"À la une", "La une", "Faire la une", "Être à la une", "Être en une".

Unes de journaux du monde entier, après les attaques terroristes perpétrées vendredi 13 novembre 2015 à Paris (75), au cours desquelles 130 personnes ont trouvé la mort et 400 ont été blessées

Ces différentes locutions verbales du langage courant, qui relèvent du vocabulaire et du jargon journalistique, signifient respectivement, par ellipse lexicale :

  • "À la PAGE une DES JOURNAUX".

On dit par exemple : "Le mariage du prince est à la une".

  • "La PAGE une DES JOURNAUX";

On dit par exemple : "La une est entièrement consacrée à cette victoire inattendue".

  • "Faire la PAGE une DES JOURNAUX".

On dit par exemple : "La démission du président fait la une".

  • "Être à la PAGE une DES JOURNAUX".

On dit par exemple : "La nomination de ce premier pape noir est à la une".

  • ou "Être en PAGE une DES JOURNAUX".

On dit par exemple : "La nouvelle de la mort de ce héros est en une".

Il s'agit là, me semble-t-il, d'un cas assez peu fréquent d'omission d'un ou plusieurs mots au début ET à la fin d'une locution.

5 colonnes à la une

La formule "À la une" a été popularisée par le titre d'une célèbre émission de télévision de la RTF puis de l'ORTF, "5 colonnes à la une".

Cette formule qualifie une information suffisamment exceptionnelle pour être annoncée sur toute la largeur de la première page d'un journal quotidien.

Un titre du journal "Le Monde" imprimé "cinq colonnes à la une"
Un titre du journal "Le Monde" imprimé "cinq colonnes à la une"

Emblématique de la présidence du général de Gaulle, car ayant été diffusée du 9 janvier 1959 au 3 mai 1968, "5 colonnes à la une" l'accompagne de sa prise de fonction jusqu'à pratiquement son départ.

Cette émission a lancé le genre du magazine de reportages à la télévision française et est, aujourd’hui encore, considérée comme une référence du genre.

Les plus de 55 ans se souviennent toujours du célèbre générique de ce rendez-vous vespéral mensuel, qui égrenait le nom de ses producteurs - "les trois Pierre"- et de son réalisateur : Pierre Lazareff, Pierre Desgraupes, Pierre Dumayet et Igor Barrère.

Et de son indicatif musical, "La danse des flamme", extrait de la musique du ballet "Le rendez-vous manqué" de Michel Magne.

La première émission, dans son intégralité :

"Un alpaga" ou "Un alpaca".

Ce mot désigne :

  • au sens propre un mammifère domestique originaire d'Amérique du Sud, de la famille des camelidés.

L'alpaga est élevé pour sa laine de très grande qualité. Et sa femelle est appelée "l'alpaguette".

Alors qu'on l'avait longtemps considéré comme très proche du guanaco, une étude de 2001 a montré qu'il avait un ancêtre commun plus récent avec la vigogne qu'avec le guanaco.

Comme les autres camélidés, l'alpaga rumine mais n'est pas classé dans la famille des ruminants.

Selon le pelage, on distingue deux types d'alpagas : les suris et les huacayas.

Un alpaga
Un alpaga
  • et par ellipse lexicale, un manteau en laine d'alpaga.

Celle-ci est très haut de gamme : plus douce, plus chaude, plus résistante et plus légère que la laine de mouton. Et donc évidemment bien plus onéreuse.

Un manteau d'alpaga
Un manteau d'alpaga

Nota bene : le mot espagnol "Alpaca" est beaucoup moins utilisé en France que le mot "Alpaga".

Source : wikipedia.org

Pourquoi dire : "Un goal" ?

Un gardien de but de football

Et pas, selon le contexte, :

  • dans le domaine sportif : "Un gardien de but" ou, par ellipse lexicale, "Un gardien" !

Ce mot est effet l'apocope du terme anglais "Goalkeeper" signifiant "Gardien de but".

