Voici un petit moyen mnémotechnique très simple à destination de toutes celles et ceux qui s'interrogent régulièrement lorsqu'ils écrivent ces mots pour savoir quand il convient de mettre ou non un accent circonflexe sur le "a".
Lorsqu'il s'agit d'"effort à effectuer" ou de "traVail" avec un "v" : le "a" comporte un accent circonflexe, dont on peut dire qu'il ressemble à une sorte de "v" à l'envers.
On écrit par exemple :
"Nous allons tÂcher d'arriver à l'heure",
"TÂche de te souvenir de ton mot de passe cette fois",
"Je vais te confier une tÂche importante",
ou : "C'est une tÂche ingrate".
Mais lorsqu'il s'agit de "salir" ou de "salissure" : le "a" ne comporte pas d'accent.
On écrit par exemple :
"Attention, tu es en train de tAcher ta chemise",
"Le vin rouge tAche facilement".
"Je ne parviens pas à faire disparaître cette tAche d'huile sur le sol de mon allée",
ou : "Cette tAche d'encre en bas de la page se remarque vraiment".
Les locutions verbales "Être en sueur" et "Transpirer à grosses gouttes" relèvent du langage courant et signifient "Transpirer".
Tandis que les verbes "Couler" ("Je coule de partout !"), Dégouliner" et "Suinter" appartiennent au même registre de langue, mais signifient "Transpirer énormément".
Ce qui est également le cas des locutions verbales "Être en eau" et "Être trempé" (par ellipse de "Être trempé de sueur").
Ou des locutions verbales "Souffrir d'un excès de sudation" ou "Souffrir d'une sudation excessive", qui relèvent du registre soutenu, et "Souffrir d'hyperhidrose", qui relève du jargon médical.
Je suis toujours surpris de l'incroyable richesse de notre langue concernant les différentes façons d'évoquer "une arme à feu de poing".
Comme toujours en pareil cas, c'est dans le registre argotique que l'on trouve le plus de termes, avec : "un aboyeur", "un calibre" (ou "un gros calibre"), "un feu", "un flingue", "un pétard" et "un soufflant".
Nous y trouvons également l'affreux "un gun", qui relève bien évidemment uniquement de l'anglais.
Mais encore : "un feu", "un flingot", "un rif" et "un rigolo", qui appartiennent désormais au registre désuet.
"Un six-coups" désigne un type de revolver avec barillet de six cartouches fréquemment employé et évoqué dans les films et bandes dessinées de western.
Et le Colt SAA (Single Action Army) était surnommé "Pacificateur" ou "Faiseur de paix" ("Colt Peacemaker").
Les appellations "un Beretta", "un Browning", "un Colt", un Glock", "un Luger" , "un Mauser" et "Smith & Wesson" - qui sont des noms de marques - se retrouvent dans les vieux films et romans policiers.
"Un 38" et "un 45", de même que "un Parabellum" ou "un .357 Magnum" font référence au calibre de l'arme employée et appartiennent donc au registre familier et au jargon de la police ou des truands.
De même que"un P38", qui est un modèle spécifique.
Ou "un automatique" - ellipse lexicale de "un pistolet automatique" - qui ne s'utilise que s'il s'agit d'"un pistolet", et pas d'"un revolver".
Adolescent, j'ai mis plusieurs années avant de comprendre et maîtriser correctement le véritable casse-tête que constituent les titres anglais, états-uniens et français des films d'Alfred Hitchcock !
En 1936, en effet, le maître du suspense réalise tout à la fois le film britannique "Secret agent"...
Qui devient en français "Quatre de l'espionnage"...
Et le film "Sabotage"...
Qui devient en français "Agent secret"...
Affiche du film britannique "Sabotage" d'Alfred Hitchcock (1936)
Et aux États-Unis d'Amérique "The woman alone" !
Une oeuvre qu'il ne faut pas confondre avec son film états-unien de 1942 "Saboteur"...
Devenu en français "5e colonne" !
Mais il suffit de le savoir, me direz-vous, et vous êtes désormais parfaitement informés !
Cet étrange substantif désigne : de petits filtres circulaires en plastique utilisés par centaines de millions depuis le début des années 2000 dans de nombreuses stations d'épuration municipales ou industrielles.
