Les mots, citations, expressions et locutions latins que nous utilisons en français
Pour une langue morte, le latin ne se porte pas si mal à en juger par le nombre de mots, citations, expressions ou locutions que nous continuons d’utiliser régulièrement en français. Et ce sans même être scientifique !
Découverts très jeune dans les aventures d' »Astérix le gaulois »et dans les pages roses du Petit Larousse de mes parents, nombre d’entre eux continuent d’agrémenter mes conversations ou mes écrits ; quitte à surprendre ou paraître parfois délicieusement (j’espère !) désuet ou suranné !
Je me propose ici de vous les faire découvrir ou redécouvrir.
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Ces deux locutions nous viennent du latin "Ad nauseam" ("Jusqu'à la nausée") et "Argumentum" (" ").
Relevant du registre soutenu, elle signifient respectivement :
"Ad nauseam" (locution adverbiale) : effectué de façon obsessionnelle et répétitive, jusqu'au dégoût, jusqu'à l'écoeurement.
On dit par exemple : "Je ne supporte plus ces messages publicitaires dont les chaînes de télévision nous inondent ad nauseam".
et "Argumentum ad nauseam" (locution nominale) : tentative de conviction par répétition, sophisme basé sur la répétition d'une affirmation.
C'est le mécanisme qui se cache derrière l'efficacité des rumeurs et de la propagande (ou publicité) répétitive (voire, à l'extrême, du lavage de cerveau) : l'utilisateur de l'argumentum ad nauseam finit par avoir raison par forfait.
Sources : Le Robert, wiktionary.org et www.linternaute.fr
Ce substantif masculin, qui se prononce dé-tri-tu, relève du langage courant.
Polysémique, il nous vient du latin "detritus" signifiant "usé, broyé", participe passé du verbe "deterere" ("user par le frottement" ». A remplacé détriment. Le sens de « matériaux réduits à l’état de poussière » apparaît au milieu du XIXe siècle.
Et il désigne, selon le contexte :
au sens propre :
de façon générale : une ordure, un déchet, un résidu, un débris inutilisable, un objet dont on n’a plus l’usage.
On dit par exemple : "J'ai dû débarrasser le grenier de mon grand-père de tout un tas de détritus".
dans le domaine de la biologie :
un débris de matières organiques d'origine animale ou végétale,
un amas naturel de ces débris,
ou, depuis le milieu du XIXe siècle : ces matériaux réduits à l’état de poussière ou de boue.
dans le domaine de la géologie et dans le registre désuet : un débris de roches.
dans le domaine de la biologie : un déchet provenant de la nécrose d’un tissu à la suite d’un traumatisme ou d’une infection.
et par métaphore et de façon péjorative, au sens figuré, dans le registre soutenu : un reste inutilisable.
Sources : wiktionary.org, www.cnrtl.fr et www.littre.org
Tous ces adverbes nous viennent bien sûr du latin.
Les deux premiers sont essentiellement connus pour être couramment employés dans le libellé des adresses ("11 Bis rue du croissant" ou "310 Ter boulevard de la république").
Mais tous s'utilisent le plus souvent dans le domaine juridique, puisqu'ils désignent respectivement les :
"Bis" : deuxième,
"Ter" : troisième,
"Quater" : quatrième,
"Quinques" : cinquième,
"Sexies" : sixième,
"Septies" : septième,
"Octies" : huitième,
"Nonies" : neuvième,
"Decies" : dixième,
"Undecies" : onzième,
"Duodecies" : douzième,
"Terdecies" : treizième,
"Quaterdecies" : quatorzième,
"Quindecies" : quinzième,
"Sexdecies" : seizième,
"Septdecies" : dix-septième,
"Octodecies" : dix-huitième,
"Novodecies" : dix-neuvième,
"Vicies" : vingtième,
"Unvicies" : vingt-et-unième,
"Dunvicies" : vingt-deuxième,
"Tervicies" : vingt-troisième,
"Quatervicies" : vingt-quatrième,
"Quinvicies" : vingt-cinquième,
"Sexvicies" : vingt-sixième,
"Septvicies" : vingt-septième,
"Octovicies" : vingt-huitième,
"Novovicies" : vingt-neuvième,
"Tricies" : trentième,
"Untricies" : trente-et-unième,
"Duotricies" : trente-deuxième,
"Tertricies" : trente-troisième,
"Quatertricies" : trente-quatrième,
"Quintricies" : trente-cinquième,
"Sextricies" : trente-sixième
et "Septtricies" : trente-septième article d'une série d'articles portant le même numéro de base dans une loi ou une autre norme juridique.
On dit par exemple : "En vertu de l'article 4 sexies et de l'article 7 octies".
Ainsi qu'a pu le déclarer, le 5 septembre 2022, Emmanuelle, une viticultrice mosellane, candidate de l'émission "L'amour est dans le pré", sur la chaîne de télévision française M6.
Mais : "UNE aura" !
Ce substantif féminin nous vient du latin "aura" ("air en mouvement").
Et il désigne, selon le contexte :
un concept ésotérique désignant un contour coloré, comme un "halo de lumière" qui rayonnerait autour du corps ou de la tête d'un être vivant et qui serait la manifestation d'un ou plusieurs "champs d'énergie" ou d'une force vitale.
