"Il y a loin de la coupe aux lèvres".

Ce proverbe en forme d'idiotisme corporel rappelle que de nombreux obstacles peuvent se dresser entre un souhait et sa réalisation, un projet et son aboutissement, ou un désir et sa satisfaction.
Et que ce n'est pas parce qu'un objectif semble proche que l'on va forcément l'atteindre.

Bien qu'il nous vienne du proverbe latin "Multa cadunt inter calicem supremaque labra", il s'agit d'un héritage direct de la mythologie grecque.

L'un des Argonautes, le grand Ancée (ou Ancaeos) rentra dans son palais de Tégée où un devin lui aurait prédit qu'il ne pourrait jamais boire le vin de la vigne plantée quelques années auparavant. Dès son arrivée, Ancée fut informé que son intendant avait fait les premières vendanges de ses vignes. Ancée, se servant une coupe de ce vin, appela son devin afin de lui montrer que ses prédictions étaient fausses. Le devin lui aurait alors répondu qu’"il y a loin de la coupe aux lèvres".

De fait, avant qu'Ancée puisse boire, on le prévint qu'un sanglier dévastait toutes ses vignes. Il se hâta alors de sortir en laissant sur la table sa coupe de vin encore pleine. Le sanglier, caché dans un buisson, lui fonça dessus brusquement et le tua.

Sources : wiktionary.org et www.expressio.fr

"Un affidé".

J'affectionne particulièrement cet adjectif désuet du registre soutenu, qui qualifie :

  • celui en qui on peut avoir une confiance totale en raison de son attachement personnel,

On dit par exemple : "La façon dont le président Mitterrand entretenait l'ensemble de ses nombreux réseaux lui a toujours garanti de pouvoir compter sur de nombreux affidés".

  • et, par extension, péjorativement, celui qui se prête en agent sûr aux mauvais coups d'un grand personnage auquel il est attaché.

On dit par exemple : "À mes yeux, le ministre de l'Intérieur n'est souvent - dans notre pays, sous la Cinquième République - qu'un affidé du président de la République".

Le terme remonte au Moyen Âge, puisque l'affidé était alors celui qui, sans pour autant être devenu son vassal, avait prêté à un seigneur le serment d'affidation pour en obtenir aide et assistance.

Source : www.cnrtl.fr

"Connétable".

Logo des sardines Connétable

Il s'agit du nom d'une marque française de conserves de poissons, appartenant à la conserverie Chancerelle.

Celle-ci, fondée en 1853 à Douarnenez (29) par Robert Chancerelle, est aujourd'hui la plus ancienne conserverie de sardines à l'huile au monde.

Les sardines et leur célèbre boîte rouge sont le produit phare de la marque Connétable.

Sardines Connétable

Une marque dont le nom fait référence au Connétable, grand officier de la Couronne, chef suprême de l'armée sous l'Ancien Régime.

Source : wikipedia.org

"Sucrer les fraises".

J'aime beaucoup cette expression du registre familier en forme de locution verbale et d'idiotisme alimentaire.

"Sucrer les fraises" s'utilise depuis le tournant du XXe siècle et signifie, par plaisanterie (un tantinet douteuse), au sens figuré : avoir les mains qui tremblent de façon visible, être agité de tremblements nerveux incontrôlés.

Et par extension : être gâteux, atteint d'une maladie dégénérative, manifester des signes de vieillesse.

On dit par exemple : "La grand-mère de ma copine est vraiment très très âgée : elle sucre les fraises".

Ou : "J'espère bien pouvoir un jour m'offrir un beau voyage avec mes filles avant de sucrer les fraises".

Ce type de tremblement des mains ressemble en effet beaucoup au mouvement que font celles-ci lorsque l'on sucre les fraises au sens propre :

Coupelle de fraises en morceaux

  • armé d'une main d'une coupe pleine de ces fruits rouges,

Main en train de sucrer avec une cuillère

  • et de l'autre d'un sucrier à trous ou d'une cuillère à sucre (percée de trous), il faut secouer la seconde main au-dessus de la première afin d'obtenir des fraises au sucre.

Cette expression ne doit pas être confondue avec la locution verbale "Être aux fraises".

