Pourquoi dire : "Less is more" ?

L'architecte allemand naturalisé états-unien Ludwig Mies van der Rohe (27 mars 1886 - 17 août 1969), directeur de l'école du Bauhaus de 1930 à 1933

Et pas simplement, en français : "Moins c'est plus" !

Voire : "Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué" !

C'est à dire, concrètement  : la simplicité est préférable à la complexité ; la concision est préférable à la verbosité.

Il s'agit d'une maxime minimaliste, popularisée par l'architecte allemand naturalisé états-unien Ludwig Mies van der Rohe (27 mars 1886 - 17 août 1969), directeur de l'école du Bauhaus de 1930 à 1933.

Héritier du modernisme, et plus particulièrement du Bauhaus, le minimalisme (ou "art minimal") est en effet un courant de l'art contemporain, apparu au début des années 1960 aux États-Unis d'Amérique, en réaction au lyrisme pictural de l'expressionnisme abstrait et en opposition à la tendance figurative et ironique du pop art. Selon les minimalistes, l'amélioration d'une oeuvre se fait ainsi par soustraction.

Sources : wikipedia.org et wiktionary.org

"Le gongorisme" ou "Le cultisme".

On rencontre assez peu fréquemment ces deux étranges substantifs masculins, qui relèvent du registre soutenu.

Et qui désignent tous deux : l'affectation, la préciosité, la recherche du style,.

Ce style littéraire du XVIIe siècle se caractérise notamment par l'abus d'images et de métaphores et il a été mis à la mode à la fin du XVIe siècle par certains écrivains espagnols.

Et en particulier, bien sûr, celui qui lui a donné son nom de "Gongorisme", le poète baroque espagnol Luis de Gongora y Argote, né le 11 juillet 1561 et mort le 24 mai 1627.

Le poète baroque espagnol Luis de Gongora y Argote, emblématique du "Gongorisme" ou "Cultisme".

Sources : wikipedia.org et Le Robert

"Un trompe-l'oeil" ou "En trompe-l'oeil".

Un tableau en trompe-l'oeil

Ces deux formules en forme d'idiotismes corporels relèvent du langage courant.

Et elles désignent ou signifient respectivement

  • "Un trompe-l'oeil" (locution nominale) :
    • au sens propre : une peinture ou un décor donnant, à distance, par divers artifices, l'illusion de la réalité (​relief, matière, perspective).

Et cela, en jouant sur la confusion de la perception du spectateur qui, sachant qu'il est devant une surface plane peinte, est malgré tout, trompé sur les moyens d'obtenir cette illusion.

La façade du Théâtre Saint-Georges, 51 rue Saint-Georges, à Paris, dans le 9e arrondissement, avant d'être peinte en trompe-l'oeil par Dominique Antony. Le réalisateur François Truffaut y avait tourné, en 1980, son film "Le dernier métro"
La façade du Théâtre Saint-Georges, 51 rue Saint-Georges, à Paris, dans le 9e arrondissement. Le réalisateur François Truffaut y avait tourné, en 1980, son film "Le dernier métro"
La façade du Théâtre Saint-Georges, 51 rue Saint-Georges, à Paris, dans le 9e arrondissement, peinte en trompe-l'oeil par Dominique Antony. Le réalisateur François Truffaut y avait tourné, en 1980, son film "Le dernier métro"
La même façade, peinte en trompe-l'oeil par Dominique Antony.
Une étonnante fresque murale en trompe-l'oeil, à Poznan (Pologne)
Une étonnante fresque murale en trompe-l'oeil, à Poznan (Pologne)
Portrait en trompe-l'oeil du neurologue autrichien Sigmund Freud (6 mai 1856 - 23 septembre 1939), fondateur de la psychanalyse, révélant "ce qu'il y a dans l'esprit d'un homme"
Portrait en trompe-l'oeil du neurologue autrichien Sigmund Freud (6 mai 1856 - 23 septembre 1939), fondateur de la psychanalyse, révélant "ce à quoi pense un homme"

Il s'agit d'un procédé très ancien, puisque Pline l'Ancien rapporte l'anecdote selon laquelle Zeuxis avait peint des raisins si réalistes que des oiseaux, trompés par l'exécution parfaite, s'étaient précipités contre le tableau !

