"La coupe est pleine".

Cette locution nominale du registre familier.

Et elle signifie, au sens figuré : c’en est trop, cela suffit ; l'exaspération, l'indignation est à son comble ; les limites de la tolérance ont été dépassées ; cette situation devenue gênante ou contraignante doit cesser.

Mais on ignore souvent qu'elle a manifestement une origine biblique (Jérémie 25:15 : "Prends de ma main cette coupe remplie du vin de ma colère" et Apocalypse 16:19 : "pour lui donner la coupe du vin de son ardente colère"), renvoyant à une scène où l'un des personnages, Jérémie, établit une métaphore avec un verre de vin pour dire que les limites ont été dépassées.

Sources : wiktionary.org, www.cnrtl.fr et www.linternaute.fr

"On a souvent besoin d'un plus petit que soi".

"Le lion et le rat", une fable de Jean de la Fontaine (1668)

Cette phrase a traversé les siècles, puisqu'elle nous vient de fable de Jean de La Fontaine intitulée "Le lion et le rat" (Livre II, fable 11) publiée en 1668.

Elle signifie qu'il ne faut pas mépriser les plus petits, ou les plus faibles, car chacun, quelle que soit sa taille, a ses qualités et peut apporter quelque chose aux autres, fussent-ils grands, forts et puissants.

Ainsi, même le lion, roi des animaux, peut un jour être sauvé par un modeste rat, celui-ci s'avérant capable de faire ce dont le puissant fauve n'est pas capable !

"Le lion et le rat"

"Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
De cette vérité deux fables feront foi,
Tant la chose en preuves abonde.

Entre les pattes d'un lion
Un rat sortit de terre assez à l'étourdie.
Le roi des animaux, en cette occasion,
Montra ce qu'il était et lui donna la vie .
Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu'un aurait-il jamais cru
Qu'un lion d'un rat eût affaire ?
Cependant il avint qu'au sortir des forêts
Ce lion fut pris dans des rets,
Dont ses rugissements ne le purent défaire.
Sire rat accourut, et fit tant par ses dents
Qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage.

Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage".

Sur un sujet contigu, je me permets de vous recomander la lecture de mon article consacré à un autre vers de cette fable : "Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage".

Sources : www.linternaute.fr, fr.quora.com, www.editions-larousse.fr et www.lafontaine.net

On ne prononce pas : "Une au-de" !

La journaliste politique française Alix Bouilhaguet"

Comme l'a fait la journaliste politique française Alix Bouilhaguet, le 1er avril 2021, sur la chaîne de télévision française d'information franceinfo.

Mais : "Une ô-de" !

Ce substantif féminin désigne :

  • dans l'Antiquité grecque : un poème lyrique (donc chanté) composé d’une strophe, d’une antistrophe et d’une épode, que le choeur chantait en décrivant certaines évolutions.
  • par analogie :
    • dans la littérature moderne : un poème lyrique divisé en strophes, ordinairement semblables entre elles par le nombre et la mesure des vers.
    • ou, de façon usuelle : ce qui rappelle une ode, par son caractère lyrique enthousiaste.

On dit par exemple : "ce film superbe constitue une magnifique ode à la nature".

Sources : wikipedia.org et www.cnrtl.fr

12 façons de dire "Le ventre" en français.

"Le bide" et "Le bidon" appartiennent au registre argotique.

Et "La bedaine", "Le bedon", "Le bidou", "La brioche", "La panse" ou "La ventrouille" au registre familier.

Ainsi que "La bedondaine", que nous devons au génial Rabelais, ou "La gidouille", à Alfred Jarry.

Enfin, "L'abdomen" (du latin "Abdomen" signifiant "Ventre", "Bas-ventre") et "L'embonpoint" relèvent du langage courant.

Sources : www.cnrtl.fr et crisco2.unicaen.fr

"Revenons à nos moutons" ou "Revenons-en à nos moutons".

"Revenons à nos moutons"

On ignore généralement l'origine littéraire de cette locution verbale en forme d'idiotisme animalier.

Appartenant au registre familier, elle signifie, au sens figuré : revenons au sujet dont nous parlions, à ce dont il était question.

Et elle s'utilise lorsque l'on désire reprendre le fil d’un discours interrompu après une digression.

On dit par exemple : "Oui, oui. J'ai bien compris que tu avais très faim et étais impatient de sortir dîner. Mais revenons à nos moutons si tu le veux bien : je te faisais part de mon étonnement concernant les rayures et les bosses décorant la voiture neuve que ta mère et moi t'avons offert il y a 48 heures...".

Cette expression provient en effet de la pièce de théâtre française "La Farce de Maître Pathelin", publiée pour la première fois en 1485, et dont l’auteur reste inconnu, même si on l'attribue parfois à Guillaume Alexis.