Leur rôle est de servir de support aux micro-organismes qui, en s'y agglutinant, permettent de dégrader plus efficacement la matière organique pendant la phase de traitement biologique des eaux.
Et il en existe plusieurs types, de formes, tailles et couleurs différentes, adaptées à l'usage des différents bassins.
Malheureusement, plusieurs très importants cas de pollution de plages ont été constatés en Méditerranée, dont un en Corse, en février 2021, des bénévoles ayant pu ramasser jusqu'à 40 000 biomédias par jour sur une seule plage !
Plusieurs types d'incidents en effet peuvent conduire à ces cas de pollution : de fortes pluies, causant des débordements dans les stations d’épuration, les eaux usées emportant avec elles les biomédias. Mais on a également pu observer des pertes lors de travaux dans les bassins de traitement. Et il arrive que les grilles d’évacuation des eaux ne soient pas adaptées aux modèles de biomédias utilisés et les laissent passer...
Mais ce qui est peut-être le plus grave, c'est que - outre la pollution plastique gigantesque qu'ils génèrent - ces biomédias posent également de sérieux problèmes sanitaires. Ils transportent en effet avec eux de nombreux germes et bactéries présents dans les stations d'épuration (escherichia coli, entérocoques intestinaux, etc.) qui peuvent provoquer des gastroentérites, des infections urinaires ou même des septicémies, ou encore la gale !
On frémit par conséquent en pensant à tous ces jeunes enfants jouant dans le sable, qui ne manqueront pas, au cours des prochaines années, de trouver et de jouer avec ces charmants petits nids à microbes, que l'on aura toutes les peines du monde à ramasser.
Quel paradoxe, ma foi, quand on pense que ces objets ont été créés et utilisés à des fin de... dépollution des eaux usées !
J'adore ces trois substantifs féminins du registre argotique et du registre populaire, qui désignent : un coup violent appliqué avec le plat de la main, en général sur la joue ; une claque, une gifle.
On dit par exemple :
"Mon frangin s'est pris une mandale hier soir en boîte de nuit",
"Je t'assure que si tu continues à draguer cette fille sous les yeux de son mec, tu vas te prendre une mornifle !",
et : "Je vous préviens que si vous n'arrêtez pas immédiatement votre musique de sauvages, je commence la distribution de torgnoles !".
Sources : Le Robert, www.cnrtl.fr et wiktionary.org
Ce substantif féminin du langage courant ne dit évidemment pas grand chose aux personnes de moins de 45 ou 50 ans.
Et pour cause, puisqu'il désigne l'image permettant autrefois d'étalonner l'affichage des téléviseurs avec des valeurs standardisées.
Ce qui n'est naturellement plus du tout nécessaire avec les technologies actuelles, et même depuis plusieurs décennies désormais.
De 1935 à 1953, les téléspectateurs qui regardaient les premiers programmes de la télévision francaise ne pouvaient régler leur récepteur qu’au moment de leur diffusion car le reste du temps une image fixe reprenant le nom de la chaîne était présent à l’écran :
"Télévision Française", en 1935 :
"Fernsehsender Paris" ("Paris Télévision"), en 1943 :
et "Télévision Française", en 1945 :
En 1953, apparaît la première mire qde la RTF (Radio Télévision Francaise), qui porte le nom de "Cheval de Marly".
Elle était normalement accompagnée d'une petite musique :
Cette mire est reprise à l'identique par l'ORTF qui succède à la RTF en 1964.
Et il me semble qu'il s'agit de LA mire restée dans la mémoire des téléspectateurs d'alors, qu'ils soient enfants ou adultes :
La deuxième chaîne qui commence ses programmes en 1964 diffuse cette même mire en indiquant "2e chaîne" sous la photo du Cheval de Marly :
Souvent, elle s'accompagnait d'un sifflement pénible :
Lors du passage à la couleur de la deuxième chaîne en 1967, la mire prend des couleurs et la photo du cheval est remplacée par un bouquet de roses :
Sur la troisième chaîne "C3" qui débute le 31 décembre 1972, la mire n'est pas utilisée. À la fin des programmes un logo fixe est mis à l'antenne :
Le 1er janvier 1975, les Première, Deuxième et Troisième chaines de l'ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision Française) deviennentTF1, Antenne 2 et FR3.