Et malgré la pauvreté des moyens techniques dont ils disposaient, les décorateurs romains sont parvenus à imiter le relief à même les murs pour simuler la sculpture et les éléments d'architecture : colonnes, chapiteaux, soubassements, statues, enrichissant à moindres frais les intérieurs.

Assez étonnamment, le mot "Trompe-l'oeil" est utilisé dans toutes les langues - y compris l'anglais - la seule exception étant l'espagnol, qui utilise le mot "Trampantojo".

L'idée de cet article m'est d'ailleurs venue en regardant en VOSTF un épisode du feuilleton états-unien "Les Soprano", dans lequel Carmine Lupertazzi Jr. dit "Little Carmine" (Ray Abruzzo), récemment devenu le chef de famille mafieuse new yorkaise, à la mort de son père, explique à ses collègues - en anglais - que la fresque murale du salon de sa villa de Miami (Floride) est un "trompe-l'oeil".

Mais il prononce ce mot d'une telle façon ("Trompay lay oil" soit trom-pi-li-oï-le) que j'ai dû utiliser à deux reprises la fonction retour arrière de mon lecteur de DVD pour m'en assurer !

Jugez-en plutôt :

Alors qu'il convient naturellement de le prononcer (presque) comme nous, ainsi que l'attestent deux petits enregistrements du Cambridge Dictionnary donnant des exemples de prononciation états-unienne et anglaise pour "Trompe l'oeil".

Mais ce qui est encore plus drôle, c'est que les anglophones ont inventé un pluriel pour ce mot - rappellons-le invariable en français - qu'ils écrivent... "Trompe-l'oeilS", en prononçant le "s", ignorant manifestement le pluriel irrégulier en "Yeux" de ce mot.
  • et au sens figuré : un faux-semblant, un leurre.

On dit par exemple : "La sérénité actuelle de l'équipe de France ne serait-elle qu'un trompe-l'oeil ?".

    • et "En trompe-l'oeil" (locution adverbiale) :
      • au sens propre : exécuté(e) en recourant à ce procédé.
      • On parle par exemple de "Façade peinte en trompe-l'oeil", de "Décor en trompe-l'oeil", de "Mur en trompe-l'oeil" ou de "Paysage en trompe-l'oeil".
      • et au sens figuré : d'apparence trompeuse ; faisant illusion.

On dit par exemple : "Je ne suis pas inquiet car il me semble qu'il s'agit d'une fébrilité en trompe-l'oeil".

  • Sources : www.linternaute.fr, wikipedia.org, sopranos.fandom.com, www.cnrtl.fr et www.larousse.fr

"L'Absurdie".

J'aime beaucoup ce substantif désignant de façon ironique un pays imaginaire, territoire ou royaume de l’absurde.

  • Ce mot a d'abord été utilisé dans "Voyage en Absurdie", un livre publié à Bruxelles en mars 1946.

Dissimulé sous le nom de plume d'Arouet (le véritable nom de Voltaire), son véritable auteur serait le caricaturiste et pamphlétaire français Benjamin Guittoneau alias "Ben" (1908-1966).

À la manière de Candide, Benjamin Guittoneau se moque des travers de l'époque et du Général de Gaulle : parti pour explorer les terres australes, après une tempête, le jeune suédois Syllog débarque en Normantie, province de la Gaullie, un pays venant d'être libéré du joug des Mochiens dirigés par Icter !

