"Pas folle la guêpe !".

Publicité presse de 1953 pour le savon Lux : "Pas folle la guêpe j'ai choisi Lux" vous dit Arletty

Cette exclamation en forme d'idiotisme animalier est une locution interjective du registre familier.

Elle est utilisée pour souligner :

  • qu'une personne est finaude, astucieuse, maligne.

"Pas folle la guêpe !" signifie alors : pas bête ; c'est malin ; c'est astucieux ; c'est habile ; c'est intelligent.

  • ou qu'on l'est soi-même.

On dit par exemple : "Pas folle la guêpe : j'ai emmené avec moi de quoi nous éclairer !".

On disait au XIXe siècle "Pas bête la guêpe", avant que l'expression ne se transforme, au XXe siècle, en "Pas folle la guêpe !".

Cette forme a été largement popularisée par la géniale Arletty, dans le film de Jean Boyer "Circonstances atténuantes" (1939).

Au point qu'en 1953, encore, le savon Lux utilisait cette exclamation pour ses publicités dans la presse française !

On l'a aujourd'hui souvent oublié, mais le même film a également contribué à populariser l'expression "Comme de bien entendu".

Affiche du film français "Circonstances atténuantes" de Jean Boyer (1939)Affiche du film français "Circonstances atténuantes" de Jean Boyer (1939)

 

Sources : Le robert, wiktionary.org

"Un contre-emploi" ou "Un rôle à contre-emploi".

Il s'agit d'un rôle ne correspondant ni au physique ni au tempérament et aux dispositions naturelles d'un acteur.

Deux de mes contre-emplois préférés, parmi les plus célèbres de l'histoire du cinéma :

Affiche du film états-unien "Il était une fois dans l'ouest", de Sergio Leone (1968)

  • en 1968, dans "Il était une fois dans l'Ouest", l'admirable western italo-états-unien du réalisateur italien Sergio Leone, considéré comme l'un des plus grands films de l'histoire du cinéma, l'acteur états-unien Henry Fonda, incarnation du héros idéal, loyal et bon, joue pour la première fois de sa carrière un "méchant", en incarnant Frank, un tueur sans scrupules.

Affiche du film britannico-états-unien "Ces garçons qui venaient du Brésil", de Franklin J. Schaffner (1978)L'acteur états-unien Gregory Peck, dans le rôle du docteur Josef Mengele, dans le film britannico-états-unien "Ces garçons qui venaient du Brésil", de Franklin J. Schaffner (1978)

  • et en 1978, dans le film britannico-états-unien "Ces garçons qui venaient du Brésil", de Franklin J. Schaffner, l'acteur états-unien Gregory Peck, garant des valeurs et de la morale dans ses films, connu pour être l'incarnation du gentilhomme, à la ville comme à l'écran, incarne l'abominable docteur Josef Mengele,  ancien médecin nazi du camp d'extermination d'Auschwitz, connu pour les expériences pseudo-médicales qu'il effectua sur les prisonniers pendant la Seconde Guerre mondiale.

Par extension, la formule "À contre-emploi" qualifie également parfois un usage - ou un rôle - inattendu au vu de l’objet que l’on utilise ; ou de la personne à qui on le fait jouer.

Sources : Le Robert, www.larousse.fr et wiktionary.org

Pourquoi dire : "Split screen" ou "Écran splitté" ?

Un écran partagé ("split screen") durant le générique du film états-unien de Norman Jewison "L'affaire Thomas Crown" (1968)

Et pas, tout simplement : "Écran divisé", "Écran fractionné" ou "ÉCran séparé" !

Il s'agit en effet d'un effet audiovisuel consistant - au cinéma, à la télévision ou dans un jeu vidéo - à diviser l'écran en plusieurs parties, chacune d'entre elles présentant des images différentes : soit plusieurs scènes différentes, soit plusieurs perspectives différentes d'une même scène.

Un écran divisé ("split screen") dans le film états-unien de Norman Jewison "L'affaire Thomas Crown" (1968)

C'est notamment le cas dans le splendide film états-unien de 1968, de Norman Jewison, "L'affaire Thomas Crown", qui réunit au sommet de leur beauté Steve McQueen et Faye Dunaway. Dans ce film légendaire, les nombreux écrans partagés nous permettent de suivre par le menu, le braquage minutieusement conçu par le millionnaire Thomas Crown. Celui-ci, réalisé par cinq complices qui ne se connaissent pas et qui ne se rencontreront qu'une fois, laissera la police perplexe. Mais pas la redoutable enquêtrice de la compagnie d'assurance, la ravissante et sagace Vicky Anderson (Faye Dunaway) !

Affiche du film états-unien "L'affaire Thomas Crown", de Norman Jewison (1968)

Le tout sur la merveilleuse musique de Michel Legrand, à qui la chanson "The windmills of your mind" ("Les moulins de mon coeur"), rapporta l'oscar de la meilleure chanson originale.