Et il est décidé d'utiliser la mire TDF (TéléDiffusion de France) pour toutes ces chaînes.
Sur le rectangle noir horizontal du haut est affiché "TDF" du nom de la société émettrice de la télévision française. Et sur le rectangle noir horizontal du bas "TF1", "Antenne2", "FR3", suivant la chaîne :
Cette mire est reprise par les 3 chaînes supplémentaires apparues :
en 1984 pour Canal Plus,
et en 1986 pour La Cinq et TV6.
La disparition progressive de la mire :
Dès 1988, M6 décide d'abandonner la mire pour diffuser ses programmes 24h sur 24.
Puis TF1 et Antenne2, en 1991.
Canal Plus, en 1997.
La Cinquième en 1998.
et enfin France 3, en 2002, qui aura été la toute dernière chaîne à se convertir à une diffusion en continu.
À cette date, la mire disparaît donc définitivement des écrans en diffusion hertzienne.
Sources : wikipedia.org et tnt.loire.online.fr, dont cet article et les images sont presque intégralement extraits
Ces deux formules en forme d'idiotismes corporels relèvent du langage courant.
Et elles désignent ou signifient respectivement
"Un trompe-l'oeil" (locution nominale) :
au sens propre : une peinture ou un décor donnant, à distance, par divers artifices, l'illusion de la réalité (relief, matière, perspective).
Et cela, en jouant sur la confusion de la perception du spectateur qui, sachant qu'il est devant une surface plane peinte, est malgré tout, trompé sur les moyens d'obtenir cette illusion.
Il s'agit d'un procédé très ancien, puisque Pline l'Ancien rapporte l'anecdote selon laquelle Zeuxis avait peint des raisins si réalistes que des oiseaux, trompés par l'exécution parfaite, s'étaient précipités contre le tableau !
Et malgré la pauvreté des moyens techniques dont ils disposaient, les décorateurs romains sont parvenus à imiter le relief à même les murs pour simuler la sculpture et les éléments d'architecture : colonnes, chapiteaux, soubassements, statues, enrichissant à moindres frais les intérieurs.
Assez étonnamment, le mot "Trompe-l'oeil" est utilisé dans toutes les langues - y compris l'anglais - la seule exception étant l'espagnol, qui utilise le mot "Trampantojo".
L'idée de cet article m'est d'ailleurs venue en regardant en VOSTF un épisode du feuilleton états-unien "Les Soprano", dans lequel Carmine Lupertazzi Jr. dit "Little Carmine" (Ray Abruzzo), récemment devenu le chef de famille mafieuse new yorkaise, à la mort de son père, explique à ses collègues - en anglais - que la fresque murale du salon de sa villa de Miami (Floride) est un "trompe-l'oeil".
Mais il prononce ce mot d'une telle façon ("Trompay lay oil" soit trom-pi-li-oï-le) que j'ai dû utiliser à deux reprises la fonction retour arrière de mon lecteur de DVD pour m'en assurer !
Mais ce qui est encore plus drôle, c'est que les anglophones ont inventé un pluriel pour ce mot - rappellons-le invariable en français - qu'ils écrivent... "Trompe-l'oeilS", en prononçant le "s", ignorant manifestement le pluriel irrégulier en "Yeux" de ce mot.
et au sens figuré : un faux-semblant, un leurre.
On dit par exemple : "La sérénité actuelle de l'équipe de France ne serait-elle qu'un trompe-l'oeil ?".
et "En trompe-l'oeil" (locution adverbiale) :
au sens propre : exécuté(e) en recourant à ce procédé.
On parle par exemple de "Façade peinte en trompe-l'oeil", de "Décor en trompe-l'oeil", de "Mur en trompe-l'oeil" ou de "Paysage en trompe-l'oeil".
et au sens figuré : d'apparence trompeuse ; faisant illusion.
On dit par exemple : "Je ne suis pas inquiet car il me semble qu'il s'agit d'une fébrilité en trompe-l'oeil".
Sources : www.linternaute.fr, wikipedia.org, sopranos.fandom.com, www.cnrtl.fr et www.larousse.fr
"Bagouler", "Baver", "Jacter", "Jaspiller", "Tailler le bout de gras" et "Tailler une bavette" appartiennent au registre argotique.
Et "Baratiner" au registre populaire.
