"Se brûler les ailes".

Cette expression signifie, au sens figuré : subir des pertes en faisant quelque chose, prendre trop de risques, dépasser certaines limites pour ensuite le regretter.

Et, indirectement : vouloir à tout prix connaître quelque chose de secret peut s'avérer dangereux.

Contrairement à ce que l'on croit parfois, cette expression n'est absolument pas un idiotisme animalier et ne fait nullement référence à un insecte qui se brûlerait parce qu'il se serait trop approché d'une ampoule.

Elle est directement héritée de la mythologie grecque et du personnage d'Icare, le fils de l'architecte Dédale.

Icare ne s'est pourtant pas vraiment brûlé les ailes... mais les a plutôt perdu :

Les deux hommes avaient en effet été cloîtrés par Minos dans le labyrinthe que Dédale avait conçu pour enfermer le Minotaure.

Les sorties étant soigneusement gardées, Dédale trouve une solution pour s'échapper par la voie des airs.

Cette solution consiste à confectionner, pour son fils et lui, des ailes semblables à celles des oiseaux, confectionnées avec des plumes et collées sur leurs omoplates avec de la cire.

Il met en garde son fils, Icare, lui interdisant de s'approcher trop près de la mer, à cause de l'humidité, et du soleil, à cause de la chaleur.

Icare et son père Dédale

Mais le jeune Icare, grisé par le vol, oublie rapidement l'avertissement de son père et prend trop d'altitude. La chaleur du soleil fait alors fondre la cire et les plumes se détachent, précipitant Icare en chute libre, sous les yeux horrifiés de Dédale, qui ne peut rien faire pour le sauver.

Icare et son père Dédale

De nos jours encore, la petite île grecque où serait tombé Icare est appelée, en son hommage, "Icare" ("Ikaria" en grec) et la mer qui l'entoure "la "mer Icarienne" (partie de la mer Méditerranée située dans la mer Égée), au Sud-Est de la Grèce.

Localisation de l'île d'Icare, dans la mer icarienne (partie de la mer Méditerranée située dans la mer Égée), au Sud-Est de la Grèce
Localisation de l'île d'Icare, dans la mer icarienne (partie de la mer Méditerranée située dans la mer Égée), au Sud-Est de la Grèce

Le film français "I comme Icare", réalisé en 1979 par le réalisateur Henri Verneuil, avec Yves Montand dans le rôle du procureur Volney, traduit parfaitement cette allégorie d'Icare : à vouloir trop s'approcher de la vérité, on se brûle les ailes.

Affiche du film français "I comme Icare" de Henri verneuil (1979)

Et cette histoire sert aujourd'hui de référence à tous ceux qui veulent en tirer une morale, en expliquant à leurs enfants que c'est pour leur seul bien qu'ils leur donnent des conseils.

Et que l'enfant qui ne les suit pas scrupuleusement court le risque de se retrouver très sévèrement puni.

Sources : wikipedia.org, licmace.wordpress.com et www.languefrancaise.net

"Birdy Nam Nam".

Le groupe français Birdy Nam Nam

C'est dans le cinéma que ce groupe français d'électro, créé en 2001, est allé chercher son étrange nom en forme de gémination.

Plus exactement dans "La party", un film culte américain de 1968 de Blake Edwards, avec le génial et regretté Peter Sellers.

Dans ce chef d'oeuvre du nonsense, en effet, l'acteur britannique dit au perroquet de son hôte producteur, en se risquant à le nourrir, : "Birdy num num" (beur-di neum-neum). Autrement dit, quelque chose comme "Miam-miam le zoziau" en français.

La scène figure d'ailleurs dans le clip de "Ready for War, ready for Whut ?", un morceau de Birdy Nam Nam sorti en 2005.

Ainsi "Birdy num num" (beur-di neum-neum) est-il devenu "Birdy Nam Nam" (beur-di nam-nam).

À l'instar du groupe anglais Duran Duran, (du-rane du-rane), qui avait légèrement anglicisé le nom du savant fou "Durand Durand" (duran duran), en en supprimant les "d", nos jeunes français ont, pour leur part, quelque peu francisé cette réplique en remplaçant les "u" par des "a".

"Duran Duran".