Mais, ainsi que l'explique par le menu un excellent article du Cinéclub de Caen (14) (*), si l'année 1968 constitua une sorte d'âge d'or de l'écran divisé, le procédé avait été inventé dès le début du cinéma avec le jeu du cache et du contre-cache, conçu et mis au point par Méliès avant 1900. Il s'agissait néanmoins d'un trucage qui ne devait pas être perçu par le spectateur, à l'inverse de l'écran séparé proprement dit, qui s'exhibe en tant que tel.

L'écran partagé est ainsi utilisé avec parcimonie dans le cinéma muet et avant l'apparition de l'écran large.

Comme par exemple dans le superbe film états-unien de 1931 "Dr Jeckyll et M. Hyde" de Rouben Mamoulian.

Écrans fractionnés ("Split screens") dans le film états-unien "Dr Jeckyll and Mr. Hyde" de Rouben Mamoulian (1931)
Écrans fractionnés ("Split screens") dans le film états-unien "Dr Jeckyll and Mr. Hyde" de Rouben Mamoulian (1931)

L'écran partagé ne naît véritablement qu'après l'exposition universelle de Montréal en 1967 ; Richard Fleischer (dans "L'étrangleur de Boston"  en 1968) et Norman Jewison en ayant fait la plus brillante utilisation, et Brian De Palma une forme intimement liée aux mystères de son cinéma).

(*) : www.cineclubdecaen.com/analyse/splitscreen.htm

Sources : wikipedia.org et www.cineclubdecaen.com

On ne dit pas : "Faut y croire ; faut qu'les gens y croivent" ni "On aimerait bien que vous jouez ce rôle" !

L'actrice française Laetitia Casta

Comme l'a déclaré la jeune modèle française Laetitia Casta, à propos de son premier rôle au cinéma, dans le film "Astérix et la surprise de César", réalisé en 1999 par Claude Zidi, dans un entretien consacré figurant parmi les suppléments du DVD.

Mais : "IL faut y croire ; IL faut quE les gens y CROIENT" !

Et : "On aimerait bien que vous jouIez ce rôle" ! Voire, idéalement : "NOUS SOUHAITERIONS que vous INTERPRÉTIEZ ce rôle" !

Pour l'énormité de sa faute de conjugaison qui relève du solécisme, je ne peux - en dépit de son jeune âge et de son inexpérience - lui épargner l'attribution de mon label de médiocrité "Fâchés avec le français".

"La scoumoune" ou "La chkoumoune".

J'aime beaucoup ce très joli substantif féminin du registre populaire désignant : la malchance, la guigne, la poisse.

On dit par exemple : "Tu nous portes la scoumoune avec toutes tes appréhensions à la noix !".

Le mot "Scoumoune" nous vient de l'italien "Scomunicare" ("Excommunier") et il se prononce de ce fait "ch-kou-moun".

Il se serait propagé en France métropolitaine par le biais des pieds-noirs d’Algérie.

Et il a très vraisemblablement été popularisé par le film du même nom, réalisé en 1972 par José Giovanni, avec Jean-Paul Belmondo dans le rôle-titre.

Affiche belge du film français "La scoumoune" de José Giovanni (1972)

Affiche belge du film français "La scoumoune" de José Giovanni (1972), rebaptisé "L'homme de Marseille" outre-Quiévrain.
Affiche belge du film français "La scoumoune" de José Giovanni (1972), rebaptisé "L'homme de Marseille" outre-Quiévrain.

Le scénario était tiré de son roman "L'excommunié", paru en 1958 et rebaptisé "La scoumoune" après 1972.

Le roman français de 1958 de José Giovanni "L'excommunié", rebaptisé "La scoumoune" en 1972, après qu'il en ait tité le film du même nom, avec l'acteur français Jean-Paul Belmondo dans le rôle principal

Ci-dessous un court extrait du roman, expliquant l'origine du surnom du héros :

"Il tirait plus vite et plus juste que les autres et, quand son regard d'encre se posait sur l'adversaire, celui-ci sentait la mort sur lui. C'est pour cela qu'on l'appelait la Scoumoune-l'Excommunié... un nom de malheur. Pourtant, ses amis l'avaient vu s'attendrir : une fois sur une femme et sur l'orgue de Barbarie toujours".

Sources : wiktionary.org, wikipedia.org, www.gallimard.fr et www.larousse.fr

"Un plan italien".

Cette locution nominale masculine, qui appartient au jargon cinématographique, désigne : un cadrage d'un personnage en pied, mais sans les pieds, jusqu'aux mollets.