On parle également, dans le jargon sportif de "Portier".

Il s'agit du joueur chargé de protéger le but de son équipe, de manière que le ballon n'en franchisse pas la ligne.

Contrairement aux joueurs de champ, il a le privilège - dans la surface de réparation - de pouvoir utiliser toutes les parties du corps.

Il peut également évoluer sur tout le terrain, alors avec les mêmes restrictions que les autres joueurs. S'il touche le ballon intentionnellement de la main ou du bras hors de sa surface de réparation, il est, comme le seraient tous les autres joueurs, coupable d'une faute d'anti-jeu et, passible d'une sanction (carton jaune ou rouge).

Dernier rempart entre le ballon et le but de son équipe, le gardien occupe donc un poste essentiel.

  • et dans le domaine de la gestion et des ressources humaines : "Un objectif" !

Source : wikipedia.org

"Chapeau !", "Chapeau bas !", "Chapeau l'artiste !", "Donner un coup de chapeau", "Rendre un coup de chapeau" et "Tirer son chapeau".

Toutes ces différentes formules du langage courant et du registre désuet, en forme d'interjection ("Chapeau !" par ellipse de "Chapeau bas !"), de locutions interjectives ("Chapeau bas !" et "Chapeau l'artiste !") ou de locutions verbales ("Donner un coup de chapeau", "Rendre un coup de chapeau" et "Tirer son chapeau") ne doivent pas manquer d'interloquer nos amis étrangers.

Elles s'utilisent toujours de nos jours en effet - mais au sens figuré désormais - afin d'exprimer le profond respect, voire l'admiration que l'on éprouve envers une personne.

Ou - plus largement - afin de faire part de ses félicitations, salutations ou remerciements.

Les porteurs de chapeau ayant naturellement totalement disparu de notre environnement depuis plus d'un demi-siècle, ces différentes formules trouvent leur origine au XVIIe siècle, lorsque le chapeau était un objet vestimentaire incontournable.

On avait alors coutume de saluer son prochain en enlevant et abaissant son chapeau.

Cette forme de salut respectueux consistant à incliner son chapeau vers le bas (saluer "chapeau bas") constituait alors une marque de respect et de déférence envers son interlocuteur.

La pratique (le geste) a perduré jusque dans les années 1960, lors de la disparition du chapeau.

Et la parole (les différentes formules : "Chapeau !", "Chapeau bas !", "Chapeau l'artiste !", "Donner un coup de chapeau",  "Rendre un coup de chapeau" et "Tirer son chapeau") jusqu'à nos jours, chez les plus âgés d'entre nous.

On notera que la forme "Chapeau l'artiste" s'emploie parfois au second degré, afin, par exemple de se moquer cyniquement de l'incurie ou de l'impéritie d'un pouvoir exécutif...

On dit ainsi : "Le Premier ministre Édouard Philippe ose annoncer, le 28 avril 2020, qu'il va rendre obligatoire le 11 mai, dans les transports en commun, le port de masques que son directeur général de la Santé déclarait totalement inutile, voire dangereux... le 19 mars : chapeau l'artiste !".

Sources : www.expressio.fr et www.linternaute.fr

On ne dit pas : "Et i' vont rester tous les enfants avec le maître en contact" !

Comme l'a déclaré, le 14 mars 2020, le présentateur de la chaîne de télévision française d'information en continu CNews.

Mais : "Et TOUS LES ENFANTS vont rester EN CONTACT avec le maître" !

Par ailleurs, on ne dit plus "le maître" (par ellipse lexicale de "le maître d'école") depuis, je pense, un bon demi-siècle.

Ni même "l'instituteur" depuis 1990, puisque ce vocable a été remplacé par celui de "Professeur des écoles".

15 façons de dire "Un établissement où se pratique la prostitution".

