Tel est le titre sous lequel a été distribué dans notre pays le film germano-états-unien "Traffic", réalisé par Steven Soderbergh en 2000 et constituant l'adaptation cinématographique de la mini-série britannique "Traffik" écrite par Simon Moore et diffusée en 1989 à la télévision.
Le film aurait pourtant bien évidemment dû s'appeler "Trafic" avec un seul "f".
Accepter la diffusion à travers tout le pays de telles affiches contribue bien sûr largement à la mauvaise graphie de ce mot par de plus en plus de mes compatriotes, et cela a le don de m'exaspérer.
Je ne comprends absolument pas comment l'on peut autoriser des pratiques aussi scandaleuses !
"Antagonique" et "Antagoniste" sont deux adjectifs paronymiques du registre soutenu aux significations proches mais dont on ne peut pas dire qu'ils sont parfaitement synonymes :
"Antagonique" signifie en effet uniquement : en antagonisme, opposé, agissant en sens contraire.
On dit par exemple : "Le patronat et les syndicats ont naturellement des intérêts antagoniques".
tandis que "Antagoniste" signifie tout à la fois :
opposé, rival, adversaire, ennemi ; personnes s'opposant dans une lutte idéologique, dans un conflit,
On dit par exemple : "Lucky-Luke et les Dalton sont personnages antagonistes".
en anatomie et myologie : en opposition fonctionnelle, pour des organes et notamment des muscles (voir plus bas),
On dit par exemple : "L'homme possède des muscles antagonistes".
et, en pharmacologie et en électrophysiologie : bloquant ou diminuant l'effet physiologique d'une autre molécule, pour une molécule interagissant avec un récepteur membranaire ou récepteur nucléaire.
Enfin, lesubstantif "Un antagoniste" désigne lui :
dans le théâtre grec antique, et par extension dans d'autres arts du récit comme la littérature, la bande dessinée ou le cinéma : un personnage, un groupe de personnages, ou une institution, représentant l'opposition du protagoniste. En d'autres termes : une personne, ou un groupe de personnes s'opposant au(x) personnage(s) principal/principaux.
Par exemple, lorsqu'un héros combat, d'une manière ou d'une autre, un méchant, celui-ci est l'antagoniste du héros, qui est le protagoniste.
L'antagoniste peut également représenter une menace ou un obstacle au personnage principal.
On dit par exemple : "Les frères Dalton sont les antagonistes de nombreux albums de Lucky-Luke".
en anatomie et myologie : un muscle ou un groupe de muscles s'opposant au mouvement créé par les agonistes. Lorsqu'un muscle travaille, le muscle opposé ne travaille pas, sinon il empêcherait le mouvement de se produire, car les deux muscles se compenseraient. Lors d'un effort musculaire, le muscle agoniste est celui qui se contracte, et le muscle antagoniste celui qui s'étire en réaction à cette contraction. Ainsi, chaque muscle possède son muscle antagoniste,
et, en pharmacologie et en électrophysiologie : une molécule interagissant avec un récepteur membranaire ou récepteur nucléaire et bloquant ou diminuant l'effet physiologique d'une autre molécule.
Sources : wiktionary.org, wikipedia.org et www.larousse.fr
Il s'agit du nom de scène de l'actrice française Marie-Louise Gournay, née le 27 janvier 1919 et morte le 16 août 1998.
Même s'il se souvient d'elle pour l'avoir vue à maintes reprises, le grand public ignore malheureusement souvent son nom.
Ayant fait ses débuts au cinéma au début des années 1940, Dominique Davray a en effet joué de très nombreux rôles secondaires, incarnant les femmes accortes ou légères, mais au caractère bien trempé.
Simone Signoret et Dominique Davray, dans "Casque d'or" de Jacques Becker (1952)
On la remarque dans le rôle de Julie, auprès de Simone Signoret, dans "Casque d'or" de Jacques Becker (1952), en inénarrable "Alsacienne en costume" dans "Les espions" de Henri-Georges Clouzot (1957), en "gouvernante fataliste" auprès de Corinne Marchand dans "Cléo de 5 à 7" d’Agnès Varda (1962), puis dans le rôle de "Madame Mado" dans le cultissime "Les tontons flingueurs".