Le héros éponyme, un avocat douteux du nom de Pathelin, a escroqué le drapier Guillaume Joceaulme, afin de lui acheter à bas prix une étoffe. Au moment de payer, Pathelin feint d’être mourant et de délirer. Le marchand se demande alors si lui-même ne délire pas et si la transaction a réellement eu lieu. Le même drapier est ensuite à nouveau trompé, cette fois par le berger Thibault, qui lui vole tous ses moutons. Décidant de porter ces deux affaires devant le juge, il finit par mélanger les deux histoires et confondre les draps et les moutons. En sorte que le juge, agacé, lui demande fermement de "Revenir à ses moutons".

La citation d'origine est la suivante :

"De par le diable, vous bavez !
Eh ! Ne savez-vous revenir,
Au sujet, sans entretenir,
La cour de telles baveries ?
Sus, revenons à ces moutons !
Qu’en fut-il ?".

Sources : wikitionary.org, www.expressio.fr et www.linternaute.fr

"C'est moi qui l'ai fait !" et "Cette femme ment !".

Utilisée de façon ironique, ces deux locutions interjectives du langage courant sont des héritages langagiers de la publicité.

C'est en effet dans une publicité télévisée de 1989 - comme le temps passe, n'est-ce pas ! - qu'une jeune ménagère prononce la phrase "C'est moi qui l'ai fait !", en affirmant effrontément à ses convives qu'elle a elle-même préparé le savoureux gâteau au chocolat... congelé qu'elle vient de leur servir.

Et cela avant que l'on entende en voix hors champ : "Cette femme ment ! Ce n'est pas elle qui a fait le Paradis noir, c'est Delifrance. Ce qu'elle a fait c'est le sortir du congélateur, c'est tout !".

La plupart des spectateurs ont certainement - comme moi - oublié le nom de ce produit (le "Paradis noir") tout comme celui du fabricant : Délifrance, une entreprise de produits de boulangerie, viennoiserie, pâtisserie et traiteur pour les professionnels de la restauration, les artisans boulangers et la grande distribution, créée en 1978.

En revanche, cette publicité a permis au grand public de découvrir l'actrice Valérie Lemercier, alors seulement âgée de 25 ans et uniquement apparue l'année précédente, dans le feuilleton humoristique "Palace", réalisé par Jean-Michel Ribes et d'abord uniquement diffusé sur la chaîne cryptée Canal +.

"Taquiner la muse".

La muse de la poésie (© WahooArt.com)

Cette locution verbale du registre soutenu signifie, au sens figuré :

  • écrire des vers, des poèmes,
  • ou, ironiquement : s'essayer à la poésie ; rimailler (registre familier).

On dit par exemple : "Taquiner la muse ne fait pas de lui un poète".

Cette formule trouve son origine dans la mythologie grecque, où les Muses sont les filles de Zeus et de Mnémosyne, "la mémoire".

Depuis l’Antiquité, les Muses sont une source d’inspiration pour les artistes : peintres, sculpteurs, poètes. Et Homère invoque la Muse au début de l’Iliade et de l’Odyssée.

Au nombre de neuf, ces soeurs auraient été engendrées au terme de neuf nuits d'amour. Chanteuses, instrumentistes, elles sont porteuses de joie entre les dieux et les hommes. Si la musique, l’art des Muses - que les Grecs appelaient "Mousikê" - est avant tout l’art de chanter et jouer d’un instrument, elle est aussi la porte ouverte sur les connaissances : la poésie, la danse, le théâtre, l'astronomie, l’arithmétique. La "Mousikê" était pour les anciens ce que nous appellerions aujourd'hui la culture.

"Apollon et les Muses", un tableau du peintre français Nicolas Poussin (1631~1632)
"Apollon et les Muses", un tableau du peintre français Nicolas Poussin (1631~1632)

Les Muses se sont ainsi identifiées à des genres littéraires ou artistiques précis dont elles sont devenues les patronnes :

  • Calliope est ainsi la Muse de l'éloquence et de l’épopée,
  • Clio, la Muse de l'histoire,
  • Erato, la Muse de la poésie lyrique et chorale,
  • Euterpe, la Muse de la danse et de la poésie amoureuse,
  • Melpomène, la Muse de la tragédie,
  • Polymnie, la Muse des chants nuptiaux et de deuil, ainsique de la pantomime,
  • Terpsichore, la Muse de la danse et de la poésie légère,
  • Thalie, la Muse de la comédie,
  • et Uranie, la Muse de l'astronomie.

Souvent représentées en présence d’Apollon, on reconnaît les neuf Muses à leurs différents attributs :

  • Calliope : livre, stylet,
  • Clio : livre, tablette,
  • Érato : tambourin, lyre,
  • Euterpe : flûte, cygne,
  • Melpomène : cor, masque tragique,
  • Polymnie : couronne, orgue,
  • Terpsichore : couronne de guirlande,
  • Thalia : viole, masque comique,
  • et Uranie : compas, globe.

Source : www.expressions-francaises.fr et eduscol.education.fr

"Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil".

