Mots, locutions et expressions d’autrefois ou Le registre désuet
Cette collection réunit l’ensemble de mes articles consacrés à ces mots, locutions et expressions du registre désuet, utilisés autrefois mais souvent considérés comme vieillis ou passés de mode.
Nombre d’articles à paraître dans cette collection : 17
J'aime beaucoup cette locution interjective du registre désuet et du registre familier, où l'on prend ses ancêtres à témoin de quelque chose de peu commun ou de surprenant, de manière ironique, avec souvent une nuance d'accablement ou au contraire de soulagement.
On dit par exemple : "Ô mes aïeux ! Cela ne finira donc jamais".
Ou : "Mes aïeux ! J'ai cru que je n'arriverais jamais à cette caisse : 45 minutes de queue !".
Il s'agissait de l'expression favorite de ma bien-aimée grand-mère maternelle, Édmée Mercat, née Grosdemange en 1899..., à qui j'aurais adoré pouvoir faire découvrir J'aime les mots !
Je n'en peux plus d'entendre cet adverbe du langage courantdésormaiscouramment employé sous cette forme interjective abusive.
Ainsi par exemple de cette publicité radiophonique pour les services à la personne de mars 2021, dans laquelle une jeune fille répond à son père : "Carrément ! mais comment ?".
"Carrément" ne peut en effet signifier en français que :
dans le registre désuet : d’une manière carrée, à angles droits.
On dit par exemple : "J'ai empilé mon bois de chauffage carrément".
et dans le registre familier :
d'une façon nette, décidée, sans détours ; franchement.
On dit par exemple : "Mon patron m'a parlé carrément et annoncé que la société allait bientôt être en faillite".
ou : absolument, fermement, nettement, complètement.
On dit par exemple : "Cette charpente est carrément pourrie".
dans le langage courant : un âne de petite taille ; notamment en Afrique du Nord.
dans le registre argotique : une personne sotte et bornée.
On dit par exemple : "Ce maudit bourricot est encore rentré dans la maison avec ses bottes pleines de fumier !".
dans le registre argotique et dans le registre désuet, de façon injurieuse, du temps de l'Algérie coloniale :
dans les camps de travaux publics : un dénonciateur ; celui qui, pour n’importe quel fait, se plaint au sergent ou à l’adjudant chargé de la garde des détenus.
ou, dans les écoles primaires : un enfant ne sachant ni lire ni écrire.
Ces différents termes homographes ne doivent surtout pas être confondus :
"Las" :
- prononcé "la-ss" - est une interjection de plainte, exprimant la douleur, le regret.
Équivalant à notre actuel "Hélas", elle appartient aujourd'hui au registre désuet et au registre soutenu. Et je me plais personnellement à l'utiliser régulièrement.
On dit par exemple : "Je voulais absolument voir cette exposition. Las, je n'ai pas pu obtenir de billet".
- prononcé "la" - est un adjectif du registre soutenu signifiant :
qui éprouve trop de fatigue pour continuer une chose commencée ou même pour la commencer.
On dit par exemple : "Je suis trop las pour regarder un film ce soir".
qui est importuné jusqu’au dégoût par quelque chose ou par quelqu’un.
On dit par exemple : "Je suis las d'entendre des anglicismesà longueur de journée".
et "Un las" - prononcé "la" - est un substantif masculin désignant :
l'endroit de la grange où l'on stocke la récolte de céréales.
Ces différents adjectifs parfaitement synonymes qualifient ce qui concerne ou ce qui se rapporte au sens du goût.
Et ils ont été formés à partir du latin "Gustus" signifiant "Goût".
"Gustatif" et "Gustative" appartiennent au registre soutenu.
On parle par exemple de "papilles gustatives" ou de "nerf gustatif".
"Gustuel" et "Gustuelle" ont été inventés au tournant du XIXe siècle par le gastronome français Jean Anthelme Brillat-Savarin (2 avril 1755 - 1er février 1826) et relèvent aujourd'hui du registre désuet.
On parle par exemple de "propriétés gustuelles" ou de "jouissances gustuelles".