Première édition 1946) du livre "Voyage en Absurdie" de Arouet, le caricaturiste et pamphlétaire Benjamin Guittoneau alias "Ben"
Première édition 1946) du livre "Voyage en Absurdie" de Arouet, le caricaturiste et pamphlétaire Benjamin Guittoneau alias "Ben"
Réédition de 1994, de "Voyage en Absurdie" de Arouet, sorti en 1946
Réédition de 1994, de "Voyage en Absurdie" de Arouet, sorti en 1946
  • En 1974, les belges Dany et Greg nous offrent "Le grand voyage en Absurdie" une superbe bande dessinée, 5e album des aventures d'Olivier Rameau et Colombe Tiredaile, décrivant le voyage des Rêverosiens dans notre monde, le "vrai monde où l'on s'ennuie".
Couverture de "Le grand voyage en Absurdie", 5e album des aventures d'Olivier Rameau et Colombe Tiredaile, par Dany et Greg (1974)
Couverture de "Le grand voyage en Absurdie", 5e album des aventures d'Olivier Rameau et Colombe Tiredaile, par Dany et Greg (1974)
  • En 2007, l'écrivain et illustrateur britannique Chris Riddell publie le livre pour enfants "Le prince d'Absurdie".
"Le prince d'Absurdie", un livre pour enfant de l'écrivain et illustrateur britannique Chris Riddell (2007)
"Le prince d'Absurdie", un livre pour enfant de l'écrivain et illustrateur britannique Chris Riddell (2007)
  • En juin 1981, le chanteur français Michel Sardou débute sa célèbre chanson "Être une femme" (texte de Michel Sardou et Pierre Delanoë, musique de Michel Sardou, Jacques Revaux et Pierre Billon) en évoquant "un voyage en Absurdie" dès le premier vers : "Dans un voyage en Absurdie / Que je fais lorsque je m'ennuie".
  • En 2013, l'écrivain français Albert Champeau publie "Le voyage en Absurdie. Petits et grands récits divins".
"Le voyage en Absurdie. Petits et grands récits divins", de Albert Champeau (2013)
"Le voyage en Absurdie. Petits et grands récits divins", de Albert Champeau (2013)

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On ne dit pas : "Il y a deux autres pièces de Shakespeare à quoi Welles tient beaucoup" ni "Les autres pièces de Shakespeare qui tiennent beaucoup à Welles" !

Le critique et historien français du cinéma Jean-Pierre Berthomé

Comme le déclare le critique et historien français du cinéma Jean-Pierre Berthomé, dans le documentaire "Welles et Shakespeare"", figurant dans les suppléments du DVD Wild Side du film "Macbeth", réalisé en 1948 par Orson Welles, d'après la pièce homonyme de William Shakespeare publiée en 1623.

Mais : "Il y a deux autres pièces de Shakespeare AUXQUELLES Welles tient beaucoup" et "Les autres pièces de Shakespeare AUXQUELLES Welles TIENT beaucoup" !

On n'écrit pas : "La mozaïque" ni "Une mozaïque" !

Une mosaïque en cours de réalisation

Mais : "La moSaïque" ni "Une moSaïque" !

Avec un "s".

  • "La mosaïque" est un art décoratif dans lequel on assemble des fragments de pierre (marbre, granit), de pierres colorées, d'émail, de verre, ou encore de céramique, assemblés à l'aide de mastic ou d'enduit, afin de former des motifs ou des figures.
Mosaiques tunisiennes constituées de marbre fragmenté, à raison de 150 000 "tesselles" (ou morceaux de pierre) au mètre carré
Mosaiques tunisiennes constituées de marbre fragmenté, à raison de 150 000 "tesselles" (ou morceaux de pierre) au mètre carré

Quel que soit le matériau utilisé, ces fragments sont appelés des "tesselles".

Petits émaux de couleur utilisés pour la création de mosaïques
Petits émaux de couleur utilisés pour la création de mosaïques

Très utilisée pendant l'Antiquité romaine, la mosaïque reste en usage tout au long du Moyen Âge, en particulier chez les Byzantins, continuateurs des Grecs et des Romains (basilique San Vitale de Ravenne), et tout au long de la Renaissance, avant de disparaître pendant plusieurs siècles.

  • Et "Une mosaïque" est donc :
    • au sens propre : un assemblage de petits cubes ou parallélépipèdes multicolores (ou "tesselles")  juxtaposés de façon à former un dessin, et retenus par un ciment,
Une mosaïque romaine
Une mosaïque romaine
Une mosaïque romaine retouvée à Florence (Toscane) (Italie) : "Cave canem" ("Attention au chien")
Une mosaïque romaine retouvée à Florence (Toscane) (Italie) avertissant "Cave canem" ("Attention au chien")
  • et au sens figuré : une surface quelconque divisée en compartiments nombreux et variés.

On parle par exemple d'une "mosaïque de petits jardins".

Une mosaÏque de petits jardins

Sources : wikipedia.org et www.larousse.fr

"Un tutu" ou "Le tutu".