"Bavasser", "Blablater", "Causer", "Déblatérer", "Dégoiser", "Faire des cancans", "Faire la causette", "Jaspiner", "Papoter", "Parloter", "Piapiater", "Taper la causette", "Taper la discute" et "Tchatcher" relèvent du registre familier.
De même que "Clabauder", "Jaboter", "Jaser", "Lantiponner", "Potiner" et "Ragoter", qui relèvent également du registre désuet.
Ou "Babeler" qu'utilisent nos amis belges et "Babiner" qu'utilisaient nos amis québecois.
"Babiller", "Commérer", "Déblatérer", "Dire des choses", "Dire des frivolités", "Dire des futilités", "Discuter", "Échanger", "Échanger des banalités", "Échanger des propos", "Faire des commérages", "Faire des confidences", "Faire la conversation", "Palabrer", "Parler", "Parler de choses futiles", "Parler de la pluie et du beau temps", "Parler de tout et de rien", "Parler inutilement", "Parler pour ne rien dire" ou "Tenir des propos" appartiennent au langage courant.
Ainsi que "Cailleter", "Cancaner", "Caqueter","Jacasser" et "Jaser", utilisés au sens figuré, puisqu'ils s'utilisent ordinairement à propos du cri des caillettes, canards, poules et pies.
Il s'agit du surnom du scénariste de bande dessinée belge Raoul Cauvin, né le 26 septembre 1938 et mort d'un cancer le 19 août 2021.
Cet auteur des éditions Dupuis, pilier du journal "Spirou", est l'un des scénaristes les plus prolifiques de l'histoire de la bande dessinée franco-belge.
À la fin des années 1960, il crée deux séries d'aventures à succès, "Les Tuniques bleues" et "Sammy" ("Les gorilles"). La première, dessinée par Willy Lambil depuis 1972, compte 64 albums à ce jour et est toujours l'une des meilleures ventes de la bande dessinée franco-belge.
Durant les décennies suivantes, il lance plusieurs séries humoristiques aux Éditions Dupuis :
"L’Agent 212" (1975) avec Daniel Kox,
"Cédric" (1986) avec Laudec,
"Les Femmes en blanc" (1986) avec Philippe Bercovici,
"Pierre Tombal" (1986) avec Marc Hardy,
"Cupidon" (1990) avec Malik,
"Les Psy" (1992), avec Béd,
et "Les paparazzi "(1996) avec Luc Mazel.
Des débuts discrets chez Dupuis (années 1960)
Raoul Cauvin suit d'abord des études de lithographie publicitaire à l'Institut Saint-Luc à Tournai, pour découvrir en entrant dans la vie active que cette formation n'a plus aucune utilité depuis la fin des années 1930. Suivent toute une série de petits métiers et notamment un emploi dans une usine de boules de billard.
Il entre aux éditions Dupuis en 1960 comme dessinateur de grilles de mots croisés et lettreur, puis devient caméraman au département dessins animés (TVA : TéléVision Animation, fondé en 1959 par Charles dupuis) où il reste sept ans. Il s'essaye dès cette époque au dessin, mais sans succès.
Désireux d'écrire des scénarios, il en présente dès son arrivée à Yvan Delporte, le rédacteur en chef de "Spirou", mais il se voit refuser tous ses projets de série jusqu'en 1967. Il arrive néanmoins à placer une première histoire pour un mini-récit dessinée par Charles Degotte en 1964. Suivent quelques autres mini-récits et histoires courtes dessinées par Degotte, Eddy Ryssack, Serge Gennaux, etc. Charles Dupuis, qui apprécie énormément les croquis humoristiques que Cauvin fait de la vie de la rédaction, lui présente Claire Bretécher en 1967 et lui promet une place régulière dans "Spirou".
En 1968, Cauvin lance quatre séries. Les aventures des puces "Arthur et Léopold", avec Carlos Roque, et "Loryfiand et Chifmol", avec Gennaux, ne rencontrent aucun succès particulier et cessent dès 1969 pour la première, et 1973 pour la seconde. "Les Naufragés", avec la débutante Claire Bretécher, rencontre un petit succès d'estime grâce à son humour décalé mais s'arrête également assez vite.