L'affiche du film français "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil", de Jean Yanne (1972)

On utilise couramment, par dérision, l'expression "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" lorsque l'on souhaite dénoncer la naïveté de ceux qui n'ont pas conscience de la dureté et de la dangerosité de notre monde et de nos semblables.

Elle est entrée dans le langage courant en 1972, après la sortie du film "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil", réalisé par l'humoriste français Jean Yanne, sur un scénario de Gérard Sire.

Cette comédie satirique sur le monde de la radio rencontra un large succès public et s'est révélée visionnaire sur le devenir de la radio et du paysage audiovisuel actuel.

Source : wikipedia.org

"Magnéto, Serge !".

L'animateur et producteur de télévision français Thierry Ardisson

Cette expression culte de l'histoire de la télévision française remonte au tournant du XXIe siècle.

Et nous la devons à l'animateur de télévision français Thierry Ardisson, qui, entre 1998 et 2006, animait chaque samedi soir en troisième partie de soirée, sur la chaîne de télévision publique France 2, l'émission "Tout le monde en parle".

"Magnéto, Serge !" constitue l'apocope et l'ellipse de "Séquence magnétoscope, Serge Khalfon !".

Et il s'agit de la phrase qu'adressait Ardisson au réalisateur de l'émission Serge Khalfon à chaque fois qu'il fallait lancer des images vidéos.

Le réalisateur de télévision français Serge Khalfon
Le réalisateur de télévision français Serge Khalfon

Thierry Ardisson a rapidement fait de la prononciation de cette phrase un véritable moment rituel de son émission, demandant régulièrement à ses invités eux-mêmes de la prononcer.

L'animateur a ensuite repris sa phrase culte en 2018 et 2019, sur la chaîne privée Canal +, dans le cadre de son émission "Les Terriens du samedi !", lorsque Serge Khalfon est venu la réaliser une saison durant.

Source : www.linternaute.com

"N'ayez pas peur !".

Le pape Jean-Paul II

Contrairement à ce que pensent beaucoup, cette injonction n'est pas seulement une citation du pape Jean-Paul II, prononcée au Vatican, le 22 octobre 1978,  lors de la messe prononcée à l'occasion de sa cérémonie d'intronisation.

"N'ayez pas peur !" est en effet une expression biblique dont on relève pas moins de trois cent soixante-cinq occurrences dans les Écritures !

Il s'agit en effet de paroles attribuées à Jésus de Nazareth à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament.

Et notamment dans l'évangile de Matthieu, lors de l'épisode de la Transfiguration (Mt, 17, 72) ou encore dans l'épisode de la Marche sur les eaux, rapporté notamment dans l'évangile de Jean (Jn, 6, 20). Cette phrase a notamment été reprise par le pape Jean-Paul II lors de sa messe d'intronisation

Source : wikipedia.org

"Il est minuit Docteur Schweitzer".

Cette expression du langage courant est souvent utilisée lorsqu'il s'agit de donner l'heure à 0H00 ou de commenter le passage au lendemain.

Elle perdure curieusement aujourd'hui alors même qu'elle ne revêt aucune signification particulière.

"Il est minuit Docteur Schweitzer" est le titre d'une pièce de théâtre française de 1952 de Gilbert Cesbron, adaptée la même année au cinéma par André Haguet, avec le grand Pierre Fresnay dans le rôle du "Grand blanc de Lambaréné", Albert Schweitzer.

Les deux oeuvres sont fortement teintées de colonialisme et, il faut bien le dire, pour le film en tous cas, d'assez piètre qualité.

Affiche du film français "Il est minuit Dr Scweitzer" d'André Haguet (1952)

"C'est vous qui voyez !" et "Y en a qu'on essayé. Ils ont eu des problèmes !".

Chevalier et Laspalès : "C'est vous qui voyez !" et "Y en a qu'ont essayé. Ils ont eu des problèmes !".

J'adore ces deux formules extraites de "Le train pour Pau", une célèbre saynète ("sketch") du duo humoristique français Chevalier et Laspalès.

Couramment surnommé "le sketch du train", ce drolatique épisode est apparu dans le spectacle "Bien dégagé autour des oreilles... SVP", de 1988, avant d'être repris et même de donner son titre au spectacle suivant, "C'est vous qui voyez !", en 1992, où cette phrase était répétée à de nombreuses reprises sous la forme de blague récurrente.

Un client parisien (Philippe Chevallier) se renseigne auprès d'un préposé de la SNCF (Régis Laspalès) quant aux modalités permettant de se rendre en train à Pau (64) à l'occasion d'un enterrement. Le comique de répétition des formules récurrentes "C'est vous qui voyez !" et "Y en a qu'ont essayé. Ils ont eu des problèmes" ont permis à cette saynète ("sketch") d’accéder à la postérité.

Relevant du registre familier, ces deux phrases appartiennent en effet désormais au vocabulaire d'une partie de la population, dont je suis !

Source : wikipedia.org