Plus tard, du milieu des années 1960 jusqu’aux années 1970 et l’âge venant, ses emplois se modifient et elle joue les femmes matures de caractère, qu’elles soient religieuses, infirmières, concierges ou prostituées (au moins six !). Elle tient de nombreux petits rôles dans bon nombre de comédies, notamment aux côtés de Louis de Funès pour plusieurs scènes devenues cultes, comme dans :
"Le tatoué", de Denys de la Patellière (1967), où elle joue la femme idiote de Louis de Funès.
"Le gendarme en ballade" de Jean Girault (1970), où elle joue la "religieuse forte".
Après avoir personnifié "Gilette la charonne" dans "Notre-Dame de Paris" de Jean Delannoy, en 1956, elle apparaît pour la dernière fois au cinéma en incarnant un autre personnage de Victor Hugo : "La Magnon", dans la version de Robert Hossein des "Misérables" de Victor Hugo (1982).
Riche de plus de 70 films, sa filmographie comporte des noms de réalisateurs aussi prestigieux que :
Yves Allégret, Jacques Becker, Jean Becker, Bertrand Blier, Jean-Claude Brialy, Marcel Carné, André Cayatte, Henri-Georges Clouzot, Philippe De Broca, Denys de La Patellière, Jean Delannoy, Jacques Deray, Julien Duvivier, Jean Girault, Gilles Grangier, Pierre Granier-Deferre, Pierre Grimblat, Sacha Guitry, Robert Hossein, Georges Lautner, Jean-Paul Le Chanois, Gérard Oury, Jean-Marc Thibault, Agnès Varda, Henri Verneuil et Claude Zidi.
Dominique Davray et Robert Lamoureux, dans "Papa, maman, la bonne et moi" de Jean-Paul Le Chanois (1954)Dominique Davray et Jean Martin, dans "L'aile ou la cuisse" de Claude Zidi (1974)
Et même : Alfred Hitchcock, Anatole Litvak et Joshua Logan (le réalisateur de "Bus stop") !
Cette locution nominale masculine en forme d'itiotisme textile ou vestimentaire et d'idiotismechromatique désigne : un habit d'académicien, membre de l'Institut de France, porté lors des réunions solennelles et des cérémonies officielles.
"Un habit d'académicien" et pas seulement - ainsi qu'on le croit souvent, me semble-t-il - de "membre de l'Académie française".
L'habit vert est donc également porté par les membres des quatre autres académies de l'Institut de France.
L’Institut de France demandant officiellement un costume simple et décent, sa composition fut décidée par un arrêté du Consulat du 13 mai 1801, puis amendée au fil des siècles.
Il consistait en :
d'une part un grand costume : habit, gilet ou veste, culotte ou pantalon noirs, brodés en plein d’une branche d’olivier en soie vert foncé, chapeau à la française,
et d'autre part un petit costume : habit plus sobre n’ayant de broderie qu’au collet et aux parements de la manche avec une baguette sur le bord de l’habit.
Victor Hugo inaugure en 1848 une nouvelle mode à l'origine de l'évolution de l'habit : le frac à la place de la redingote, le jabot transformé en plastron et cravate blanche et le port du pantalon en remplacement de la culotte et des bas de soie.
À l'origine en deux versions, le petit costume tomba rapidement en désuétude, seul le grand costume subsiste encore de nos jours.
Il est actuellement composé d'un chapeau bicorne, d'un gilet et d'un pantalon en drap noir ou bleu foncé, et non plus vert foncé comme à l'origine, brodés de branches d'olivier vertes et or, d'une cape et d'une épée.
Le port de la tenue est obligatoire - sauf pour les ecclésiastiques - et sa confection très codifiée.
S'il est "conçu dans les règles de l'art", ce qui peut prendre six mois, l'habit peut coûter jusqu'à... 35 000 € !
L'épée d'académicien
L, qui sont dispensés du port de l'habit, peuvent également s'abstenir de porter l'épée.
L'arrêté de 1801 ne prévoyait pas de tenue féminine ; une certaine liberté vestimentaire est donc accordée aux femmes.
Les ecclésiastiques et, en principe, les femmes n’en reçoivent pas. Pourtant, si Jacqueline de Romilly porte un sac à main brodé assorti à sa cape, Hélène Carrère d'Encausse, Florence Delay, Assia Djebar, Simone Veil, Danièle Sallenave et Dominique Bona ont toutes choisi d'en porter une.