Les acteurs états-uniens Charles Bronson et Henry Fonda, en plan italien, dans le film états-unien "Il était une fois dans l'Ouest", de Sergio Leone" (1968)
Les acteurs états-uniens Charles Bronson et Henry Fonda, en plan italien, dans le film états-unien "Il était une fois dans l'Ouest", de Sergio Leone (1968)

Le "plan italien" est sensiblement plus rare que le "plan américain", qui permet de cadrer un personnage jusqu'à mi-cuisses.

Les différents plans de cinéma
Les différents plans de cinéma, du TGP (Très Gros Plan) au plan italien
L'acteur états-unien Henry Fonda, en plan italien, dans le film états-unien "Il était une fois dans l'Ouest", de Sergio Leone" (1968) (et Charles Bronson, de dos, en plan américain)
L'acteur états-unien Henry Fonda, en plan italien, dans le film états-unien "Il était une fois dans l'Ouest", de Sergio Leone" (1968) (et Charles Bronson, de dos, en plan américain)

Source : wikipedia.org

"Une nuit américaine".

Une image partiellement en "Nuit américaine"

Cette locution nominale féminine désigne, dans le jargon cinématographique, une technique permettant de tourner en plein jour des scènes d'extérieur censées se dérouler la nuit.

On obtient des ambiances noctunes en journée en recourant à une importante sous-exposition et en utilisant un filtre bleu foncé.

En noir et blanc, l'effet de nuit se marque principalement par un ciel noir et un éclairage contrasté où ressortent les sources de lumière. La plus grande partie de l'image est sous-exposée, obscure.Une image noir et blanc en "nuit américaine"Quand les prises de vues sont en couleurs, il y a une forte dominante bleue.

Une image en "nuit américaine" de "La prisonnière du désert", le film états-unien de John Ford (1956)
Une image en "nuit américaine" de "La prisonnière du désert", le film états-unien de John Ford (1956)

Comme "Plan américain", l'expression "Nuit américaine" est exclusivement française. Et elle est le symbole du caractère précurseur du cinéma états-unien, premier utilisateur du procédé.

En 1973, le film français "La nuit américaine", de François Truffaut, a, quelque temps, popularisé l'expression. Mais celle-ci me semble depuis lors, être à nouveau devenue quelque peu mystérieuse pour une bonne partie du grand public.Affiche du film français "La nuit américaine" de François Truffaut (1973)La technique de la "Nuit américaine" été outrageusement utilisée des décennies durant, sans que cela semble avoir dérangé le grand public.

Souvenir personnel

Je me souviens pourtant, enfant, m'être souvent amusé de l'abondance des ombres, dans les scènes de nuit tournées en "nuit américaine", souvent présentes dans les westerns, un genre dont je raffolais, comme la plupart des petits garçons de mon âge, dans les années 1960.

Les plus grands réalisateurs y avaient recours, tel l'immense John Ford, dans son superbe film de 1956, "La prisonnière du désert", avec le grand John Wayne.

Une image en "nuit américaine" de "La prisonnière du désert", le film états-unien de John Ford (1956)
Une image en "nuit américaine" de "La prisonnière du désert", le film états-unien de John Ford (1956)

Affiche du film états-unien "La prisonnière du désert", de John Ford (1956)

Affiche flamande du film états-unien "La prisonnière du désert", de John Ford (1956)

Affiche du film états-unien "La prisonnière du désert", de John Ford (1956)

Affiche du film états-unien "La prisonnière du désert", de John Ford (1956)

Source : wikipedia.org

"Celia Siderova", "Maria Istromena" et "Cyd Charisse".

L'actrice états-unienne Cyd Charisse surnommée "Les jambes" ou "Les plus belles jambes du monde".

Il s'agit des noms d'artiste successifs de l'actrice et danseuse états-unienne Tula Ellice Finklea, épouse Charisse, née le 8 mars 1922 et morte le 17 juin 2008.

Après des cours de ballet dans sa jeune enfance, elle intègre, en 1934, dès l'âge de 12 ans, la formation des Ballets russes de Monte-Carlo, avec lesquels elle se produit sous les pseudonymes de "Celia Siderova" et "Maria Istromena".

À 17 ans, elle épouse, en 1939, à Paris, le chorégraphe Nico Charisse. Le prénom de Cyd qu'elle adoptera plus tard est inspiré du surnom que lui donnait son jeune frère quand il était petit, " Sid" (dérivé de "Sis", l'apocope de "Sister" : "soeur " en anglais).

Après la dissolution de la troupe au début de la Seconde Guerre mondiale, elle regagne Hollywood, où elle décroche quelques petits rôles dansés non crédités, avant d'être remarquée pour son pas de deux avec le danseur Fred Astaire, dans "Ziegfeld Follies" en 1946. Une prestation qui lui procure un contrat de sept ans avec la MGM.

L'actrice états-unienne Cyd Charisse surnommée "Les jambes" ou "Les plus belles jambes du monde".