Profitant du vide laissé par le départ chez "Pilote" de la série "Lucky Luke" de Morris, Cauvin lance un western parodique avec Louis Salvérius, un jeune auteur qui avait déjà publié quelques planches et mini-récits sur ce thème dans "Spirou" : "Les Tuniques bleues", sa quatrième création de l'année, dans une veine purement humoristique (gags en une demi-planche ou quelques pages au maximum), qui emporte graduellement l'adhésion des lecteurs.
En 1969, il crée avec Luc Mazel "Câline et Calebasse" (qui devient en 1974 "Les Mousquetaires"), sa première série d'histoires à suivre, mettant en scène un mousquetaire et son cheval dans une Renaissance humoristique.
Une place grandissante dans Spirou (années 1970)
Le succès grandissant des "Tuniques bleues" permet à Cauvin de collaborer à partir de 1970 avec Raymond Macherot sur "Mirliton" avant de lancer la même année sa seconde série à suivre : "Sammy", avec Berck, qui raconte les aventures humoristiques des "gorilles" Sammy Day et Jack Attaway à Chicago (Illinois) à l'époque de la prohibition et d'Al Capone.
Fort de cette expérience, il se met à réaliser quelques histoires plus longues des "Tuniques bleues", toujours dans une veine très humoristique. Mais en 1972, Louis Salvérius meurt brutalement durant la réalisation de la quatrième histoire longue, "Outlaw".
Cauvin propose alors à Willy Lambil, dessinateur depuis 1959 de la série réaliste "Sandy et Hoppy", mais également de la série humoristique "Hobby et Koala" depuis 1968, de reprendre la série. Fort de son expérience, celui-ci en tire le dessin vers un semi-réalisme, mieux adapté à des scénarios tendant à perdre leur veine purement comique. Il fait de la série un des piliers des éditions Dupuis, qui en publient à la fin de l'année 1972 le premier volume en album.
Entre 1973 et 1975, Cauvin lance sept nouvelles séries pour l'hebdomadaire. Trois sont assez discrètes : "Les Naufragés de l'espace" (avec Guy Counhaye, 1973-1978) et "Christobald" (avec Antoinette Collin, 1975-1978) ne convainquent pas, tandis que "Le Vieux Bleu", avec François Walthéry, le très apprécié dessinateur de "Natacha", obtient un réel succès d'estime mais ne fait l'objet que d'une quarantaine de planches.
Avec "Pauvre Lampil", initiée en 1973 avec Lambil, Cauvin lance une géniale série humoristique semi-autobiographique sur les relations entre Lampil, dessinateur de "Panty et son Kangourou" (Lambil étant l'auteur, de 1959 à 1974, de "Sandy et Hoppy"), et son scénariste Cauvin. Plus adulte que la majorité des séries présentes dans l'hebdomadaire, "Pauvre Lampil" y est parcimonieusement publiée jusqu'en 1994, avant d'être reprise au milieu des années 2000.
"L'Agent 212", créée en 1975 avec Daniel Kox, devient sa première série de gags réellement populaire. Narrant les aventures d'un agent de police assez pataud, elle s'impose durablement dans l'hebdomadaire, étant encore publiée en 2011.
Les gags de la série napoléonienne"Godaille et Godasse" (avec Jacques Sandron) et de "Boulouloum et Guiliguili" (devenue en 1983 "Les Jungles perdues", avec Luc Mazel), une série mettant en scène un enfant sauvage et son gorille en Afrique, se transforment en 1978 en histoires à suivre. Bien qu'elles durent jusqu'à la fin des années 1980, ces séries sont loin de rencontrer le succès de "Sammy" et encore moins celui des "Tuniques bleues".
Diversification et succès (années 1980)
Après la mort accidentelle de Maurice Tillieux en 1978, Dupuis perd son scénariste le plus prolifique ; Cauvin, qui était déjà très présent, va le devenir de plus en plus et se révéler rapidement incontournable. Après avoir travaillé entre 1979 et 1981 avec le très jeune (16 ans !) Philippe Bercovici sur "Les Grandes amours contrariées", Cauvin lui crée en 1981 "Les Femmes en blanc", récits humoristiques en milieux hospitalier, qui est un nouveau succès, tout en introduisant un humour grinçant inhabituel dans "Spirou".