Son origine est liée à l'Institut d'Égypte et rappelle les usages de l'Ancien Régime.
Véritable objet d'art, l'épée constitue l'attribut personnel de l'académicien et revêt une haute charge symbolique. Elle lui est généralement offerte par ses amis et collègues, réunis dans un "Comité de l'épée", et lui est remise lors d'une cérémonie privée quelques jours avant sa réception. Oeuvre originale conçue avec beaucoup de liberté par des artistes joailliers, elle est offerte au récipiendaire dans le cadre d'une souscription auprès des amis du futur académicien. Ou peut être une arme ancienne, comme une épée de cour par exemple.
Un film portant ce titre, avec l'excellent acteur français Jules Berry, a été réalisé en 1937 par le réalisateur français Roger Richebé, d'après la pièce de théâtre homonyme de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet.
Assez curieusement, l'assistant réalisateur du film, Marcel Cohen (né le 22 novembre 1908 et mort le 6 décembre 2002), par ailleurs scénariste et monteur, en a réalisé par la suite une nouvelle version sous forme de téléfilm, en 1957.
Il se fera ensuite appeler Marcel Cravenne, comme son frère, l'attaché de presse, journaliste et producteur de cinéma Georges Cohen devenu Georges Cravenne, le fondateur des Césars, des Molières et des 7 d'or.
"Un réalisateur" ou "Une réalisatrice" est une personne dirigeant la fabrication d'une oeuvre audiovisuelle, généralement pour le cinéma ou la télévision, mais aussi pour la musique enregistrée ou la fabrication d'une émission de radio (dans ce cas, on parle plus volontiers de "metteur en ondes").
Il est un peu l'équivalent du metteur en scène de théâtre.
et "Un cinéaste" (un mot inventé vers 1920 par le réalisateur Louis Delluc) est un artiste pratiquant le cinéma.
Certains réalisateurs de films créant des longs ou courts métrages dont ils sont les créateurs uniques (scénario et mise en scène) préfèrent se nommer "cinéastes", un terme qui ferait à leur avis plus référence à la création que le terme de "réalisateurs", qui évoquerait plutôt le partage des tâches dans une équipe technique.
Cependant, le terme "cinéaste" englobe d'autres métiers tels que le directeur de la photographie et l'ingénieur du son qui se disent aussi cinéastes.
Il s'agit du nom de scène et du nom d'artiste de l'actrice française Geneviève Menut, née le 9 février 1912 et morte d'un cancer le 2 janvier 1992.
Avec ses yeux de braise, son sourire charnel et sa voix canaille, Ginette Leclerc a été, des années durant, la représentation même de la femme fatale et de la "vamp" des bas-fonds.
Elle disait d'ailleurs d'elle, avec malice : "Je suis l'actrice qui a fait le plus longtemps le trottoir et qui a été le plus souvent assassinée".
Ginette Leclerc dans "Le corbeau", de Henri-Georges Clouzot (1943)
Vie privée
Ginette se marie à dix-huit ans, le 20 octobre 1930, avec un danseur de seize ans son aîné, Lucien Leclerc, "pour ne pas travailler". Elle veut en effet être danseuse, mais sa famille s'oppose à ce choix. Toutefois, le ménage ne dure pas et elle divorce le 3 juillet 1939, conservant cependant son patronyme de femme mariée comme nom d'artiste et nom de scène.
Plus tard, Ginette Leclerc partage pendant une dizaine d'années la vie du comédien Lucien Gallas, dont elle a fait la connaissance en 1936 sur le tournage du film "La loupiote", de Jean Kemm et Jean-Louis Bouquet.
Ginette Leclerc et Lucien Gallas, dans "Le val d'enfer" de Maurice Tourneur (1943)
Elle a des débuts assez difficiles, posant pour des cartes postales "coquines", et faisant de la figuration pour le cinéma à partir de 1932, jusqu'au jour où elle est remarquée par Jacques Prévert.
Cinéma
Cette grande vedette du cinéma français, aujourd'hui très injustement oubliée, à mes yeux, a joué dans près de cent films, de 1932 à 1978.
Claude Autant-Lara confie un petit rôle à Ginette Leclerc dans "Ciboulette" en 1933, lançant le véritable début de sa carrière, suivi bientôt, en 1934, par "L'hôtel du libre échange" de Georges Feydeau, transposé au cinéma par Marc Allégret.