Réputée avoir "Les plus belles jambes du monde", Cyd Charisse est surnommée "Les jambes" ("Tthe legs"), tout comme Lauren Bacall était surnommée "Le regard" ("The look").

Des jambes qu'elle fait assurer pour 5 millions de dollars dès 1952.

En 1952, le danseur Gene Kelly la choisit comme partenaire pour le numéro sans paroles du film "Chantons sous la pluie" ("Broadway Melody").

L'actrice états-unienne Cyd Charisse surnommée "Les jambes" ou "Les plus belles jambes du monde". Ici avec Fred Astaire, dans "Tous en scène" de Vincente Minelli (1953)

Bien qu'elle ne soit pas chanteuse (elle sera doublée dans tous ses films), ses qualités plastiques et artistiques lui permettent de décrocher son premier rôle principal parlant, en 1953, dans "Tous en scène" de Vincente Minnelli, dans lequel elle retrouve Fred Astaire.

Affiche du film états-unien "Tous en scène", de Vincente Minelli (1953)Affiche du film états-unien "Tous en scène", de Vincente Minelli (1953)

S'ensuivent au cours des années 1950 plusieurs films musicaux à succès qui la hissent au rang de vedette, dont "La belle de Moscou" de Rouben Mamoulian, en 1957, une nouvelle version du "Ninotchka" d'Ernst Lubitsch (1939), l'avant-dernier film de Greta Garbo.

Affiche du film états-unien "La belle de Moscou", de Rouben Mamoulian (1957)

Le déclin du genre dans les années 1960 est également le sien, mais elle a attaché son nom aux grandes heures de la comédie musicale.

Affiche du film états-unien "Traquenard", de Nicholas Ray (1958)
Affiche du film états-unien "Traquenard", de Nicholas Ray (1958)

Vie privée

Divorcée de Nico Charisse en 1947, elle se remarie, en 1948, avec le chanteur et acteur états-unien Tony Martin.

Source : wikipedia.org

"Baïonnette au canon" ou "Baïonnette au canon !".

Un fusil napoléonien baïonnette au canon

Cette locution nominale relève du registre militaire et signifie selon le contexte :

  • au sens propre : prêt à attaquer, à charger l'ennemi.
Une charge à la baïonnette de l'infanterie française, en 1914
Une charge à la baïonnette de l'infanterie française, en 1914

La forme interjective "Baïonnette au canon !", utilisée par les officiers du XIXe siècle et de la Première Guerre mondiale constituait ainsi un véritable préalable à l'assaut.

Et un siècle plus tard, de nos jours, le fantassin à la charge, baïonnette au canon, constitue toujours pour l'imaginaire collectif une image évoquant autant le courage chevaleresque du combattant que l'horreur de la guerre.

Une charge à la baïonnette de l'infanterie française, durant la Première Guerre mondiale
Une charge à la baïonnette de l'infanterie française, durant la Première Guerre mondiale

L'interjection "Baïonnette au canon !" a servi de titre français au film états-unien "Fixed bayonets", réalisé en 1951 par Samuel Fuller et évoquant la guerre de Corée.

Affiche du film états-unien "Baïonnette au canon !" de Samuel Fuller (1951)
Affiche du film états-unien "Baïonnette au canon !" de Samuel Fuller (1951)
  • et au sens figuré : prêt à agir, à passer à l'action.

On dit par exemple : "Tu l'aurais vu : baïonnette au canon, prêt à débouler dans le bureau et à tout casser".

Sources : wikipedia.org et www.defense.gouv.fr

"Un John Wayne".

Ouvre-boîte états-unien P38 "John Wayne"

Il s'agit du surnom donné par les marines états-uniens à l'ouvre-boîte militaire P38, en référence à sa robustesse et à sa fiabilité ; qualités alors unanimement attribuées à l'acteur états-unien John Wayne, devenu durant les années 1940 et 1950 l'archétype du militaire viril et courageux.

L'acteur états-unien John Wayne dans le film "Iwo Jima" de Allan Dwan (1949)
L'acteur états-unien John Wayne dans le film "Iwo Jima" de Allan Dwan (1949)

Inventé en 1942 à l'occasion de l'entrée en guerre des États-Unis d'Amérique, il a fait partie des rations des soldats de l'armée des États-Unis jusque dans les années 1980.

Ouvre-boîte états-unien P38 "John Wayne"

Près de 80 ans plus tard, sa dimension réduite (38 mm de long), son faible poids (4,5 g), sa conception simplissime et sa robustesse légendaire font encore du P38 "John Wayne" un élément indispensable de la panoplie du soldat ou du randonneur.

Sur un sujet contigu, je vous recommande deux de mes autres articles, dont la lecture vous permettra de découvrir ce que signifie :

Source : ww.pecheurextreme.com