Une maison close, autrefois

J'ai toujours été très étonné par la richesse du vocabulaire français permettant de désigner ce type d'établissement. Laquelle est, je pense, tout à fait révélatrice de l'importance occupée par ce type de lieu dans la société française d'avant avril 1946.

Ce n'est en effet le 13 avril de cette année-là que date la loi Marthe Richard abolissant le régime de la prostitution, réglementée en France depuis 1804, et ordonnant leur fermeture. Fermer des "maisons closes", il n'y avait que l'administration française pour prendre une telle décision !

Le terme le plus courant et le plus célèbre est "un bordel", qui appartient au registre argotique.

Sans surprise, c'est bien sûr dans ce registre que l'on trouve le plus de mots synonymes, avec : "un bobinard", "un boxon", "un claque" ou "une taule".

Mais également les apocopes "un box" (pour "un boxon") et "un clandé" (pour "un établissement clandestin").

Ainsi que "un BMC" ou "un Bordel Militaire de Campagne", qui relèvent par ailleurs du vocabulaire et du jargon militaire.

Dans le langage courant nous trouvons : "une maison", par ellipse de "une maison close", "une maison de passe" ou "une maison de tolérance".

Enfin, le registre soutenu nous propose "un lupanar".

"Manquer de" et "Ne pas manquer de" peuvent avoir, selon les circonstances, des significations très différentes.

  • "Manquer de" signifie :
    • "Ne pas avoir en quantité suffisante".

On dit par exemple : "Manquer d’argent, de vivres, de munitions, etc. Manquer du nécessaire. Manquer de mémoire. Manquer de courage, de résolution, etc."

    • ou, si "Manquer de" est suivi d’un infinitif : "Courir quelque risque, être sur le point d’éprouver quelque accident".

On dit par exemple : "J'ai manqué de glisser chef !" ou "Elle a manqué d'être écrasée".

Par ellipse, le "de" peut disparaître : "Ils ont manqué mourir" ou "J'ai manqué déraper".

  • Et "Ne pas manquer de" suivi d’un infinitif signifie "Ne pas oublier, ne pas négliger de faire quelque chose".

 On dit par exemple : "Si tu vas en Angleterre, il faut pas manquer de visiter le château de Windsor".

"Ne pas manquer d'air", "Ne pas manquer de culot", "Ne pas manquer de souffle" ou "Ne pas manquer de toupet" sont des expressions du registre familier signifiant "Être effronté, avoir de l’aplomb, de l’audace, se comporter avec une assurance pleine de toupet ou d’effronterie".

Source : wiktionary.org

"Sur la tête de ma mère !" ou "Sur la vie de ma mère !".

Relevant du registre argotique, ces deux locutions interjectives sont couramment employées par les jeunes pour attester de leur bonne foi ou de leurs intentions.

Elles constituent naturellement de simples ellipses des formes plus traditionnelles "Je te/vous le jure sur la tête de ma mère" ou "Je te/vous le jure sur la vie de ma mère".

Et elles existent également en verlan.

Sources : wiktionary.org

"Être à la barre".

Cette ellipse lexicale peut avoir deux deux significations radicalement différentes selon le contexte :

  • être à la barre (d'un navire) c'est décider de la direction à prendre,
  • par extension, c'est donc également diriger, conduire, mener une politique par exemple.

On dit par exemple que son premier secrétaire est à la barre d'un parti.

  • tandis qu'être à la barre (d'un tribunal) c'est témoigner.

On appelle les témoins à la barre.

"Un admin".

On désigne ainsi - par apocope et par ellipse lexicale - dans le registre familier, un "administrateur de site".

Ce vocable est un synonyme de "webmestre" et désigne la personne responsable d'un site web, de sa conception à sa maintenance.

Pourquoi dire : "Un magnet" ! Et pire encore : "Une magnet" !

Et pas : "Un aimant" ou, idéalement, "Un aimant de frigo" !

Puisque le mot anglais "Magnet" n'est qu'une ellipse lexicale de la locution nominale "Fridge magnet".