Ce curieux et très court substantif masculin en forme de gémination désigne :

  • dans le langage courant :
    • une jupe de gaze évasée, faite de plusieurs rangées superposées de tulle, tarlatane ou mousseline très apprêtées, portée par les danseuses de ballet classique.
Un tutu noir
Un tutu noir
    • et par extension : le costume de danseuse de ballet classique, composé d'une jupe (le "Tutu" proprement dit), montée sur un empiècement décolleté ou "Corselet", et recouvrant une culotte courte appelée "Trousse".

Une danseuse de ballet classique en tutu

"Le tutu" ou "les fesses"

Sur un sujet contigu, je me permets de vous recommander la lecture de mon article consacré à toutes les façons de dire "les fesses" en français.

Sources : Le Robert et www.cnrtl.fr

"Un cuir".

Ce substantif masculin est un mot polysémique désignant, selon le contexte :

  • dans le langage courant :
    • une dépouille d'animal, en particulier de bovin, destinée au tannage,
    • une peau tannée et corroyée, propre aux usages de l'industrie,
    • une faute de liaison.

Telle que par exemple : "Mal-t-à-propos" ou "Dis-moi-t-un peu".

    • dans le domaine des arts décoratifs : l'entourage d'un cartouche rappelant un morceau de cuir découpé et enroulé en volutes,
    • et en chapellerie : une bande de cuir mince bordant intérieurement l'entrée de tête d'un chapeau d'homme.
  • dans le registre familier :
    • un objet, vêtement ou article en cuir,
    • la peau épaisse de certains animaux (le "cuir de l'hippopotame"),
  • et dans le registre populaire :
    • la peau humaine,
    • un blouson de cuir.

On parle par exemple d'un "Cuir d'aviateur" ou d'un "Cuir de motard".

Source : www.larousse.fr

"La scoumoune" ou "La chkoumoune".

J'aime beaucoup ce très joli substantif féminin du registre populaire désignant : la malchance, la guigne, la poisse.

On dit par exemple : "Tu nous portes la scoumoune avec toutes tes appréhensions à la noix !".

Le mot "Scoumoune" nous vient de l'italien "Scomunicare" ("Excommunier") et il se prononce de ce fait "ch-kou-moun".

Il se serait propagé en France métropolitaine par le biais des pieds-noirs d’Algérie.

Et il a très vraisemblablement été popularisé par le film du même nom, réalisé en 1972 par José Giovanni, avec Jean-Paul Belmondo dans le rôle-titre.

Affiche belge du film français "La scoumoune" de José Giovanni (1972)

Affiche belge du film français "La scoumoune" de José Giovanni (1972), rebaptisé "L'homme de Marseille" outre-Quiévrain.
Affiche belge du film français "La scoumoune" de José Giovanni (1972), rebaptisé "L'homme de Marseille" outre-Quiévrain.

Le scénario était tiré de son roman "L'excommunié", paru en 1958 et rebaptisé "La scoumoune" après 1972.

Le roman français de 1958 de José Giovanni "L'excommunié", rebaptisé "La scoumoune" en 1972, après qu'il en ait tité le film du même nom, avec l'acteur français Jean-Paul Belmondo dans le rôle principal

Ci-dessous un court extrait du roman, expliquant l'origine du surnom du héros :

"Il tirait plus vite et plus juste que les autres et, quand son regard d'encre se posait sur l'adversaire, celui-ci sentait la mort sur lui. C'est pour cela qu'on l'appelait la Scoumoune-l'Excommunié... un nom de malheur. Pourtant, ses amis l'avaient vu s'attendrir : une fois sur une femme et sur l'orgue de Barbarie toujours".

Sources : wiktionary.org, wikipedia.org, www.gallimard.fr et www.larousse.fr

"Un souffleur" ou "Une souffleuse".

Un souffleur, dissimulé aux yeux du public, prêt à aider un comédien, sur scène, en train de jouer

Ce curieux métier consiste, au théâtre, à souffler leur texte aux acteurs ayant un trou de mémoire, en étant dissimulé sous la scène et en communiquant avec l'acteur par l'intermédiaire d'une petite trappe dissimulée aux yeux du public.

Un enfant dans une trappe de souffleur
Un enfant dans une trappe de souffleur

L'une des grand-mères de l'actrice française Catherine Deneuve était souffleuse au théâtre de l'Odéon, à Paris (75).

Une trappe de souffleur, vue depuis la salle
Une trappe de souffleur, vue depuis la salle