J'aime beaucoup le subtantif féminin "Une villégiature", qui relève du registre soutenu et désigne :
un séjour de repos, pris à la belle saison dans un lieu de plaisance ou de tourisme : campagne, montagne, bord de mer ou ville thermale.
On dit par exemple : "Cet été, mon oncle sera en villégiature en Suisse".
L'opéra de la ville thermale de Vichy (03)
et par métonymie :
un lieu de séjour de vacances ; une maison où l'on va en villégiature.
On dit par exemple : "Mon grand-père possédait une superbe villégiature en Corse".
la durée pendant laquelle on est hors de chez soi ou d'un lieu habituel.
On dit par exemple : "Ce livre a été écrit durant une villégiature d'un an à la campagne".
Quant aux substantifs masculin "Un villégiateur" et féminin "Une villégiatrice", ils désignent, dans le registre désuet : l'homme ou la femme en villégiature.
Mais pas le "vacancier" ou la "vacancière". Ni le ou la "touriste".
La villégiature se distingue en effet des vacances, qui correspondent à une interruption des activités habituelles (congés payés, vacances scolaires) et n'impliquent pas systématiquement un déplacement depuis la résidence principale.
Et elle se distingue également du tourismelorsque celui-ci est un tourisme de masse ou un tourisme itinérant.
Le terme "Villégiature"vient de l'italien "Villegiare" signifiant littéralement "Être dans sa maison". Et il est introduit dans la langue française en 1755 par l'abbé Prévost.
La villégiature est le lieu et le temps de l'oisiveté. Le terme a pour origine le concept, initié par les Vénitiens fortunés de la Renaissance italienne, de la résidence durant certaines parties de l'année (et notamment l'été) dans leurs villas de plaisance à la campagne, rappelant la pratique de l'"otium" dans les villas de Campanie durant l'Antiquité romaine.
Le concept de villégiature est directement associé à l'appartenance à une classe sociale privilégiée. De la résidence aristocratique à la maison de campagne, l'évolution de la pratique, à l'origine élitiste, indique son appropriation par les classes moyennes, les classes économiquement défavorisées en étant de fait exclues.
Les saisons de la villégiature varient au fil de l'histoire et des modes : des campagnes de la Renaissance elle se déplace vers les côtes aux hivers doux et vers les montagnes aux étés frais jusqu'au XIXe siècle. La tendance s'inverse au XXe siècle où les côtes deviennent des stations balnéaires estivales et les montagnes des stations de sport d'hiver.
Un hôtel de station thermale
La santé est souvent prétexte à l'éloignement des villes et donne à nouveau naissance à la pratique antique du thermalisme.
Sources : Le Robert, www.larousse.fr, www.cnrtl.fr et wikipedia.org
Ces deux adjectifs paronymiques du registre soutenu ne doivent surtout pas être confondus, car ils possèdent des significations fort éloignées :
"Contendant" ou "Contendante" - qui relève également du registre désuet - qualifie en effet : celui ou celle qui est acteur ou actrice d'une situation ; protagoniste d'un conflit ou d'un litige.
On parle par exemple d'un "héritier contendant" ou d'un "prince contendant".
Et d'une "partie contendante", dans le domaine juridique.
Le mot peut également être utilisé comme substantif : "Un contendant" ou "Une contendante".
On dit par exemple : "Il faudrait que l'un des contendants accepte de faire quelques concessions".
tandis que "Contondant" ou "Contondante" qualifie : ce qui meurtrit par écrasement, blesse par le choc, sans couper, ni percer, mais en produisant des contusions.
On parle par exemple d'un "objet contondant" ou d'un "outil contondant", lorsqu'une personne a utilisé un gros cendrier ou une statuette pour frapper et assommer ou tuer sa victime.
Et d'une "arme contondante", pour désigner une arme constituée d'un manche pour la prise en main et d'une partie opposée servant à asséner des coups écrasants et non tranchants.
Les gourdins, les masses d'armes, les massues, les marteaux d'armes et les bâtons de combat sont des armes contondantes.