Sa reprise en 1981 de "Spirou et Fantasio" avec Nic, dessinateur issu de l'animation, laisse une impression plus mitigée ; bridé par ses éditeurs, Cauvin ne parvient pas à donner de la force aux trois histoires qu'il écrit et sa collaboration à la série cesse en 1983, lui laissant un très mauvais souvenir.
Ne se laissant pas abattre, Cauvin lance cette même année 1983 les aventures du croque-mort "Pierre Tombal", avec Marc Hardy, première série publiée dans "Spirou" à se confronter aussi directement avec la mort.
Il enchaîne alors les séries humoristiques en une page ou quelques-unes : "Les voraces", avec Glem, en 1985, qui réussit peu en album mais est publiée jusqu'en 1995 dans l'hebdomadaire ; "Cédric", avec Laudec, en 1986 qui fait des débuts discrets avant de devenir dans les années 2000 l'une des meilleures ventes de Dupuis, à la suite d'une adaptation en dessin animé ; "Cupidon", avec Malik, auteur à Spirou depuis 1971 auparavant connu pour ses bandes dessinées réalistes ("Archie Cash", "Blue Bird", "chiwana", "Johnny Paraguay"), en 1988. Dans ces années, il crée également pour "Robbedoes", la version flamande de "Spirou", une petite série semi-autobiographique et humoristique qu'il dessine lui-même, "Zotico".
Hors de Spirou, Cauvin adapte pour Dupuis avec Nic "Les Snorky", dessin animé populaire du début de la décennie. Ayant rompu son contrat d'exclusivité avec Dupuis en 1979, Cauvin crée pour Casterman, en 1980, "Les Toyottes", avec Louis-Michel Carpentier.
En 1986, il se lance avec l'auteur dans une série d'un tout autre genre, "L'Année de la bière", gags tournant autour d'un bistrot belge, reprise ensuite chez Dupuis sous le nom "Du côté de chez Poje". Il scénarise également "Raphaël et les timbrés" pour Jacques Sandron dans "Je bouquine", à partir de 1984.
Depuis 1975 et "L'agent 212", Cauvin a ainsi lancé une multitude de séries sur des univers professionnels, inaugurant ce qui allait devenir un courant de fond dans la bande dessinée à partir de la fin des années 1990. Il ne faisait pas de ces milieux un simple décor mais il s'en servait pour traiter des thèmes alors peu présents dans la bande dessinée pour enfants : la mort, la maladie, le voyeurisme, etc.
Scénariste attitré de Spirou (années 1990)
Scénariste de cinq séries de gags à succès, souvent présents dans l'hebdomadaire, ainsi que de deux séries à suivre phare du journal ("Les Tuniques bleues" et "Sammy", ses autres séries à suivre ayant été arrêtées), Cauvin est à la fin des années 1980 le principal pourvoyeur de séries du magazine, qu'il continue à alimenter avec "Les Psy", avec Bédu (commencée en 1992), "Taxi Girl", série plus réaliste réalisée avec Laudec (de 1992 à 1998, le succès grandissant de "Cédric" ainsi qu'un manque d'intérêt de la part des lecteurs causant son interruption), "Les Paparazzi", avec Luc Mazel (de 1993 à 2004) (à la suite également d'un manque de succès). Son omniprésence dans la deuxième moitié des années 1990 (9 séries de récits courts) permet à la rédaction, dans l'une de ses animations de type comique de répétitition, de faire croire qu'il a pris le pouvoir sur l'hebdomadaire. C'est également à cette époque que lui sont consacrées deux monographies, assez hagiographiques.
En 1993, il participe anonymement à la création de la série "C.R.S = Détresse", de Achdé, chez Dargaud, avant d'en devenir le scénariste officiel en 2000, à la suite du départ d’Erroc.
Le numéro 3026 de "Spirou" du 10 avril 1996 est presque entièrement réalisé par Cauvin et Zidrou. Il est écrit "CAUVIN" à la place du titre du journal et un concours propose de gagner en premier prix un poil de la moustache de Raoul Cauvin.
Vétéran de la bande dessinée franco-belge (années 2000-2020)
Graduellement moins présent à partir du milieu des années 2000, à la suite de l'émergence de nouveaux scénaristes (comme Zidrou ou Jean-Louis Janssens), à l'arrêt de séries alors qu'il n'en crée pas de nouvelles, Cauvin reste cependant l'un des principaux scénaristes de Spirou, animant la plupart des séries datant de plus de quinze ans.
