la marque aux trois bandes, préfère "traduire" son accroche publicitaire un peu plus bas par la formule "La sensation boost" !

Un petit peu comme si l'on traduisait l'expression "Do it yourself" ("Faites-le vous-même") par "Faites le yourself", en quelque sorte ?

Ces publicitaires prennent vraiment les français pour des crétins lorsqu'ils ne les présupposent pas tous polyglottes.

On ne dit pas : "Un publiciste" pour parler d'un professionnel de la publicité !

Le journaliste français Christophe Barbier

Comme je l'entends dire à longueur de temps depuis plus de 40 ans et encore le 16 juillet 2019, dans l'émission télévisée française "C dans l'air", sur France 5, par le journaliste français Christophe Barbier.

Mais : "Un publicitaire" !

"Un publiciste" est en effet, dans notre langue, un juriste spécialisé en droit public, ce qui, vous en conviendrez, n'est pas vraiment la même chose.

Ce sont les anglo-saxons qui appellent "publicist" le publicitaire !

Pourquoi dire : "Un traveler cheque", "Un traveler chèque", "Un traveler's cheque", "Un traveler's chèque", "Un travelers cheque" ou "Un travelers chèque" ?

Et pas simplement : "Un chèque de voyage" !

Concrètement, en effet, il s'agit d'un chèque pré-imprimé, au montant fixé, conçu pour permettre à la personne qui les signe de payer un tiers sans condition aucune, après avoir lui-même payé l'émetteur du chèque (sa propre banque, le plus souvent) pour obtenir ce privilège.

Les premiers chèques de voyage ont été émis le 1er janvier 1772 par la London Credit Exchange Company.

De nombreux vacanciers occidentaux en déplacement à l'étranger les ont utilisé durant plus de deux siècles, à la place de l'argent liquide, car ils pouvaient être remplacés en cas de perte ou de vol. Et étaient souvent fournis par les banques sans commission, ou à des taux ne dépassant que rarement 1% de la valeur totale des chèques. Le tout sans avoir de date d'expiration.

Leur usage est cependant aujourd'hui beaucoup moins répandu qu'à la fin du siècle dernier, leur utilisation s'étant fortement réduite, à mesure que l'utilisation des cartes de crédit se développait.

Fin 2012, le géant américain American Express a d'ailleurs décidé d’en arrêter la vente dans plusieurs pays, dont la France, et sa décision est devenue effective depuis le 30 juin 2013.

Sur un sujet contigu, je me permets de vous recommander la lecture de mon article "Tout espoir n'est pas perdu : même les anglicismes peuvent passer de mode !".

Source : wikipedia.fr

Tout espoir n'est pas perdu : même les anglicismes peuvent passer de mode !

Un recours fréquent aux anglicismes traduit généralement un désir de se montrer "à la page" ou "dans le vent" (deux expressions qui ne le sont plus du tout et appartiennent désormais au registre désuet !).

Il convient cependant de les manier avec prudence car un certain nombre de ces termes ou locutions, a priori "à la mode", se périment de façon plus ou moins rapide et peuvent donc s'avérer, comme ces deux expressions, totalement has been.

Dans le domaine de l'informatique par exemple, le mot computer - un temps du reste intégré au dictionnaire sous sa forme francisée de "computeur" - a aujourd'hui totalement disparu, au profit du simple "ordinateur". Il en est de même du hardware et du software, avantageusement remplacés par les termes "matériel" et "logiciel". Ainsi que de la défunte database, fort heureusement devenue "base de données".

Et il n'y a désormais plus que dans les vieux films d'espionnage que le personnage principal au sex-appeal torride, ne sortant qu'avec des pin-ups et des cover-girls, porte des knickerbockers et un sweater très smart. Il boit, relax, un drink on the rocks - ou un baby scotch - dans le living-room, avec des glaçons tout droit sortis du freezer. Puis écoute un medley dans un dancing très select ou dans une garden party.

Le héros actuel, cool et sexy en diable en "culotte de golf", sort avec des top models ou "mannequins vedettes", porte un "chandail" très "stylé". Et il boit, "détendu", un "apéritif" dans la "pièce à vivre", avec des "glaçons" sortis du "congélateur". Avant d'aller écouter un mix dans une "boîte" "chicos" ou dans une "soirée".

Il n'est absolument plus up to date de parler de kids ou de teenagers dans les mass media. De nos jours, les médias (je préfère personellement "organes d'information" mais il y a déjà un progrès) traitent plus simplement de "gamins" ou d'"adolescents".

Le globe-trotter est devenu "routard". Et le tour operator, un temps devenu tour opérateur, a fait place au "voyagiste".

Les voyageurs n'utilisent plus guère le traveler cheque (ou traveler chèque, également appelé traveler's cheque, traveler's chèque, travelers cheque ou travelers chèque) rebaptisé depuis "chèque de voyage".

Et ne confient plus leur attaché-case à la stewardess mais leur "mallette" à l'"hôtesse de l'air".

Le milk-bar ou le snack-bar a disparu, de même que la speakerine.

La plupart des sportifs semblent avoir renoncé au doping, même ils sont encore nombreux à recourir au "dopage".

Le know how en engineering a définitivement laissé la place au "savoir-faire" en "ingénierie".

Les femmes ne portent plus de vêtement fully fashioned. Elles ne mettent plus de lipstick mais du "rouge à lèvres" et elles ne vont plus au dancing mais au "bal" ou en "boîte".

Où elles ne vont plus aux water closet mais aux "toilettes".

Les "braqueurs" actuels sont toujours aussi attirés par les "billets de banque" que les gangsters d'autrefois pouvaient l'être par les banknotes. Mais leur raréfaction se fait sentir chaque année davantage, avec la multiplication du recours au paiement par carte bancaire et au développement du commerce en ligne.

Last but not least ne s'emploie plus du tout. On ne mange plus guère de corned-beef . Et l'on n'est plus victime de nervous breakdown mais, simplement, de "dépression nerveuse".

"Go to the extraordinaire".

Tel est le slogan ridicule que nous propose la société française Perrier sur ses affiches de juin 2019...

Mais pourquoi ne se contentent-ils donc pas de la traduction proposée plus bas, en tout petit, bien plus percutante et dans notre langue : "Osez l'extraordinaire" ?

Leur slogan de mai 2016 ne leur avait donc manifestement pas suffit ?

"Drink extraordinaire, drink Perrier !"

Tel est le slogan que nous impose la marche française Perrier à compter de mai 2016...

"Buvez extraordinaire, buvez Perrier !" leur a manifestement semblé trop banal...

Mais sont-ils seulement conscients de ce que des dizaines de millions de français ne savent même pas que le verbe anglais "drink" signifie "boire" en français ?

Ils récidiveront d'ailleurs en juin 2019, avec un slogan plus ridicule encore.