Le groupe britannique Duran Duran

C'est dans le cinéma que ce groupe de new wave britannique, fondé en 1978 à Birmingham (Angleterre) (Royaume-Uni) est allé chercher son curieux nom en forme de gémination.

Plus exactement dans "Barbarella", un film franco-italien de science-fiction réalisé, en 1968, par le français Roger Vadim, un homme fondamentalement dénué de tout sens esthétique et à la vie sentimentale décidément marquée par la déveine, puisque successivement obligé de vivre avec la célèbre pléiade de boudins difformes : Annette Stroyberg, Brigitte Bardot, Jane Fonda, Catherine Deneuve et Marie-Christine Barrault !

Affiche du film "Barbarella"

Le film constitue une adaptation de la bande dessinée avant-gardiste du même nom, créée en 1962 par le français Jean-Claude Forest, et mettant en scène celle qui fut considérée comme la première héroïne "pour adultes", pourtant bien innocente au regard de nos critères actuels !

On y trouve, quoi qu'il en soit, le savant fou "Durand Durand", dont nos jeunes musiciens ont anglicisé le nom en en supprimant les "d" pour en faire celui de leur célèbre groupe.

Ainsi "Durand Durand" (duran-duran) est il devenu "Duran Duran" (durane-durane).

À l'instar du groupe français "Birdy Nam Nam" (beur-di nam-nam), qui francisera quelques années plus tard la réplique "Birdy Num Num" (beur-di neum-neum), du film "La party", en en remplaçant les "u" par des "a".

Pour vous rajeunir un peu : des images de ce groupe, avec leur tube planétaire de 1983, "The reflex" :

30 façons de dire "Dormir".

Jeune femme endormie
  • Le registre argotique nous propose les verbes "Écraser", "Pioncer" et "Roupiller".

Ainsi que le verbe "Ronquer", qui est utilisé en Occitanie et par les Gadz'Arts.

Et la locution verbale en forme de gémination "Faire dodo" - ainsi que ses variantes "Faire un bon dodo", "Faire un gros dodo" ou "Faire un petit dodo" - appartient au langage enfantin.

Les locutions "Piquer un roupillon" ou "Piquer un somme" relèvent du registre familier ; et "Faire la sieste" (ou "Faire une sieste"), "Faire un sieston" et "Faire un somme", du langage courant.

Quant au registre soutenu, il nous offre une superbe expression héritée de la mythologie grecque, avec "Être dans les bras de Morphée".

  • Le verbe "Ronfler" (langage courant) sous-entend naturellement que l'on dort.
  • La locution "Fermer l'oeil" (langage courant) s'emploie surtout au sens négatif, afin d'expliquer, de manière imagée, que l'on n'a pas dormi ("Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit").
  • Les verbes "Dormailler" (registre familier, peu usité), "Sommeiller" (registre désuet) ou "Somnoler" (langage courant) désignent un sommeil de piètre qualité.
  • Tandis que les locutions verbales "Être assoupi" et "Se reposer les yeux" évoquent un demi-sommeil.
  • On dispose également de nombreuses formules pour évoquer un sommeil profond et tranquille :

Le registre familier nous offre ainsi deux charmants idiotismes animaliers : "Dormir comme un loir" et "Dormir comme une marmotte".

"Dormir sur ses deux oreilles", "Dormir tranquille", "Dormir comme un ange", "Dormir comme un bébé", "Dormir comme un bienheureux" et "Dormir comme une souche" relèvent du langage courant, ainsi que "Dormir à poings fermés" ou "Dormir du sommeil du juste".

  • Enfin la locution verbale "Faire de beaux rêves" (langage courant) s'utilise lorsque l'on souhaite à quelqu'un de bien dormir ("Fais de beaux rêves").

"Être épais comme un sandwich SNCF".

C'est au chanteur Renaud que nous devons cette superbe expression imagée.

Utilisée en 1980, dans sa chanson "Marche à l'ombre", pour se décrire, elle désigne un individu d'apparence fragile.

La langue française bous offre de nombreuses autres possibilités d'évoquer un homme très mince ou de faible constitution, que j'ai regroupé au sein d'un petit article.

 

30 façons de dire "Un homme très mince ou de faible constitution".

Un jeune homme de faible constitution, "taillé comme une ablette"

Le registre familier est particulièrement riche lorsqu'il s'agit de décrire un individu d'apparence fragile.