Alors qu'il n'avait plus créé de nouveauté depuis 1993, et que ses histoires tendaient à passer de plus en plus inaperçues, Cauvin écrit en 2000 "Vétos sans frontières" pour Daniel Desorgher, qui restera inédit jusqu'à sa parution en album, en juin 2020, aux éditions du Tiroir.
Et, en 2008, "Coup de foudre" pour David De Thuin, une histoire improbable entre une vache amoureuse et un taureau transsexuel, prélude à une nouvelle série. Cette histoire, au ton très différent de ses gags hebdomadaires humoristiques ou des "Tuniques bleues", est remarquée par la critique, mais seuls deux albums sortiront.
Très discret dans les médias, sa présence dans le catalogue Dupuis depuis 1972 lui permet, en 2002, d'atteindre les quarante millions d'albums vendus (ce qui fait titrer au Journal du dimanche "L'inconnu aux 40 millions d'albums"), puis en 2006 les quarante-cinq millions, et environ 50 millions à ce jour, avec deux séries parmi les 20 premières ventes en bande dessinée : "Cédric" et "Les Tuniques bleues" (20 millions d'albums pour cette seule série).
L'année 2016 est marquée par la sortie du dernier album de "Pierre Tombal", après trente ans d'existence et autant d'albums.
Pour ses 70 ans, Cauvin se voit honoré par un numéro spécial de "Spirou", le 3676 du 24 septembre 2008.
Pour les 75 ans de Cauvin en septembre 2013, les médias annoncent son départ à la retraite, mais le rythme de parution de ses séries phares reste inchangé. En mars 2016 sort même une nouvelle série intitulée "Le bâtard des étoiles", dessinée par Curd Ridel.
Les 80 ans de Cauvin sont fêtés dans le numéro 4198 de "Spirou" du 26 septembre 2018.
Début 2019, il est annoncé que la série "Les Psy" se conclut sur le tome 22, intitulé "Vive la retraite !". Le scénariste se concentrera désormais sur "Les Tuniques bleues" et "Cédric", son classique "Les Femmes en blanc" étant arrêté par l'éditeur, en raison d'une érosion des ventes.
En septembre 2019, Raoul Cauvin abandonne également sa série "Les Tuniques bleues", estimant en avoir fait le tour. Raoul Cauvin a revendu ses droits d'auteur sur la série aux éditions Dupuis, de même que les filles de Louis Salvérius, son premier dessinateur, de 1968 à 1972. Un 65e album des "Tuniques Bleues" a ainsi pu sortir en octobre 2020, dessiné par Jose Luis Munuera et scénarisé par le couple "Béka" (BErtrand escaich et cAroline roque), la parution du 64e album, le dernier scénarisé par Cauvin, ayant été reculée au 1er octobre 2021, Willy Lambil ayant très mal vécu cette revente des droits.
Celui-ci sera cependant, hélas, publié à titre posthume,Raoul Cauvin ayant annoncé, le 9 mai 2021, être atteint d'un cancer incurable, ne lui laissant que quelques mois à vivre... et ayant été vaincu par la maladie le 20 août 2021.
Méthode de travail
Pensant qu'il est plus facile de tirer son inspiration du quotidien, Cauvin se tient assez éloigné du milieu de la bande dessinée : lecteur régulier de la presse, il a conservé jusqu'aux années 1980 un travail salarié de responsable du laboratoire photo de Dupuis.
D'ailleurs vous l'avez vu dans les aventures de Gaston Lagaffe, où André Franquin le faisait apparaître sous les traits de "Raoul de la photocopie" :
De même, afin de ne pas être trop influencé par les travaux d'autres scénaristes, il lit peu de bandes dessinées, ou alors elles n'ont rien à voir avec ce qu'il fait : ainsi, il déclare en 1984 que ses auteurs préférés sont Reiser, Hugo Pratt, Tito et Jan Bucquoy.
Lorsqu'il s'agit de créer une série, il est le plus souvent contacté par des dessinateurs (Mazel pour "Câline et Calebasse", Salvérius pour "Les Tuniques bleues", Kox pour "L’Agent 212").