Sources : www.expressions-francaises.fr, www.expressio.fr et wiktionary.fr

"Sous le sceau du secret" ou "Porter le sceau de quelque chose".

Ces deux locutions adverbiales du registre soutenu signifie :

  • "Sous le sceau du secret" : à condition d'en garder le secret, de ne le dire, de ne le révéler à personne.

On dit par exemple : "Le président a confié ses intentions à ses proches sous le seau du secret".

  • "Porter le sceau de quelque chose" : porter un signe manifeste qui authentifie ; une marque.

On dit par exemple : "Ce témoigne porte le sceau de la sincérité".

Elles font référence au mot "Sceau", qui désigne :

Un sceau

  • un grand cachet sur lequel sont gravées en creux la figure, les armes ou la marque symbolique d'un État, d'un souverain, d'une entité, d'un officier ministériel tel qu'un huissier ou d'un particulier et dont on applique l'empreinte sur des actes ou des objets pour les authentifier, les clore d'une manière inviolable ou pour marquer la propriété.
  • ou l'empreinte même de ce sceau, sur une matière malléable, généralement la cire.

Source : www.larousse.fr

"Dresser la table", "Être à table", "Mettre la table", "Passer à table" et "Se mettre à table".

Voilà bien une série de locutions verbales d'apparence très simples qui doivent pourtant parfois surprendre nos amis étrangers.

En voici les différentes significations :

Table dressée

  • "Dresser la table" ou Mettre la table" (langage courant) signifie : Dresser le couvert, mettre le couvert. C'est à dire disposer la nappe et les couverts sur la table où l'on s'apprête à manger.

Un banquet au Moyen Âge

Cette formule remonte au Moyen Âge, lorsque certains repas de fête ou banquets réunissaient de très nombreux convives. Posséder en nombre suffisant des tables telles que nous les connaissons de nos jours aurait été inutile. Aussi les "tables" n'étaient elles que des planches posées sur des tréteaux. "Dresser la table" ou "Mettre la table" signifiait alors que l'on déplaçait les planches et les tréteaux là où l'on désirait se restaurer.

Table en bois montée sur tréteaux

On dit par exemple : "Les enfants, vous viendrez mettre la table s'il vous plaît !".

  • "Être à table" (langage courant) signifie : Être en train de manger ; qu'il s'agisse du déjeuner ou du dîner.
  • "Passer à table" (langage courant) signifie : S'aprêter à manger ; qu'il s'agisse - là aussi - du déjeuner ou du dîner.

On dit par exemple : "Nous passsons à table généralement vers vingt heures".

On dit également (langage courant) : "Se mettre à table".

  • et "Se mettre à table" signifie :
    • dans le langage courant : S'aprêter à manger ; qu'il s'agisse - là aussi - du déjeuner ou du dîner.

On dit par exemple : "Tu peux me rappeler un peu plus tard, s'il te plaît, nous allions nous mettre à table".

On dit également (langage courant) : "Passer à table".

    • et dans le registre argotique, dans le vocabulaire et jargon de la police : "Passer aux aveux, avouer".

On dit par exemple : "Raymond le balafré va passer à table : le commissaire s'occupe de lui depuis trois heures".

Source : www.linternaute.fr

 

"Être jeté aux oubliettes", "Jeter aux oubliettes" ou "Tomber aux oubliettes".

Une oubliette

Ces différentes locutions verbales relèvent du langage courant.

Et elles signifient, au sens figuré :

  • "Être jeté aux oubliettes" : être oublié de tous, disparaitre,

 

  • "Jeter aux oubliettes" : plonger dans l'oubli, faire disparaître,

 

  • "Tomber aux oubliettes" : sombrer dans l’oubli, tomber dans l'oubli ; être progressivement oublié de tous.

Elle nous vient en droite ligne du Moyen Âge, puisque les "Oubliettes" étaient alors de petites pièces isolées, situées au coeur des châteaux forts médiévaux, sous le donjon, c’est à dire la tour principale du château, dans de grandes salles souterraines.

Ces petites pièces sans portes ni fenêtres n'étaient accessibles la plupart du temps que par une trappe et une échelle. Et pouvaient ainsi servir de grenier pour stocker les réserves de nourriture à l'abri des rongeurs ou des insectes.