On peut ainsi dire qu'il s'agit d'une "Mauviette", qu'il est "Maigrichon", "Maigriot" (rare), "Racho", "Taillé comme une arbalète", "Taillé comme une allumette" ou "Taillé dans du fil de fer".

Ou utiliser les formules "Avoir un corps d'endive", "Demi-portion", "Épais comme un cure-dents" ou "Épais comme un sandwich SNCF", popularisée par le chanteur Renaud, avec sa chanson "Marche à l'ombre", en 1980.

Ainsi que les idiotismes animaliers "Gaulé comme un asticot", "Maigre comme un coucou" ou "Taillé comme une ablette".

Le langage courant met à notre disposition les adjectifs "Décharné", "Frêle", "Maigrelet", "Malingre",et "Squelettique", ainsi que les substantifs "Gnome", "Gringalet", "Minus" ou "Nabot", la locution nominale "Petit gabarit" et les locutions adjectivales "Pas épais" ou "Pas bien épais".

Tandis que les adjectifs "Chétif", "Étique", "Fluet" et "Rachitique", ou le substantif "Avorton" relèvent plutôt du registre soutenu.

"Être repasseman".

J'aime beaucoup cette très originale expression relevée dans les dialogues écrits par Michel Audiard pour "Le gentleman d'Epsom", un film français de 1962 de Gilles Grangier, avec le génial Jean Gabin.

Elle relève de ce que l'on appelle "l'anglais de cuisine" et signifie "Se faire enculer", "Se faire mettre" (registre vulgaire), "Se faire repasser", "Se faire entuber" (registre argotique), "Se faire avoir" (registre familier), "Avoir été dupé" (registre soutenu).

"Un sacripant".

À l'instar de "Une rodomontade", ce mot nous vient directement de la littérature italienne, puisqu'il fait référence à Sacripante, roi de Circassie, un personnage de Boïardo Matteo Maria, dans "Roland amoureux" (1483), un long poème inachevé, complété par Nicolo degli Agostini et Lodovico Domenichi, puis refondu par Francesco Berni (1541). Et de L’Arioste, dans "Roland furieux" (1516), sa suite.

  • D'abord utilisé pour désigner un fanfaron, un bravache, un faux brave,
  • ce terme relève aujourd'hui du registre familier et désigne un chenapan, un vaurien, une personne capable de mauvais coups.

Sur un sujet contigu, je me permets de vous recommander la lecture de mon article consacré à toutes les façons de dire en français "Un jeune voyou" ou "Un petit voyou".

Source : wikipedia.org

"Jésus-Christ... et la caravane passe !" ou "Jésus crie... et la caravane passe !".

Ce superbe calembour de Coluche, extrait de sa saynète "Le blouson noir", n'a pas pris une ride depuis 1975 !

Explication du calembour
Il résulte de l’homophonie entre le nom « Jésus-Christ » et la locution nominale « Jésus crie », associée au proverbe « Le chien aboie, la caravane passe« .

Coluche dans "Le blouson noir" (1975)

On ne dit pas : "Honni soit qui manigance" !

Comme l'a très astucieusement fait Coluche dans ce génial calembour, que l'on peut retrouver dans "Les inoubliables", un recueil d'aphorismes posthume, publié en 1992 aux Éditions Fixot.

Explication du calembour
« Il résulte de l’homophonie entre la formule inventée par Coluche « Honni soit qui manigance » et la devise du Très noble ordre de la Jarretière « Honni soit qui mal y pense » . »

Mais "Honni soit qui mal y pense".

  • Cette expression constitue en effet la devise (en français) du très noble ordre de la Jarretière, le plus élevé des ordres de chevalerie britanniques et le plus ancien subsistant encore au XXIe siècle.
  • Et elle s'emploie chez nous, de nos jours, à l'attention de ceux qui suspecteraient des intentions malicieuses ou malveillantes derrière des paroles prononcées ou des actes accomplis sans aucune arrière-pensée.

Ce qui pourrait se dire de manière plus moderne par une formule du type : "Honte à celui qui voit le mal (dans mon geste ou dans mon propos)".

On dit par exemple : "Honni soit qui mal y pense : lorsque je regarde la femme du directeur je suis  en admiration car je trouve qu'elle a un corps sublime".

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