Les jeunes marseillaises sont elles malpolies ?

Plage de Salin-de-Giraud (13), en Camargue

Nous sommes le 31 octobre 1999, sur une plage de Camargue. Et nous profitons en famille de l'extraordinaire été indien pour aller prendre une dernière fois le soleil.

Cartes des plages de Camargue (13)
Cartes des plages de Camargue (13)

La plage est déserte malgré le soleil éclatant et la température plus que clémente.

Ma fille aînée de 4 ans et ma belle-fille de 6 ans jouent au sable près de nous, tandis qu'au loin s'amusent deux autres petites filles. Nous leur suggérons d'aller les voir pour faire connaissance et - peut-être - s'amuser davantage à quatre qu'à deux.

Elles se rapprochent donc des deux fillettes et commencent aussitôt à jouer toutes les quatre. Mais cela ne dure pas et elles ont tôt fait de revenir.

Curieux de savoir ce qui se passe, nous avons alors la surprise de les entendre nous répondre, très offusquées : "On peut pas rester avec elles parce qu'elles sont vraiment pas polies ! Elles arrêtent pas de dire "Putain, con !"...

Et oui : les petites chéries parisienne et aixoise venaient de découvrir l'une des principales spécificités de la ponctuation marseillaise !

Celle-ci est parfaitement décrite par l'humoriste phocéen Patrick Bosso dans son sketch de 1997 "La grammaire", que je vous recommande chaleureusement.

En résumé, sachez simplement que le mot "Putain" remplace la virgule et le mot "Con" (ou "Enculé") le point final.

Et que par conséquent, l'utilisation de ces termes, considérés partout ailleurs sur le territoire national, comme extrêmement grossiers (registre vulgaire), ne relèvent absolument pas du même niveau de langage dans le Sud de la France (registre familier).

Sur le même thème, voir également mon article : "Quand il est temps, il est temps !".

 

 

Comment fonctionne le verlan ?

Né dans les prisons et bagnes du XIXe siècle, le verlan est un argot consistant, par convention, à inverser les syllabes de certains mots.

Par exemple : "Tromé" pour "Métro" ou "Chanmé" pour "Méchant"

Par essence avant tout utilisé à l'oral, le verlan obéit à quelques règles :

  • lorsque la syllabe de départ est "ouverte" (constituée d'une consonne suivie d'une voyelle), l'inversion est aisée :  "Bloqué" devient "Québlo" et "Laisse tomber" devient "Laisse béton"

Si le mot comporte trois syllabes, différentes variantes existent : "Rigoler" devient ainsi "Goleri" tandis que "Arracher" devient "Chéara"

  • mais si une syllabe de départ est fermée (constituée d'une consonne suivie d'une voyelle, puis à nouveau d'une consonne), il convient de commencer par l'ouvrir au moyen d'un "eu" avant de procéder à l'inversion.

Ainsi, "juif" devint-il d'abord "Feujui" et "Flic" : "Keufli". Puis, dès les années 1970, par apocope, : "Feuj" et "Keuf".

"Aller à Thubaneau" et "Faire la rue Thubaneau".

Localisation de la rue Thubaneau, à Marseille (13)

Ces deux locutions verbales typiquement marseillaises appartiennent au registre familier et font référence à une rue du 1er arrondissement de la ville, parallèle à la célèbre Canebière, allant du boulevard Dugommier au cours Belsunce, qui fut longtemps un haut-lieu de la prostitution.

Et elles signifient respectivement : aller aux putes (registre vulgaire) et faire le trottoir (registre argotique), se prostituer (langage courant).

Sources : wikipedia.org

"Une hirondelle de la rue du Tapis-Vert".

Cette locution nominale typiquement marseillaise, qui fait référence à une rue du 1er arrondissement de la ville, désigne une femme légère ou une prostituée !

"Le latin de cuisine" ou "Merdum : moi qui croyais parler la langue de Cicéron !".

Cette expression de "latin de cuisine" semble trouver son origine au XVIIe siècle chez les jésuites et désigne un mauvais latin ou un latin plus ou moins authentique.

Mais elle s'applique le plus souvent - et ici-même - à une sorte d'imitation de latin à but humoristique, n'ayant souvent que quelques lointaines sonorités communes avec la langue de Cicéron et la langue de Virgile.

Voici un exemple de ce que cela peut donner :

"Merdum ! J'étais venu directo avec mon frangibus, pedibus cum jambis, et tout ça pour tomber sur un grossium pédant à souhait.

Grosso merdo, ce crétin se moquait du vulgum pecus comme de l'an 40, alors qu'avec sa coupe rasibus et ses vêtements démodés il ne ressemblait vraiment à rien.

Mais motus ! Car primo cet olibrius était d'une rare susceptibilité. Deuzio, nous pouvions avoir besoin de lui dans un proche avenir. Et troizio on n'est jamais trop prudent".

"Un P+R".

Un P+R Parc Relais

Ce sigle désigne un Parc Relais, que nos amis québecois appellent - plus intelligemment, me semble-t-il - "Un stationnement incitatif".

Il s'agit d'un espace de stationnement pour automobiles, situé en périphérie d'une ville et destiné à inciter les automobilistes à accéder au centre-ville en transport en commun : métro, tramway, train de banlieue ou autobus, en leur permettant de laisser leur véhicule dans un parking jusqu'à leur retour.

Ce parc de stationnement peut être payant ou gratuit, de surface ou en ouvrage, avec ou sans barrières, gardé ou non.

"Le Ferry Boat" ou "Le Féri Boate".