Actif de 1981 à 1992, ce groupe de rock français au nom étrange en forme de patronyme a été créé par l'auteur-compositeur-interprète Philippe Pascal et le compositeur et guitariste Anzia, précédemment membres du groupe rennais "Marquis de Sade".
"Marc" est le héros de nombreuses chansons du groupe. Et "Seberg" est une référence au nom de l'actrice états-unienne Jean Seberg, vedette, avec l'acteur français Jean-Paul Belmondo, du film phare de la Nouvelle vague, "À bout de souffle", réalisé en 1960 par Jean-Luc Godard.
Après la séparation du groupe "Marquis de Sade", le chanteur, Philippe Pascal retrouve Anzia, présent sur le premier album, "Dantzig twist" (1979). Après une première formation en 1981 avec les anciens membres du groupe rennais "Frakture" (Sergeï Papail, Pascal "Karels" Perrée et Philippe Rérolle), ils enregistrent un mini-album de 5 titres au studio DB, à Rennes (35), en septembre 1981.
En 1983 sort leur premier disque, "Marc Seberg 83", suivi en 1985 de "Le Chant des terres", avec, pour la première fois aux claviers, Pascale Le Berre.
Après "Lumières & trahisons", en 1987, leur quatrième disque, "Le bout des nerfs", sort en 1989 et est le dernier du groupe, qui se sépare en 1992.
En 1994, Philippe Pascal et Pascale Le Berre signent un disque sous le nom de "Philippe Pascale", mais celui-ci n'aura jamais de suite.
Cette expression française du registre populaire signifie : naturellement, évidemment, bien sûr, bien entendu.
On dit par exemple : "Comme de bien entendu, vous avez oublié votre livre à la maison ! Vous me ferez cent lignes !".
Comme de bien entendu... cette expression a été très largement popularisée depuis plus de 80 ans, grâce au succés de la chanson homonyme, interprétée, en 1939, par Arletty, Michel Simon, Andrex et Dorville, dans le film de Jean Boyer "Circonstances Atténuantes".
Les paroles de cette valse immortelle sont de Jean Boyer et la musique de Georges van Parys.
Elle a été remise à l'honneur, en 2002, par Patrick Bruel en duo avec Renaud sur le disque "Entre deux".
Puis, en 2013, par Jean-Jacques Debout, sur son disque "Les chansons des guinguettes".
Il s'agit du nom d'artiste de l'acteur français Marie Louis Jules Paufichet, né le 9 février 1883 et mort le 23 avril 1951.
Jules Berry est né à Poitiers (86), où son père, quincailler, porte beau et se fait appeler "président Berry", en référence au duc de Berry.
Ce goût immodéré pour l’ostentation marquera le futur "Jules Berry", qui, en 1888, quitte le Poitou avec sa famille pour la capitale, leur père Louis ayant trouvé un poste de chef de rayon au magasin le Printemps.
Bon élève, Jules Berry est diplômé de l'école d'architecture et de l'École des beaux-arts.
Durant ces études il se découvre une grande attirance pour le théâtre et aimerait devenir acteur, mais les jolies filles et le jeu l’amènent à rater le Conservatoire. Qu’à cela ne tienne, il apprend à jouer du piano, suit des cours de diction, écrit des textes et s’habille de beaux costumes pour faire le galant.
Il décroche un premier engagement dans un théâtre parisien et prend pour nom de scène "Jules Berry". Il rêve du "Français" mais comprend vite que ce n’est pas pour lui.
Son chemin passe plutôt par les théâtres de boulevard où sa grandiloquence et son sens du comique lui offrent de petits rôles jusqu’à son départ pour le service militaire. De retour en 1908, il enchaîne à l’Athénée, au théâtre Antoine, à l’Ambigu et entame une carrière dans l’autre capitale francophone qu’est Bruxelles (Belgique), après avoir été remarqué lors d'une tournée à Lyon (69), par Jean-François Ponson, qui l'engage pour douze ans au théâtre des Galeries Saint-Hubert. Le public bruxellois lui réserve un très bon accueil. Et il crée dans la capitale belge une trentaine de pièces à succès de Marcel Achard, Alfred Savoir, Louis Verneuil et Roger Ferdinand.