L’aura changerait de couleur selon l’évolution, l’état émotionnel ou de santé du sujet.
par extension : le prolongement, la résonance d’un livre, d’une oeuvre d’art dans la sensibilité.
On dit par exemple : "L'auteur de ce tableau a su donner à cette scène une aura poétique".
en médecine :
la sensation subjective vague, toujours la même chez chaque malade, qui permet à celui-ci de prévoir l’imminence d’une crise. Elle peut être motrice (mouvement d’un doigt, d’un membre), sensitive, sensorielle (olfactive, auditive, visuelle, etc.), psychique, etc.
L’aura est surtout fréquente dans l’épilepsie, l’asthme, la migraine et l’hystérie.
ou autrefois (registre désuet) : une émanation subtile du liquide spermatique qui semblait nécessaire pour la fécondation.
et enfin, en philosophie : l'atmosphère qui entoure ou semble entourer certains êtres ; leur image, leur réputation.
On dit par exemple : "Des personnalités comme De Gaulle ou Mitterrand possédaient une aura de vieux sages".
Sources : Le Robert, wikipedia.org et wiktionary.org
Ce terme qui nous vient du latin e"militaria" ("militaire") est souvent utilisé par les collectionneurs et marchands spécialisés, pour désigner les antiquités militaires.
C'est à dire : tout artéfact (au sens d'objet fabriqué par l'Homme) témoignant de l'activité militaire de tous les pays et de toutes les époques.
Il peut s'agir d'originaux ou parfois de répliques d'objets militaires, neufs ou anciens, recueillis pour leur importance historique.
Il existe une grande variété de militaria de collection, puisque ces antiquités comprennent par exemple :
les armes à feu,
les armes blanches (épées, couteaux, lances, etc.),
les uniformes, coiffures, casques, képis, autres coiffures militaires (vêtements militaires, épaulettes, bottes, sangles, ceinturons, tuniques) ou armures,
les boutons et insignes militaires des différents corps d’armée,
les médailles et décorations militaires, (Légion d’honneur, Croix de la Libération, Croix de guerre, etc.),
les accessoires et pièces détachées militaires (jumelles, gourdes, étuis, sacs, caisses, bidons, boites, outils, vaisselle, trousses de premiers soins),
les objets artistiques militaires (gravures, peintures, sculptures) relevant de ce que l'on appelle l'art militaire ou art de tranchée,
les documents (plans, papiers divers, photographies, cartes postales, tracts, affiches, cartes d'État-Major, lettres, etc.), revues et livres militaires,
ainsi que des éléments de l'équipement de combat (filet de camouflage) et des engins de terrain (mitrailleuses).
Par extension, on y inclut parfois les modèles réduits, soldats de plomb, copies, fac-similés, figurines et oeuvres d'art postérieurement réalisés mais relatifs aux activités militaires.
Une revue francophone, créée en 1984, consacrée à ce thème, porte le nom de "Militaria".
Il existe de nombreux salons, forums, revues et bourses de militaria, mais la majorité porte sur les deux grands conflits mondiaux de 1914-1918 et 1939-1945.
Ces mots homophonographes ne doivent surtout pas être confondus :
"Une mater" (ma-tère) est un substantif féminin du registre familier, signifiant selon le contexte :
par apocope : un établissement hospitalier public ou privé, service d'hôpital ou de clinique, réservé aux femmes sur le point d'accoucher ou présentant des complications dues à leur grossesse.
ou, pour les jeunes, par utilisation du mot latin "mater" ("la mère) : une mère.
On dit par exemple : "Ta mater est d'accord pour samedi soir ?".
"Devise" ou "Devises" est un mot polysémique du langage courant signifiant, selon le contexte :
"Une devise" ou "Des devises" :
dans le domaine économique et financier :
tout actif financier liquide libellé en monnaie étrangère,
et par métonymie : l'unité monétaire d'un pays étranger, par opposition à la "monnaie", qui est l'unitaire monétaire de son propre pays,
On dit par exemple : "L'arrivée de l'euro a bien simplifié la vie des voyageurs en Europe, qui ne sont plus obligés de se procurer des devises différentes pour chacun des pays visités".
en héraldique : une figure emblématique accompagnée d'une courte formule qui, généralement, s'y rapporte,
par métonymie : la formule seule,
On dit par exemple : "La devise de la République française est Liberté, Égalité, Fraternité".
par analogie : une courte formule exprimant un sentiment, une pensée, une attitude, un mot d'ordre, résumant une règle de conduite ou un idéal ; un adage, une maxime, une sentence,
On dit par exemple : "J'adore être pris pour un con par les imbéciles : telle est ma devise".
et "Je devise" et "Tu devises" :
je converse, je discute, je m'entretiens familèrement avec quelqu'un, ou tu converses, tu discutes, tu t'entretiens familièrement avec quelqu'un.
On dit par exemple : "Je devise souvent avec des collègues à l'heure de l'apéro".
et pour nos amis Suisses : j'établis un devis ou tu établis un devis.
Bien qu'elle soit couramment utilisée en France au sein de certains services commerciaux, cette acception du verbe "Deviser" constitue un helvétisme.
Source : www.journaldunet.fr, www.larousse.fr et www.cnrtl.fr