Le Ferry Boat, aujourd'hui

La ville de Marseille (13) est encore sans doute l'un des rares endroits au monde ou l'on continue de parler de "Ferry Boat" (sans trait d'union) et pas simplement de "Ferry", refusant ainsi de céder à la pratique de l'ellipse.

On ne prononce cependant pas ce mot anglais comme les anglo-saxons, mais bien évidemment "avé l'assent", soit : "Féri Boate".

La ligne existe depuis 1880 et permet la traversée du Vieux-Port, de la Mairie à la Place aux Huiles. Elle est bien connue et appréciée pour son côté pratique par les Marseillais désireux de passer d'un côté à l'autre dudit Vieux-Port, bien que la distance qu’elle parcourt soit l’une des plus faibles au monde (283 mètres seulement !).

Le ferry boat du Vieux-Port

Et c'est au célèbre écrivain, auteur dramatique et réalisateur français Marcel Pagnol, né le 28 février 1895 et mort le 18 avril 1974, qu'elle doit sa célébrité et d'avoir pu ainsi perdurer jusqu'à nos jours.

Le ferry boat a en effet été immortalisé dans le film "Marius", réalisé en 1931 par Alexandre Korda d'après la pièce de théâtre homonyme de Pagnol de 1929.

Affiche du film français "Marius" d'Alexandre Korda (1931) d'après la pièce de théâtre homonyme de Marcel Pagnol (1927)

Près d'un siècle plus tard, il reste cher au coeur des Marseillais, et fait même partie du patrimoine de la ville, au même titre que la "Bonne mère" ou le "Vél" !

À titre tout à fait exceptionnel, je conçois donc de bonne grâce que l'on continue de l'appeler ainsi d'un mot anglais et non "Un transbordeur" ou "Un traversier", comme le font nos amis québecois.

Source : wikipedia.org

"J'm'en ballec !".

Cette charmante expression du registre vulgaire qu'affectionne nos adolescents constitue une syncope de la formule "Je m'en bats les couilles" et signifie "Je m'en moque !", "Peu m'importe !".

Sur le même thème, je vous recommande la lecture de mon article "Toutes les façons de dire : "Ne pas s'inquiéter de quelque chose ou de quelqu'un".

Pourquoi dire : "Un ferry" ou "Un ferry-boat" ?

Ferry

Et pas : "Un transbordier" !

Le mot "Ferry" est d'abord apparu en France en 1782, avant d'évoluer en "Ferry-boat" en 1848, puis de redevenir "ferry par ellipse lexicale.

Mais il s'agit d'une mauvaise interprétation du verbe anglais "To ferry", qui signifie "Transporter", car la langue anglaise utilise le mot "Car ferry" pour les navires transportant à la fois des personnes et des véhicules.

Les marseillais la particularité de ne pas avoir sacrifié a la pratique de l'ellipse, qui fait que beaucoup de personnes doivent aujourd'hui ignorer qu'un "Ferry" est normalement un "Ferry-boat", et de continuer par conséquent à utiliser le mot complet (sans le tiret). Et, qui plus est, à le prononcer avec un accent tout particulier !

Quant à nos amis québecois, ils utilisent le mot "Traversier".

Source : http://monsu.desiderio.free.fr

"Un échevin".

  • Il s'agit, au Nord de la France, au Moyen Âge, d'un magistrat, nommé par le seigneur pour rendre la justice sur ses terres.
  • Dans certaines régions il est également, sous l'Ancien Régime, un magistrat communal équivalent à l'actuel titre de conseiller municipal,
  • comme c'est le cas, de nos jours, en Belgique,les échevins sont des élus adjoints au bourgmestre, équivalant en France d'"adjoints au maire".
  • Aux Pays-Bas, les "Wethouders", formant avec le bourgmestre le corps exécutif d'une commune, sont souvent mentionnés en français en tant qu'"échevins".

Source : wikipedia.org

"Un bourgmestre".

Il s'agit, en Belgique, du détenteur du pouvoir exécutif au niveau communal ainsi que du représentant du gouvernement dans la commune, nommé pour la durée du conseil communal, c'est-à-dire six ans.

Ce titre est également utilisé en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Hongrie, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Pologne, au Liechtenstein et en RDC (République Démocratique du Congo). Et il fut porté par le chef de l'État de la République de Mulhouse (68) avant sa réunion à la République française, le 15 mars 1798.

Il correspond à celui de "Maire" en France et au Canada, ou à celui de "Syndic", de "Maire" ou de "Président de commune" en Suisse.

Le mot "Bourgmestre" vient de l'allemand "Bürgermeister", terme composé de "Bürger" (bourgeois, citoyen) et "Meister" (Maître), qui signifie "Maître des bourgeois".

C'est le terme utilisé en Allemagne, en Autriche, en Belgique germanophone et au Luxembourg.

Tandis qu'en néerlandais, en Belgique flamande comme aux Pays-Bas, c'est "Burgemeester".

Source : wikipedia.org

"L'Ohème".

Il s'agit du nom donné par les Marseillais, dans le registre populaire, à leur bien-aimé club de football , l'"OM" ou "Olympique de Marseille", fondé en août 1899 à Marseille (13) par René Dufaure de Montmirail.

Le club phocéen demeure, à ce jour, le seul club français vainqueur d'une "Ligue des champions", après avoir remporté en 1993, la première édition de cette épreuve sous cette appellation, la compétition étant précédemment appelée "Coupe des clubs champions".

Son stade, "Le Vél'", est réputé pour son ambiance et, à ce titre, prticulièrement redouté de ses adversaires.

Source : wikipedia.org