La Grande Guerre l’appelle sous les drapeaux et Jules Berry se sent obligé de s’y faire également remarquer en gagnant la Croix de Guerre pour acte de bravoure !
L’entre-deux-guerres est une période faste pour lui car le cinéma "parlant" ouvre les bras à cet orateur exceptionnel.
Dandy séducteur, portant cape et chapeau, il est la coqueluche du Tout-Paris et s’affiche avec les starlettes. Enjoué, mondain, joueur invétéré, talentueux au point de ne pas apprendre ses textes, on l’aime ou on le déteste, c’est selon.
Le cinéma
Il se lance dans le cinéma muet en 1908, à 25 ans, avec "Tirez s'il vous plaît" de Louis J. Gasnier, puis dans le parlant, en 1931, avec "Mon coeur et ses millions" de Berthomieu.
Au total, il jouera dans 89 films où le pire côtoie le meilleur, mais souvent comme premier rôle, ou avec son nom au-dessus de l'affiche, ainsi qu'en atteste ces quelques exemples.
Jules Berry incarne la grandiloquence, l'extravagance, le fantasque dont Pierre Brasseur sera par la suite le digne héritier.
Il est assurément l'un des plus grands acteurs du cinéma français et compte assurément parmi mes préférés.
L'acteur français Jules Berry, extraordinaire dans "Les visiteurs du soir" de Marcel Carné (1942)
Son rôle de diable machiavélique dans "Les visiteurs du soir", le film de Marcel Carné tourné en 1942, où il est admirable, marque le sommet de sa carrière.
Parmi ses meilleurs films, il convient de noter :
"Baccara" d'Yves Mirande (1935),
Affiche
"Le Crime de Monsieur Lange", de Jean Renoir (1935),
"27, rue de la Paix" de Richard Pottier (1936),
"L'Habit vert" de Roger Richebé (1937),
"Le Jour se lève", de Marcel Carné (1939) ,
et "Le Voyageur de la Toussaint" de Louis Daquin (1943),
Il met un terme à sa carrière cinématographique en 1951, avec "Les maître-nageurs" de Henri Lepage, pour interpréter les textes de Jacques Prévert.
Vie privée
Jules Berry a entretenu des liaisons successives avec les actrices Jane Marken, Suzy Prim et Josseline Gaël, son épouse, avec laquelle il a une fille nommée Michelle, née en 1939.
Joueur compulsif, il a malheureusement pour habitude de "flamber" tous ses cachets au casino et aux courses de chevaux.
Une crise cardiaque le conduit au Père Lachaise le 23 avril 1951, mettant un terme à une filmographie hors du commun.
J'adore cette réplique - certes fort grossière et malheureusement introuvable sur la toile en extrait vidéo - adressée par l'ouvrier sableur François (Jean Gabin) au dresseur de chiens Valentin (Jules Berry), dans le film français réalisé en 1939 par Marcel Carné, "Le jour se lève".
Résumé
Je vous rappelle ou dévoile la trame du film : une dispute se fait entendre dans une maison ouvrière de banlieue. Coup de feu, porte qui claque. Un homme, Valentin, roule sur les marches, mort. L'assassin, François (Jean Gabin), se barricade dans sa chambre. La police arrive et assiège la maison. Pendant la nuit, François revoit les étapes du drame, son amour pour Françoise (Jacqueline Laurent), la jeune fleuriste, sortie tout comme lui de l'Assistance publique, sa rencontre avec Valentin (Jules Berry), le cynique montreur de chiens, prêt à tout pour assouvir sa passion des jeunes filles en fleur, et ses relations équivoques avec Clara (Arletty), la compagne de Valentin.
Jules Berry, Jean Gabin et Arletty, dans "Le jour se lève" de Marcel Carné (1939)
Un chef d'oeuvre du réalisme poétique
Ce film dramatique extrêmement novateur au charme fou est un chef d'oeuvre du réalisme poétique :
sa distribution prestigieuse réunit trois géants du cinéma français, qui comptent parmi mes acteurs préférés : Arletty, Jean Gabin et Jules Berry.
Jules Berry y est excellent, plus cynique et détestable que jamais.
Arletty est superbe et, comme toujours, formidable de naturel.