Une oubliette

Et non pas, comme l'historiographie officielle du XIXe siècle nous l'a longtemps fait croire, en raison d'une malheureuse erreur d'interprétation des cachots souterrains ou des fosses, dans lesquels on enfermait les condamnés à la prison perpétuelle et où les seigneurs précipitaient ceux dont ils voulaient se débarrasser secrètement..

Sources : wiktionary.org, www.chosesasavoir.com et www.lumni.fr

"Fromage OU dessert" et "Fromage ET dessert".

Ces deux petites phrases revêtent une signification différente selon qu'elles sont utilisées au sens propre ou au sens figuré :

  • au sens propre, il s'agit de deux formules utilisées dans les menus des restaurants, imposant de choisir entre deux gourmandises représentatives de l’art de vivre à la française,
  • tandis qu'au sens figuré les mêmes formules servent à évoquer :
    • la nécessité d'un choix cornélien : c'est l'un OU l'autre ; il faut impérativement choisir.

On dit par exemple : "Tu peux continuer à te payer de belles vacances et changer régulièrement de véhicule ou décider de devenir propriétaire : c'est fromage OU dessert !".

    •  ou au contraire la chance de pouvoir bénéficier de deux choses à la fois, sans que l'on ait besoin d'effectuer un choix ; l'issue d'une affaire se révélant plus avantageuse que ce à quoi l'on pouvait s'attendre.

On dit par exemple : "Cette année son épouse a obtenu une importante promotion ainsi qu'une jolie augmentation de salaire. C'était fromage ET dessert !".

"Fieffé"

Cet adjectif nous vient en droite ligne du Moyen Âge, puisqu'il signifie :

  • au sens propre "pourvu d'un fief",
  • et au sens figuré "possédant au plus haut degré un défaut, un vice".

C'est naturellement dans cette seconde acception qu'il peut m'arriver de l'utiliser occasionnellement dans J'aime les mots.

On dit par exemple : "Vous êtes un fieffé menteur !".

"Un fief".

Ce mot signifie :

  • au sens propre, au Moyen Âge, un domaine concédé par le seigneur à son vassal (le feudataire), en contrepartie de certains services.

Il s'agit de l'institution fondamentale de la féodalité, qui en tire du reste son nom !

  • et, de nos jours, au sens figuré, un domaine ou un territoire sur lequel quelqu'un règne en maître, dirige.

On parle par exemple de "Fief électoral" pour Jacques Chirac en Corrèze (19) ou François Mitterrand dans la Nièvre (58)

"Après lui, on peut tirer l'échelle" ou "Après cela, il faut tirer l'échelle".

Cette expression du registre familier signifie de nos jours, au sens figuré, :

  • il a si bien fait quelque chose que nul ne pourra faire mieux,
  • ou cela est tellement imprévu, déconcertant, surprenant qu'on ne peut rien imaginer au-delà.

Mais l'origine de cette expression remonte au Moyen Âge, où lorsque l'on exécutaient plusieurs condamnés par pendaison, on pendait toujours celui jugé le plus coupable en dernier lieu.

Avant de pouvoir tirer l'échelle qui avait permis aux condamnés de monter au gibet, cette structure, généralement en bois, utilisée pour les exécutions par pendaison.

Source : wikipedia.org

"Jeux de mains, jeux de vilains".

Ce proverbe, généralement employé à l'encontre des enfants turbulents et bagarreurs, trouve son origine au Moyen Âge, où il était alors utilisé en référence aux "vilains" - personnes de basse condition, et de manière plus générale paysans -, dont les disputes ou querelles se finissaient souvent en véritables bagarres.

Les vilains avaient en effet coutume d'échanger, par taquinerie, des coups légers, mais qui pouvaient aisément dégénérer en combats ; lesquels s'effectuaient alors à mains nues, les armes étant alors l'apanage des nobles.

Le mépris social initialement attaché à ce proverbe s’est effacé avec le temps et il signifie simplement de nos jours qu'il n'est pas beau de se battre et que les bagarres sont le propre des voyous.

Source : wiktionary.org, www.linternaute.fr et www.pierrefeuilleciseaux.fr