On ne dit pas : "Redonner la monnaie de la pièce" mais "Rendre la monnaie de sa pièce" !

"Rendre la monnaie de sa pièce" à quelqu'un, c'est lui faire subir la même chose que ce qu'il nous a fait subir, prendre sa revanche. On dit également "C'est un prêté pour un rendu" (registre familier dans les deux cas).

Mais cela n'a, de toute façon, strictement rien à voir avec ce que le joueur international de football français Paul Pogba souhaitait dire aux journalistes à qui il s'adressait, en conférence de presse à Istra (Russie), le dimanche 24 juin 2018, en leur déclarant : "Comme on m'aime beaucoup, il faut que je vous donne, que je vous redonne la monnaie de la pièce"...

À l'évidence, ce qu'il voulait en effet leur dire, c'était qu'il souhaitait "leur rendre la pareille" ; les remercier de la faveur qu'ils lui faisaient en l'aimant bien, en leur offrant en retour des moments ou des images privilégiés.

Voir éventuellement mon article sur la différence entre "Rendre l'appareil" et "Rendre la pareille".

 

"Outre-Quiévrain".

J'aime beaucoup cette locution adverbiale, qui signifie :

  • en Belgique, pour les Français,
  • et en France, pour nos amis Belges.

Et ce, en référence à la commune belge de Quiévrain, située en Wallonnie, dans la province du Hainaut, sur la frontière franco-belge.

Localisation de la ville frontalière belge de Quiévrain, face à la ville française de Quiévrechain (59)
Localisation de la ville frontalière belge de Quiévrain, face à la ville française de Quiévrechain (59)

"Ne pas être la moitié d'un con".

J'aime beaucoup cette expression du registre argotique qui peut signifier, selon le contexte, deux choses diamétralement opposées :

  • soit être particulièrement stupide, profondément con,

On dit par exemple : "Ce type n'est pas la moitié d'un con. Il doit bien savoir compter jusqu'à cinq !".

  • soit être remarquablement intelligent, très brillant.

On dit par exemple : "J'ai rencontré le directeur de thèse de mon fils et son érudition m'a étonné. Ce n'est pas la moitié d'un con !".

 

"Avoir l'heure" et "Avoir l'heur de".

Bien que parfaitement homophones, ces deux locutions n'ont naturellement strictement rien à voir :

  • "avoir l'heure", c'est pouvoir connaître l'heure qu'il est, de manière instantanée ; en consultant la montre que l'on porte ou le téléphone portable dont on dispose à portée de main.

Ce qui nous rend susceptible de la "donner" à la personne qui nous en fait la demande ("Auriez-vous l'heure s'il vous plaît ? Pourriez-vous me la donner ?").

"Avoir l'heure" ou "Donner l'heure"

  • tandis que "avoir l'heur de", c'est, dans le registre soutenu, avoir la chance de, avoir le plaisir de.

On dit par exemple : "Si mon projet a l'heur de plaire au président, je gage que je disposerai des moyens nécessaires pour sa mise en oeuvre".

Le mot "heur", qui relève aujourd'hui du registre désuet, signifie en effet "bonne fortune, chance heureuse", et n'est plus guère utilisé de nos jours que dans cette formule et dans le proverbe "Il n'y a qu'heur et malheur".

Ainsi qu'au travers des mots "bonheur" (bon heur) et "malheur" (mal heur).

"Il n’y a qu’heur et malheur".

Ce proverbe signifie que, dans la vie, tout dépend des circonstances et, bien souvent, ce qui cause la ruine des uns fait la fortune des autres.

Le mot "Heur", qui relève aujourd'hui du registre désuet, signifie en effet "Bonne fortune, chance heureuse", et n'est plus guère utilisé de nos jours que dans ce proverbe et dans l'expression "Avoir l'heur de".

Ainsi qu'au travers des mots "Bonheur" (bon heur) et "Malheur" (mal heur ou mauvais heur).

Source : wikipedia.org

15 façons de dire "On n'y voit rien".

"On n'y voit que dalle" appartient au registre argotique.

L'expression "Il fait noir comme dans le trou du cul d'un nègre" relève du registre vulgaire et ne peut naturellement plus être employée de nos jours sans se voir immédiatement traité d'épouvantable raciste.

En revanche, l'église catholique, apostolique et romaine s'avérant sensiblement moins sourcilleuse et susceptible que certaines associations de défense des "minorités visibles", sans doute doit-on plus aisément pouvoir continuer d'utiliser la formule "Il fait noir comme dans le cul d'une nonne" (registre argotique).

Dans le registre familier, on dit : "On n'y voit goutte" ou "On n'y voit que pouic" (qui appartiennent également au registre désuet).

Et nos amis québecois utilisent l'idiotisme animalier "Il fait noir comme dans le cul d'un ours".

Le langage courant nous offre quelques autres possibilités, avec "Être dans le noir", "Il fait nuit noire", "Il fait noir comme dans un four", "Il fait noir comme dans un tunnel", "Il fait noir comme dans la gueule du loup" (idiotisme animalier) ou "On n'y voit pas clair".

Mais c'est naturellement le registre soutenu qui nous propose les formules les plus élégantes, avec "Être dans la plus totale obscurité",  ou "Il règne un noir d'encre" ou "Nous sommes plongés dans les ténèbres".

"Sur l'air des lampions".

L'expression "Sur l'air des lampions" désigne, de nos jours, de façon générale, la manière dont une foule scande un slogan, quel qu'il soit.

Et cela, depuis le célèbre "CRS - SS !" des manifestants, aux traditionnels "On a gagné !" et autres "Et 1, et 2, et 3-0 !" des supporteurs, aux "Une autre !, une autre !" des spectateurs enthousiastes ou au "Remboursez !, remboursez !" des spectateurs mécontents !

L'expression "Sur l'air des lampions" a une origine parfaitement connue et un caractère tout à fait historique, puisqu'elle date de la proclamation provisoire de la Deuxième République, en février 1848.

Le roi Louis-Philippe venant d'être chassé par une insurrection, les républicains montrèrent leur joie en illuminant leurs fenêtres. Mais, comme il y avait finalement peu de ces éclairages spontanés, les bourgeois parisiens étant dérangés par les émeutes, les gens dans les rues se mirent à scander "Des lampions ! Des lampions !", ce qui fit augmenter le nombre de fenêtres éclairées et écrire à Victor Hugo : "En un clin d'oeil, la ville fut illuminée comme pour une fête".

C'est de cet appel répétitif, d'une seule note et de trois syllabes que nous vient donc cette expression.

Et si, à l'origine, et pendant un moment, "L'air des lampions" était bien limité à trois syllabes et une seule note, il a fini par désigner tous les slogans scandés par de nombreuses personnes en séparant les syllabes et sur très peu de notes.

Source : www.expressio.fr