Et Gabin, magistral, écorché vif, humain et touchant à souhait,
les dialogues de Jacques Prévert sont exceptionnels ("Vous avouerez qu'il faut avoir de l'eau dans le gaz et des papillons dans le compteur pour être resté trois ans avec un type pareil !"),
la structure narrative du film est vraiment en avance sur son temps, puisque le film comporte un long retour en arrière ("flash-back"), procédé alors peu utilisé (nous sommes deux ans avant l'extraordinaire "Citizen Kane" d'Orson Welles),
le décor de la chambre, construit par le grand Alexandre Trauner, comporte les quatre côtés de la chambre de François (Jean Gabin) (et non trois comme il était de coutume) dans laquelle se situe l'essentiel du film, afin de permettre des plans circulaires et de souligner l'enfermement du héros,
et le film comporte une scène étonnante pour l'époque, supprimée par la censure de Vichy, où l'on découvre Clara (Arletty) nue à la fin de sa douche. Le montage originel n'a pas été rétabli après-guerre, et il a fallu attendre 2014 pour la découvrir, sur un DVD présentant une version remasterisée et rétablissant le montage d'origine.
"Le jour se lève à fait l'objet d'une nouvelle version, sous le titre "The long night", sortie en 1947 et réalisée par Anatole Litvak.
Avec Henry Fonda reprenant le rôle de Jean Gabin, Vincent Price celui de Jules Berry, Ann Dvorak celui d'Arletty et la jeune Barbara Bel Geddes (la mère de Bobby et J. R. Ewing, dans "Dallas") celui de Jacqueline Laurent (Françoise, la fleuriste) pour son premier rôle à l'écran.
Joe Adams (Henry Fonda), Maximilian (Vincent Price) et Charlene (Ann Dvorak), dans "The long night", la nouvelle version, réalisée en 1947, par Anatole Litvak, du chef d'oeuvre de Marcel Carné et Jacques Prévert "Le jour se lève" (1939)Joe Adams (Henry Fonda), Maximilian (Vincent Price) et Charlene (Ann Dvorak), dans "The long night", la nouvelle version, réalisée en 1947, par Anatole Litvak, du chef d'oeuvre de Marcel Carné et Jacques Prévert "Le jour se lève" (1939)
Héritage langagier du cinéma et de la littérature, cette formule en forme d'idiotisme architectural, que l'on entend parfois, fait référence à un film et à un roman relatant un épisode de la Seconde Guerre mondiale situé aux Pays-Bas, en septembre 1944.
Et elle signifie concrètement, au sens figuré : trop ambitieux, trop dangereux, trop risqué, au-delà de ce qu'il est raisonnablement possible de faire ou de réussir.
C'est le réalisateur britannique Richard Attenborough, qui a réalisé, en 1977, le film "Un pont trop loin", d'après le roman éponyme de Cornelius Ryan, écrit en 1974.
Les deux évoquent par le menu l'opération Market Garden, la plus grande offensive aéroportée de l'histoire, au cours de laquelle furent engagés 34 000 parachutistes.
Cette opération militaire alliée de la Seconde Guerre mondiale se déroula du 17 au 25 septembre 1944.
Principalement menée par les armées britanniques, il s'agissait d'une tentative de prendre des PONTS franchissant les principaux fleuves des Pays-Bas occupés par les Allemands.
Market Garden devait notamment permettre d'atteindre la ville d'Arnhem, située sur la rive du Rhin, derrière le troisième PONT à prendre.
Le succès aurait permis aux Alliés de contourner la ligne Siegfried afin d'accéder à l'un des principaux centres industriels du IIIe Reich, la Ruhr, et donc de terminer plus rapidement la guerre, peut-être avant Noël 1944.
Proposée par le maréchal britannique Montgomery, cette opération risquée avait rencontré l'opposition des généraux américains Patton et Bradley, qui voulaient continuer leur offensive au Sud, car ils avaient encore en mémoire les paroles du vainqueur d'El-Alamein qui se faisait fort de s'emparer de Caen (14) dès le soir du 6 juin 1944, alors que la ville n'était tombée que le 21 juillet...
L'opération Market Garden a finalement échoué. Ses objectifs finaux ne furent pas atteints malgré la libération d'une partie du territoire néerlandais. Et les Alliés ont perdu environ 16 000 hommes, contre 8 000 pour les Allemands.
Sans doute Montgomery avait-il visé "UN PONT TROP LOIN" ?