Mais il a pris l'initiative pour "Les Femmes en blanc" (Philippe Bercovici), Pierre Tombal (Marc Hardy) ou "Godaille et Godasse" (Pierre Sandron). Pour la rédaction même des scénarios, Cauvin a une méthode célèbre : il s'allonge sur un divan, et au bout de quelques heures pour un gag, quelques jours pour une histoire à suivre, il a son scénario tout prêt.
Il ne lui reste plus alors qu'à réaliser un découpage détaillé (où les positions des personnages sont croquées) et à l'envoyer au dessinateur.
Une nouvelle façon de concevoir la bande dessinée grand public
Raoul Cauvin est un scénariste franco-belge classique, mais son travail présente certaines caractéristiques qui peuvent permettre d'expliquer son succès.
S'il est vrai que ses histoires sont rarement originales dans leur déroulement, qu'il est limité par sa spécialisation dans la bande dessinée grand public (enfantine ou non), et que certains archétypes sont très souvent employés (tels que le tandem à la Laurel et Hardy), Cauvin se démarque de ses confrères par sa volonté de transmettre et faire partager des idées et des craintes personnelles.
Il a ainsi été le premier à aborder dans la bande dessinée enfantine franco-belge l'antimilitarisme, la mort, la maladie ou la liberté individuelle de manière aussi audacieuse en même temps que juste.
Un auteur mal-aimé de la critique
Scénariste ultra-prolifique, spécialisé dans la bande dessinée de genre pour enfants, Raoul Cauvin a généralement été mal vu par la critique.
Ainsi, lorsqu'il s'est mis à signer au début des années 1980 les scénarios des albums de deux séries qu'il scénarisait jusque-là de façon anonyme ("Lou" de Berck et "Les Toyottes" de Louis-Michel Carpentier), des critiques ont immédiatement écrit que les deux séries avaient baissé en qualité...
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Souvenir personnel :
Je suis extrêmement fier d'avoir pu réaliser, en 1977, ce que je pense être le premier grand entretien de ce très grand monsieur de la bande dessinée franco-belge, qui avait également convié ses amis dessinateurs Willy Lambil ("Tuniques bleues") et Berck ("Sammy") à répondre à mes questions.
Alors âgé de seulement seize ans, je conserve un souvenir ému de ce moment et de l'extrême gentillesse de celui qui était déjà l'auteur de quatre de mes séries préférées : "Les Tuniques bleues" (1968), "Sammy" (1970), l'extraordinaire "Pauvre Lampil" (1974) et "Godasse et Godaille" (1975).
Cet entretien, ainsi qu'une bibliographie exhaustive (à cette date) avait fait l'objet d'un dossier spécial publié, en 1978, dans le n°16 de "Hop !", le fanzine édité depuis 1973, à Aurillac (15) par Louis Cance (dessinateur de "Pif" de 1967 à 1990).
"La bande dessinée" est surnommée "Le neuvième art" ou "Le 9e art".
Quant aux "Bandes dessinées", on parlait, depuis les années 1930 et jusque dans les années 1960 - avant l'apparition massive des albums - d'"Illustrés" (registre familier), par ellipse lexicale de "Journaux illustrés".
Et les personnes d'un certain âge utilisaient la formule "Des mickeys" voire "Des petits mickeys", en référence au personnage de Mickey, créé le 18 novembre 1928 par le dessinateur états-unien Walt Disney.
L'appellation "Publications destinées à la jeunesse" relève du jargon administratif et est apparue avec la loi no 49-956 du , visant à réguler la diffusion des livres et de la presse jeunesse.
Et le sigle "BD" pour "Bandes Dessinées" est, à mon sens, apparu vers le milieu ou la fin des années 1960.
Il existe en effet de nombreux synonymes du verbe "Éjaculer" utilisé au sens propre, dans son acception de "Émettre du sperme, pour un homme".
On s'en doute la quasi-totalité ce ces verbes appartient au registre argotique, à l'instar des verbes "Décharger", "Foutre", "Gicler" ou "Juter".
Mais également de "Arroser", "Asperger", Baver", "Chécra" (verlan de "Cracher"), "Cracher", "Partir", "Saliver", "Se finir", "Se moucher" ou "Se vider" (lorsqu'ils sont utilisés dans cette acception).
Toujours dans le même registre, nous trouvons locution verbale "Se vider les couilles".